/46483187_1912269465746103_4633917499295

    • Bref. Jusqu’en 2018, #Rachel_Khan était noire. Elle le revendiquait. Depuis, elle semble ne plus vouloir l’être. Ou pour être précis, elle ne veut plus entendre parler de sa couleur de peau. Un non sujet pour elle dorénavant. Que s’est-il passé ? Comment peut-on, en février 2019, éprouver « l’honneur d’être cette maîtresse de cérémonie » où est présente Assa Traoré et, en mars 2021, se retrouver sous les louanges de Valeurs actuelles : « L’écrivain Rachel Khan juge que le “combat” d’Assa Traoré est une “forme d’opportunisme dérangeant” » ? Comment peut-on écrire en mars 2018 « Noires, nous sommes les femmes invisibles du cinéma français » puis donner une interview en mars 2021 au Figaro pour dire : « Le discours victimaire des pseudo-antiracistes m’est insupportable » ?

      Mais cette nouvelle Rachel Khan ne parvient pas à faire oublier en totalité l’ancienne. Elle est toujours là. Ainsi, elle peut rejeter le débat sur la racialisation tout en ne parlant que de cela : de race, des origines de ses parents. Rachel Khan le dit elle-même : elle a plein de races en elle.

      Rachel Khan, #prototype_intersectionnel

      Au-delà de ses mots, des idées qu’elle peut défendre, il y a autre chose chez Rachel Khan qui plaît beaucoup à ces Jean Moulin des internets : son attitude. Ils voient en elle une femme un peu naïve, emplie de bonne volonté, fervente croyante des dogmes républicains… Du sexisme teinté de racisme. Même Pascal Praud l’adoube. Une non-blanche qui ne challenge pas la blanchité de ces messieurs, ils en rêvaient, elle l’a fait.

      Sur le féminisme aussi, elle a vrillé. De la dénonciation du harcèlement en ligne, du journal Causette, elle devient défenseure de personnalités telles que Raphaël Enthoven, qui excelle en la matière – Rachel Khan reprend même son vocabulaire, quand elle qualifie Rokhaya Diallo de « rentière » de l’antiracisme. Il faut constater que Rachel Khan n’est plus, non plus, une femme. Elle en refuse l’assignation de la même façon qu’elle n’est plus noire. Elle est l’intersectionnalité à l’envers. Imaginez donc Rachel Khan participant à un événement organisé par Lallab, une asso féministe et musulmane, qui défend les femmes voilées, qui use de la non-mixité… l’enfer sur Terre pour ses amis d’aujourd’hui qui l’aurait crucifiée avant-hier !

      Finalement, Rachel Khan n’est rien d’autre qu’un #produit_culturel. À la mode. Début 2020, elle est nommée codirectrice de La Place, centre culturel consacré au hip-hop à Paris. Dans une lettre ouverte, plusieurs activistes et professionnels du hip-hop réagissent : « Depuis bientôt une semaine, Rachel Khan fait le tour des médias pour promouvoir son livre "Racée". Dans ses entretiens aux médias et sur ses réseaux sociaux elle tient des propos qui selon nous vont à l’encontre des valeurs d’inclusivité, de partage et de vivre ensemble que la culture Hip Hop a toujours prôné. Au sein de la culture Hip Hop ces termes signifient le refus de toute forme de discrimination, de rejet de la différence, le refus des dogmes, la prise en compte de l’autre tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit, de rencontres par et à travers nos différences et l’acceptation des parcours et construction de chacun, dans ce contexte, les attaques contre les activistes antiracistes sont intolérables pour un personnage publique représentant la culture Hip Hop. Rachel Khan bafoue les valeurs d’une culture qui nous est chère avec des propos clivants, validés par la frange la plus réactionnaire des médias français. »

      En ce début d’année 2021, Rachel Khan a été nommée à la tête de la commission Sport de la Licra. Quelques semaines plus tard, Manuel Valls succède à Simone Veil au comité d’honneur de cette même Licra. Il n’y a pas de mots assez fort pour exprimer ce que ces deux symboles représentent en terme de dévoiement du combat contre le racisme.

      Récemment, cette ligue « internationale » contre le « racisme » et l’« antisémitisme » a publié une fausse Une du Time, où Rachel Khan serait à l’honneur en tant qu’« antiraciste de l’année ». En décembre 2020, sur sa page Facebook, Rachel Khan en diffusait une autre, représentant exactement la même chose. Or, la seule personnalité antiraciste française que le Time ait consacrée, c’est Assa Traoré. Que faut-il en comprendre ? Que cette petite communauté se rêve un monde. Un monde où ils seraient, tous, bel et bien antiracistes. Mais ce n’est qu’un songe. Dans la vraie vie, Manuel Valls manifeste aux côtés des franquistes et Rachel Khan, dans un désir de réconciliation – de quoi, entre qui ? – s’affiche volontiers avec le très droitier Mathieu Bock-Côté, « rires au soleil ».

      Toute incohérence politique, elle, serait purement fortuite.

      #retournage_de_veste #créneau_marketing