À la frontière franco-italienne, le gouvernement français doit cesser ses pratiques indignes

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  • Migrants à la frontière franco-italienne : « La solidarité n’est pas un délit ! »

    Alors que se tiendront, le 22 avril et le 27 mai à Gap et à Grenoble, les procès de plusieurs personnes solidaires de migrants, les élus écologistes #Damien_Carême et #Guillaume_Gontard ont lancé un #appel pour demander au gouvernement français de cesser ses pratiques indignes.

    #Tribune. L’hiver est officiellement fini. Pas celui qui s’abat sur les personnes exilées et celles qui sont solidaires. Cet hiver-là est le plus rude de tous : indigne, violent, inhumain. À Montgenèvre (Hautes-Alpes), village au-dessus de Briançon encore sous la neige, la situation ne cesse de se dégrader depuis des semaines.

    A 1 800 mètres d’altitude, le gouvernement français militarise et montre les poings, pensant ainsi en mettre, des points, sur des « i » fantasmagoriques : il y aurait des migrants dangereux, il y aurait des personnes solidaires complices, il y aurait un flot d’arrivées massives. Et la seule solution serait de rejeter, humilier, édifier des murs.

    C’est un mensonge.

    Les personnes solidaires ne sont pas des coupables. Ils et elles ne sont pas des hors-la-loi. La Cour de cassation de Lyon l’a confirmé, le 31 mars, en relaxant définitivement Cédric Herrou.

    La solidarité n’est pas un délit !

    Les atteintes portées aux droits sont récurrentes

    Pourtant, à Montgenèvre, le gouvernement choisit la répression. Et, chaque semaine, il surenchérit dans cette voie inhumaine. Il bafoue les droits français, européen et international et les droits des êtres humains, en toute impunité, tout en distillant sournoisement l’idée que la solidarité sert de planque à de sombres desseins. C’est de la manipulation.

    Les faits, graves, sont dénoncés depuis des semaines par une vingtaine de parlementaires qui se sont rendus, et continuent de se rendre, sur place pour les constater et témoigner : droit d’asile piétiné, assistance médicale empêchée, mise en danger d’autrui, séparation de la famille, poursuites abusives de bénévoles, gardes à vue de journalistes, interpellations, amendes et interrogatoires abusifs, tentatives d’intimidations… Les atteintes portées aux droits sont récurrentes.

    Cette situation honteuse dans les Hautes-Alpes se déroule à l’identique dans les Alpes-Maritimes, à la frontière entre Menton et Vintimille : la criminalisation des personnes solidaires s’y exerce de la même manière, les personnes exilées y sont refoulées avec la même fermeté. Cette même situation vécue, avant, dans la vallée de la Roya ou que vivent, sur certains aspects, les Pyrénées à la frontière franco-espagnole.

    Une folie sécuritaire de la France et de l’UE

    Dans cette folie sécuritaire, l’Union européenne (UE) et le gouvernement déploient aux frontières intérieures et extérieures de l’UE des moyens financiers démesurés pour une politique qui, en plus d’être indigne et inhumaine, est inefficace. Aucun mur, rien ni personne, n’empêchera jamais un être humain de mettre un pied devant l’autre pour sauver sa vie.

    Cette folie est responsable de drames, de vies brisées au bout d’un parcours déjà jalonné de souffrances pour ces familles qui partent sur la route de l’exil avec des femmes enceintes, de jeunes enfants, des nourrissons, des personnes âgées. Le gouvernement français doit respecter le droit français, le droit européen, le droit international comme les droits d’asile et les droits humains.

    Les personnes exilées, les personnes solidaires et les associations d’aide doivent être traitées dignement. Elles ne sont pas des délinquantes.

    Les exilés ne doivent être ni victimes ni alibis de cette folie sécuritaire.

    La détermination des bénévoles

    N’en déplaise au gouvernement, la solidarité est partout sur le territoire français. Les bénévoles qui tentent, malgré les intimidations qu’ils subissent, de porter secours et assistance aux personnes en exil sont le visage de nos valeurs républicaines : la fraternité, la solidarité. Ces bénévoles n’ont pas renoncé à un Etat de droit capable d’accueillir et de protéger. Ils continuent d’agir, de jour comme de nuit, même quand l’hiver alpin sévit. Ils agissent par humanité.

    Pourtant, ces personnes risquent gros… Malgré la décision du Conseil constitutionnel du 6 juillet 2018 reconnaissant la fraternité comme un principe à valeur constitutionnelle, la mettre concrètement en œuvre peut encore mener derrière les barreaux. C’est ce que risquent plusieurs citoyens solidaires, ces prochaines semaines, au cours de deux procès qui s’annoncent :

    Le 22 avril, à Gap, contre deux citoyens solidaires briançonnais, poursuivis pour « aide à l’entrée illégale et à la circulation sur le territoire national de personnes en situation irrégulière » pour avoir porté secours à une famille afghane sur le territoire français.

    Le 27 mai, à Grenoble, contre sept citoyens solidaires briançonnais pour avoir participé, le 22 avril 2018, à une manifestation qui visait à dénoncer l’action de Génération Identitaire présente la veille au col de l’Échelle (Hautes-Alpes), ainsi que la militarisation de la frontière. Ce qu’il se passe aujourd’hui à nos frontières est insupportable.

    Pour le respect du droit national et international

    Les dénis de droits et les violences exercées ne peuvent être plus longtemps supportés.

    Nous, signataires de cette tribune, demandons au gouvernement français de cesser ses pratiques indignes, illégales, illégitimes et dangereuses à la frontière. Nous lui demandons de respecter le droit national et international. Nous lui demandons d’en finir avec son récit mensonger. Nous, signataires de cette tribune, demandons au gouvernement français d’ouvrir les yeux sur la réalité d’un territoire où les initiatives solidaires sont bien réelles.

    Il en va de la dignité de notre pays. Après l’hiver, le printemps.

    Les premiers signataires de cette tribune : Damien Carême, député européen (EELV), président de l’Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita) ; Elsa Faucillon, députée (Hauts-de-Seine, PCF) ; François Gemenne, chercheur, spécialiste des migrations internationales ; Guillaume Gontard, sénateur (Isère, EELV), président du Groupe écologiste-Solidarité & Territoires ; Cédric Herrou, Emmaüs Roya ; Martine Landry, Amnesty international, Alpes-Maritimes ; Aurélien Taché, député (Val-d’Oise, Les Nouveaux Démocrates) ; Sophie Taillé-Polian, sénatrice (Val-de-Marne), Génération. s, Groupe écologiste-Solidarité & Tterritoires ; Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au CNRS.

    Liste complète des signataires : https://europeecologie.eu/tribune-a-la-frontiere-franco-italienne-le-gouvernement-francais-doit

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/04/20/migrants-a-la-frontiere-franco-italienne-la-solidarite-n-est-pas-un-delit_60

    #asile #migrations #frontières #France #Italie #Briançon #Hautes-Alpes #Briançonnais #frontière_sud-alpine

    juste pour info, j’ai aussi co-signé la tribune...

    –-
    ajouté à la métaliste sur les Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/733721

    • 03.02.2022, encore Damien Carême et encore A l’air libre :

      Considérer la #migration comme un problème n’a aucun sens. Faire croire qu’on peut l’arrêter non plus.

      Le vrai problème, c’est le mensonge.
      Le vrai problème, c’est la manipulation.
      Ce n’est pas l’accueil qui coûte cher, c’est la haine.

      #refoulement + inhumanité + manipulation = #budget « peur » décuplé.

      La maltraitance d’Etat, tout comme la maltraitance d’Europe, a un prix !

      De 2006 à 2021, le budget annuel de #Frontex est passé de 19 à 544 millions d’euros.

      Et l’augmentation continue

      Tout cet argent pour quoi ?

      Pour un mensonge : celui de la surveillance, de la militarisation, de la violence. Celui des murs et des barbelés. Celui de l’indignité.

      Au bout du compte, la seule qui prospère, c’est la mort.

      Le nombre de personnes migrantes décédées en mer en tentant de rejoindre l’#Europe a plus que doublé en 2021 : au moins 1146 personnes ont ainsi perdu la vie au cours du premier semestre 2021 …

      Et en #Manche ? Le drame continue.

      Triangle pointant vers la droite En 2021, 52000 chercheur•se•s de refuge ont tenté de passer de la France au Royaume-Uni (source ministère de l’Intérieur)

      Ces hommes, ces femmes, ces enfants embarquent désormais à bord de toutes petites embarcations insalubres.

      Les risques sont à la hauteur du désespoir : démesurés.

      Pourtant.

      Plutôt que de distribuer les #OQTF nous pourrions intégrer celles et ceux qui le souhaitent ardemment.

      🗣 Nous pouvons le faire !

      Nous pouvons organiser l’accès aux soins, à la langue, à l’apprentissage : intégrer à notre société plutôt que fabriquer des parias à qui l’on refuse tout.

      La peur, c’est nous qui la créons.

      Enfin, c’est eux surtout Visage avec yeux en spirales

      Depuis que la rhétorique de l’extrême-droite a été digérée par le débat public, c’est la surenchère.

      Le cercle est vicieux. Vicié.

      La mauvaise foi des gouvernements qui se succèdent est totale.

      Elle porte le poids de toutes les vies sacrifiées.

      La #migration ? On n’est pas pour ou contre : elle est là, depuis que l’humanité existe. Aucun mur n’a jamais empêché (n’empêchera jamais) un être humain de mettre unPieddevant l’autre pour sauver sa vie. Plutôt que des plaies béantes, faisons des frontières des cicatrices
      Sans #migration la population de notre #europe vieillissante aurait diminué d’1/2 million en 2019 (4,2 millions d’enfants sont nés / 4,7 millions de personnes sont décédées) - source @EU_Commission

      Le problème n’est pas la migration.
      Le problème, c’est la haine.

      Personne ne quitte son pays de gaité de cœur.

      Personne.

      Organisons l’accueil.

      https://twitter.com/DamienCAREME/status/1489252446975135751