• En Israël, la tentation trumpiste de Benyamin Nétanyahou
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    Naftali Bennett, député de Yamina, à la Knesset le 6 juin 2021, à Jérusalem.
    MENAHEM KAHANA / AP

    Le premier ministre mène des attaques d’une rare violence contre la coalition d’alternance qui doit prendre ses fonctions le 13 juin.

    Si une transition paisible du pouvoir est encore possible en Israël, dimanche 13 juin, le leader d’extrême droite Naftali Bennett présentera son gouvernement au Parlement israélien. Un débat précédera un vote de confiance, pour l’heure acquis à une majorité de 61 députés sur 120. Après une rencontre avec le président Reuven Rivlin, M. Bennett se penchera seul sur les dossiers sécuritaires brûlants du pays, que lui confiera le secrétaire militaire au bureau du premier ministre.

    Cet agenda, fixé mardi 8 juin par le président du parlement, Yariv Levin, laisse quelques jours à son mentor, Benyamin Nétanyahou, pour défaire la coalition de huit partis, allant de l’extrême droite à la gauche, qui entend le déposer après douze ans de règne continu. Ceux-ci devront publier le détail de leurs accords vendredi, avant un shabbat sous haute pression. Ils n’ont rien fait pour abréger cette transition difficile, renonçant à remplacer en urgence M. Levin. Ils laissent le Likoud tirer ses dernières salves.

    Appels à la rue
    Les critiques sont d’une immense violence, mais qu’attendre d’autre, alors que M. Nétanyahou ne voit dans la formation de ce gouvernement qu’une étape, dans un cycle de deux ans d’élections (quatre scrutins depuis avril 2019) qu’il n’entend pas refermer ? « Nous assistons à la plus grande fraude de l’histoire du pays », a-t-il affirmé dimanche, lors d’une réunion de son parti à la Knesset, laissant craindre qu’il refuserait la défaite, comme son « ami » américain Donald Trump, pour en appeler à la rue.

    La veille, le patron du service de sécurité intérieure (Shin Beth) avait mis en garde contre une hausse des discours de haine pouvant entraîner des violences. Cela n’a pas dissuadé M. Nétanyahou d’en appeler à ses partisans : « N’ayez pas peur de leur rentrer dedans. » Dès vendredi, il avait comparé les défecteurs de la droite à ces « espions » juifs punis de mort, dans les écritures saintes, pour avoir rejeté la terre promise.

    Depuis l’annonce de cette coalition, le 2 juin, les six députés du parti Yamina que M. Bennett espère tenir derrière lui n’ont pas tous confirmé publiquement leur soutien. Leur protection policière a été renforcée. M. Nétanyahou a appelé certains de leurs proches et de leurs rabbins. Des manifestations ont lieu sous leurs fenêtres. L’une d’eux, Idit Silman, a affirmé à la chaîne 13 qu’un protestataire lui avait confié être désolé de ce que sa famille subissait. « Mais ne vous en faites pas, à la première occasion, nous vous abattrons », précisait-il.