• Le président du #Medef de #Charente visé par une plainte pour « chantage »
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    Un contentieux commercial entre Jean-Charles Vicard, patron du Medef de Charente, et son ancien associé a tourné en plainte pénale mâtinée d’enregistrements clandestins

    Nul ne sait pour l’heure quel traitement réservera le parquet d’Angoulême à la plainte déposée par Philippe Richard, un ancien associé de Jean-Charles Vicard, entrepreneur et président du Medef de Charente. Déposée le 4 juin dernier, celle-ci est en cours d’étude. Elle dénonce pêle-mêle des faits de « chantage », « faux et usage de faux » et vise notamment le président du Medef, un entrepreneur de Cognac et un DRH du Crédit agricole.

    Ancien banquier, Philippe Richard avait mis ses économies dans des parts d’une société Mangeard à Cognac, spécialisée dans la fabrication de matériel vinicole en inox dont il était devenu directeur général. Parmi ses associés se trouve Jean-Charles Vicard, patron d’une prospère société de tonnellerie.

    « Mon client fait l’objet de pressions dignes du “Parrain” : tu lâches ou tu es fini ! »

    Mais douze mois plus tard, en septembre 2019, peu satisfaits de la gestion de Philippe Richard, les associés décident de se séparer de lui. Cette éviction fait toujours l’objet d’une procédure devant le tribunal de commerce d’Angoulême. Tandis qu’il retourne à son premier métier, nanti d’une promesse d’embauche au Crédit agricole, l’ancien banquier conteste notamment la validité du procès verbal de l’assemblée générale le révoquant déposé en 2019.

    « Tu vas passer à la moulinette »

    La procédure commerciale a-t-elle déplu au patron du Medef ? « C’est la vie des affaires », commente ce dernier. Mais les propos prêtés à un entrepreneur charentais ami des deux hommes, enregistré à son insu lors d’un appel téléphonique à Philippe Richard en janvier dernier, laisse imaginer une légère rancœur.

    « Jean-Charles s’est rapproché de moi », indique l’entrepreneur en question dans la conversation consignée par un huissier. « J’vais pas tourner autour du pot pour te dire et te parler du truc, tu laisses tomber la procédure que vous avez en cours, t’auras aucun problème pour rentrer au Crédit agricole. Par contre, vu qu’il est client là-bas et qu’il est gros client et vu le poste que tu vas avoir là-bas… si tu continues… à les faire chier entre guillemets au niveau juridique avec la procédure qui est en cours, je peux te garantir, c’est c’qui m’a dit, que ça va se compliquer très fortement pour toi et qu’tu vas passer à la moulinette. »

    « Donc moi, il m’a dit “j’veux pas lui pourrir la vie jusqu’au bout, il a une femme, il a deux enfants, euh, soit il prend son nouveau boulot, on parle plus de rien mais par contre il arrête d’me péter les couilles avec cette jurisprudence” », poursuit cet entrepreneur dans cet enregistrement. Et de préciser : « Lui, il a plus qu’un coup d’fil à passer, parce que c’est eux qui l’ont appelé, euh soit il te laisse tranquille et il fait en sorte que tu sois pénard, soit euh, ça va se tendre. »

    Le lendemain, Philippe Richard reçoit un appel du DRH du Crédit agricole qu’il enregistre. Il lui annonce qu’il n’honorera pas la promesse d’embauche. « C’est difficile de recruter quelqu’un qui a une problématique avec le président du Medef, sur lequel on a des parts de marché, nous, au Crédit agricole », indique le DRH. « Je comprends que vous soyez surpris mais mettez-vous à ma place, je reçois aujourd’hui des appels comme quoi… que... On est en train d’approcher quelqu’un qui a un contentieux sur le territoire avec une entreprise et avec le Medef quoi euh… » Le DRH s’offusque par ailleurs de ne pas avoir été prévenu de ce contentieux lors des entretiens d’embauche.

    « Je ne sais pas ce qu’ils se sont dit »

    « C’est ridicule ! », s’insurge l’entrepreneur écouté, contacté par « Sud Ouest ». « Je lui dis tout ça en tant qu’ami. Si c’était à refaire, je le referais. » « Bien sûr que Vicard m’a demandé de le faire car il peut pas intervenir dans cette procédure. » Mais il assure : « Si le Crédit agricole l’a lourdé, c’est qu’il a menti au cours de son entretien. » Et « s’il avait laissé tomber cette affaire, il aurait été peinard ! », explique-t-il, scandalisé d’avoir été enregistré.

    Jean-Charles Vicard pointe pour sa part « l’ego » du plaignant et conteste toute responsabilité dans les propos enregistrés de son ami : « Je ne sais pas ce qu’ils se sont dit. Il dit ce qu’il veut. Je discute de choses avec un ami commun. Ce n’est pas parce que je discute que je lui donne un ordre. »

    Le patron conteste également avoir interféré auprès du Crédit agricole : « Ils m’ont appelé pour me demander comment ça s’était passé avec Mangeard. Je ne peux pas leur dire que ça s’est bien passé ! Je pense qu’ils n’ont pas accepté de se faire avoir vu qu’il ne leur avait pas parlé de la procédure. »

    Me David Marais, l’avocat du plaignant a, lui, une version plus catégorique : « Mon client fait l’objet de pressions dignes du “Parrain” : tu lâches ou tu es fini ! »

    Sollicité, le DRH du Crédit agricole n’a pas souhaité s’exprimer.