• Covid-19 à l’hôpital de Vannes : « C’est pour nous la vague la plus importante » - Vannes - Le Télégramme
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    Lundi, Olivier Véran évoquait une « décroissance » de l’épidémie de covid-19. Une évolution que ne constate pas le Dr Huntzinger, chef de réanimation au CHBA de Vannes.

    Le CHBA de Vannes comptait 64 patients covid hospitalisés, dont 36 en soins critiques, vendredi. Où en est la situation aujourd’hui ?
    On compte 54 patients, dont onze en réanimation, onze en pneumologie, quatre en unité de soins continus et 18 en médecine polyvalente. On est quand même à un très, très haut niveau de soins critiques. Tous nos lits sont dédiés à la réa, et les trois-quarts sont aujourd’hui occupés par des patients covid. C’est pour nous la vague la plus importante.

    D’où viennent ces patients ?
    Ce sont des gens de la région. On ne peut plus prendre de rapatriements depuis une quinzaine de jours, du fait d’une très forte activité locale. D’autres régions que la Bretagne ont été davantage sollicitées, mais nous, on récupère des patients de Vannes et des alentours.

    Lundi, Olivier Véran parlait d’une décroissance. Une déclaration à l’opposé de ce que vous semblez vivre sur le terrain…
    On reste très méfiants, car on a toujours beaucoup de mal à prédire l’évolution de ce virus. En trois jours, la situation peut complètement évoluer. Ensuite, il faut aussi faire la différence entre taux d’incidence et personnes en soins critiques. Si on arrive à diminuer le taux de contaminations, il faut au moins trois semaines avant que cela se ressente à l’hôpital. Mais aujourd’hui, on ne constate pas de baisse de notre activité covid en soins critiques. Le niveau reste tellement haut que l’on déprogramme 50 % de l’activité chirurgicale depuis 15 jours. C’est un chiffre identique à la première vague et bien plus élevé que lors de la seconde.

    Comment expliquer ce niveau ?
    On est dans la vague du variant anglais, qui a une vraie force de propagation. Aujourd’hui, on voit des familles entières contaminées. En ce moment, nous avons un mari et son épouse en soins critiques. Les patients sont aussi plus jeunes, ceux de plus de 70 ans sont minoritaires. La majorité a entre 60 et 65 ans, et le plus jeune a 51 ans.

    Combien vous reste-t-il de lits en réanimation ?
    On a un ou deux lits libres chaque matin, on reste à un niveau de tension. À l’heure actuelle, les sorties équilibrent les entrées. Ça se détend un peu en médecine, ce qui nous donne un peu d’espoir. On espère que ça va se confirmer et se répercuter sur les soins critiques durant les semaines à venir. La vraie difficulté, c’est pour le paramédical. Nos équipes font beaucoup, beaucoup d’heures supp’.

    Les restrictions devraient s’alléger début mai. Est-ce que cela vous inquiète ?
    Oui. Lorsque le confinement avait été levé en mai 2020, les cas critiques avaient fortement baissé. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Nous sommes sur des niveaux extrêmement hauts et ce n’est pas tenable dans la durée ; donc, il faut que l’on arrive à baisser ces chiffres, au niveau national comme local. Sans quoi, nos équipes ne tiendront pas. Je pense qu’il faudra un déconfinement prudent, en conservant certaines mesures pour éviter une pression trop importante sur nos équipes.