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  • « Parcoursup a échoué à rendre acceptable la pénurie de places dans l’enseignement supérieur »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/22/parcoursup-a-echoue-a-rendre-acceptable-la-penurie-de-places-dans-l-enseigne

    Tribune deThibaud Boncourt, maître de conférences en science politique et président d’une commission d’examen des vœux #Parcoursup.

    A l’été 2017, des milliers de néo-bacheliers se sont retrouvés sans proposition d’affectation dans l’enseignement supérieur. Parmi eux, d’excellents candidats présentés par Frédérique Vidal comme les victimes d’une « injustice », car écartés des formations auxquelles ils prétendaient, non du fait de leurs résultats, mais à cause du tirage au sort opéré par la plate-forme « Admission Post Bac » (APB).

    Confronté, dans les termes d’Edouard Philippe, à « une immense insatisfaction, un sentiment de gâchis et de colère dans les familles » (Le Monde, 30 octobre 2017), le gouvernement a remplacé APB, en 2018, par Parcoursup et remis le « mérite » au centre de l’admission dans l’enseignement supérieur. Les établissements ont alors été appelés à classer eux-mêmes les candidatures, en fonction d’une série de « critères » et d’« attendus ».

    Cette réforme n’a pas réglé le problème de fond : l’enseignement supérieur n’est toujours pas en capacité d’accueillir tous les candidats, chaque année plus nombreux, dans les filières de leur choix. Elle a simplement visé à rendre l’éviction d’une partie d’entre eux plus acceptable, en écartant « l’injustice » du tirage au sort.

    Impossible de produire un classement juste

    Trois ans plus tard, l’échec de cette stratégie est patent. Parcoursup, comme APB, continue d’alimenter l’incompréhension et les sentiments d’injustice. L’amertume suscitée par les résultats d’admissibilité à Sciences Po Paris, publiés la semaine dernière sur la plate-forme, en est l’illustration la plus récente. Elle est emblématique des déceptions que produisent, chaque année, les classements des nombreuses filières « en tension ».

    Le problème est finalement le même qu’à l’époque d’APB : comment comprendre que des lycéens pourtant excellents à tous points de vue n’obtiennent pas la filière de leur choix ? Pour expliquer l’inexplicable, on multiplie les hypothèses : serait-ce parce que la notation réputée sévère des grands lycées parisiens nuit à leurs élèves ? Serait-ce parce que certaines formations discriminent positivement les boursiers, ou négativement certaines catégories de candidats (en vrac : certains choix de spécialités, les lycées privés, etc.) ? Serait-ce parce que certaines commissions classent uniquement sur la base des notes, sans prêter attention aux éléments plus qualitatifs des dossiers ? Serait-ce parce que, dans le contexte de la crise sanitaire, les lycées en présentiel sont favorisés ?...