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  • Covid-19 : craignant que la zone d’attente de l’aéroport de Roissy ne se transforme en cluster, les associations se retirent
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    Covid-19 : craignant que la zone d’attente de l’aéroport de Roissy ne se transforme en cluster, les associations se retirent. L’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers et la Croix-Rouge s’inquiètent des conditions sanitaires dans la zone d’attente pour passagers en instance de Roissy.
    Cela fait plusieurs mois qu’ils clament leur peur que la zone d’attente pour passagers en instance (ZAPI) de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle ne se transforme en cluster, sans avoir l’impression d’être entendus. Après le départ de la Croix-Rouge, mercredi 21 avril, l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) a fait savoir, à son tour, lundi 26 avril, qu’elle se retirait momentanément de la plus grande zone d’attente aéroportuaire de France.
    Plus aucune association n’intervient désormais dans cette structure où patientent les étrangers qui ne sont pas autorisés à entrer sur le territoire français. Le but de ce départ ? Dénoncer ce qu’elles estiment être des conditions dangereuses pour les migrants comme pour les personnels sur place – police aux frontières (PAF), entreprise du nettoyage et chargés de l’alimentation – et de pointer le non-respect des préconisations sanitaires. Cette décision inédite n’a pas été facile à prendre, confie des bénévoles de l’association, mais a été décidée pour faire réagir l’Etat.
    Laure Palun, directrice de l’Anafé, dénombrait 133 personnes retenues, mardi 27 avril, dont 85 ressortissants indiens, dans une structure qui peut accueillir jusqu’à 157 personnes. Impossible d’ouvrir les fenêtres dans cet espace exigu dans lequel les masques sont mal ou pas portés, et où il n’y a aucune désinfection des locaux communs, ni même des cabines téléphoniques utilisées par un grand nombre de personnes. Le savon et le gel hydroalcoolique n’y sont pas en libre accès et des personnes qui ne se connaissent pas partagent des chambres. « Il y a clairement une mise en danger des personnes retenues dans des conditions déplorables, comme des personnes qui y travaillent », assure la directrice de l’association.
    Pour Charlène Cuartero Saez, coordinatrice des missions dans les zones d’attente en France pour l’Anafé, qui s’est rendue pour la dernière fois à la ZAPI de Roissy mardi 20 avril, l’ambiance y était lourde, anxiogène, voire surréaliste. « J’ai rarement vu autant de personnes dans une zone d’attente, même en période normale », avant la pandémie de Covid-19, dit-elle au Monde.La semaine dernière, l’association a donc saisi le juge administratif avec des requêtes en référé liberté concernant les conditions d’enfermement d’une vingtaine de personnes. Sans succès. Le juge des libertés et de la détention a, quant à lui, constaté les manquements, sans sanctionner les autorités et procéder à la libération des personnes, selon l’Anafé. « Les juridictions valident et ferment les yeux sur ces conditions qu’on considère comme inhumaines et dégradantes », se révolte la trentenaire, qui ne voyait pas d’autre issue que de se retirer pour protester.
    Au sein de la Croix-Rouge, on confirme que des personnes de l’association humanitaire ont exercé leur droit de retrait mercredi 21 avril. « Je ne suis pas payée pour aller travailler la peur au ventre, on a l’impression que le variant indien inquiète la planète mais pas la France ! » s’agaçait récemment une salariée de la Croix-Rouge dans un article du Parisien.
    « C’est le taux d’occupation élevé mêlé à l’inquiétude du variant indien du Covid-19 qui a provoqué ce coup de chaud aux associations », analyse une source aéroportuaire. L’augmentation récente du nombre de personnes qui sont retenues dans la ZAPI de Roissy serait conjoncturelle. Le trafic aérien ayant été réduit depuis un an avec la crise sanitaire, cela avait entraîné une baisse enregistrée du nombre de placements en zone d’attente.
    Même son de cloche du côté de la PAF, pour qui la hausse des placements résulte d’un phénomène migratoire significatif de ressortissants indiens qui souhaitaient se rendre illégalement aux Etats-Unis, en passant par la France puis le Mexique. Depuis lundi 26 avril, un visa aéroportuaire de transit est nécessaire pour les Indiens : cela devrait complexifier leur passage en zone internationale et éviter, ainsi, que la situation actuelle se reproduise à nouveau dans la ZAPI.Confrontée à une poussée spectaculaire du Covid-19, l’Inde a enregistré, le 28 avril, près de 360 000 personnes contaminées en une seule journée, du jamais-vu au niveau mondial. Le nombre de morts du Covid-19 dans le pays a dépassé les 200 000 mercredi, avec plus de 3 200 décès signalés en vingt-quatre heures pour la première fois, selon les données officielles. De nombreux experts estiment que le véritable bilan est encore plus élevé. Le « variant indien » a jusqu’ici, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), été repéré dans « au moins dix-sept pays », dont la Belgique, la Suisse et la Grèce.
    Pour lutter contre les différents variants, la France a encore modifié ses conditions d’entrée sur le territoire. Les voyageurs en provenance de cinq pays à risque, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Argentine et le Chili, sont soumis, depuis le 24 avril, à un test antigénique à leur arrivée, s’ajoutant à un test PCR réalisé avant le vol, et doivent se mettre à l’isolement pour dix jours.La situation est sous contrôle, veut pourtant croire la PAF, qui gère la zone d’attente, assurant que des mesures sont prises pour tenir compte de la situation sanitaire. Les personnes placées en ZAPI doivent présenter un test PCR négatif aux autorités du pays de départ en vue de leur embarquement. Elles ont accès au gel hydroalcoolique à l’entrée du réfectoire et peuvent solliciter le service médical si elles le souhaitent, assurent également les autorités. Des masques sont mis à la disposition des étrangers, qui sont invités à respecter la distanciation, « mais [ils] souhaitent souvent se regrouper », déplore la PAF. « Aucun cas positif n’a été recensé parmi les Indiens placés en zone d’attente », rassure encore cette source policière.Un constat que ne partage pas Laure Palun, qui explique qu’une quinzaine de personnes ont été détectées positives au Covid-19 ou cas contacts dans la ZAPI de Roissy depuis le 1er avril. La directrice de l’Anafé craint que ce nombre augmente encore dans les jours qui viennent.

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