• Au Royaume-Uni, un embryon de passeport et des Britanniques en mal de vacances sur le continent
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/19/au-royaume-uni-un-embryon-de-passeport-et-des-britanniques-en-mal-de-vacance

    Au Royaume-Uni, un embryon de passeport et des Britanniques en mal de vacances sur le continent. Même si le pays s’est doté d’un « statut vaccinal », les contraintes sont multiples pour les habitants du Royaume-Uni qui souhaiteraient se rendre l’étranger cet été.Depuis le 17 mai, le Royaume-Uni a lui aussi son « passeport » Covid. Tous ceux qui, dans le pays, ont téléchargé l’application mobile NHS Covid-19 (lancée en 2020, pour alerter sur les cas contacts) peuvent la mettre à jour quasi instantanément, dès lors qu’ils ont reçu leurs deux doses de vaccin. Ils peuvent aussi composer le 119, numéro d’appel du NHS – l’hôpital public britannique –, qui leur enverra un courrier papier attestant qu’ils sont bien complètement vaccinés.
    C’est évidemment une bonne nouvelle pour les 20,5 millions de résidents britanniques ayant déjà reçu leurs deux doses de Pfizer ou d’AstraZeneca, mais, pour l’instant, l’utilité de ce « statut vaccinal », tel que l’a pudiquement baptisé le gouvernement Johnson, reste encore floue.
    Boris Johnson dans un centre de vaccination du Business Design Center d’Islington, le mardi 18 mai 2021, à la suite d’un assouplissement des restrictions en Angleterre.
    Ce statut ne semble plus d’actualité pour faciliter l’entrée, au Royaume-Uni, dans les endroits fermés ou très fréquentés – cinémas, musées, restaurants, stades ou festivals. Le premier ministre, Boris Johnson, s’y serait opposé, craignant d’introduire une discrimination entre les plus âgés, premiers sur la liste des vaccinables, et les autres. Ainsi, vaccinés ou pas, les Britanniques sont tous logés à la même enseigne et respectent un calendrier de déconfinement très progressif. Le 17 mai, après presque six mois de fermeture, ont enfin pu rouvrir les lieux culturels, restaurants, pubs et cafés en salles, et les vacances à l’étranger ont été de nouveau autorisées (depuis fin décembre, seuls les voyages pour raisons professionnelles ou personnelles impératives étaient permis). Le « statut vaccinal » agira-t-il comme sésame pour les vacances en Europe ? Rien n’est sûr, à quelques semaines du début de la saison estivale, et cela tourne à l’obsession dans les médias nationaux. Pour cette nation de voyageurs, plus grosse pourvoyeuse de touristes en Europe (les Britanniques ont effectué 67 millions de séjours touristiques sur le continent en 2019), l’été rime avec voyages au soleil – en Espagne, en Grèce, à Malte, en France ou en Italie.
    Les Vingt-Sept pourraient certes placer le Royaume-Uni sur la liste des pays tiers pour lesquels ils seraient prêts à lever les restrictions aux voyages non essentiels et/ou à reconnaître les passeports vaccinaux : il utilise les mêmes vaccins que sur le continent, et même si la rapide progression du variant B.1.617.2 (dit « indien ») inquiète, les niveaux d’infection sont désormais faibles, avec, au plus, 2 500 nouveaux cas identifiés quotidiennement.
    Pays classés en trois listes
    Cette reconnaissance faciliterait évidemment les déplacements des Britanniques, confrontés pour la première fois cette année à la réalité du Brexit : pour quitter leur île, ils doivent se munir d’un passeport d’une validité d’au moins six mois, avoir contracté une assurance maladie internationale et s’armer de patience aux contrôles d’identité dans les aéroports. Mais la question du retour de vacances au Royaume-Uni reste entière et assez contrariante, Londres ayant instauré de fortes restrictions à ses frontières, qui ne semblent pas près d’être levées.Les pays tiers ont été classés en trois listes : verte, ambre et rouge. Un voyageur revenant d’un pays « vert » doit disposer d’un test PCR négatif à son arrivée sur le sol britannique, et en effectuer un autre deux jours plus tard (les tests PCR sont payants au Royaume-Uni, ils coûtent en moyenne 100 livres sterling, soit 116 euros). Il n’a cependant pas l’obligation de se mettre en quarantaine dix jours, contrairement à celui qui reviendrait d’un pays de la liste ambre. Ceux en provenance d’un pays sur la liste rouge (Inde, Pakistan, Népal, Brésil, Afrique du Sud, etc.) sont même contraints de passer leur quarantaine dans des hôtels agréés, près des aéroports, à leurs frais (1 750 livres sterling par personne, soit 2 028 euros).Or, un seul pays européen figure sur la liste verte rendue publique début mai : le Portugal (deux, si on compte Gibraltar), tous les autres sont sur la liste ambre. Et les dix autres destinations de la liste verte sont soit presque fermées aux touristes, soit très peu hospitalières : les îles Féroé, Israël, Sainte-Hélène, les Malouines… L’Espagne, très dépendante des touristes britanniques pour sa saison estivale, avait pourtant pris les devants, ces derniers jours, sans attendre la décision bruxelloise, assurant qu’ils n’auraient même pas besoin d’un test PCR négatif à leur arrivée. Downing Street a rajouté à la frustration des futurs vacanciers et des voyagistes, lundi 17 mai, expliquant « ne pas vouloir » que les Britanniques « passent leurs vacances dans les pays de la liste ambre ». « Les gens doivent comprendre qu’un pays sur la liste ambre, c’est un pays où il ne faut pas partir en vacances », a insisté Boris Johnson mardi 18 mai. Y séjourner n’est donc pas illégal, mais reste fortement déconseillé par les autorités, bien que l’épidémie reflue aussi fortement sur le continent. Les plus prévoyants des Britanniques ont déjà pris leurs dispositions : cette année, ce sera staycation (« vacances au pays »), en Cornouailles ou en Ecosse, des destinations déjà prises d’assaut.

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