• À Redon, après la rave, un rassemblement devant la sous-préfecture - Affrontements violents lors d’une rave party à Redon - Le Télégramme
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    Erwan Miloux

    Ce samedi matin, environ 400 personnes étaient rassemblées devant la sous-préfecture et la mairie de Redon, afin de protester notamment contre « la répression » après la rave party organisée sur la commune le week-end dernier.

    Les manifestants, répondant à l’appel du collectif « Pays de Redon en lutte », souhaitent marquer leur soutien « à la danse, à la joie et à la liberté » et dénoncer « la répression de toutes les contestations et formes de vie qui ne sont pas celles du pouvoir ». Ce mouvement de protestation intervient alors qu’il y a une semaine, dans la nuit de vendredi à samedi, des teufeurs avaient convergé vers la ville, afin de s’installer pour « danser et rendre hommage à Steve Maia Caniço ».

    Les forces de l’ordre étaient intervenues pour empêcher la tenue de cette rave party. Des heurts avaient alors éclaté et les secours sur place avaient dénombré au total 23 victimes, neuf teufeurs, dont l’un a eu la main arrachée, et quatorze parmi les gendarmes. Les manifestants pointent ainsi du doigt une intervention musclée des forces de l’ordre au cours de laquelle également « le matériel a été saccagé à grands coups de masses et de haches ».


    Des projectiles des forces de l’ordre ramassés par des teufeurs lors des affrontements, le week-end dernier.
    Erwan Miloux

    Après s’être rassemblés, vers 11 h, devant la préfecture, pour des prises de paroles, les participants à ce rassemblement sont regroupés, dans le calme, devant la mairie au rythme de la musique techno.

  • Rave party de Redon : le mystérieux ordre donné aux gendarmes de détruire le matériel des fêtards - Affrontements violents lors d’une rave party à Redon - Le Télégramme
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    Des fêtards tentent de discuter avec les gendarmes mobiles pendant que ces derniers détruisent les murs de son
    Suzanne Bruneau/Le Télégramme

    Samedi, l’évacuation de la rave illégale de Redon s’est accompagnée de la destruction du matériel des fêtards par les gendarmes. Inédit, ce procédé n’a pas été ordonné par le Parquet, ni par le préfet. Personne ne se bouscule pour défendre une initiative que plusieurs avocats jugent totalement illégale.

    « Pourquoi vous faites ça ? Saisissez-les mais ne les détruisez pas ! Ça n’a pas de sens ! C’est illégal ! » Face à un cordon de gendarmes mobiles, l’un des participants à la rave party sauvage de Redon s’agace. Protégés par leurs collègues, au second plan, une vingtaine d’entre eux fracassent, à coups de tonfa, de pieds, voire de masse et de hache, tout le matériel entreposé sous une tonnelle dressée sur le site choisi par les teufeurs pour ce rassemblement illégal, à proximité de l’hippodrome de la petite sous-préfecture d’Ille-et-Vilaine. Quelques instants plus tard, la tonnelle siglée de la marque d’une grande boutique de motocross en ligne est lacérée à coups de cutter.

    48 h après la fin de la rave party illégale, plusieurs questions demeurent sur les conditions des opérations menées par la gendarmerie entre le début du rassemblement, vers 0 h dans la nuit de vendredi à samedi, jusqu’à son évacuation, samedi, en fin d’après-midi. Le bilan de cet épisode de violences est lourd. Dimanche, le SDIS 35 relevait 23 victimes au total. Neuf fêtards ont été blessés. Parmi eux, un Rennais de 22 ans a eu la main arrachée (une enquête est ouverte). Quatorze gendarmes ont aussi été pris en charge « en urgence relative ». Quatre d’entre eux ont été conduits à l’hôpital.

    Le site grenadé par hélicos
    Parmi les questions posées : celle de la légalité de la dégradation par les gendarmes du matériel utilisé par les teufeurs lors de l’évacuation du site, samedi. Une procédure inédite en pareil cas.

    Tout a débuté vers 16 h. « Deux hélicoptères sont arrivés et ont noyé le site de lacrymo, raconte Julien 27 ans. Ils ont visé les sound-systems. C’était irrespirable. On a dû aider des gens qui étaient par terre et n’arrivaient plus à bouger tellement c’était irrespirable. Dix minutes après cette pluie de lacrymo venue du ciel, les gendarmes sont arrivés sur le côté et se sont mis à tout casser. »

    Dans la loi, rien n’autorise à détruire du matériel qui n’est qui plus est ni dangereux, ni illégal..

    « Volonté de tout détruire »
    Plusieurs témoignages attestent de ces destructions qualifiées de systématiques, « avec une vraie volonté de tout détruire ». La scène a été constatée par une journaliste du Télégramme, sur place, recoupée auprès de multiples sources et largement documentée sur les réseaux sociaux.

    Côté teufeurs, des responsables de l’organisation contactés font part de leur volonté de porter plainte. Tous s’attendaient à des poursuites mais pas à la destruction de leur matériel. Selon des sources au sein du collectif d’organisation, les dommages s’élèveraient à 200 000 €. « Tout a été éclaté, regrette Guilhem. Les amplis cassés à la masse, les membranes des haut-parleurs lacérées au cutter, les câbles coupés avec des pinces. Même un groupe électrogène a été saboté ».

    La communication du ministère de l’Intérieur a fini de jeter le trouble. Dimanche, le compte Twitter de celui-ci a posté plusieurs images de gendarmes exhibant du matériel dégradé avec une légende : « Sur place, les forces de l’ordre ont procédé à la saisie provisoire des matériels utilisés, notamment les appareils de sonorisation ». « Non le matériel n’a pas été saisi, il a été détruit », s’indigne Guilhem.


    Deux gendarmes mobiles s’acharnent sur un bloc électrogène peu après 17 h sur le site de la rave illégale de Redon, samedi 19 juin.
    Suzanne Bruneau/Le Télégramme

    « Rien dans la loi rien n’autorise à casser du matériel, assure Marianne Rostan, une avocate qui défend les sound systems. Le matériel doit être saisi. Puis, une enquête est faite pour savoir à qui il appartient et pourquoi il est là. Une fois placé sous scellé, le procureur ou le juge d’instruction peut décider de le détruire mais on le notifie au propriétaire qui peut faire un recours. En plus, quand on détruit du matériel, c’est qu’il est dangereux, ou illégal ou nuisible. Là, l’action des forces de l’ordre s’est déroulée en toute illégalité. Clairement, ce qui s’est passé à Redon interroge. »


    Les forces de l’ordre ont noyé le site du teknival sauvage sous les gaz
    Claire Staes/Le Télégramme

    Olivier Pacheu, un avocat rennais qui intervient souvent dans des dossiers de maintien de l’ordre, confirme : « Dans la loi, rien n’autorise à détruire du matériel qui n’est, qui plus est, ni dangereux, ni illégal… ».

    « Ne pas inverser les rôles »
    « Pour désamorcer le rassemblement, plutôt que d’aller à l’affrontement, décision a été prise de neutraliser une partie du dispositif sonore », commente Bertrand Cavalier. Ce général de division (2S) dans la gendarmerie, spécialiste du maintien de l’ordre (il a quitté le service actif en 2011) rappelle « qu’il faut repasser tout le film et ne pas inverser les rôles ». « Les gendarmes ont été pris à partie dès leur arrivée par plusieurs centaines de personnes qui n’avaient pas le profil habituel des teufeurs, explique-t-il. On parle de 300 personnes à l’idéologie qui se rapproche de celle observée à Notre-Dame-des-Landes ou dans les manifestations très violentes de Nantes. On ne vient pas à ce genre d’événement avec des fusées de détresse, des boules de pétanque, des mortiers, des cocktails molotov ! »

    « Dès que la musique a été neutralisée, les personnes se sont dispersées, juge le général Cavalier. Si on ne possède pas toutes ces explications, on peut effectivement se montrer interrogatif face à ces images de destructions. Tout cela reste cependant à clarifier. Et il y a toujours la possibilité de suites contentieuses. »

    Le Parquet a ordonné des saisies
    « Qui a donné un ordre susceptible de déboucher sur des suites contentieuses » ? Personne ne se bouscule au portillon pour répondre à cette question. En tout cas, ce n’est pas le procureur de la République. Le magistrat a indiqué au Télégramme que « les gendarmes ont procédé sur instruction du parquet à la saisie conservatoire d’une platine, trois tables de mixage et de trois amplificateurs dans le cadre de l’enquête diligentée par la brigade de recherches de Redon portant sur l’organisation de la free party. Aucune instruction du parquet de Rennes n’a été donnée au-delà. »

    L’ordre ne serait pas venu du préfet non plus. Sous pression après la rave sauvage de Lieuron lors du nouvel an, Emmanuel Berthier s’est félicité que l’évacuation de celle de Redon se soit déroulée « en 45 minutes », lors de son point presse, samedi.

    Une évacuation qui a « permis la neutralisation de l’ensemble des dispositifs de diffusion du son présent sur le site », a aussi indiqué le haut fonctionnaire. Dans quel cadre juridique l’opération de destruction s’est-elle déroulée ? « Je n’ai donné aucun ordre de destruction de matériel, a indiqué le préfet au Télégramme ce lundi soir. La Justice se prononcera, si elle est saisie d’éventuels contentieux ».

    Contactés, le ministère de l’Intérieur et la direction générale de la Gendarmerie n’ont pas donné suite à nos sollicitations.

    • Rave party de Redon : le ministère de l’Intérieur n’a pas ordonné (non plus) la destruction du matériel des fêtards - Affrontements violents lors d’une rave party à Redon - Le Télégramme
      https://www.letelegramme.fr/bretagne/rave-party-de-redon-le-ministere-de-l-interieur-n-a-pas-ordonne-non-plu


      Des affrontements ont émaillé la rave sauvage de Redon durant 7 heures dans la nuit de vendredi à samedi dernier
      Claire Staes/Le Télégramme

      Après le préfet et le Parquet, c’est au tour du cabinet de Gérald Darmanin d’assurer qu’aucun ordre émanant du ministère de l’Intérieur n’a été donné aux gendarmes pour procéder à la destruction du matériel des fêtards réunis, samedi à Redon, pour une rave illégale.

      Samedi, l’évacuation de la rave illégale de Redon s’est accompagnée de la destruction du matériel des fêtards par les gendarmes. Inédit, ce procédé interroge sur sa légalité (lire notre enquête). Les fêtards font connaître leur volonté de porter plainte estimant le préjudice à 200 000 €.

      Qui a donné un tel ordre ? Lundi, le Parquet et le préfet ont assuré que la consigne ne venait pas d’eux. Depuis, tous les regards se tournent vers le ministère de l’Intérieur. Interrogé par nos soins ce mardi matin, le cabinet de Gérald Darmanin dément également être à l’origine de cet ordre et nous renvoie vers « les autorités locales ». Affaire à suivre donc…

      Des affrontements très violents ont émaillé cette rave illégale dans la nuit de vendredi à samedi dernier à proximité de l’hippodrome de Redon. Dimanche, les sapeurs-pompiers d’Ille-et-Vilaine avaient relevé 23 blessés, dont quatorze gendarmes. L’un des fêtards, un Rennais de 22 ans, a eu la main arrachée (une enquête est ouverte).