• “La multi-exposition chimique a la même ampleur que le changement climatique”
    Pr Yves Levy

    Et on aura les deux...

    Merci aux sponsors :

    L’édition de ce livre blanc a été supervisé sur le plan scientifique par le Professeur académicien Yves Levi, avec le soutien de L’Oréal et Véolia.

    Livre Blanc "Exposome"
    https://online.flippingbook.com/view/1026019189
    Glossaire "Exposome"
    https://online.flippingbook.com/view/1025722964

    • Univadis.fr : Pouvez-vous définir en quelques mots l’exposome ?

      Pr Yves Levy : C’est une notion récente, on en parle de plus en plus depuis quatre ou cinq ans. Le principe est simple : nous tous citoyens du monde, sommes exposés depuis que nous sommes embryons jusqu’à la fin de notre vie aux dangers de l’environnement. Ce sont des bactéries, des virus, mais aussi des dangers physiques – températures, rayons UV – et des dangers chimiques, c’est-à-dire tous les polluants chimiques autour de nous. Toute cette exposition crée des maladies. Quand c’est une infection bactérienne, il est assez facile de la détecter. Mais quand il s’agit d’une multi-exposition à des produits chimiques, l’effet se détecte parfois 30 ou 40 ans plus tard avec l’apparition d’un cancer. C’est rarement très rapide. Le grand enjeu de l’exposome est de mesurer toutes les expositions que nous subissons et de les mettre en parallèle avec les connaissances que l’on a sur les maladies pour pouvoir un jour prédire les problèmes de santé, qui peuvent survenir chez tout un chacun. L’idée, derrière tout cela, c’est de faire de la prévention. Le lien entre les expositions et les maladies est un sujet nouveau, en plein développement.

      Univadis.fr : Les développement du big data et de l’intelligence artificielle vont-ils permettre d’approfondir l’étude de l’exposome ?

      Pr Yves Levy : Ce sont des outils. Si vous utilisez l’IA ou des outils de modélisation sans que des données n’aient été générées, cela ne donnera rien. À la base de tout, il faut acquérir des données. Il faut donc faire des campagnes de mesure, installer des capteurs, faire des prélèvements chez les citoyens, mesurer les contaminants dans l’air, l’eau, les aliments... Ensuite, une fois que l’on a toutes ces données, on peut faire du big data. Mais il est vrai que tous les développements informatiques récents permettent d’accélérer la connaissance de l’exposome. Aujourd’hui la commission européenne a des programmes sur l’exposome de l’ordre de 150 millions d’euros : neuf programmes européens qui visent ce thème.

      Univadis.fr : Quelle est la nature de ces programmes ?

      Pr Yves Levy : Ces programmes visent à la fois le recueil des données et l’exploitation de ces données, à des fins de modélisation. C’est assez classique dans notre domaine : on initie d’abord une campagne de prélèvement, on lance des campagnes de mesure avec un laboratoire fiable. Une fois que l’on a toutes ces données, on va les croiser de manière statistique avec l’âge des gens, leur type de maladie, etc. Ce qui veut dire qu’il faut aussi avoir beaucoup d’informations sur leur état de santé. Ce sont des grandes stratégies d’épidémiologie où l’on s’intéresse ou bien à la maladie, ou alors à l’environnement chimique. Maintenant il faut associer ces deux sortes d’étude pour déterminer si tel cancer est lié ou pas à tel polluant chimique ou telle condition de travail, afin de mettre en place des campagnes de prévention pour améliorer cet état de fait. Cela s’est beaucoup développé depuis dix ou quinze ans, grâce aux progrès informatiques mais aussi aux grandes campagnes d’épidémiologie.

      Univadis.fr : Y a-t-il d’ores et déjà une application pratique de l’exposome ?

      Pr Yves Levy : Non pas encore. Nous en sommes au développement d’un concept très large, cela s’accélère depuis cinq ans mais nous ne connaissons pas encore de retombées directes. Il existe malgré tout de grandes études épidémiologiques qui constatent par exemple que telle population qui habite à proximité d’une usine d’incinération d’ordures ménagères a tels types de problèmes de santé. Nous savons que la pollution aux particules fines induit des problèmes de respiration. Mais prendre en compte la multi-pollution chimique pour faire de la prévention en santé publique est encore à l’état embryonnaire.

      Univadis.fr : Quels liens existe-t-il entre l’exposome et l’épigénétique ?

      Pr Yves Levy : Tout cela est intégré dans une logique globale. D’une part, la génétique explique une partie des maladies, et quand ce n’est pas la génétique, c’est l’exposition, les interactions épigénétiques. Nous connaissons une multitude de dangers car la diversité chimique est colossale. Nous découvrons des molécules que nous ne connaissions pas auparavant donc on augmente la liste des dangers. Nous savons aussi que l’exposition par l’air, l’eau les aliments les objets est multiple et les cibles aussi sont multiples. Si l’on prend pour exemple les perturbateurs endocriniens. Dans la famille des perturbateurs endocriniens, vous avez des pesticides, des hormones, des molécules perfluorées... Aujourd’hui, on a un récepteur hormonal et des dizaines de molécules différentes aux applications variées, aux structures différentes. Qui plus est, leur action sur le récepteur induit des pathologies différentes comme des cancers, des troubles de la reproduction, des troubles du développement... Cela amplifie la complexité du système.

      Univadis.fr : La notion d’exposome apparaît dans les PNSE (plan national santé environnement) 3 et 4, est-ce suffisant ?

      Pr Yves Levy : Non, je ne le pense pas. On doit cette mention dans les PNSE au petit groupe de spécialistes qui s’y intéresse. La notion d’exposome est toujours très difficile à expliquer. Raison pour laquelle nous avons édité un glossaire qui accompagne le Livre Blanc que nous avons publié grâce à la Fondation de l’Académie de médecine, pour faire en sorte que le maximum de gens comprenne ce que l’on veut dire. Mais ce qui est certain, c’est que l’on accorde pas suffisamment d’importance à cet enjeu majeur pour la prévention en santé. Un rapport de l’Académie de médecine va sortir prochainement qui va reprendre tout ce que nous avons conceptualisé. La multi-exposition chimique pour moi est une pression anthropique qui a la même ampleur que le changement climatique. Or, depuis deux ans tout le monde se rend compte des conséquences du changement climatique, qui touche tout le monde et qui n’a pas de frontières. Pour la pollution chimique c’est pareil : elle touche tout le monde, elle n’a pas de frontière. C’est aussi considérable que le changement climatique mais cela ne suscite pas le même intérêt.

      Univadis.fr : Plaidez-vous pour la création d’une nouvelle discipline basée sur l’exposome ?

      Pr Yves Levy : Non, je suis plutôt favorable à un vaste programme de recherche, que ce soit au niveau européen ou français. Cela mériterait un institut national sur l’exposome. La commission européenne finance déjà des programmes de recherche sur l’exposome donc elle a pris conscience de son importance. L’exposome est la croisée de plusieurs disciplines : la chimie analytique, l’épidémiologie, la toxicologie des mélanges. C’est considérable.
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    • depuis deux ans tout le monde se rend compte des conséquences du changement climatique, qui touche tout le monde et qui n’a pas de frontières. Pour la pollution chimique c’est pareil : elle touche tout le monde, elle n’a pas de frontière. C’est aussi considérable que le changement climatique mais cela ne suscite pas le même intérêt.

      c’est à dire que pour la pollution chimique, on connaît les [entreprises] coupables :-)

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