• Quelques réflexions sur la catastrophe en cours - IAATA
    https://iaata.info/Quelques-reflexions-sur-la-catastrophe-en-cours-4762.html

    On peut dès lors considérer que l’épidémie entraîne une crise spécifique, qu’il est difficile de comprendre comme uniquement sanitaire : c’est bel et bien aussi d’une crise du libéralisme comme fondation de la subjectivité dont il s’agit. C’est jusqu’au cœur de l’individu de la civilisation capitaliste que la crise sanitaire se fait sentir, pas uniquement car elle peut le toucher directement, dans sa chair, rendant son corps malade, mais aussi car les politiques publiques visant à limiter la saturation des réanimations (ainsi qu’à rendre possible une reprise économique plus rapide, une fois la crise terminée), lui demandent des efforts contraires à l’injonction qui lui a toujours été faite dans le contexte fordiste et post fordiste : profiter. L’aspect « existentiel » de cette crise est spécifique à certains espaces sociaux de l’économie mondiale. L’individu y voit ce qui fait pour lui office de monde s’effondrer et s’accroche à ce qu’il souhaiterait pouvoir conserver face à un imprévu qui imposerait une rupture avec son cadre de pensée habituel. Si l’on observe ce qui s’est passé ailleurs, par exemple chez certaines tribus indiennes d’Amérique du Nord ou d’Amazonie, la crainte n’y a pas été celle d’une remise en cause des « libertés » libérales, ou d’un risque individuel, mais du risque visant le groupe, la communauté. Et c’est précisément cela qui a entraîné la mise en place de mesures préventives pour protéger la tribu, ses anciens et sa langue, avant et parfois contre l’État fédéral.