« J’ai inventé l’anneau contraceptif masculin » : rencontre avec l’homme qui veut révolutionner la contraception

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    Maxime est le créateur d’Andro-switch, un anneau contraceptif masculin. Son idée ? Que les hommes puissent enfin prendre leur part dans la charge contraceptive.

    Le principe d’Andro-switch est simple, comme nous explique son créateur, Maxime :

    « C’est un anneau en silicone. Ce n’est pas l’anneau qui contracepte, mais il permet de maintenir les testicules au plus proche du corps, ce qui permet de freiner la spermatogenèse suffisamment pour mettre le garçon en état contracepté. Ça va faire 4 ans que je l’utilise. »

    Une idée qui peut paraître un peu folle, et pourtant :

    « J’ai fait le pari fou de dire : si je rends accessible l’information sur la méthode, et que je propose aux garçons un outil qu’ils peuvent recevoir chez eux : est-ce qu’ils passeront à la pratique ? Il s’avère que l’accessibilité de l’outil et une information la plus juste possible, permet de faire levier, permet aux garçons et aux couples d’envisager une contraception mutualisée ou de basculer la charge contraceptive sur l’un des partenaires à une période donnée. Le pari fonctionne ! »

    Comment ça fonctionne exactement ?

    Il y a 2 choses à savoir concernant l’anneau masculin :

    Depuis 40 ans, un protocole médical existe et a été testé : si les testicules sont exposés à la chaleur du corps 15 heures par jour, la production de spermatozoïdes n’est plus assez importante, le garçon n’est plus fécondant. Il y a donc une relation entre la production de la spermatogenèse avec la chaleur.
    Pour que les testicules soient "chauffés" à la bonne température, il faut donc qu’ils soient rapprochés du corps. Pour cela, il existait déjà des outils textiles : le slip chauffant, le jockstrap, qui datent des années 80. L’andro-switch vient compléter cette offre, comme explique Maxime :

    « Moi j’ai inventé un anneau souple, bio-compatible, dans lequel il suffit d’insérer sa verge et son scrotum, et naturellement les testicules vont migrer dans la poche supérieure, se retrouvant au niveau du pubis, là où il y a les poils : ainsi, ils sont à 37 degrés. »
    androswitch

    Qu’en disent les utilisateurs ?

    Conscients de la charge que cela représente, et persuadés que leur conjointe ne devrait pas supporter seule cette responsabilité, de plus en plus d’hommes cherchent des solutions pour partager la contraception avec leur partenaire. Ils sont environ 2000 à utiliser l’anneau Andro-switch dans le monde selon Maxime :

    « Il y a un temps d’adaptation car c’est un nouvel outil avec une phase d’apprentissage qui peut être complexe pour des raisons techniques. Ce n’est pas simple de passer sa verge dans l’anneau. Il y a des contraintes aussi qui sont liées à l’ignorance du corps. Le garçon ne sait pas ce qu’il a entre les jambes : il peut avoir peur d’y toucher. Il y a des contraintes archétypales, symboliques, car quelque part les testicules « disparaissent », ne sont plus entre les jambes. Tous ces freins là peuvent faire que c’est complexe de se saisir de l’outil et de sa phase d’apprentissage. Mais une fois celle-ci passé, appliquer le protocole en lui même et donc ne rien faire, simplement porter l’anneau, ça se passe très bien en général. Les garçons disent qu’ils l’oublient au bout de quelques heures. »

    Les hommes doivent prendre leur part de charge contraceptive

    « C’est affolant de se rendre compte qu’on ne sait rien sur la contraception masculine, qu’on ne connait rien des méthodes existantes. Avant c’était dans des milieux militants, un peu fermés, inaccessibles d’une certaine façon, mais il existait des pratiques et revendications qui s’inscrivent totalement en alliance féministe.

    La contraception testiculaire est un plus. Ce que je prône, c’est de rappeler que la fertilité est une responsabilité individuelle qui s’inscrit dans une démarche collaborative et inclusive. C’est bien la rencontre de 2 gamètes qui va donner la fécondité et donc potentiellement, un bébé. Dans cette rencontre il y a bien 2 acteurs responsables : un garçon et une fille. Il suffit de donner à chacun des outils pour se responsabiliser et modifier à terme les pratiques et les représentations sociales et politiques. »

    Partager son parcours contraceptif avec son conjoint

    Mais alors, comment réagissent les hommes face à ce nouveau moyen de contraception ? Si chacun est évidemment différent, Maxime explique :

    « Les garçons, quand ils reçoivent cette information, réagissent en 2 temps. La première c’est « Moi, jamais ! ». Il y a cette impuissance, cette méconnaissance, cette ignorance, cette fragilité, de se dire : "Je peux faire quelque chose avec mon propre corps" : ils ne l’avaient pas envisagé. Le second temps va être un temps de réflexion, où ils vont envisager, et l’appréhender. »

    Car les pratiques contraceptives sont en train d’évoluer, et il est important que les femmes puissent communiquer sans tabous avec leurs conjoints à ce sujet :

    « Les temps des pratiques contraceptives que nous sommes en train de vivre, c’est-à-dire d’un modèle genré entre 2 clans à un modèle beaucoup plus uni, ça va prendre du temps. La clé c’est la discussion dans le couple. Les femmes doivent partager leur ressenti et leur parcours contraceptif pour que les garçons puissent envisager ce que c’est réellement la charge physique et psychologique. Maintenant qu’ils savent que des outils existent pour eux, qu’ils peuvent aussi prendre leur part ou la partager avec leur partenaire, je suis intimement persuadé qu’ils vont s’y mettre »

    Plus d’informations sur www.thoreme.com

    • En remontant aux années 70 et à l’émergence de discours volontaristes et idéalistes sur la contraception masculine, on constate que ces discours piétinent dans une posture qui affirme sans la moindre preuve une hypothétique bonne volonté des hommes ("l’intime persuasion" alléguée ci-haut par « Maxime ») et qui ne mentionne que pour mieux la réfuter la réalité de la non-contraception masculine et - pire - la volonté de ne pas se contracepter tout en prétendant qu’on le fait, p. ex. la pratique bien documentée du « stealthing », soit le retrait subreptice et délibéré du préservatif au cours d’un coït vaginal consenti à cette condition. Le désir, voire, la menace d’engrosser la partenaire doit être reconnue comme un élément de la sexualité de beaucoup d’hommes, et son déni (au nom d’une soi-disant morale masculine) constitue une dimension énorme du problème.

    • C’est vrai que c’est pas un sujet qui intéresse les hommes. Sur la spermatogenèse j’avais même découvert le principe grâce à un amant de jeunesse qui portait un slip rafraichissant afin d’augmenter son pouvoir de fécondité. Quoiqu’il en soit c’est toujours bien d’avoir des solutions pour les rares hommes motivés et de faire suivre l’info.

    • « ...c’est pas un sujet qui intéresse les hommes... »
      On peut reconnaître, a contrario, que le risque, la possibilité d’engrosser la femme est un sujet qui obsède bien des hommes, hélas, d’où la naïveté ou le cynisme du projet de leur faire confiance.
      Quant à l’injonction balancée aux cibles par notre bon apôtre-promoteur, « Les femmes doivent partager leur ressenti et leur parcours contraceptif, » elle se passe de commentaire.