• Gaza : la librairie al-Mansour, temple des livres de l’enclave palestinienne, détruite par une frappe israélienne
    Publié le 23/05/2021
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    Devant les ruines de la librairie qui faisait aussi office de maison d’édition, son propriétaire Samir al-Mansour, le 22 mai 2021 à Gaza City (EMMANUEL DUNAND / AFP)

    Dans la bande de Gaza, le site était considéré comme le temple des livres. C’était le lieu où les lycéens pouvaient trouver un manuel scolaire, les plus pratiquants leur coran et les esprits bohèmes des traductions de Dostoïevski en arabe. Mais mardi dernier, 18 mai, la librairie al-Mansour a été réduite en poussière.
    « Il y a 100 000 livres sous ces ruines »

    Vers 5H00 du matin, Samir al-Mansour, son propriétaire, était chez lui et regardait les chaînes d’info arabes lorsqu’il a appris qu’un avertissement avait été donné par l’armée israélienne pour détruire l’immeuble. Le libraire et éditeur de Gaza, territoire palestinien plus connu à l’étranger pour ses guerres que ses maisons d’édition et sa littérature, s’est précipité sur place. Mais Samir, cinquantenaire aux cheveux poivre et sel en brosse, s’est arrêté à environ 200 mètres.
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    « Avec la destruction d’Al-Mansour, Gaza perd l’une de ses principales ressources culturelles », estime Mossab Abu Toha, poète et fondateur de la bibliothèque Edward Saïd, créée après la guerre de Gaza en 2014. « Al-Mansour c’est plus qu’une librairie, c’est aussi une maison d’édition qui publiait des auteurs de Gaza. Les manuscrits étaient imprimés en Égypte, des livres retournaient à Gaza mais d’autres restaient en Egypte et circulaient dans le monde arabe. Ça permettait de lever le siège de Gaza par la littérature. »
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    Al-Iqraa, une autre librairie de quartier rythmé par les milliers d’étudiants de l’université a été réduite en cendres pendant ces 11 jours de bombardement, et un peu plus loin, la « Makteba » al-Nahda, qui tenait plus de la papeterie que de la grande librairie, a été réduite à un tas de gravats. Mais pas au silence. Devant les ruines de cette librairie, une large affiche vient d’être plantée avec la phrase suivante : « Al-Fikra ma betmout » - La pensée ne meurt pas ! - Et un mot assure d’une future réouverture.