• Judith Butler : « Certains pensent être plus dignes d’être pleurés que d’autres »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/21/judith-butler-certains-pensent-etre-plus-dignes-d-etre-pleures-que-d-autres_

    [...] dans certaines conditions, vivre est pire que mourir. On peut envisager la #vie comme une persistance de l’organisme, mais cette « persistance » est la condition minimale de la vie humaine ; il ne s’agit pas d’un mouvement délibéré ou même volontaire.

    En effet, certaines dimensions importantes de la vie, de la poursuite de la vie, sont involontaires, et peuvent même apparaître, à l’esprit conscient, comme un affront, voire une curiosité. Quand une personne est traitée comme une chose morte, une chose morte néanmoins vivante, on peut penser qu’il vaut mieux être mort plutôt que de continuer à vivre ainsi. Il est intéressant de constater que, dans certaines conditions extrêmes d’assujettissement, la #mort n’apparaît pas toujours comme une issue. Les individus asservis peuvent trouver ou non une issue, mais continuer à vivre peut devenir une forme de résistance, une façon de défier « l’état de mort » qui leur a été imposé. Ou alors continuer à vivre peut devenir une double peine.

    #paywall

  • Covid-19 dans le monde : la pandémie a fait plus de 6 millions de morts, estime l’OMS
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/21/covid-19-dans-le-monde-le-bresil-a-detecte-des-premiers-cas-de-variant-indie

    Premiers cas de variant indien du Covid-19 au Brésil, confinement en Argentine
    Le Brésil a détecté ses premiers cas de variant indien du coronavirus, sur six membres d’équipage arrivés à bord d’un cargo battant pavillon de Hongkong dans le nord-est du pays, a-t-on appris jeudi. Des tests « ont révélé la présence du variant B.1.617.2 du Covid-19 sur des prélèvements effectués sur des membres d’équipage du Shandong-Da-Zhi », partis d’Afrique du Sud, a annoncé le secrétariat de la santé de l’Etat du Maranhao. « A ce stade, aucune transmission locale du variant indien n’a été décelée », ajoute le secrétariat. « Au total, quinze membres d’équipage ont été testés positifs au Covid-19, et neuf, négatifs. Les six échantillons avec la plus haute charge virale ont tous révélé la présence du B.1.617.2 », précise encore le secrétariat. Le minéralier de 360 mètres a été placé en quarantaine et les membres d’équipage ont dû rester confinés dans leur cabine, à l’exception de trois malades, amenés à terre pour recevoir un traitement. Tous les soignants ayant été en contact avec ces membres d’équipage ont subi des tests. « Nous allons tracer tout le monde, soit environ 100 personnes », a déclaré le secrétaire à la santé de cet Etat, Carlos Lula.

    #Covid-19#migrant#migration#bresil#sante#variant#circulation#frontiere#depistage#soignant#personnelnaviguant

  • Covid-19 Les personnes vaccinées » du monde entier bientôt les bienvenues en Espagne.
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/21/covid-19-dans-le-monde-le-bresil-a-detecte-des-premiers-cas-de-variant-indie

    « L’Espagne laissera entrer sur son territoire à partir du 7 juin « toutes les personnes vaccinées » quel que soit leur pays d’origine, a annoncé, vendredi, le chef du gouvernement, Pedro Sanchez.Les Britanniques, qui fournissent en temps normal le premier contingent de touristes en Espagne, seront, autorisés à venir librement à partir de lundi, alors que seuls les voyages considérés comme « essentiels » leur étaient permis jusqu’à présent, a précisé M. Sanchez au cours d’une intervention lors du Salon international du tourisme Fitur. L’Espagne, qui était la deuxième destination touristique au monde après la France avant la pandémie, espère attirer en 2021 environ 45 millions de touristes étrangers, soit moitié moins qu’avant l’épidémie. Le retour des Britanniques, notamment, sur les plages de la Costa del Sol, est crucial pour l’Espagne, qui tirait 14 % de son produit intérieur brut (PIB) du tourisme avant la pandémie.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#grandebretagne#sante#vaccination#voyagessentiel#tourisme#economie#pandemie

  • En Belgique, la police traque un militaire, sympathisant de l’ultra-droite et en guerre contre « le régime »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/20/la-police-belge-traque-un-militaire-en-guerre-contre-le-regime_6080913_3210.

    La Belgique n’avait plus connu une telle mobilisation policière depuis mars 2016 et l’arrestation de Salah Abdeslam, impliqué dans les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Quelque 250 policiers, une centaine de militaires, des membres des forces spéciales, tous lourdement armés et appuyés par des véhicules blindés, étaient massés, jeudi 20 mai, autour du parc national de la Haute Campine, dans la province de Limbourg.

    C’est dans cette vaste zone de 12 000 hectares de forêts et de landes, survolée par un hélicoptère et fermée aux promeneurs, que les forces de l’ordre traquaient Jürgen Conings, un militaire de 46 ans, tireur d’élite fiché depuis 2020 comme sympathisant de l’ultra-droite.

  • A Gaza, le repaire des amoureux des livres enseveli sous les bombardements israéliens
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/20/a-gaza-le-repaire-des-amoureux-des-livres-enseveli-sous-les-bombardements-is

    Des dizaines de milliers d’ouvrages sont partis en fumée dans le pilonnage, mardi 18 mai, de la librairie Samir Mansour, la plus renommée de l’enclave palestinienne.

    C’était le temple des amoureux des livres à Gaza, le repaire des fanas de littérature, arabe et étrangère. Mardi 18 mai, la librairie Samir Mansour, la plus renommée de l’enclave côtière, a été détruite dans un bombardement de l’aviation israélienne. La boutique en forme de caverne, remplie de bouquins du sol au plafond, a été réduite à l’état de gravats par une frappe sur l’immeuble dont elle occupait les deux premiers étages.

    Selon son propriétaire, joint par Le Monde, des dizaines de milliers d’ouvrages sont partis en fumée dans l’explosion. « C’est comme si j’avais perdu mes enfants, se désole Samir Mansour, 53 ans, d’une voix cassée par l’émotion. Le travail d’une vie a été anéanti en une seconde. Voir mon magasin en ruines, c’est plus dur que mourir. »

    Depuis son lancement, le 10 mai, en réponse à des tirs de roquettes du Hamas sur Jérusalem, l’offensive israélienne a causé la mort de 230 habitants de la bande côtière palestinienne, dont 65 enfants et 39 femmes. L’armée israélienne, qui cherche à démanteler les capacités offensives du Hamas et traque notamment son réseau de tunnels, n’a pas expliqué pourquoi l’immeuble qui abritait la librairie, sur la rue Talatini, dans le centre de Gaza-ville, a été pris pour cible.

    Vitrine de la production palestinienne

    Le bâtiment hébergeait plusieurs organismes éducatifs, un centre de formation, une imprimerie et une bibliothèque, en lien avec les deux principales universités de la bande de Gaza, Al-Azhar et Al-Aqsa, situées à proximité. Le bombardement a eu lieu en fin d’après midi. Comme pour la tour abritant les bureaux de l’agence de presse AP et de la chaîne Al-Jazira, dont la démolition, samedi 15 mai, a causé une indignation internationale, l’armée israélienne a prévenu les occupants de l’immeuble une heure avant l’attaque.

    « Un militaire m’a appelé pour me demander si j’habitais là-bas et si des gens étaient présents dans le bâtiment, raconte Samir Mansour. Je leur ai répondu que non. » « Israël n’avait aucune raison de faire cela, poursuit-il. Je suis un simple citoyen de Gaza, je n’ai rien à voir avec la politique. »

    La librairie avait ouvert en 2000, juste avant le démarrage de la seconde Intifada. Dans ses rayons en bois verni, les Gazaouis trouvaient aussi bien des ouvrages religieux que des livres pour enfants, des manuels scolaires ou universitaires et des romans. L’endroit servait de vitrine à la production littéraire palestinienne, notamment aux auteurs de Gaza, comme par exemple Talal Abu Shawish, un enfant du camp de réfugiés de Nuseirat.

    La boutique de la rue Talatani était aussi prisée des amateurs de classiques et de best-sellers occidentaux, en version originale ou bien traduits en arabe. Des ouvrages que le blocus imposé à Gaza par Israël et par l’Egypte, depuis que le mouvement islamiste s’est emparé de ce territoire en 2007, rendent particulièrement difficile à se procurer. « L’une de mes plus grosses ventes après le Coran, c’était la traduction des Misérables, de Victor Hugo », expose Samir Mansour, avant d’ajouter, sur un ton las : « Les misérables d’aujourd’hui, c’est nous. »

    « Passerelle vers le reste du monde »

    L’écrasement sous les bombes de cette institution de la vie culturelle gazaouie a suscité sur les réseaux sociaux un flot de commentaires outragés et attristés. « Les missiles ont dévoré tout ce que nous aimions », s’est ému sur Twitter @Almeqdad, un avocat de Gaza. « Ils ont volé les histoires et les souvenirs, et ils nous ont laissé la colère », s’est indignée sur Facebook Aya Al-Farra, une jeune journaliste. « C’était mon havre de paix, l’endroit qui me rendait joyeux, où je rencontrais des gens comme moi et où je me sentais moins seul », s’est lamenté un autre journaliste, Omar Ghraieb.

    « Avec cette librairie, nous perdons notre passerelle vers le reste du monde, car Samir Mansour distribuait non seulement nos livres, mais il les imprimait aussi et il assurait leur promotion dans les foires du livre du monde arabe », confie au Monde Mahmoud Al-Shaër, 30 ans, habitant de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et directeur de la revue littéraire 28, en référence au nombre de lettres dans l’alphabet arabe.

    En plus de ceux qu’abritait l’immeuble pulvérisé mardi, plusieurs autres lieux de culture ont fait les frais du pilonnage israélien, notamment une deuxième bibliothèque, située dans la tour Hanadi, et qui a été bombardée la semaine dernière, ainsi que le studio Masharek, fréquenté par les jeunes chanteurs gazaouis. L’endroit fut notamment le théâtre des premiers enregistrements de Mohamed Assaf, idole de la scène musicale arabe, révélé en 2013 par l’émission Arab Idol.

    Détruire « les moyens d’éducation »

    « L’occupation israélienne ne cherche pas à détruire le Hamas, mais tout Gaza, son peuple, ses infrastructures, ses moyens d’éducation et de culture », s’insurge Refaat Alariir, un professeur de littérature, qui se rappelle avoir acheté chez Samir Mansour deux romans de Charles Dickens, ainsi que My Life, l’autobiographie de Bill Clinton.
    Bien qu’abattu, le libraire veut croire qu’il pourra redémarrer son affaire, en s’appuyant sur les deux autres locaux, de plus petite taille, qu’il possède dans Gaza. « J’ai dit à mes amis écrivains de continuer à écrire, comme si de rien n’était », assure-t-il.

    Selon lui, une cinquantaine de titres ont pu être sauvés des ruines. Parmi eux, clin d’œil de l’histoire, le fameux Retour à Haïfa, un roman de Ghassan Kanafani, un écrivain assassiné par le Mossad à Beyrouth en 1972 en raison de son appartenance au Front populaire de libération de la Palestine. L’ouvrage met en scène un couple de Palestiniens, de retour dans leur ville natale, Haïfa, vingt ans après en avoir été chassés, à la création d’Israël, en 1948. En signe de résilience, des Gazaouis ont déposé un exemplaire de ce livre, à la couverture noircie, devant les décombres de la librairie.

    #Gaza