L’étage principal d’une fusée chinoise va retomber sur Terre de manière incontrôlée
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C’est de nouveau le cas avec le lanceur parti le 24 juillet qui, selon les estimations, pourrait retomber sur Terre entre la soirée du samedi 30 juillet et les premières heures du dimanche 31. Ceci dit, une marge d’erreur assez importante, d’une quinzaine d’heures, subsiste car il s’avère difficile de modéliser avec précision le comportement de l’étage principal de cette fusée, un cylindre de 33 mètres de longueur pesant plus de 20 tonnes.
Trois choses sont certaines : cet étage va retomber ; certains de ses éléments, qui ne se consumeront pas intégralement lors de la rentrée dans l’atmosphère, atteindront le sol ; cela se passera entre le 41e parallèle nord (la latitude de Madrid ou de Naples en Europe) et le 41e parallèle sud qui passe au sud de l’Afrique. Aucun risque pour la France métropolitaine donc, mais cette très vaste zone, qui contient le sud de l’Europe, une immense partie de l’Amérique, tout le continent africain, le sud de l’Asie et la quasi-intégralité de l’Australie, regroupe tout de même 88 % de la population mondiale…
Plus puissant lanceur chinois, puisqu’il est capable de mettre 25 tonnes sur orbite basse, la Longue Marche dans sa version 5B ne suit pas ce scénario tout simplement parce qu’elle ne compte qu’un seul étage et pas deux (contrairement à la version 5 tout court). Pour remplir sa mission, cet étage principal monte donc à plus de 250 kilomètres d’altitude et se retrouve, de ce fait, lui-même satellisé pendant quelques jours.
Cela n’empêche pas d’évaluer les risques qu’entraînent ces rentrées incontrôlées. Dans une étude publiée le 11 juillet par Nature Astronomy et qui tombe, si l’on peut dire, à pic, des chercheurs canadiens rappellent tout d’abord que les Chinois ne sont pas les seuls à laisser choir sur Terre des engins spatiaux puisque, en 2016, deux réservoirs appartenant au second étage d’une Falcon-9 de SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, étaient arrivés au sol en Indonésie.
Ces scientifiques soulignent que, lors des lancements, beaucoup d’éléments plus ou moins gros restent dans l’espace pendant un temps plus ou moins long et créent des dangers lors de leur retombée, soit pour les populations au sol, soit pour les avions de ligne. Selon l’étude, si les pratiques actuelles devaient se poursuivre, elles auraient « une probabilité de 10 % de faire une ou plusieurs victimes sur une décennie ». Les auteurs constatent aussi que les risques d’accident sont plus importants aux faibles latitudes, c’est-à-dire sur le territoire de pays qui… ne lancent pas de fusées.
Pierre Barthélémy