• Covid-19 : un été calme ou une 4e vague ? « Le pire n’est pas certain », analysent les épidémiologistes - France - Le Télégramme
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    Photo archives François Destoc

    Quel sera l’effet de la météo ? De la vaccination ? De la levée des restrictions ? Les inconnues estivales de la covid-19 s’accumulent dans les équations des modélisateurs d’épidémie : en France, l’été pourrait être aussi calme que tempétueux.

    Pas facile d’être modélisateur d’épidémie en ces temps incertains. Leur mission : bâtir les scénarios possibles pour permettre aux autorités d’agir précocement. Fin janvier, ils avaient anticipé la vague de mars de covid-19, sans toutefois parvenir à convaincre les politiques. Pour cet été, en revanche, les modèles mathématiques, perclus d’inconnues, autorisent toutes les hypothèses.

    « La problématique est vraiment dans cette compétition entre, d’un côté de la balance, la reprise de l’activité et de nos interactions sociales à travers le processus de déconfinement, qui peut faire augmenter le nombre de contaminations, et de l’autre côté, l’avancée de la vaccination, et l’amélioration des facteurs climatiques, qui vont, a priori, nous aider à contrôler cette épidémie », explique l’épidémiologiste Pascal Crépey.

    L’équilibre de cette balance oscille entre deux extrêmes : « Des niveaux de circulation très faibles, proches du zéro covid, au moins pendant l’été » et « d’autres scénarios qui projettent une quatrième vague au cours de la période », renseigne l’enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) de Rennes. Une quatrième vague crainte par le Conseil scientifique, dans un avis rendu public vendredi.

    L’enjeu de la vaccination
    Une forte progression de la vaccination est l’une des clés pour bénéficier d’un été épidémique en pente descendante. Mais sur ce point, les incertitudes sont vives : « Sa montée en puissance, jusqu’à présent, dépendait uniquement de la livraison de doses. Maintenant, on arrive dans une période où l’obstacle est plutôt le fait de convaincre une part suffisante de la population », note Jean-Stéphane Dhersin, modélisateur d’épidémies au CNRS.

    « L’acceptabilité du vaccin est une inconnue qui fluctue beaucoup, notamment en fonction d’annonces médiatiques sur les effets secondaires », poursuit le directeur adjoint scientifique de l’Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions. Plutôt pessimiste, il estime que « dans l’état actuel de ce qu’on voit, on n’arrivera jamais à un taux de vaccination suffisant pour revenir à la vie d’avant ». Même s’il constate une remontée de l’acceptabilité chez les jeunes et l’existence de « leviers politiques », comme la vaccination des enfants et la piqûre obligatoire pour voyager.

    Autre grande inquiétude chez les épidémiologistes, l’arrivée possible de variants résistants à la vaccination qui pourraient contrarier l’été. « Si on veut être serein sur ce point, il est important d’avoir une surveillance génomique précise dans le pays et que les données soient communiquées », insiste Jean-Stéphane Dhersin.

    Impossible, selon lui, de plaquer le modèle de l’été 2020, plutôt calme, sur celui de 2021 : « On est dans une sortie de confinement très différente de l’année dernière. Pour l’instant, on a un taux d’incidence très élevé », relève le mathématicien.

    Un été breton fragile
    Les Bretons, qui subissent une épidémie moins dramatique - surtout les Finistériens -, jouiront-ils de vacances plus tranquilles ? « Ils ne doivent pas se sentir à l’abri et moins obligés de faire attention parce que le contrecoup pourrait être sévère », prévient Pascal Crépey. « Le pire n’est pas certain. C’est plutôt une bonne chose. Une certitude, en revanche, c’est que le virus est toujours présent et qu’on a cette épée de Damoclès au-dessus de nous. Elle invite forcément à la prudence », conclut-il.

  • Fusée hors de contrôle : à quoi s’attendre ? - Monde - Le Télégramme
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    La fusée chinoise « Tianhe » (« Harmonie Céleste ») a été lancée le 29 avril.
    AFP

    Une fusée chinoise doit faire, ce week-end, son retour incontrôlé dans l’atmosphère terrestre. Pourquoi ? À quoi s’attendre ? Est-ce une première ? Réponses.

    1 Que se passe-t-il ?
    Le 29 avril, la Chine a lancé le premier élément de sa future station spatiale, « Tianhe » (« Harmonie Céleste »), avec la fusée Longue-Marche 5B. C’est le premier étage de ce puissant lanceur qui revient en ce moment vers nous. Sa trajectoire est hors de contrôle, non pas à cause d’une panne ou d’un incident inexpliqué, mais parce que ses concepteurs ont prévu, dès le départ, que le retour de l’engin se ferait de façon « naturelle ». Ils tablent sur une désintégration dans l’atmosphère. Depuis une orbite basse - là où vole le lanceur chinois -, les fusées retombent d’elles-mêmes, en raison du frottement de l’atmosphère, qui contribue à les consumer presque entièrement. Mais avec sa masse (entre 10 et 18 tonnes), il est peu probable que l’étage de Longue-Marche se consume entièrement, relèvent les experts. « Il y a forcément de gros morceaux qui resteront », anticipe Florent Delefie, astronome à l’Observatoire de Paris-PSL. De plus, « si la fusée est formée de matériaux qui ne se désagrègent pas en rentrant dans l’atmosphère, c’est plus risqué. Ce qui semble être le cas pour Longue-Marche », relève-t-il.

    2 Quels scénarios peut-on prévoir ?
    Vu son altitude - entre 150 et 250 km -, il est très difficile d’anticiper. De ce fait, « on ne peut pas savoir exactement à quel moment la retombée aura lieu », confirme un expert de l’ESA (Agence spatiale européenne). Vendredi après-midi, il était prévu que la retombée sur Terre intervienne entre ce samedi à 23 h 50 et dimanche à 9 h. Plus l’échéance se rapproche, plus les prévisions s’affineront. Seule certitude pour l’instant : l’engin vole sur une orbite de 41 degrés par rapport à l’équateur terrestre et ne peut donc tomber qu’à cette latitude, au nord comme au sud du Globe. La Grèce, l’Espagne ou le Maghreb se situent notamment dans cette ceinture. La France ou l’Allemagne en sont d’emblée exclues.

    Comme le souligne Pékin, le scénario le plus probable est celui d’une chute en mer, dont notre planète est constituée à 75 %, ou dans une zone désertique. « Plus on avance dans le temps, plus on peut exclure de zones. Mais nous n’avons pas les instruments pour prévoir suffisamment à l’avance le lieu précis », regrette Florent Delefie.

    Cependant, la probabilité d’un impact sur une zone habitée est « infime, de moins d’une chance sur un million, sans doute », rassure le responsable de l’ESA. Quand bien même des débris tomberaient sur des maisons, la vitesse d’impact sera relativement faible (environ 200 km/heure). Rien à voir avec la chute d’une météorite, qui fonce à 36 000 km/heure, note-t-il. Mais sur une personne, la chute pourrait être fatale, ajoute Florent Delefie.

    3 Y a-t-il des précédents ?
    En 2020, des débris d’une autre fusée Longue-Marche s’étaient écrasés sur des villages en Côte d’Ivoire, provoquant des dégâts, mais sans faire de blessés. Depuis le lancement du premier satellite en 1957 par les Soviétiques, des tonnes de lanceurs, de véhicules et d’instruments ont été envoyées dans l’espace. Selon des chiffres diffusés par la Nasa en janvier 2020, on estime à 20 000 les « objets » qui se situent dans l’orbite terrestre. Il s’agit là des fragments les plus gros, d’une taille supérieure à 10 cm, qui, plus dangereux, sont suivis depuis la Terre par des radars et télescopes. En soixante ans de vols spatiaux, il y a eu quelque 6 000 rentrées non contrôlées de gros objets fabriqués par l’homme, et un seul débris a touché une personne, sans la blesser, selon Stijn Lemmens, un expert de l’ESA.