• Violences sexistes et sexuelles : le gouvernement se contente de symboles | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/sophie-binet/violences-sexistes-sexuelles-gouvernement-se-contente-de-symboles/00099263

    La France fait le strict minimum

    Cependant, nous ne pouvons nous satisfaire du projet du gouvernement car, en l’état, cette ratification ne changera pas fondamentalement la situation en France. Pourquoi ? Parce que le gouvernement a décidé de ratifier a minima : il refuse de faire évoluer la loi pour y intégrer les recommandations de l’OIT.

    On ne peut pourtant pas dire que la situation française soit satisfaisante : une femme sur trois a déjà été agressée ou harcelée sexuellement au travail et 70 % d’entre elles déclarent n’en avoir jamais parlé à leur employeur – qui, par ailleurs, n’a quasiment jamais de plan de prévention pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Et quand elles le font, 40 % estiment que la situation s’est réglée en leur défaveur, par une mobilité forcée voire un licenciement1. Notre soi-disant « arsenal » législatif ne fait pas peur à grand monde !

    La loi doit être renforcée et des moyens humains et financiers débloqués pour enfin bannir les violences sexistes et sexuelles. Il faut garantir à toutes le droit d’être accompagnées en renforçant les moyens et les prérogatives des référent.e.s du personnel harcèlement, et en augmentant leur nombre. Il faut également rompre l’isolement des 35 % de salarié·e·s qui travaillent dans des entreprises sans représentant·e·s du personnel, en permettant aux conseillers du salarié de les accompagner face à l’employeur en cas de harcèlement sexuel. L’ensemble des professionnels, des représentants du personnel et des salariés doivent être formés et sensibilisés pour lutter contre ces violences. Il est également urgent d’en faire un sujet obligatoire de négociation à tous les niveaux sous peine de sanction pour les employeurs.

    La convention de l’OIT pointe la nécessité d’accorder une attention particulière aux facteurs de risques exposant à la violence, comme le travail isolé, de nuit et aux personnes en situation de vulnérabilité. Nous pensons que la ratification doit être l’occasion d’adopter des mesures spécifiques pour protéger, notamment les personnes handicapées, migrantes, LGBTQI+ ainsi que les travailleurs précaires.