Le président du Kirghizistan recommande une racine toxique contre le Covid-19
▻https://www.courrierinternational.com/article/remede-le-president-du-kirghizistan-recommande-une-racine-tox
Le président du Kirghizistan, Sadyr Japarov, lors de sa visite à Tachkent, en Ouzbékistan, le 11 mars 2021.
PHOTO / ANADOLU AGENCY / AFP
Quatre personnes ont été admises à l’hôpital de Bichkek, la capitale du pays, après avoir ingéré un breuvage à base de racines d’aconit, une plante vénéneuse promue comme remède contre le Covid-19 par le président du Kirghizistan, Sadyr Japarov.
“Le président du Kirghizistan a alarmé les spécialistes de la santé en recommandant aux personnes souffrant du Covid-19 de consommer un breuvage à base de racines toxiques en guise de remède”, rapporte le site d’information spécialisé sur l’actualité eurasiatique Eurasianet.org.
Alors que ce pays d’Asie centrale fait face à une troisième vague de Covid-19, son président, Sadyr Japarov, s’est adressé à ses concitoyens dans un message publié sur Facebook le 15 avril. En plus des recommandations d’usage sur le port du masque, il a déclaré que le pays avait trouvé son propre remède contre le virus :
"Nos médecins ont découvert une façon de traiter la maladie lors de son stade initial.”
Plante toxique
Le message s’accompagnait d’une vidéo montrant des hommes mettant en bouteille un mystérieux breuvage. “Un zoom sur les bouteilles permet de lire les mots ‘Uu Korgoshun’ sur les étiquettes, ce qui signifie ‘plomb toxique’, en kirghiz”, précise Eurasianet.com. Il s’agit aussi du nom local donné à l’aconit, une plante toxique “connue pour être un poison mais aussi utilisée comme plante médicinale”, ajoute le site d’information.
Le lendemain, le ministre de la Santé, Alimkadir Beishenaliev, a bu la préparation devant un parterre de journalistes pour prouver sa non-toxicité. Il a cependant ajouté un inquiétan message d’avertissement :
"La boisson doit être bue chaude uniquement. Si vous la prenez froide, elle peut provoquer des spasmes et la mort.”
Critiques de l’OMS
La promotion du produit a provoqué l’ire de la communauté scientifique locale et internationale. Le 16 avril, l’Organisation mondiale de la santé a critiqué l’idée, rappelant que l’efficacité du remède n’est pas prouvée et que le produit peut s’avérer dangereux.
Mais le mal était fait. Le 20 avril, quatre personnes ont été admises à l’hôpital de Bichkek, la capitale du pays. Elles souffraient d’une intoxication après avoir ingéré le breuvage. Face au scandale déclenché par la nouvelle, le président Japarov a retiré son message des réseaux sociaux.