« C’était la maison de l’horreur » : plongée au cœur d’un centre pour personnes handicapées

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    Chaque nuit où Camille Lucas Touati prend ses fonctions, le sol se dérobe sous ses pieds. Il y voit pêle-mêle : « des blessures encore à vif », « des erreurs de traitement », « des chambres mal nettoyées » et pléthore de « bleus non justifiés ». « J’avais l’impression que certains soignants s’occupaient de boîtes de conserve, pas d’humain », raconte-t-il.

    Nous avons pu consulter photos, enregistrements sonores et échanges de mails entre les employés et la direction. Tous prouvent une maltraitance ordinaire.

    « On est dans le déni… y’a que des remplaçants… la prise en charge n’est plus du tout là. La directrice m’a répondu "ah non les résidents vont bien". Mais y’a des escarres, des chutes… », s’alerte Jérémy, dans un enregistrement sonore, datant d’octobre 2019. Il est alors en réunion avec l’équipe administrative. Ensemble, ils réfléchissent à faire grève pour dénoncer les maltraitances.

    Un employé lui répond que « le siège fait l’autruche », un autre lui rétorque que « ça va lui retomber dessus ».

    « C’était la maison de l’horreur », renchérit Magali, ancienne monitrice éducatrice. A cela, s’ajouteraient les insultes et les mots méprisants. « Tu me dégoûtes, t’es sale », entend-elle de la bouche d’infirmières. Selon Magali, pendant qu’une poignée d’entre elles se peignent les ongles, des résidents passent leurs journées devant la fenêtre, la porte de leur chambre fermée, leurs pleurs inaudibles.