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  • Covid-19 dans le monde : l’Allemagne assouplit les règles pour les voyageurs, enquête sur la gestion de la pandémie au Royaume-Uni
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/12/covid-19-dans-le-monde-l-allemagne-assouplit-les-regles-pour-les-voyageurs-e

    Covid-19 dans le monde : l’Allemagne assouplit les règles pour les voyageurs, enquête sur la gestion de la pandémie au Royaume-Uni
    Les règles de quarantaine pour les voyageurs venant de pays classés à risque évoluent alors que les vacances d’été se profilent. A l’approche des vacances estivales, l’Allemagne a assoupli, mercredi 12 mai, les règles de quarantaine pour les voyageurs en provenance de certains pays classés à risque à cause du coronavirus, une nouvelle saluée par les professionnels du tourisme. Berlin assouplit les règles de quarantaines pour les voyageurs. Les voyageurs de retour en Allemagne d’une zone à haute incidence, dont le seuil dépasse 200, comme la France actuellement, pourront réduire leur isolement à cinq jours, sur présentation d’un test négatif.
    Les voyageurs de retour en Allemagne d’une zone à haute incidence, dont le seuil dépasse 200, comme la France actuellement, pourront réduire leur isolement à cinq jours, sur présentation d’un test négatif. Le décret adopté par le gouvernement d’Angela Merkel permettra de passer ses vacances dans des lieux de villégiature appréciés tels que l’Espagne, l’Italie ou la Grèce sans avoir à observer une quarantaine de retour en Allemagne, à condition de présenter un test PCR négatif récent, d’être totalement vacciné contre le coronavirus ou considéré comme guéri.La mesure concerne les pays dits « à risque » dans le classement des autorités sanitaires, c’est-à-dire où le taux d’incidence dépasse 50 cas d’infection pour 100 000 habitants sur sept jours. Jusqu’ici, les voyageurs revenant de ces zones devaient rester chez eux pendant dix jours, une période qui pouvait être réduite à cinq jours sur présentation d’un test négatif. Les voyageurs de retour d’une zone à haute incidence, dont le seuil dépasse 200, comme la France actuellement, pourront, eux, réduire leur isolement à cinq jours, sur présentation d’un test négatif. « C’est une excellente nouvelle et un signe de confiance », a réagi Norbert Fiebig, président de l’association allemande DRV qui représente l’industrie du tourisme. « Plus rien ne pourra empêcher les vacances en Méditerranée auxquelles tant de gens aspirent », a-t-il déclaré dans un communiqué. Ces mesures ne s’appliquent pas, en revanche, aux destinations où sévissent les variants du coronavirus, comme l’Inde ou le Brésil.

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#sante#restrictionsanitaire#circulation#frontiere#tourisme#paysrisque#incidence#test

  • A New Delhi, les sikhs au secours des malades du Covid-19
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/12/a-new-delhi-les-sikhs-au-secours-des-malades-du-covid-19_6079989_3210.html

    Le plus grand temple de la capitale indienne a ouvert, dans son enceinte, un centre de soins de 400 lits, pour soulager les hôpitaux débordés. Minoritaires dans la population, les sikhs, réputés pour leur générosité, ont une influence considérable dans la société.Le gurdwara Rakab Ganj Sahib a fermé ses portes aux fidèles depuis le 17 avril, date du début du confinement imposé par le chef de gouvernement de Delhi, Arvind Kejriwal, pour tenter de freiner le rythme des contaminations. Mais le temple sikh, le plus imposant de la capitale indienne, situé près du Parlement, déborde d’activité.Des volontaires arrivent, les bras chargés de sacs de biscuits et de nourriture. L’entrée du temple est filtrée par de lourdes barrières en fer jaune. Il faut d’abord passer par un point de contrôle, décliner son identité devant une équipe protégée des pieds à la tête par des combinaisons anti-Covid et des visières. Une voiture se présente dans la cour, avec une personne allongée à l’arrière, qui semble trop mal en point pour bouger. Un volontaire se précipite avec une chaise roulante.
    Le gurdwara Rakab Ganj Sahib a transformé un de ses bâtiments pour accueillir près de 400 lits, mis à disposition des malades du Covid-19, et équipés de concentrateurs d’oxygène, à New Delhi, le 4 mai 2021.C’est l’un des premiers patients de l’immense hôpital de fortune monté en quelques jours par la communauté sikh, en liaison avec le gouvernement régional, dans l’enceinte du gurdwara. Un bâtiment du temple a été vidé, pour accueillir près de 400 lits, mis à disposition des malades du Covid-19, et équipés de concentrateurs d’oxygène. Derrière chaque matelas, une chaise, pour les accompagnants, et un ventilateur. Les températures à New Delhi sont proches de 40 degrés. Et juin sera encore plus torride. Une dizaine d’ambulances jaunes, grandes comme des bus, stationnent sur le parking, prêtes à intervenir.Ce centre de soins consacré au Covid-19 a ouvert ses portes, lundi 10 mai, pour répondre à la crise de l’oxygène qui fait exploser le système de santé indien, en particulier dans la capitale, où les hôpitaux, débordés par la deuxième vague épidémique, ne sont plus en capacité de gérer l’afflux des patients en détresse respiratoire.
    L’immense hôpital de fortune (ici le 4 mai 2021) a été monté en quelques jours par la communauté sikh dans l’enceinte du gurdwara Rakab Ganj Sahib, à New Delhi.« Nous avons 10 médecins en permanence et 15 infirmières. L’oxygène et les médicaments nous ont été envoyés par des sikhs du Canada, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, d’Australie, assure Bhupinder Singh, un des responsables du gurdwara. Nous accueillons ici tout le monde, gratuitement, quelle que soit la religion des malades, quel que soit leur statut. »La situation dans la capitale indienne s’améliore lentement sous l’effet du confinement, mais elle reste fragile et les hôpitaux sont encore au maximum de leur capacité. Le taux de positivité, qui avait atteint 36 % le 22 avril, est retombé à 21 % ; le nombre d’infections a chuté de 28 000 à 12 000 cas, mardi 11 mai. Le même jour, cependant, il ne restait que 59 lits disponibles en soins intensifs, dans cette mégapole de plus de 20 millions d’habitants. Trois cent quarante-sept morts ont été comptabilisés au cours des vingt-quatre dernières heures, plus de 4 000 à l’échelle du pays, qui a franchi la barre des 250 000 morts. Mercredi 12 mai, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a détecté le variant indien dans « 44 pays », et l’a classé comme « préoccupant ». L’aide internationale, promise dès le 26 avril, arrive encore avec peine jusqu’aux établissements hospitaliers du pays. Les producteurs d’oxygène, respirateurs ou médicaments sont restés plusieurs jours coincés sur le tarmac des aéroports pour des raisons de dédouanement. Il a fallu désemballer, remballer, avant que les cargaisons soient enfin acheminées vers les hôpitaux.Aux premières heures de la crise de l’oxygène, la communauté sikh – les gurdwaras et l’ONG Khalsa Help International – a déployé tous ses efforts pour venir en aide aux malades, souvent en état critique, refusés dans les centres hospitaliers, trop congestionnés.
    Les familles désespérées ont vite trouvé le chemin des gurdwaras. Les sikhs, réputés pour leur générosité, ne représentent que 2 % de la population en Inde, mais leur influence et leur rôle dans la société sont considérables, notamment à New Delhi, qui regroupe la plus importante communauté après le Penjab. Lors de la première vague épidémique et du premier confinement, ils avaient déjà distribué des milliers de repas aux travailleurs migrants piégés dans les grandes métropoles. Peu avant, en février 2020, lors de terribles pogroms contre les musulmans dans les quartiers nord de New Delhi, ils s’étaient précipités pour tenter de sauver des vies, apporter nourriture et vêtements à ceux qui avaient tout perdu. Ils ont encore aidé les milliers de paysans, en grève aux portes de Delhi, depuis le mois de novembre 2020, avec leurs immenses cuisines installées le long des campements. Leur intervention s’inscrit dans une longue tradition de générosité et de bénévolat, de service désintéressé [“seva”] », explique Christine Moliner, anthropologue, spécialiste des sikhs et du Pendjab. Pour l’enseignante à l’OP Jindal Global University, « les formes nouvelles que prend cette tradition éthique, en manifestant la solidarité des sikhs avec les autres communautés, constituent une réponse au majoritarisme hindou ». « Le travail que le gouvernement était censé faire, c’est la société qui le fait aujourd’hui », relève Rajinder Singh, un bénévole. (...) A l’entrée du centre anti-Covid du gurdwara, une grande banderole assure : « Le corona peut tuer les humains, pas l’humanité »

    #Covid-19#migrant#migration#inde#sante#religion#diaspora#confinement#solidarite#travailleurmigrant#variant

  • Le futur CHU de Saint-Ouen interroge la politique de santé de demain


    Vue du futur CHU Saint‐Ouen Grand Paris‐Nord, à Saint‐Ouen (Seine-Saint-Denis), dessiné par Renzo Piano Building Workshop et Brunet Saunier Architecture. RPBW, RENDERING BY ARTEFACTORYLAB

    L’histoire de ce projet immobilier au nord de Paris, fruit de la fusion des centres Bichat et Beaujon d’ici à 2028, raconte la politique de rationalisation des soins à l’œuvre dans l’hôpital public, sur tout le territoire, depuis plus de vingt ans.

    Sur les présentations officielles, il est l’hôpital de tous les superlatifs et de toutes les promesses. Celui du XXIe siècle. « Le premier campus médical et dentaire d’Europe en taille », « un équipement ambitieux et innovant », qui sera construit pour les cinquante années à venir, saura faire face aux prochaines crises, s’adapter à la médecine de demain, puisqu’il sera, évidemment, « agile » et « flexible ».
    Le futur centre hospitalier universitaire (CHU) de Saint-Ouen Grand Paris Nord, fruit de la fusion des actuels CHU Bichat et Beaujon, attendu d’ici à 2028 au nord de la capitale, réussirait même le pari à 1,3 milliard d’euros de rééquilibrer l’offre de soins particulièrement inégalitaire en Ile-de-France. Et la prouesse de sortir la Seine-Saint-Denis de son statut de désert médical.

    « Du beau », « de l’excellence », pour Saint-Ouen et la banlieue, applaudit Karim Bouamrane, le maire socialiste de la ville hôte, dopé au cinéma américain et à la « méritocratie républicaine ». Il était membre du jury du concours qui, le 3 mars, a désigné lauréat, pour l’hôpital, le groupement emmené par Renzo Piano, Prix Pritzker, l’équivalent du Nobel en architecture. Qui dit CHU, dit aussi université. Les 12 500 étudiants annoncés, les laboratoires de recherche « joueront forcément sur l’attractivité du territoire », complète Stéphane Troussel, le président du département.

    Rassembler les deux sites « revient à fermer Beaujon »

    L’accueil est beaucoup plus réservé de l’autre côté du boulevard périphérique, dans les tours de Bichat, ou, plus à l’ouest, à Clichy-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, où soignants et médecins, usés par la pandémie et inquiets de ses répercussions, voient dans ce projet immobilier le prolongement de la politique de réduction des coûts à laquelle ils sont soumis et dont souffre l’hôpital public depuis des années.

    Bien sûr, les débats se sont d’abord focalisés sur les fermetures de lits. Les premiers documents présentés par l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), qui pilote là sa plus grosse opération depuis l’ouverture de l’hôpital européen Georges-Pompidou il y a vingt ans, mentionnaient 389 lits de médecine, de chirurgie, et d’obstétrique en moins, sur les 1 049 d’aujourd’hui. Rassembler deux sites en un « revient donc à fermer Beaujon », résume Olivier Milleron, cardiologue à Bichat, qui milite au sein du collectif interhôpitaux. La crise due au Covid-19 est passée par là. L’AP-HP a obtenu de Matignon l’ajout de quelque 90 lits et une autorisation d’emprunt supplémentaire de 70 millions d’euros.

    Mais les réserves dépassent le seul sujet dit du « capacitaire ». C’est la philosophie même du projet qui est dénoncée. De savantes formules mathématiques rédigées avec des sigma et des « racines de GHM », annexées au projet médical d’établissement, annoncent les objectifs : une performance accrue, des durées de séjour toujours plus courtes, des taux d’occupation de services si élevés qu’il sera impossible « d’accueillir les patients non programmés », c’est-à-dire les urgences s’inquiètent les médecins.

    La situation particulièrement défavorisée du territoire exacerbe les débats. Le CHU Grand Paris Nord sera un centre de référence dans bien des spécialités mais il doit aussi remplir sa mission de proximité. Or, ici vivent des populations fragiles, celles-là même qui paient le plus lourd tribut à la pandémie. Lorsqu’elles frappent à la porte, leur prise en charge est souvent beaucoup plus lourde.

    Les équations de la « note méthodologique » de sept pages prennent encore plus de relief quand on en connaît l’origine. Selon les informations du Monde, ce document a été élaboré par le cabinet privé Ylios, spécialiste en « stratégie et organisation », aidé de la société de conseil Capgemini. Or, ce sont « les mêmes éléments », « la même grammaire », « qui étaient appliqués sur tous les projets », confie, sous couvert d’anonymat, un de ces consultants qui a travaillé, au cours de la dernière décennie, à la « modernisation », de nombreux CHU et hôpitaux en France.

    Les négociations nourries qui ont lieu actuellement entre la direction de l’AP-HP, les soignants, les élus et l’Etat racontent de fait une histoire beaucoup plus large. A Nantes, Tours, Caen, Nancy, Reims, pour ne citer que ces villes, les crispations sont les mêmes. Partout, des hôpitaux flambant neufs doivent sortir de terre d’ici à dix ans. Partout, le ton monte contre des projets trop étriqués. Philippe El Saïr, le nouveau directeur du CHU de Nantes, l’a même reconnu, en conférence de presse, en septembre 2020, après s’être plongé dans le dossier du déménagement des hôpitaux de la ville sur l’île de Nantes. « On est dans l’une des métropoles françaises qui enregistre la plus forte croissance de population, il y aurait un paradoxe à baisser le nombre de lits. » Partout, les élus se mobilisent.

    Certes, de nombreuses interventions se prêtent désormais à une prise en charge en « ambulatoire », c’est-à-dire sans nuit à l’hôpital. Mais tous ces projets qui dessinent la médecine de demain sont les héritiers de vingt ans de politique de rationalisation des coûts, avec pour acmé ces années dites du Copermo (le comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins), au cours desquelles les directions d’établissement ont fait appel à des cabinets de conseil pour répondre aux contraintes budgétaires qui leur étaient imposées. « Certains curseurs ont été poussés très loin, reconnaît aujourd’hui un consultant. Mais nous étions la main des tutelles dont les seuils étaient très volontaristes. »

    Lorsque le président de la République François Hollande annonce en juillet 2013 un futur « hôpital nord du Grand Paris », et demande à l’AP-HP de lancer le chantier au plus vite, le Copermo n’a pas un mois d’existence. Le principe est simple. Pour tout investissement supérieur à 50 millions d’euros, l’aval de Bercy et du ministère de la santé est requis. Les dossiers sont lourds à renseigner. En 2015, Ylios et Capgemini décrochent la mission de l’AP-HP. Il s’agit d’aider le siège à définir la stratégie médicale du Nord parisien : dimensionner le nouveau Lariboisière et le remplaçant de Bichat et Beaujon. Les architectures verticales de ces deux derniers établissements n’étant pas adaptées à l’ère du flexible et du modulable.

    Ce sont les deux mêmes cabinets, Ylios et Capgemini, qui, en 2016, interviennent à Tours pour « le nouvel hôpital Trousseau ». Des séminaires et des ateliers sont organisés. Cadres et médecins y sont conviés. A l’issue, la même recette de l’hôpital à moindre coût est présentée : réduction des lits (donc de personnel), développement de l’ambulatoire, report sur la médecine de ville. « Dans ce contexte, les professionnels du CHRU devront changer leurs pratiques et innover pour répondre aux nouveaux enjeux liés à la performance », prévient Capgemini Consulting dans ses documents. Mais « le projet immobilier est le catalyseur qui permettra de mettre en œuvre de nouvelles organisations ». « L’argument de l’hôpital neuf joue beaucoup pour gagner l’assentiment d’une communauté médicale », reconnaît un consultant.

    Du numérique à tous les étages

    Dans un essai de 45 pages, L’Hôpital, une nouvelle industrie (Gallimard, 2020), Stéphane Velut, chef du service de neurochirurgie à Tours, décode le langage et la méthode de ceux qui sont venus lui annoncer que « tout en restant dans une démarche d’excellence, il fallait désormais transformer l’hôpital de stock en hôpital de flux ». « Le système de flux marche bien quand tout se passe bien, détaille-t-il au Monde. Mais c’est oublier qu’un malade peut faire une complication postopératoire et occuper un lit trois semaines au lieu de cinq jours. »

    A Tours, Paris, partout ailleurs, on vend du numérique à tous les étages, un hôtel hospitalier pour les patients qui ne nécessitent pas de surveillance. Et des unités de 28 à 32 lits qui répondent au nouveau standard : une infirmière pour 14 malades (hors soins critiques), quand elles s’occupaient de 9 ou 10 patients dans les années 1990. Il y a aussi « ces principes de porosité entre les services », ajoute un autre consultant. « L’idée est, que, au sein d’une même unité, la cardiologie puisse, par exemple, s’étendre sur la pneumologie. N’allez pas dire que je suis pour la polyvalence, mais on parle de lits. Les médecins peuvent tout de même se déplacer s’ils ont des malades d’un côté ou de l’autre. » A Tours, Capgemini décroche la mission post-Copermo pour apprendre à tous à faire mieux avec moins. Une formation au Lean Management, cette méthode tout droit venue de l’industrie, est proposée à des cadres et soignants référents.

    La vague du Covid-19, qui aura eu le mérite de mettre la santé publique à l’agenda politique, est venue se déverser sur tout cela. « Il y a eu une prise de conscience que ces règles étaient trop économiques, trop gestionnaires, et que la logique sanitaire n’était pas prise à sa bonne mesure », observe le médecin et sénateur (apparenté PS) Bernard Jomier. Le Ségur de la santé dissout le Copermo. « C’en est terminé du dogme de la réduction de lits », jure le ministre de la santé Olivier Véran. « La méthode Ségur, c’est le retour à un regard médical, de terrain », précisent ses équipes, même si les projets doivent « évidemment viser une organisation fonctionnelle et soutenable dans le temps ». Les dossiers sur les rails sont réétudiés. A titre d’exemples, Nantes obtient 110 millions d’euros d’aides supplémentaires. Nancy, 110 millions et 150 lits. Tours, 90 millions et 84 lits. L’AP-HP, 90 lits et une nouvelle capacité d’emprunt.

    A Paris, la question d’un moratoire s’est toutefois posée lorsque le programme a été passé au filtre de la crise, après le premier confinement. « Mais sur un projet d’aussi longue haleine, nous avons fait le choix de ne pas relancer le processus pour ne pas retarder l’ouverture », justifie #Martin_Hirsch, au Monde. Les lits supplémentaires détendent « de facto les indicateurs de performance du Copermo », explique Jean-Baptiste Hagenmüller, chargé du projet à l’AP-HP. La méthodologie est ajustée. « Ce desserrement de la contrainte doit permettre d’assouplir les objectifs de la baisse de la durée moyenne de séjour », et tenir davantage compte « des patients précaires, isolés ou âgés ». Un effort sera toujours demandé, mais il ne sera plus le même pour tous.

    Coordination avec la médecine de ville

    Depuis la fin du concours d’architecture début mars, des réunions se tiennent chaque mercredi avec les agences Renzo Piano et Brunet Saunier. Le programme doit être finalisé d’ici à l’été, le contrat signé en septembre. En parallèle, l’Assistance-publique réfléchit à la manière d’accueillir, sur le site pavillonnaire de Claude-Bernard, au pied de Bichat, des lits de soins de suite, de la gériatrie, et peut-être même de la psychiatrie. « Nous travaillons à toutes les options complémentaires au bâtiment principal », insiste Martin Hirsch, dont « un projet complémentaire sur une parcelle adjacente ».

    Est-il aussi envisagé de revoir les ratios de personnel ? « J’ai moi-même proposé qu’on rouvre le sujet. Cela peut être justifié si les séjours sont plus courts. Ce qu’on appelle la densité en soins serait alors plus proche de celle de certains hôpitaux européens. » Pas question pour autant de faire le deuil de la performance.

    La difficulté, aussi, c’est que ces projets reposent sur plusieurs jambes. La cure d’amaigrissement imposée à l’hôpital passe par le développement de l’ambulatoire et une meilleure coordination avec la médecine de ville, dit la théorie. Afficher une telle ambition sur le territoire de Plaine Commune est un sacré pari. Dans la Seine-Saint-Denis, la densité médicale par habitant est parmi les plus faibles de France. « Dans cinq ans, sur les 17 généralistes que compte Saint-Ouen, une quinzaine auront dévissé leur plaque. Il restait un dermatologue et un rhumatologue, le rhumatologue vient de partir à la retraite », détaille le docteur Mohad Djouab, qui porte plusieurs casquettes dont celle de responsable des centres municipaux de santé de la commune.

    « C’est-à-dire que, si on fait atterrir l’hôpital comme ça, ça ne marchera pas, ce sera un échec », admet Bernard Jomier, qui connaît le dossier pour l’avoir suivi comme adjoint à la santé de la maire de Paris, entre 2014 et 2017. Il va falloir « faire en sorte de trouver des formules qu’on n’a pas trouvées jusqu’à présent », a concédé Martin Hirsch, début mars, lors du conseil municipal extraordinaire que la municipalité de Saint-Ouen consacrait au sujet.

    Au moins le patron des Hôpitaux de Paris peut-il compter sur la bonne disposition des élus locaux. S’ils se disent « vigilants », « exigeants » dans les courriers qu’ils lui adressent, tous ont pris le parti de saisir l’occasion d’améliorer l’offre de soins du territoire. « On partage les craintes sur le capacitaire, mais mettons plutôt la pression sur l’AP-HP pour qu’elle prenne des engagements sur les temps partagés ville-hôpital, et réveillons-nous sur une approche globale, insiste Katy Bontinck, vice-présidente de Plaine Commune. Il y a sept ans pour créer des conditions favorables à l’installation des professionnels de santé. »

    Le docteur Mohad Djouab mise tout sur la nouvelle génération de praticiens, plus enclins, selon lui, à être salariés de centres ou de maisons de santé, sur lesquels la ville a un levier. « Ce changement, on l’observe aussi chez les jeunes hospitaliers qui veulent avoir un pied aux urgences et un temps de respiration ailleurs. »

    Les postes d’assistants partagés ville-hôpital « sont une bonne façon de fonctionner », confirme Philippe Gabriel Steg, patron de la cardiologie à Bichat, et dont l’un des médecins exerce déjà ainsi. « Il rapporte des malades au service, et le centre de santé a un lien avec l’hôpital. » L’agence régionale de santé a aussi un vrai rôle à jouer. Tous parlent « projet territorial de santé », « synergies à inventer ». Des « groupes de travail » doivent voir le jour. Leur mission d’ici à 2028 est immense.
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/05/11/le-futur-chu-de-saint-ouen-interroge-la-politique-de-sante-de-demain_6079862

    #santé_publique #désert_médical #médecine_de_ville #hôpital #lean_management #ambulatoire #restructuration #93

  • Sur les algues vertes, la Cour des comptes met sévèrement en cause l’Etat et les élus bretons
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/11/la-cour-des-comptes-juge-severement-l-echec-de-la-lutte-contre-les-algues-ve


    Algues vertes dans la baie de Morieux (Côtes-d’Armor), le 29 avril 2021.
    PHILIPPE RENAULT / OUEST-FRANCE / MAXPPP

    Dans un rapport attendu fin juin, que « Le Monde » a pu consulter, les magistrats financiers analysent les raisons de l’échec de la lutte contre les marées vertes. Un problème sanitaire et environnemental qui empoisonne les côtes bretonnes depuis les années 1970.

    Inefficacité et manque d’ambition : ainsi pourrait se résumer le rapport que la Cour des comptes et la chambre régionale des comptes consacrent à la politique publique de lutte contre les proliférations d’algues vertes en Bretagne menée depuis 2010. La publication de cette coproduction est attendue fin juin, au moment des élections régionales, mais Le Télégramme en a déjà évoqué la teneur dans ses colonnes.

    Très documenté, fruit de deux ans de travail et d’une centaine d’auditions, ce document de près de six cents pages daté du 20 avril et que Le Monde a pu consulter risque d’animer la campagne électorale. Car il dresse un constat d’échec patent de la part de l’Etat, mais aussi des élus de la région, face à un problème sanitaire et environnemental qui empoisonne les côtes bretonnes depuis les années 1970.

    Les marées d’ulves nauséabondes dopées aux nitrates qui s’amoncellent en couche épaisse à la belle saison ne touchent pas que le littoral armoricain, elles s’étendent désormais du Calvados à la Charente-Maritime. Mais elles se concentrent aux trois quarts en Bretagne. Les pires années, jusqu’à 60 000 tonnes y ont été collectées, le volume cumulé de 2009 à 2020 s’élève à 461 630 tonnes. Les rapporteurs évoquent avec « précaution » « une tendance incertaine à la baisse » depuis 2007 sur les plages de sable, tout en observant un rebond en sens inverse depuis 2013.
    Et le phénomène s’étend vers le sud de la région : les échouements touchent désormais les zones de vasières du Morbihan, un département encore récemment épargné. Les magistrats financiers recommandent de traiter ces accumulations sans plus attendre, car les tas d’ulves en décomposition peuvent dégager de l’hydrogène sulfuré. Un gaz déjà responsable, rappellent-ils, de la mort de deux personnes qui couraient sur le littoral, d’un chauffeur de camion transportant des algues vertes, de chiens, d’un cheval…

    Modestie des moyens alloués
    « Les études scientifiques démontrent sans ambiguïté que les apports d’azote [qui se transforme en nitrates une fois dans l’eau] dans les baies d’algues vertes sont essentiellement d’origine agricole », résume le rapport. « Selon les bassins versants et les périodes, l’activité agricole contrôle de 90 % à 98 % de ce flux d’azote » qui s’échappe vers les nappes souterraines, les sols et les rivières par le biais des épandages d’engrais chimiques ou organiques – lisiers, fumiers… –, et les concentrations de bovins. Il s’agit donc du « seul levier d’action permettant de limiter les proliférations des algues vertes à l’heure actuelle ».

    • L’origine des marées vertes est donc clairement identifiée, leurs localisations aussi : elles se concentrent dans huit bassins versants des Côtes-d’Armor et du Finistère qui collectent à eux seuls 92 % des algues en excès de Bretagne. Pourtant, la résolution du problème piétine depuis bientôt un demi-siècle. La Cour des comptes analyse méthodiquement les raisons de ce fiasco et désigne les responsables.

      D’abord, les agriculteurs de ces huit bassins versants auprès de qui un sondage a été organisé pour l’occasion. Ils sont encore 41 % à répondre que les installations d’assainissement des communes côtières seraient en cause dans les proliférations d’ulves et seulement 6 % envisagent une réduction des cheptels bretons comme pouvant constituer une partie de la solution. Les magistrats reconnaissent et saluent néanmoins « le changement généralisé des mentalités et l’évolution des pratiques qui sont intervenus depuis les années 2000, après plusieurs décennies d’incitations des agriculteurs au productivisme par la quasi-totalité des acteurs institutionnels, sans prise de conscience des conséquences environnementales ».

      Ils se montrent plus sévères vis-à-vis de l’Etat, qui apporte 43 % des financements, et de l’agence de l’eau Loire-Bretagne (27 %). Alors que la Cour des comptes est généralement prompte à dénoncer les excès de dépenses publiques, elle souligne cette fois la modestie des moyens alloués aux deux plans de lutte contre la prolifération des algues vertes (PLAV) de 2010 à 2019.

      Les engagements de ces deux bailleurs ajoutés à ceux de la région, des départements, de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise d’énergie et des chambres d’agriculture se sont élevés à 150 millions d’euros, pour des dépenses réelles de 109 millions. Ces sommes apparaissent « dérisoires si on les compare au montant des aides du premier pilier de la PAC [politique agricole commune] en Bretagne » – entre 435 millions et 614 millions d’euros par an ces six dernières années.

      Aucun effort de prévention exigé

      Au total, avec le recours des fonds européens, 50 millions d’euros sont réellement allés à la prévention des fuites d’azote d’origine agricole entre 2010 et 2019. Une bonne partie des 59 millions restants a été consacrée au ramassage des ulves. Dans cette enveloppe, 16 millions d’euros ont contribué à améliorer l’assainissement et soutenir le développement de la méthanisation durant le premier plan. Cette dernière initiative s’étant révélée contre-productive sur le front des nitrates, elle n’a pas été reconduite.

      C’est l’un des principaux reproches énoncés : l’Etat, l’agence de l’eau comme la région – compétente pour le développement économique – accordent leurs aides sans exiger d’effort de prévention de l’environnement en retour. Exemples à l’appui, les magistrats montrent « le manque d’implication » des filières agroalimentaires. Très présentes en Bretagne, y compris dans les baies les plus contaminées, leurs grandes coopératives ne se mobilisent pas pour soutenir des initiatives qui permettraient de développer de nouvelles productions moins dommageables pour les territoires.

      Les services de l’Etat en région n’ont pas non plus de réponse face aux fermes, dont les pratiques d’épandage ou la saturation des fosses à lisier ruinent les efforts vertueux de leurs voisins. D’une part, il n’est pas prévu de « renforcement crédible des obligations réglementaires », notent les rapporteurs. D’autre part, le nombre des contrôles a chuté de 73 % depuis 2010, notamment parce que les effectifs des agents se sont réduits de 24 %. Le niveau d’infractions pour non-conformité constaté dans la moitié des exploitations est lui resté à peu près stable.

      Le rapport insiste aussi sur le manque de contrôle a priori. Lorsqu’un exploitant demande à étendre son troupeau ou bien à créer un nouvel élevage, l’autorisation lui est généralement donnée automatiquement, sans étude environnementale, même dans un canton qui croule déjà sous les lisiers. Normal : sous un certain seuil, il n’y a pas d’instruction du dossier. « Sur demande de la profession agricole », ceux-ci sont passés à partir de 2013 de 450 à 2 000 porcs par exploitation, de 30 000 à 40 000 volailles, et de 200 à 400 vaches.

      Coordination défaillante

      En outre, il n’existe aucun statut particulier pour les huit baies « algues vertes », où les « services de l’Etat ne conditionnent donc pas » leur autorisation d’augmentation des cheptels à des mesures de prévention de la qualité de l’eau. On apprend au passage que ces derniers n’ont pas accès à des bases de données nationales d’identification des porcs et des volailles. Ce serait pertinent, mais le ministère de l’agriculture qui les détient ne leur en donne pas l’accès, malgré la demande de la préfète de Bretagne.

      Malgré tout, entre 1995 et 2013, la teneur moyenne des nitrates dans les cours d’eau bretons est passée de 47,2 mg/litre à 35,4 mg/litre, puis a ralenti pour atteindre 31,7 mg/litre en 2019. Quels taux faudrait-il atteindre pour réduire de moitié les proliférations d’ulves ? Sans doute entre 10 mg/litre et 25 mg/litre, mais on ne le sait toujours pas avec précision. Le rapport lie davantage cette baisse globale à une prise de conscience collective plutôt qu’à l’effet des PLAV.

      Car l’action publique pâtit encore d’une coordination défaillante entre les différents acteurs chargés de menés une politique « aux objectifs mal définis » ; d’une gestion foncière qui ne joue pas le jeu des installations en bio ; d’un manque de volonté politique des élus locaux. Sans guère d’incitations financières ni contraintes réglementaires, et faute d’indicateurs, il se révèle néanmoins malaisé de mesurer l’impact réel des PLAV. Les magistrats suggèrent de ne pas les transposer à d’autres sites et de leur préférer les règles de droit commun. Leur absence d’ambition et de résultats sur une souhaitable amélioration de la qualité des eaux expose la France à une nouvelle mise en demeure de la part de la Commission européenne.

      #agroalimentaire #élevage_industriel #Bretagne #pollution

  • Le Nigeria sur le podium du mannequinat africain
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/05/11/le-nigeria-sur-le-podium-du-mannequinat-africain_6079797_3212.html

    Le Nigeria sur le podium du mannequinat africain. Si la demande explose pour les modèles noirs à l’international, les défis sont nombreux pour les mannequins du continent, particulièrement en période de pandémie.
    Ce matin d’avril, une quinzaine de jeunes filles perchées sur des talons aiguilles et deux garçons longilignes s’avancent sur la dalle de béton qui fait office de podium en plein air. Ces jeunes au pas encore hésitant sont les « nouveaux visages » de l’agence de mannequins Beth Model Management, installée à Lagos, la capitale économique du Nigeria.Après avoir signé leur contrat, les nouvelles recrues bénéficient d’une formation de trois jours afin d’apprivoiser leur nouveau métier.
    Persuadée qu’il y a un créneau à saisir, Elizabeth Elohor lance, en 2004, son entreprise. Mais les premières années sont difficiles et la jeune femme ne parvient pas à percer sur le marché mondial (...)Les choses changent avec l’émergence de jeunes créateurs africains, comme les Sud-Africains Thula Sindi ou Marianne Fassler, bien décidés à faire grandir l’univers de la mode sur le continent. Le secteur privé investit aussi et, en 2010, la Arise Fashion Week voit le jour à Lagos, l’une des plus grosses mégalopoles africaines, puis, en 2014, la Lagos Fashion Week. Les défilés de Johannesburg, Kinshasa ou Dar es-Salaam gagnent en visibilité sur la scène internationale. Tout comme les mannequins africains, qui sont de plus en plus sollicités
    L’agence de Lagos organise aussi des castings dans tout le sud du Nigeria, avec plusieurs success stories à la clé. La très demandée Mayowa Nicholas a d’abord été découverte par Beth Models Management en 2014, avant de participer au concours de l’agence Elite Model Look et d’exploser à l’international. La Nigériane de 22 ans, qui apparaissait en couverture de Vogue Japan en avril, a aussi défilé pour la marque de lingerie Victoria’s Secret et posé pour Calvin Klein ou Michael Kors.En août 2020, le New York Times citait son nom dans un article soulignant la présence de plus en plus importante des mannequins noires dans les campagnes publicitaires et dans les pages des magazines, dans le sillage du mouvement Black Lives Matter. Le quotidien new-yorkais assurait qu’ « une crise sanitaire combinée à un été de troubles civils et de manifestations contre le racisme a poussé au changement d’état d’esprit ».
    Il n’en reste pas moins que la pandémie mondiale a aussi mis un frein à la carrière de certains modèles africains. Après des débuts prometteurs, Olaniyan Olamijuwon a dû se résoudre à voir plusieurs campagnes internationales lui échapper, faute de pouvoir voyager. Le jeune homme de 21 ans, troisième d’une fratrie de quatre enfants, affirme que « le mannequinat a complètement changé [sa] vie ». Egérie d’une campagne pour Berluti, il a défilé pour Balmain, Lanvin, Off White et d’autres grands noms de la mode lors de la saison automne-hiver 2020, à Paris. A raison de « 500 euros ou 600 euros de cachet par défilé » et grâce « au taux de change au Nigeria », Ola a pu passer l’année sans encombre et même « investir dans un business de livraison à domicile » tout en aidant sa mère. Une détermination féroce brille dans les yeux en amande du modèle, originaire du quartier populaire de Lagos Island. (...) D’autres vivent beaucoup moins bien que lui les restrictions de déplacement. Bloquée chez ses parents à Lagos depuis une année, la mannequin Nora Uche s’est finalement décidée à prendre un avocat pour tenter d’obtenir un visa pour l’Europe, où elle a raté plusieurs opportunités ces derniers mois. La jeune femme sait néanmoins qu’elle a eu de la chance d’avoir déjà pu y défiler, puisque certains mannequins africains ont parfois du mal à obtenir un premier visa pour le Vieux Continent. « On leur demande notamment de produire des extraits de compte bancaire, alors que beaucoup viennent de milieux plutôt défavorisés » et n’en possèdent donc pas, explique Marius Isikalu.L’intérêt de l’Europe pour les mannequins du continent africain est « une bénédiction », assure le collaborateur d’Elizabeth Elohor, puisqu’il a permis « à de nombreuses personnes de sortir leurs familles de la misère ». Désormais, « le plus grand défi est de s’assurer que les agences ne se séparent pas de leurs mannequins africains », jusqu’à ce que ceux-ci puissent recommencer à voyager comme avant.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#pandemie#afrique#nigeria#travailleurmigrant#circulation#frontiere#restrictionsanitaire

  • Au Népal, l’Himalaya en manque de touristes
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/05/11/au-nepal-l-himalaya-en-manque-de-touristes_6079799_3234.html

    Au Népal, l’Himalaya Le secteur du tourisme, durement touché par la pandémie de Covid-19, comptait sur une reprise en 2021, avant qu’une deuxième vague venue d’Inde reconfine les villes début mai. Après une année sans expédition, le mois de mai devait marquer le retour des alpinistes côté népalais pour l’ascension du sommet de l’Everest, juste avant la mousson. Cette année, quelque 408 permis ont été attribués, soit plus que le record de 2019. Pour l’obtenir, il suffisait aux candidats de se soumettre à un protocole sanitaire assoupli (test PCR avant et après l’arrivée au Népal). Du moins jusqu’à l’entrée en vigueur d’un nouveau confinement le 29 avril à Katmandou, la capitale, et de restrictions sur les vols domestiques et internationaux depuis le 3 mai, à cause de l’explosion épidémique en Inde.
    Avec la découverte, mi-avril, au camp de base, d’un cas positif chez un alpiniste norvégien, transféré par hélicoptère à Katmandou, puis chez plusieurs membres du personnel accompagnateur, le Covid-19 menace aujourd’hui la reprise tant espérée. Pour l’heure, les expéditions en cours continuent : « La plupart des clients et leurs sherpas sont toujours au camp de base et prêts à partir dès que le temps le permet. Dans les deux semaines, il pourrait y avoir environ 700 personnes qui tentent l’ascension », explique Billi Bierling, gérante de The Himalayan Database, le site qui archive les expéditions dans l’Himalaya.
    Car le sommet de l’Everest représente 4 millions de dollars (3,3 millions d’euros) de redevances par an pour le pays. Chaque grimpeur s’acquitte de 9 000 euros pour son ascension. Soixante-dix autres pics de plus de 6 000 mètres ouverts à l’alpinisme permettent d’engranger environ 1 million de dollars par an.L’Himalaya, cette « industrie sans fumée », fait vivre quelque 300 000 Népalais à travers les treks et le tourisme associé – et un million en incluant le secteur informel. L’épidémie de Covid-19, qui, en mars 2020, a conduit les autorités à organiser le rapatriement dans leur pays de près de 100 000 voyageurs, a sinistré le secteur.(...)
    En 2020, une grande partie des guides et porteurs sont toutefois retournés dans les familles au village (65 % de la population du Népal vit de l’agriculture). Ram Puri, organisateur de treks d’une trentaine d’années, a passé le confinement de fin mars à juillet 2020 chez ses parents dans le district de Sindhupalchok, entre Katmandou et la chaîne de l’Himalaya. « On a élevé plus de chèvres et produit des surplus de riz et de maïs afin de pouvoir tenir deux ans, au cas où », explique-t-il. En 2021, il n’a pu organiser que deux groupes de trek. Francophone, il profite de son temps libre pour apprendre le mandarin – la Chine représentait le contingent de touristes en plus forte croissance avant le Covid-19. Au début de l’épidémie, l’office du tourisme du Népal (NTB) s’est associé à des associations professionnelles pour employer les porteurs et guides sans travail à nettoyer les sommets jonchés de détritus. Mais les fonds ont vite manqué. « Cela a eu lieu une fois. En réalité, on ne s’inquiète pas pour le secteur de la montagne, les randonneurs et les alpinistes reviendront d’eux-mêmes », explique la directrice du NTB, Nandini Thapa.En fait, les efforts de promotion du pays se portent désormais sur les basses terres, c’est-à-dire les plaines du Teraï, où une dizaine de casinos rivalisent pour attirer les joueurs indiens de l’autre côté de la frontière, ainsi que sur la partie collinaire du pays et ses parcs naturels.A l’origine, l’année écoulée devait être celle d’une vaste campagne de promotion, « Visit Nepal 2020 », où le pays prévoyait de passer la barre des 2 millions de visiteurs – contre 1,2 million en 2019. Un chiffre modeste, pour un pays de 30 millions d’habitants, qui a accueilli ses premiers visiteurs dans les années 1950, après la première ascension de l’Everest en 1953.Reste que le tourisme ne représente que 8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2019 – contre 27 % pour les envois de fonds de travailleurs népalais à l’étranger. « En vingt ans, Singapour a doublé ses arrivées de touristes, pour des revenus équivalents au PIB total du Népal », rappelle, dans un essai récent sur le potentiel de l’économie népalaise (Unleashing the Vajra, Penguin, non traduit), l’entrepreneur Sujeev Shakya, qui préconise un tourisme plus haut de gamme et déplore l’enlisement des plans initiaux de développement.
    Le boom tant espéré pourrait toutefois se concrétiser avec l’entrée en service – attendue courant 2022 – de deux aéroports « régionaux-internationaux », celui de Pokhara, la deuxième ville du pays, au pied du massif de l’Annapurna, et celui de Lumbini, haut lieu de pèlerinage – c’est là qu’est né le Bouddha – au sud du pays. Ces nouvelles portes d’entrée vers l’Asie (les Sri-Lankais sont, après les Indiens, les premiers visiteurs à Lumbini) doivent désenclaver ces régions à fort potentiel – avec, en ligne de mire, plus de Chinois (500 000 étaient attendus en 2020).

    #Covid-19#migrant#migration#nepal#chine#tourisme#sante#frontiere#circulation#test#retsrictionsanitaire#travailleurmigrant#transfert

  • Covid-19 : l’Angleterre assouplit les restrictions sur les voyages à l’étranger
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/07/covid-19-a-moins-de-quatre-vingts-jours-des-jo-le-japon-prolonge-l-etat-d-ur

    Covid-19 : l’Angleterre assouplit les restrictions sur les voyages à l’étranger. Le gouvernement britannique a annoncé exempter de quarantaine les arrivées en Angleterre de 12 pays dont Israël et le Portugal, mais pas de destinations estivales prisées comme la France, l’Espagne ou la Grèce.Le gouvernement britannique a annoncé, vendredi 7 mai, assouplir à partir du 17 mai les restrictions pour les voyages à l’étranger, exemptant notamment de quarantaine les arrivées en Angleterre de 12 pays dont Israël et le Portugal, mais pas de destinations prisées comme la France. Du côté du Japon, face à une crise sanitaire toujours préoccupante, le gouvernement a prolongé de trois semaines l’état d’urgence dans quatre départements, dont celui de Tokyo, censé accueillir les Jeux olympiques (JO) cet été.
    Au total, dans le monde, au moins 3,2 millions de personnes sont mortes du Covid-19 depuis la fin de 2019, selon un bilan établi par l’Agence France-Presse (AFP) à partir de sources officielles.
    Lors d’une conférence de presse, le ministre des transports britannique, Grant Shapps, a annoncé la levée de l’interdiction des déplacements à l’étranger, réservée depuis janvier aux voyages essentiels, et la mise en place d’un système de restrictions classant les pays en trois catégories selon leur situation sanitaire.En liste verte figurent 12 pays dont le Portugal, Israël, Gibraltar, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou Singapour. Pour ces pays, des tests seront malgré tout obligatoires avant et après l’arrivée, le test PCR coûtant au Royaume-Uni plus de 100 livres (115 euros).
    La plupart des pays restent classés en orange, c’est-à-dire que les voyageurs devront suivre une quarantaine là où ils le souhaitent et subir plusieurs tests. « Les destinations estivales prisées comme la France, l’Espagne et la Grèce ne sont pas encore incluses [en liste verte] mais nous allons revoir la liste des pays toutes les trois semaines », a expliqué M. Shapps.Pour les pays en liste rouge, seuls les résidents peuvent rentrer en Angleterre mais doivent subir une quarantaine de onze nuits à l’hôtel à leurs frais, soit un coût de 1 750 livres (environ 2 000 euros) par personne. Aux pays et territoires déjà dans cette liste (Amérique du Sud notamment) s’ajoutent désormais la Turquie, les Maldives et le Népal. En Grèce, les plages privées seront rouvertes samedi et les musées la semaine prochaine, ont annoncé les responsables de la santé de ce pays, qui se prépare à l’ouverture de la saison touristique le 15 mai.

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#sante#restrictionsanitaire#tourisme#quarantaine#test#frontiere#circulation

  • Quarantaine obligatoire en France pour les voyageurs en provenance de sept nouveaux pays, dont la Turquie
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/07/quarantaine-obligatoire-les-voyageurs-en-provenance-de-sept-nouveaux-pays-do

    Quarantaine obligatoire en France pour les voyageurs en provenance de sept nouveaux pays, dont la Turquie. Cette restriction s’applique aussi aux voyageurs en provenance du Bangladesh, du Sri Lanka, du Pakistan, du Népal, des Emirats arabes unis et du Qatar.
    C’était déjà le cas pour les voyageurs en provenance du Brésil, d’Inde, du Chili, d’Afrique du Sud et d’Argentine. Les personnes en provenance de la Turquie, du Bangladesh, du Sri Lanka, du Pakistan, du Népal, des Emirats arabes unis et du Qatar vont également devoir observer une quarantaine obligatoire de dix jours à leur arrivée en France en raison de la circulation de l’épidémie due au coronavirus dans ces pays, a annoncé, vendredi 9 mai, une source gouvernementale à l’Agence France-Presse (AFP).
    Cette mesure entrera en application samedi minuit, après parution samedi matin du décret afférent. Les voyageurs en provenance de ces territoires doivent justifier à leur arrivée d’un test PCR de moins de trente-six heures. Sur ce point, « une tolérance sera accordée ce week-end pour les nouveaux pays concernés », a expliqué la même source gouvernementale à l’AFP.
    Les passagers devront déclarer à la compagnie aérienne leur lieu de quarantaine en France, justificatif à l’appui. Cette quarantaine s’assortit cependant d’une permission de sortie entre 10 heures et midi.
    Tout contrevenant s’expose à une amende de 1 000 à 1 500 euros en cas de récidive. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait déclaré mercredi que « 1 500 contrôles » avaient déjà été effectués « auprès des personnes en quarantaine et 141 personnes verbalisées ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#quarantaine#restrictionsanitaire#frontiere#circulation

  • Plus de 1 400 migrants sont arrivés ce week-end sur l’île italienne de Lampedusa
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/10/plus-de-1-400-migrants-sont-arrives-ce-week-end-sur-l-ile-italienne-de-lampe

    Plus de 1 400 migrants sont arrivés ce week-end sur l’île italienne de Lampedusa. Ces débarquements ont été dénoncés par Matteo Salvini, le chef de la Ligue. Une ONG a averti que des centaines d’autres personnes étaient en difficulté dans les eaux maltaises.
    Plus de 1 400 migrants sont arrivés samedi 8 et dimanche 9 mai à bord d’une quinzaine de bateaux sur la petite île de Lampedusa, dans le sud de l’Italie, ont rapporté les médias. Près de 400 migrants de différentes nationalités, dont vingt-quatre femmes et des enfants, se trouvaient à bord d’un navire qui a été intercepté au large de Lampedusa, ont souligné les agences de presse italiennes. Un autre bateau de 20 mètres de long transportant 325 personnes a été intercepté à quelque 13 km des côtes de cette île, tandis que des centaines d’autres migrants sont arrivés à bord d’embarcations plus petites. Ces débarquements ont été dénoncés par Matteo Salvini, le chef de la Ligue (parti d’extrême droite), qui doit être jugé pour avoir bloqué des migrants en mer en 2019 quand il était ministre de l’intérieur. « Avec des millions d’Italiens en difficulté, nous ne pouvons pas penser à des milliers d’immigrants illégaux », a-t-il déclaré, exigeant une rencontre avec le premier ministre Mario Draghi.
    L’organisation non gouvernementale (ONG) Alarm Phone, qui gère une ligne téléphonique d’urgence pour aller au secours des migrants, a lancé un appel à l’aide pour recueillir les passagers de cinq bateaux transportant plus de 400 personnes au large de Malte. « La situation à bord est critique. (…) Un sauvetage est nécessaire maintenant ! », a alerté cette organisation.
    Lire aussi « Je brûle ou je me fais brûler » : Adem, 25 ans et déjà quatre tentatives de quitter la Tunisie. Les autorités judiciaires siciliennes ont entre-temps reconduit ce week-end une mesure d’interdiction de toute intervention en mer du navire de sauvetage Sea-Watch 4 d’une ONG allemande, qui avait dû le garder à l’ancre au port de Palerme, en Sicile, pendant six mois, jusqu’en mars, à l’issue d’une inspection ayant permis de trouver trop de gilets de sauvetage à son bord par rapport à sa taille.
    Les membres de l’ONG estiment que l’inspection était pour les autorités une manière détournée de bloquer le bâtiment et de l’empêcher de porter secours en mer aux migrants. « Nous espérons que les autorités ne nous empêcheront pas de nous rendre en Méditerranée centrale avec les mêmes accusations absurdes auxquelles nous sommes habitués », a tweeté vendredi Sea-Watch Italy au retour de sa dernière mission.Un autre navire, Sea-Watch 3, avait été bloqué en mars par les garde-côtes au port sicilien d’Augusta, sous prétexte, une nouvelle fois, de problèmes de sécurité.
    Malgré la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, le mouvement de migration clandestine à partir des pays du Maghreb, notamment de la Tunisie et de la Libye, vers l’Europe s’est poursuivi, notamment à destination de l’Italie, où les migrants espèrent trouver travail et perspectives. Quelque 530 000 migrants ont atteint les côtes italiennes depuis le début de l’année 2015, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une organisation intergouvernementale ayant son siège à Genève. Entre le 1er janvier et le 21 avril 2021, 8 604 personnes sont arrivées en Italie et 65 à Malte, tandis que 359 ont péri en route, selon l’OIM.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#tunisie#libye#afrique#sante#pandemie#migrationclndestine#UE

  • Les citoyens « référents » font couac à Saint-Briac
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/05/06/on-n-a-pas-besoin-de-petits-flics-ca-ne-peut-qu-entrainer-des-derives-les-ci


    Le front de mer de Saint-Briac (Ille-et-Vilaine), qui concentre de nombreuses résidences secondaires, ici en 2013.
    JEAN-DANIEL SUDRES / VOYAGE GOURMAND / SAIF IMAGES

    Comme d’autres communes bretonnes, cette ville de près de 2 000 habitants envisageait de mettre en place un dispositif de vigilance citoyenne en rapport avec la gendarmerie. Elle y a renoncé après une pétition signée par un millier de personnes.

    A Saint-Briac-sur-mer (Ille-et-Vilaine), le calme règne sur les villas au bord des falaises escarpées. On est loin d’imaginer que ce village huppé de près de 2 000 habitants et plus de 60 % de résidences secondaires est en proie, depuis le mois d’avril, à une polémique entre la municipalité et certains de ses administrés. La raison ? La visite, lundi 22 mars, lors du conseil municipal, du commandant Aubry de la compagnie de gendarmerie de Saint-Malo, venu présenter la « participation citoyenne ».

    Sous cette expression très évasive se cache un système de citoyens « référents » volontaires et bénévoles, désignés pour être en contact avec les forces de l’ordre et leur remonter les informations concernant des problèmes d’insécurité rencontrés dans la commune. Lors de la séance, l’opposition a dénoncé une initiative qui « est le contraire du mieux vivre ensemble », selon l’une des élus, Françoise Saulais.

    Quelques jours plus tard, deux habitants ont lancé une pétition demandant l’abandon du projet. Fred Mary est l’un d’eux. Ce gérant de plusieurs restaurants, au look décontracté, craint le pire : « On n’a pas besoin de petits flics dans les quartiers. Ça ne peut qu’entraîner des dérives. » En peu de temps, la pétition a atteint le millier de signatures. Et le maire, Vincent Denby-Wilkes (sans étiquette) a fini par renoncer au projet en criant aux fake news : « Nous voulions simplement alerter sur les manières de faire, car, ces derniers temps, nous avons un cambriolage par semaine. Ça n’allait pas plus loin. »

    Avantage budgétaire
    Saint-Briac est loin d’être la seule. Pleurtuit, La Richardais, Miniac-Morvan, Le Minihic-sur-Rance… depuis début 2021, dans les environs de Saint-Malo, des communes de toute taille s’intéressent à ce dispositif national. Inspiré du neighbourhood watch britannique, la « surveillance de voisinage » par des habitants, il a été instauré en 2006, institutionnalisé en 2011 par un projet de loi et refondu par une circulaire du ministère de l’intérieur en 2019. Une convention signée entre la commune, la préfecture et la police ou la gendarmerie encadre le processus mis en branle par le maire, qui choisit ensuite les « référents ».

    « Ça ne va pas mettre fin aux cambriolages et aux atteintes aux biens, mais cela peut faciliter les passages de notre patrouille. » Guillaume Catherine, commissaire

    D’après la Place Beauvau, environ 5 700 communes avaient signé un protocole en 2020. Elles étaient 24 en février en Ille-et-Vilaine, cinq de plus que six mois auparavant. « Ce système fait son retour dernièrement. Une des motivations principales est le rapport coûts-avantages puisqu’il fait travailler des gens gratuitement. Un agenda politique ou l’envie d’une solution pratique qui ne coûte pas cher suscitent l’intérêt des mairies », commente Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS (laboratoire Pacte), spécialiste des questions de police et de sécurité.

    #paywall

  • Sciences Po Grenoble : la ministre appelle à « sanctionner » les étudiants accusés de diffamation
    https://www.lemonde.fr/education/article/2021/05/08/sciences-po-grenoble-la-ministre-appelle-a-sanctionner-les-etudiants-accuses


    L’entrée de Sciences Po Grenoble, à Saint-Martin-d’Hères, le 8 mars 2021.
    JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

    Le 4 mars, plusieurs étudiants avaient accusé deux professeurs d’« islamophobie », aussi bien par voie d’affichage devant l’enceinte de l’IEP que sur les réseaux sociaux, provoquant une crise au sein de l’établissement.

    La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a appelé samedi 8 mai, dans un entretien au Figaro, l’Institut d’études politiques (IEP) de Grenoble à « sanctionner » rapidement les auteurs de la diffamation publique de deux de ses professeurs.

    Le 4 mars, plusieurs étudiants avaient placardé à l’entrée de l’institut des affichettes accusant nommément deux professeurs d’« islamophobie », avant de relayer pareils propos sur les réseaux sociaux par le biais de syndicats étudiants, dont l’Unef (Union nationale des étudiants de France, classé à gauche). L’affaire a déclenché l’ouverture par le parquet d’une enquête, pour « injure publique » notamment. Le gouvernement avait dénoncé la « mise en danger » des enseignants par ces étudiants, ciblant plus spécifiquement l’Unef, qui a reconnu une initiative « maladroite et dangereuse ».

    « Maladresses, manquements et fautes »
    La ministre avait alors commandé un rapport à l’inspection de l’éducation nationale, dont les conclusions ont été révélées samedi par Le Figaro. Dans ce document, dont l’Agence France-Presse a obtenu copie, l’inspection souligne que « tous les acteurs de cette affaire ont commis des erreurs d’appréciation, des maladresses, des manquements et fautes plus ou moins graves ».

    Mais, aux yeux de l’inspection, les principaux coupables restent les étudiants qui ont taxé les deux professeurs d’« islamophobie » ou qui ont relayé de telles accusations sur les réseaux sociaux – notamment l’Union syndicale Sciences Po Grenoble (US, premier syndicat de l’établissement) ainsi que la branche locale de l’Unef.
    « Ces accusations, souligne le rapport, sont la cause de la grave détérioration du climat de l’IEP » au fil des mois, laquelle « a conduit à l’événement déplorable du 4 mars ». D’autant que les rapporteurs n’ont trouvé « aucun témoignage permettant d’accréditer les rumeurs d’islamophobie » des deux professeurs « relayées par l’US », que l’inspection accuse par ailleurs d’avoir généré « un climat de peur ». Le 10 mars, la directrice de l’IEP, Sabine Saurugger, avait « condamné très clairement » les affiches. Elle avait en revanche estimé que l’un des professeurs visés avait tenu des propos « extrêmement problématiques » sur l’islam.
    L’inspection appelle la direction de l’IEP à prendre « sans tarder des mesures fermes » pour « sanctionner les fautes les plus graves ». Cela concerne tous « les élus étudiants de l’US signataires » des accusations contre les professeurs, mais aussi les membres du syndicat qui ont diffusé sur les réseaux de « graves accusations » contre d’autres étudiants, « d’une violence inouïe » parfois, et qui « relèvent du harcèlement ».

    La ministre veut renforcer la gouvernance de l’IEP
    A l’origine des accusations d’islamophobie, on trouve ainsi, en novembre et en décembre 2020, un échange de courriels véhéments à propos d’un cours sur l’islam entre un professeur d’allemand, dont le nom a été mentionné sur les affiches, et une historienne.
    L’inspection épingle le « manque de professionnalisme déconcertant » des deux professeurs, qui ont laissé plusieurs étudiants en copie de leurs mails, et dénonce le « manque d’intérêt marqué » des étudiants pour le respect de la vie privée ou la présomption d’innocence, lequel a conduit aux affichages.
    « Il nous faut réfléchir à une éducation aux règles minimales du droit sur les réseaux sociaux, peut-être pour tous les étudiants », a souligné la ministre. Mme Vidal a également annoncé un renforcement de la gouvernance de l’IEP (préconisé par le rapport) tout en réaffirmant sa confiance à Sabine Saurugger.

  • A Jérusalem-Est, des Palestiniens menacés d’expulsion
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/07/a-jerusalem-est-des-palestiniens-menaces-d-expulsion_6079464_3210.html

    A Jérusalem-Est, des Palestiniens menacés d’expulsion

    Une bataille judiciaire oppose Palestiniens et colons juifs sur la propriété de maisons du quartier de Sheikh Jarrah.

    L’art mondain d’être faux-cul !

    #le_monde #israël

  • Etats-Unis : la communauté asiatique « en état de siège »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/07/etats-unis-la-communaute-asiatique-en-etat-de-siege_6079469_3210.html

    Dès que l’épidémie de Covid-19 s’est répandue hors de Chine, en février 2020, le professeur Russell Jeung s’est douté de ce qui attendait la communauté asiatique aux Etats-Unis. Doyen du département d’études américano-asiatiques à l’université de San Francisco, il a ouvert un site pour recueillir les témoignages des victimes d’incidents racistes : Stop AAPI Hate (AAPI ou Asian Americans and Pacific Islanders, terme qui désigne la communauté des Américains d’origine asiatique et du Pacifique). Le déferlement de récits l’a « horrifié ». Insultes, menaces, harcèlement. « On a dû créer une catégorie spéciale pour les gens qui avaient essuyé des crachats ou des toux intentionnelles », raconte-t-il.Ce que l’universitaire n’avait pas prévu – mais « c’était tristement inévitable », dit-il –, c’est que la haine irait jusqu’à tuer. (...)
    Les Américains d’origine asiatique ont connu d’autres périodes sombres. Dans les années 1980, le ressentiment contre l’automobile japonaise a coûté la vie au technicien chinois Vincent Chin, battu à mort en juin 1982 près de Detroit (Michigan) par un contremaître de Chrysler et un ouvrier licencié. En 1992, les émeutes de Los Angeles, après l’acquittement des policiers responsables du tabassage de Rodney King, ont laissé plus de 2 200 échoppes coréennes pillées et incendiées. La mémoire collective est émaillée de références historiques douloureuses : la loi de 1882 d’exclusion des Chinois (Chinese Exclusion Act) ; l’internement de 120 000 Japonais et d’Américains d’origine japonaise, en 1942, après Pearl Harbor. Même le Titanic en 1912 n’a pas souffert d’exception. Six des survivants étaient chinois. Quand ils sont arrivés à New York, ils ont été expulsés.
    Un dépliant réalisé par la Fédération coréenne américaine de Los Angeles pour sensibiliser aux crimes haineux anti-asiatiques avec l’instruction d’appeler le 911 dans le quartier Koreatown de Los Angeles, lundi 29 mars 2021.
    Depuis mars 2020, les Américains d’origine asiatique font figure de boucs émissaires de la pandémie. Selon un sondage du Pew Research Center publié le 21 avril, 45 % d’entre eux ont été témoins d’au moins un incident, 32 % disent avoir peur d’être attaqués. Et 81 % citent la montée de la violence comme le phénomène qui les angoisse le plus. « On est arrivés à un point où les gens craignent plus le racisme de leurs compatriotes que le Covid-19, déplore le professeur Jeung. Nous sommes une communauté en état de siège. »Les Asiatiques sont la minorité qui croît le plus rapidement aux Etats-Unis. Ils étaient 10,5 millions en 2000 ; 18,9 millions en 2019 (+ 81 %). Plus de la moitié d’entre eux sont nés à l’étranger. Le mythe de la « minorité modèle », mis en avant dans les années 1980 par les conservateurs pour montrer – essentiellement aux Noirs – que tout le monde peut s’en sortir, est trompeur. La communauté asiatique est celle où les inégalités de revenus sont les plus prononcées. Les Américains sont abreuvés de statistiques sur les performances scolaires des jeunes Asiatiques (35 % d’entre eux ont un score de plus de 700 points au test d’entrée à l’université contre 9 % des Blancs et 1 % des Noirs). Ou sur leur réussite, illustrée – caricaturée – par le film Crazy Rich Asians (Jon Chu, 2018). Ils sont peu conscients de la vulnérabilité qui subsiste dans la population asiatique, notamment chez les femmes et les personnes âgées, principales victimes des agressions actuelles.
    Le site Stop AAPI Hate, qui avait été mis en place en 2020 par le professeur Jeung et deux associations, sans la moindre subvention, s’est vu attribuer une bourse de 300 000 dollars de l’Etat de Californie. Il a publié un nouveau rapport jeudi 6 mai ; 6 603 incidents lui ont été rapportés entre le 19 mars 2020 et le 31 mars 2021. Les victimes signalent des micro-agressions de tous ordres : remarques stéréotypées sur les goûts alimentaires des Chinois, leur aptitude aux maths, discrimination au travail. « Dès qu’un employé asiatique tousse dans un bureau, il est invité à rester chez lui alors que ça n’est pas le cas pour les autres », remarque Russell Jeung.
    Une manifestation pour exiger la fin des violences anti-asiatiques, le 4 avril 2021, à New York. Longtemps, les victimes ont enfoui les blessures dans la nécessité de « se fondre dans le paysage ». « Les Asiatiques ne se plaignent pas, et encore moins de racisme », résume le professeur. Mais les attaques sacrilèges contre les anciens ont entraîné une mobilisation sans précédent. Une nouvelle génération se fait entendre, qui discute pendant des soirées entières sur Clubhouse, le forum audio en ligne. « Ce que les parents nous ont enseigné, c’est : ne t’occupe pas des autres, sois aussi Américain que possible et travaille », témoigne Wenchi Yu, une analyste financière qui a longuement hésité à envoyer un message alertant ses collègues. Elle l’a effacé, puis finalement reposté. « C’est important d’avoir les Blancs avec nous. »Jess Owyoung, 37 ans, une éducatrice pour enfants handicapés, a cofondé l’association Compassion in Oakland, un nom volontairement œcuménique dans une ville qui compte parmi les plus multiethniques du pays. « Ce qu’on voudrait surtout, c’est plus d’empathie dans les quartiers », explique-t-elle. Ses grands-parents avaient un atelier de couture dans le quartier chinois. Pour elle, Chinatown, une collection de huit rues animées, entre downtown et autoroute, était un endroit festif, même si un tiers des habitants vit sous le seuil de pauvreté. Fin janvier, elle a été atterrée quand un homme de 91 ans, qui aurait pu être son grand-père, a été poussé et projeté violemment au sol. « C’est tellement injuste. Nos grands-parents ont tellement travaillé et pendant si longtemps. » En fait, il s’est trouvé que la victime, dont l’identité n’a pas été révélée, était hispanique ; l’agresseur, Yahya Muslim, un homme de 28 ans, souffrait de troubles psychiatriques.
    Compassion in Oakland compte maintenant 400 bénévoles qui patrouillent le week-end avec des gilets fluo. Le groupe a distribué plusieurs milliers de sifflets d’urgence dans le quartier. Une collecte sur GoFundMe a permis de recruter des vigiles privés. « C’est la première fois qu’il y a un mouvement de cette ampleur consacré exclusivement aux Asiatiques », se réjouit Jess Owyoung.Kye Kim Perrot, une juriste d’origine coréenne, a lancé mi-avril une association, CaliKyeCab, qui rembourse les courses en taxi. Au début, elle payait de sa poche. En deux semaines, elle a collecté plus de 13 000 dollars et pu offrir plus de 300 trajets à des habitants qui avaient peur de sortir, même pour aller à leur rendez-vous médical. Bao Nguyen, 45 ans, informaticien d’origine vietnamienne, se trouvait dans le métro avec sa mère de 82 ans, quand ils ont été pris à partie. Il ne la laisse plus sortir seule, même pour son exercice matinal de taï-chi dans le parc. « Quand j’étais jeune, il y avait de la pauvreté et de la criminalité à Oakland, mais la race n’était pas un facteur, assure-t-il. J’ai été élu vice-président de ma classe de dernière année à Berkeley ! »
    Le Covid-19, selon lui, a tout changé, surtout en année électorale. Selon le sondage du Pew Research Center, 20 % des Asiatiques rendent Donald Trump directement responsable de la montée de la violence, pour avoir constamment qualifié la pandémie de « virus chinois ». Mais l’ancien président a aussi ses supporteurs, comme Meina Young, une quinquagénaire installée avec une pancarte à Portsmouth Square, au cœur du Chinatown de San Francisco, où se mêlent joueurs de cartes, drapeaux de Chine populaire et taïwanais. « Assez de discours ! Place à la loi et l’ordre ! », réclame-t-elle.Bao Nguyen a créé lui aussi une association, One Dollar Rides, qui met en contact des habitants qui ont peur de circuler à pied avec des volontaires triés sur le volet. « Beaucoup de non-Asiatiques essaient d’aider, note-t-il, mais il y a un problème de confiance. » Le cofondateur de One Dollar Rides est Marcus Chun Chung, 26 ans, un étudiant de Berkeley qui a quitté Hongkong en 2015 (son vrai nom, souligne-t-il, est Tsz, malheureusement « imprononçable »). « J’ai vu ces épouvantables vidéos sur les réseaux sociaux. Je voulais faire quelque chose. » Depuis un an, il est pris à partie mais il ne se démonte pas. « Qu’est-ce que tu fais ici ? », lui a demandé une femme à la caisse d’un magasin. Il a fait mine de ne pas comprendre : « Je paie mes achats. » Un homme dans un fast-food a traité devant lui les Asiatiques de « lézards ». Marcus lui a demandé dans « quel genre d’école » il avait été scolarisé. « Je suis grand, dit-il. Ils ne s’en prennent pas trop à moi. »

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#asie#sante#minorite#pandemie#discrimination#violence

  • A son procès en diffamation, Assa Traoré dénonce « une criminalisation des victimes »
    Le Monde avec AFP Publié 7 mai 2021 à 00h44, mis à jour à 08h38
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/07/a-son-proces-en-diffamation-assa-traore-denonce-une-criminalisation-des-vict

    (...) « Je suis juste une sœur qui demande justice »

    Droite à la barre, Assa Traoré a repris le discours qu’elle martèle depuis cinq ans : « Je suis juste une sœur qui a perdu son frère et qui demande la justice. » Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans, est mort dans la caserne de Persan près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), au terme d’une course-poursuite un jour de canicule.

    Depuis ce jour, sa famille se bat pour voir les gendarmes sur le banc des accusés. « Si mon frère n’avait pas croisé la route de ces gendarmes, il ne serait pas mort. Si la justice avait fait toutes les investigations, je n’aurais pas été là aujourd’hui », a dénoncé Assa Traoré. Depuis cinq ans, des juges d’instruction tentent de déterminer les causes de cette mort, s’appuyant sur des expertises médicales dont les conclusions divergent quant à la responsabilité des gendarmes, lesquels, à ce stade, ne sont pas mis en examen.

    #Violences_policières

  • En Algérie, des familles invitent des étudiants subsahariens à rompre le jeûne et la solitude
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/05/05/en-algerie-des-familles-invitent-des-etudiants-subsahariens-a-rompre-le-jeun
    https://img.lemde.fr/2021/05/05/0/0/1023/511/1440/720/60/0/763360_80613841-img-20210504-wa0008.jpg

    En Algérie, des familles invitent des étudiants subsahariens à rompre le jeûne et la solitude. Une association a profité du mois de ramadan, propice au partage, pour couper l’isolement des jeunes étrangers empêchés de rentrer chez pour cause de Covid-19.Des étudiants subsahariens à Alger sont accueillis par une famille algérienne pour partager le repas de rupture du jeûne.Des étudiants subsahariens à Alger sont accueillis par une famille algérienne pour partager le repas de rupture du jeûne. DR
    Avec le ramadan, qui rythme le quotidien des Algériens depuis le 13 avril, Mamo a fait une expérience inédite. Cet étudiant malien de l’université des sciences et de la technologie de Bab Ezzouar, près d’Alger, a partagé un ftour, le repas de la rupture du jeûne, avec une famille algérienne. « Quand on m’a parlé de l’initiative, j’étais hésitant. Mais finalement c’était une expérience magnifique. Au-delà du repas, cela permet un échange de cultures et de points de vue », raconte l’homme de 22 ans, vêtu d’un pantalon à pince bleu et de chaussures cirées noires.
    Parmi les étudiants subsahariens résidant en Algérie, beaucoup passent l’intégralité de leur cursus universitaire sans retourner au pays. Si certains y étaient contraints par leur situation financière, presque tous sont désormais logés à la même enseigne à cause de la fermeture des frontières, depuis mars 2020, à cause de la pandémie de Covid-19. « On peut partir, mais au risque de ne pas revenir », précise Maria Gorbena, une Equato-Guinéenne de 26 ans qui étudie les télécoms à Bab Ezzouar et n’est pas retournée dans son pays natal depuis deux ans.
    Alors pour les couper de leur isolement, l’association Carrefour Cadenkoso a profité du mois de ramadan, propice au partage, pour appeler des familles algériennes à accueillir un ou plusieurs étudiants étrangers, tels Mamo ou Maria, le temps d’un ftour. « Le Covid a été une période difficile, il y a eu une rupture de contact et une rupture financière pour certains étudiants qui recevaient une aide de leur famille », explique Moussa Sissoko. Le doctorant malien en biologie des maladies infectieuses, installé en Algérie depuis presque dix ans, a créé Carrefour Cadenkoso en 2019 pour « regrouper les talents subsahariens et valoriser leur formation en Algérie ».
    Quand il a lancé l’initiative « Ftoor en famille », début avril, il ne s’attendait pas à un tel « enthousiasme » de la part des participants. Avec son équipe de bénévoles, il gère toute la logistique : de la visite aux familles d’accueil jusqu’à l’arrangement du transport. « En l’espace de six jours, six familles algéroises ont accueilli une vingtaine d’étudiants. Les discussions durent jusque très tard dans la soirée ! », s’exclame le trentenaire.
    « Chez les étudiants internationaux, il y a ce lien familial qui manque, alors j’ai enfilé mon bazin [tenue traditionnelle malienne], j’étais joyeux et stressé comme si j’allais voir ma propre famille », raconte Mamo, qui n’a pas vu ses proches depuis son arrivée en Algérie pour des études en réseaux informatiques, il y a quatre ans. « Je devais rentrer à la fin de ma licence, mais ça n’a pas été possible à cause du Covid-19 », explique-t-il.
    Lire aussi Comment le coronavirus a poussé des centaines de Subsahariens à quitter l’Algérie pour la Tunisie
    En 2020, le ministère algérien de l’enseignement supérieur estimait le nombre d’étudiants étrangers à un peu plus de 8 500. Mais selon Moussa Sissoko, leur nombre réel serait plus important. Car si certains étudiants, comme Mamo et Maria, bénéficient d’une bourse octroyée par leur pays pour étudier dans le cadre académique, d’autres viennent par leurs propres moyens pour suivre diverses formations. Ce brassage « est une opportunité immense, pour nous Africains, de faire des rencontres et d’apprendre sur les autres », précise Moussa Sissoko : « Il permet non seulement de créer un lien avec la population algérienne, mais aussi un pont entre les différentes populations africaines. »
    Depuis l’indépendance du pays, en 1962, les universités algériennes ont accueilli 60 000 étudiants étrangers en provenance de 62 pays, selon le ministère de l’enseignement supérieur. « Les étudiants subsahariens sont une véritable porte d’entrée vers les économies et les marchés de leur pays. Pour les entrepreneurs algériens, ils sont une source d’information sur les langues, les traditions et les modes de consommation de leur société », poursuit Moussa Sissoko, qui travaille actuellement sur la formation d’un réseau d’anciens étudiants africains en Algérie. « Il y a une nouvelle société qui se forme. Certains étudiants subsahariens restent en Algérie, ils se marient et travaillent ici. Les autres, une fois de retour dans leur pays, occupent souvent des fonctions importantes. Ce sont des personnes avec lesquelles l’Algérie doit maintenir le contact », répète le doctorant. Et de citer l’exemple de l’actuel ambassadeur malien en Algérie, diplômé de la section diplomatique de l’Ecole nationale d’administration d’Alger en 1982 – la même promotion que l’actuel ministre algérien des affaires étrangères, Sabri Boukadoum.

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#afriquesubsaharienne#sante#religion#pandemie#retour#integration#economie

  • A la suite des violences du 1er-Mai, la CGT pourrait porter plainte contre le préfet Lallement
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/05/06/a-la-suite-des-violences-du-1er-mai-la-cgt-pourrait-porter-plainte-contre-le


    La tête de la manifestation à Paris, le 1er mai. BERTRAND GUAY / AFP

    L’union régionale du syndicat en Ile-de-France a estimé, lors d’une conférence de presse mercredi 5 mai, que le préfet de police a « délibérément mis en danger des centaines de personnes » et doit être « révoqué ».

    Les relations se tendent entre la CGT et la Préfecture de police de Paris, après les incidents survenus à la fin du défilé du 1er-Mai dans la capitale, où des militants cégétistes ont été violemment pris à partie par un groupe d’individus. La centrale de Montreuil (Seine-Saint-Denis) étudie « les possibilités de déposer une plainte contre le préfet de police », Didier Lallement, a déclaré, mercredi 5 mai, la responsable de l’union régionale CGT d’Ile-de-France, Valérie Lesage, lors d’une conférence de presse aux côtés de son secrétaire général, Philippe Martinez. La confédération syndicale va également demander « l’ouverture d’une enquête parlementaire afin de faire la clarté sur la gestion du maintien de l’ordre », a-t-elle ajouté.

    Pour Mme Lesage, le préfet de police a « délibérément mis en danger des centaines de personnes » et doit être « révoqué ». La CGT reproche notamment aux forces de l’ordre d’avoir empêché, place de la Nation, l’évacuation de certains de leurs militants et leurs camionnettes « comme cela était prévu », en bloquant la sortie définie en amont avec les services de M. Lallement et en transformant la place « en souricière ». La préfecture avait expliqué, dimanche, que plusieurs véhicules syndicaux s’étaient engagés « sur la mauvaise sortie ». Selon les organisateurs, pour quitter le défilé, il fallait emprunter le cours de Vincennes, comme précisé sur le récépissé de déclaration de manifestation. « Il y a eu – et ça nous a été confirmé par l’agent de liaison en fin de manifestation, mais nous étions déjà bloqués par les grilles – un changement d’ordre pendant la manifestation. Mais il n’a pas eu le temps de nous tenir informés », a assuré Mme Lesage.

    Dans un communiqué, la préfecture a répondu, mercredi, que les axes de sortie sont susceptibles « de varier en fonction de la physionomie de la manifestation ». Elle précise avoir annoncé sur son compte Twitter, à 17 h 38 – soit peu de temps avant les incidents de Nation –, que les sorties se feraient par l’avenue de Taillebourg et l’avenue de Bouvines. Pour elle, les faits qui se sont déroulés à Nation sont « clairs » – « ce sont des manifestants qui ont attaqué d’autres manifestants » – et « r_ejeter sur la Préfecture de police les raisons de cette violence n’est pas acceptable_ ».

    • « Ce qui est dramatique dans cette situation, c’est que ce sont surtout deux impuissances qui se sont foutues sur la gueule. »

      https://rebellyon.info/Du-rififi-dans-la-manif-du-1er-mai-23113

      D’un coté, la stratégie du mouvement social qui ne permet plus d’arracher grand-chose ni de stopper la politique gouvernementale (réforme des retraites, de l’assurance chômage, de la SNCF, loi sécurité globale, réforme des lycées et du bac, parcoursup, j’en passe et des meilleurs. Autant de défaites qui s’accumulent…). De l’autre coté, c’est pas forcément mieux. La stratégie du cortège de tête/gilets jaunes/ingouvernnable a du mal à se déployer, hors gros mouvement de fou (surtout quand on a déjà du mal à tenir tête à la police et à la déborder). Une option qui ne semble très sûre d’elle-même et propose à l’évidence peu de formulations politiques et d’objectifs clairs... Dans un cas, comme dans l’autre, c’est les mêmes impasses, la même merde, le même manque de perspectives… D’un coté comme de l’autre, il y a le sentiment d’être des boules de billards. En manif, balladées d’une bande à l’autre au gré des charges des CRS et du gaz lacrymogènes sans arriver à rien opposer ou à leur interdire d’entrer dans les cortèges. Dans le monde du travail, c’est la même difficulté à peser et à dire « non mais là ça va se passer comme ça » : la grève à General Electric à Villeurbanne n’a pas réussi à stopper le « plan social », le non-remplacement des personnels SNCF qui partent en retraite, les suppressions de lits à l’hôpital du Vinatier se poursuivent, La Poste enchaîne les réorganisations de tournées des facteurs, sans parler de la prochaine grande vague de réorganisation/ubérisation du travail dont les sans-papiers/livreurs Deliveroo sont un aperçu...

  • Les Australiens interdits de revenir d’Inde sous peine de prison
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/04/les-australiens-interdits-de-revenir-d-inde-sous-peine-de-prison_6079040_321

    Pour se protéger de la pandémie, l’Australie, qui applique la stratégie « zéro Covid », empêche ses ressortissants de rentrer chez eux. Les contrevenants s’exposent à une amende de plus de 42 000 euros et à cinq ans d’emprisonnement.Fermer les portes du pays à ses propres ressortissants, c’est un pas que l’Australie n’avait jamais franchi depuis le début de la pandémie malgré le bouclage de ses frontières internationales dès le mois de mars 2020. « On ne peut pas empêcher les Australiens de rentrer chez eux », avait toujours défendu le premier ministre, Scott Morrison. Lundi 3 mai, le gouvernement a changé son fusil d’épaule.
    Face à la grave dégradation de la situation sanitaire en Inde, il a interdit d’entrée sur le territoire national, jusqu’au 15 mai, toute personne ayant séjourné dans ce pays durant les quatorze jours précédant son voyage, y compris ses 9 000 citoyens actuellement bloqués sur place. Les contrevenants s’exposent à une amende de 66 600 dollars australiens (42 800 euros) et à cinq ans de prison.
    « Le gouvernement ne prend pas cette décision à la légère mais il est crucial de préserver l’intégrité de la santé publique australienne et de son système de quarantaine qui ont permis de réduire le nombre de cas de Covid à un niveau acceptable », a justifié, vendredi, le ministre de la santé, Greg Hunt. Depuis plus d’un an, toute personne arrivant sur l’île-continent est placée en quarantaine dans un hôtel. Fin avril, le nombre de cas positifs enregistrés dans ces structures a bondi de 90 à 143 cas en une semaine. Parmi les malades, 57 % revenaient d’Inde contre seulement 10 % en mars. Une hausse significative du nombre d’individus contaminés synonyme d’un risque accru de propagation de l’épidémie.
    A la mi-avril, l’un d’eux a transmis le SARS-CoV-2 à d’autres voyageurs dans un hôtel de la ville de Perth, en Australie-Occidentale. Le premier ministre local, Mark McGowan, qui a immédiatement décrété un confinement de trois jours pour empêcher le virus de se répandre dans l’Etat, a accusé le gouvernement fédéral d’autoriser trop de ressortissants à revenir de cette zone à risque. Depuis le début de la pandémie, grâce à une stratégie « zéro Covid », l’Australie déplore moins de 30 000 cas et seulement 910 morts. Le coronavirus a quasi disparu du pays. Mais, ces derniers mois, à la suite de l’apparition de nouveaux variants plus contagieux, les autorités ont dû contenir une douzaine de « fuites » de ces établissements hôteliers. Dès le 27 avril, elles ont suspendu les vols venant d’Inde avant d’étendre les mesures de restriction à tous les voyageurs en provenance du pays.
    « Si notre gouvernement se préoccupait de la sécurité des Australiens, il nous autoriserait à rentrer chez nous. C’est une honte !! », s’est étranglé, sur Twitter, l’ancien joueur de cricket, Michael Slater, réfugié aux Maldives après avoir fui l’Inde ce week-end. Ces derniers jours, une multitude de voix se sont élevées pour dénoncer une mesure « extrême ». « Nous devrions aider les Australiens (…) à rentrer plutôt que de les mettre en prison », a notamment dénoncé le sénateur conservateur Matt Canavan, tandis que le chef du Parti travailliste, Anthony Albanese, demandait à l’exécutif « pourquoi, avec des chiffres en Inde qui sont similaires [proportionnellement] à ceux qu’il y a eus, dans le passé, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, nous n’avons pas vu ce genre de mesures avant ».Pour certains, il s’agit d’une décision « raciste ». « S’il y avait [là-bas] 10 000 Australiens blancs de peau, est-ce qu’ils auraient fait la même chose que ce qu’ils font maintenant ? Non », a ainsi estimé Jagvinder Singh Virk, président de l’Alliance stratégique indo-australienne. Une idée totalement rejetée par le gouvernement, qui se veut avant tout pragmatique et qui, en vertu de la loi sur la biosécurité, dispose de pouvoirs étendus pour gérer les questions de santé publique en période de pandémie.
    Cette décision est-elle pour autant légale ? Des juristes émettent des doutes. Non seulement, selon la législation, les mesures prises ne doivent pas être « plus restrictives ou intrusives que ce qui est requis par les circonstances », mais l’Australie est signataire du pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations unies, qui dispose que « nul ne peut être arbitrairement privé du droit d’entrer dans son propre pays ». Le gouvernement, qui a envoyé une aide matérielle d’urgence en Inde, a rappelé que cette décision était temporaire. Elle sera revue le 15 mai. Les épidémiologistes lui demandent surtout de renforcer l’imperméabilité du système de quarantaine et d’accélérer la campagne de vaccination.

  • « Télégrèves » chez IBM et Facebook : une mobilisation syndicale d’un nouveau genre
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2021/05/03/telegreves-chez-ibm-et-facebook-une-mobilisation-syndicale-d-un-nouveau-genr

    Pour protester contre un plan de suppression de postes, des salariés d’IBM France en télétravail se sont mis en grève depuis chez eux. Cette nouvelle forme de contestation est-elle appelée à devenir la norme ?

    Lorsque les salariés se retrouvent confinés chez eux, dans l’impossibilité de se réunir physiquement, comment protester contre des suppressions de postes ? La CGT d’IBM France a tenté une solution originale. Pour manifester contre un plan de restructuration impliquant 1 251 suppressions de postes, le syndicat a appelé les salariés à entamer une grève virtuelle. En réponse à ce mot d’ordre, le 16 avril, près de quatre-vingts employés d’IBM France se sont déconnectés de leur ordinateur portable et de tous leurs autres outils de travail en ligne, selon la CGT.

    Une poignée de salariés a même tenté l’« invasion numérique » d’une réunion en ligne du comité social et économique (CSE) se tenant le même jour. La CGT leur avait communiqué les codes d’accès de la visioconférence. « Soixante-dix à quatre-vingts collègues de la CGT ont débarqué [dans la réunion en ligne], relate Frank Setruk, délégué syndical CFE-CGC chez IBM. la tentative n’a duré que dix minutes, c’était plutôt bon enfant. »

    L’organisation de ces « télémanifestations » n’est pas totalement inédite. Confrontées à la dématérialisation croissante des rapports sociaux, les organisations syndicales ont appris à se saisir des outils numériques pour créer de nouvelles formes de mobilisation. Toujours chez IBM, en 2008, les salariés italiens de la société informatique sont allés jusqu’à mettre sur pied une grève… par avatars interposés sur Second Life, une plate-forme présentant un univers virtuel et sur laquelle IBM est très présent, en mettant en place un piquet de grève virtuel.Retour ligne automatique
    Pas l’unanimité

    La pandémie semble avoir donné un coup d’accélérateur à ces initiatives. Ces derniers mois, plusieurs « télégrèves » se sont tenues dans les entreprises œuvrant dans le secteur des médias et des hautes technologies, où les salariés ont l’habitude de travailler à distance et d’utiliser les outils en ligne. C’est ainsi qu’en décembre 2020 la quasi-totalité de la rédaction de la revue Le Moniteur des travaux publics et du bâtiment s’est mise en télégrève pour protester contre des suppressions de postes. Quelques mois plus tôt, chez Facebook, des employés de la firme américaine ont manifesté leur mécontentement en participant à une grève en ligne en juin 2020, devant la décision de Mark Zuckerberg de ne pas modérer des messages polémiques de Donald Trump.

    Si le télétravail de masse semble favoriser l’essor de ces mobilisations, les télégrèves ne font pas l’unanimité chez les représentants syndicaux. « C’est vrai que ce type de mouvement a un retentissement médiatique qui n’est pas forcément négatif, commente, dubitatif, Marcel Yemsi, élu CSE IBM Grand Sud et CSE-Central CFDT IBM communication et réseaux sociaux. Mais sur les télégrèves, comme sur les grèves, on a un avis très mitigé. Bien souvent, c’est faire perdre de l’argent au salarié pour un résultat quasi nul. Et chez IBM, on a une population composée à plus de 95 % de cadres, très difficile à mobiliser. »

    Au demeurant, l’intersyndicale (UNSA, CFE-CGC, CFDT, CFTC) ne s’était pas associée au mouvement organisé par la CGT d’IBM France. Mais les autres syndicats n’avaient pas été prévenus, assurent leurs représentants. « En ce qui concerne l’invasion de la salle numérique de visioconférence, on a été mis devant le fait accompli, déclare Frank Setruk, plutôt favorable à cette initiative. De mon point de vue, c’est un moyen d’expression tout à fait acceptable. »

    Le responsable syndical se montre plus réservé sur les télégrèves : « Sur le principe, on n’est pas contre, à condition que les salariés se mobilisent suffisamment pour que cela ait un impact visible. Cette solution est à manipuler avec beaucoup de précautions, pour que cela n’accélère pas le remplacement des postes de salariés par l’intelligence artificielle. »Retour ligne automatique
    Via un simple clic

    Chez IBM, les télégrèves sont facilitées par la numérisation des processus RH : via un simple clic dans une application, mise en place par la société informatique, les salariés peuvent se déclarer en grève depuis chez eux. Après avoir entré un code spécifique sur cette plate-forme, leur préavis de grève se retrouve instantanément transféré au service paie. « Selon moi, les salariés ne peuvent pas se dispenser d’un mail pour expliquer les motifs de leur grève », avertit toutefois Me Sahra Cheriti, avocate associée spécialisée en droit social au sein du cabinet Aguera Avocats.

    Tout comme les grèves physiques, les télégrèves sont parfaitement légales, est d’avis Me Cheriti, à partir du moment où la mobilisation répond à trois critères : « Les salariés doivent être au moins deux, procéder à un arrêt total du travail et se déclarer en grève auprès de leur employeur en indiquant les motifs. »

    L’avocate ne voit pas non plus d’objections aux tentatives de télémanifestations : « Ce n’est que la déclinaison numérique de ce qui se ferait sur place, commente Me Sahra Cheriti. Il faudrait que l’employeur arrive vraiment à démontrer que les salariés ont commis une faute lourde, en nuisant à l’entreprise, pour pouvoir les sanctionner. » Une sanction qui, elle, n’aurait rien de virtuel.

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  • Covid-19 dans le monde : l’aide internationale afflue en Inde, levée des restrictions en Europe
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/03/covid-19-dans-le-monde-l-aide-internationale-afflue-en-inde-levee-des-restri

    Le Pakistan ferme ses frontières terrestres avec l’Afghanistan et l’Iran
    Voisin de l’Inde, le Pakistan a fermé ses frontières terrestres avec l’Iran et l’Afghanistan et va suspendre mercredi pour deux semaines 80 % de ses liaisons internationales. Ces nouvelles restrictions surviennent à quelques jours de l’Aïd-el-Fitr, la fête musulmane de la rupture du jeûne, qui s’accompagne traditionnellement de grands mouvements de population entre les villes et les campagnes et du retour au pays des travailleurs émigrés et des Pakistanais résidant à l’étranger.Le ministre de la planification, Asad Umar, a annoncé que les deux prochaines semaines seraient « cruciales ». L’an dernier, le Pakistan avait connu un pic de contaminations après le ramadan et l’Aïd-el-Fitr. Le pays, qui a déjà enregistré 18 000 morts et 800 000 cas, fait face à une troisième vague de l’épidémie.

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