Au Népal, l’Himalaya en manque de touristes

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  • Au Népal, l’Himalaya en manque de touristes
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    Au Népal, l’Himalaya Le secteur du tourisme, durement touché par la pandémie de Covid-19, comptait sur une reprise en 2021, avant qu’une deuxième vague venue d’Inde reconfine les villes début mai. Après une année sans expédition, le mois de mai devait marquer le retour des alpinistes côté népalais pour l’ascension du sommet de l’Everest, juste avant la mousson. Cette année, quelque 408 permis ont été attribués, soit plus que le record de 2019. Pour l’obtenir, il suffisait aux candidats de se soumettre à un protocole sanitaire assoupli (test PCR avant et après l’arrivée au Népal). Du moins jusqu’à l’entrée en vigueur d’un nouveau confinement le 29 avril à Katmandou, la capitale, et de restrictions sur les vols domestiques et internationaux depuis le 3 mai, à cause de l’explosion épidémique en Inde.
    Avec la découverte, mi-avril, au camp de base, d’un cas positif chez un alpiniste norvégien, transféré par hélicoptère à Katmandou, puis chez plusieurs membres du personnel accompagnateur, le Covid-19 menace aujourd’hui la reprise tant espérée. Pour l’heure, les expéditions en cours continuent : « La plupart des clients et leurs sherpas sont toujours au camp de base et prêts à partir dès que le temps le permet. Dans les deux semaines, il pourrait y avoir environ 700 personnes qui tentent l’ascension », explique Billi Bierling, gérante de The Himalayan Database, le site qui archive les expéditions dans l’Himalaya.
    Car le sommet de l’Everest représente 4 millions de dollars (3,3 millions d’euros) de redevances par an pour le pays. Chaque grimpeur s’acquitte de 9 000 euros pour son ascension. Soixante-dix autres pics de plus de 6 000 mètres ouverts à l’alpinisme permettent d’engranger environ 1 million de dollars par an.L’Himalaya, cette « industrie sans fumée », fait vivre quelque 300 000 Népalais à travers les treks et le tourisme associé – et un million en incluant le secteur informel. L’épidémie de Covid-19, qui, en mars 2020, a conduit les autorités à organiser le rapatriement dans leur pays de près de 100 000 voyageurs, a sinistré le secteur.(...)
    En 2020, une grande partie des guides et porteurs sont toutefois retournés dans les familles au village (65 % de la population du Népal vit de l’agriculture). Ram Puri, organisateur de treks d’une trentaine d’années, a passé le confinement de fin mars à juillet 2020 chez ses parents dans le district de Sindhupalchok, entre Katmandou et la chaîne de l’Himalaya. « On a élevé plus de chèvres et produit des surplus de riz et de maïs afin de pouvoir tenir deux ans, au cas où », explique-t-il. En 2021, il n’a pu organiser que deux groupes de trek. Francophone, il profite de son temps libre pour apprendre le mandarin – la Chine représentait le contingent de touristes en plus forte croissance avant le Covid-19. Au début de l’épidémie, l’office du tourisme du Népal (NTB) s’est associé à des associations professionnelles pour employer les porteurs et guides sans travail à nettoyer les sommets jonchés de détritus. Mais les fonds ont vite manqué. « Cela a eu lieu une fois. En réalité, on ne s’inquiète pas pour le secteur de la montagne, les randonneurs et les alpinistes reviendront d’eux-mêmes », explique la directrice du NTB, Nandini Thapa.En fait, les efforts de promotion du pays se portent désormais sur les basses terres, c’est-à-dire les plaines du Teraï, où une dizaine de casinos rivalisent pour attirer les joueurs indiens de l’autre côté de la frontière, ainsi que sur la partie collinaire du pays et ses parcs naturels.A l’origine, l’année écoulée devait être celle d’une vaste campagne de promotion, « Visit Nepal 2020 », où le pays prévoyait de passer la barre des 2 millions de visiteurs – contre 1,2 million en 2019. Un chiffre modeste, pour un pays de 30 millions d’habitants, qui a accueilli ses premiers visiteurs dans les années 1950, après la première ascension de l’Everest en 1953.Reste que le tourisme ne représente que 8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2019 – contre 27 % pour les envois de fonds de travailleurs népalais à l’étranger. « En vingt ans, Singapour a doublé ses arrivées de touristes, pour des revenus équivalents au PIB total du Népal », rappelle, dans un essai récent sur le potentiel de l’économie népalaise (Unleashing the Vajra, Penguin, non traduit), l’entrepreneur Sujeev Shakya, qui préconise un tourisme plus haut de gamme et déplore l’enlisement des plans initiaux de développement.
    Le boom tant espéré pourrait toutefois se concrétiser avec l’entrée en service – attendue courant 2022 – de deux aéroports « régionaux-internationaux », celui de Pokhara, la deuxième ville du pays, au pied du massif de l’Annapurna, et celui de Lumbini, haut lieu de pèlerinage – c’est là qu’est né le Bouddha – au sud du pays. Ces nouvelles portes d’entrée vers l’Asie (les Sri-Lankais sont, après les Indiens, les premiers visiteurs à Lumbini) doivent désenclaver ces régions à fort potentiel – avec, en ligne de mire, plus de Chinois (500 000 étaient attendus en 2020).

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