• Etudier en France, un rêve suspendu pour les jeunes issus de pays classés en zone rouge
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    Etudier en France, un rêve suspendu pour les jeunes issus de pays classés en zone rouge. Même s’ils ont été admis par un établissement français, les jeunes originaires de certains pays, comme le Brésil ou l’Inde, ne peuvent obtenir, à ce jour, de visa étudiant en raison de la crise sanitaire.
    Natalia Helen Ferraira, docteure en sciences, doit rejoindre en septembre le centre de recherche en cancérologie et immunologie de l’université d’Angers en tant que stagiaire postdoctorale. Raissa Chielle a décroché une bourse afin de poursuivre sa thèse en océanographie au Museum national d’histoire naturelle, à Paris. Valquir Francisco Pacheco Neto a été admis à la rentrée à l’Ecole des mines, à Nancy…Tous les trois sont brésiliens, désireux de poursuivre leurs études en France. Mais leur projet de traverser l’Atlantique est mis à mal : le Brésil figure sur une liste de 21 pays où la situation liée à l’épidémie de Covid-19 est si préoccupante que la France ne délivre plus de visa, sauf motif impérieux. Y figure également le Chili, la Colombie, l’Argentine, la Russie, l’Inde, l’Afrique du Sud… « Les étudiants résidant dans les pays classés en zone rouge n’ont pas été inclus dans les catégories de voyageurs considérés comme ayant un motif impérieux pour voyager en France », confirme le ministère des affaires étrangères.
    Combien sont-ils, ces étudiants qui voient leur rêve suspendu ? Quelques milliers, si l’on se base sur les derniers chiffres rapportés par Campus France, l’organisme public chargé de la mobilité des étudiants étrangers. A la rentrée 2020, 4 800 visas étudiants ont été délivrés à des étudiants originaires des Amériques – un chiffre en baisse de 60 % par rapport à l’année précédente, en raison de la pandémie. A la même période, 8 700 visas avaient été délivrés à des étudiants asiatiques aspirant à suivre un cursus en France.Si la situation ne se débloque pas dans les semaines qui viennent, « c’est la fin d’un rêve » pour Anna Sançao. « Cela fait cinq ans que je me prépare à ce voyage. J’ai énormément travaillé à l’université pour avoir les meilleures notes possible, j’ai dépensé de l’argent pour prendre des cours de français et j’ai obtenu ma place à l’université Lyon-III en relations internationales », soupire la Brésilienne de 22 ans, qui, prête à partir, a déjà vendu sa voiture et quelques effets personnels.
    Laura Reyes, Colombienne de 22 ans, diplômée d’un master de psychologie de l’éducation de l’université de Bogota en février, est aussi très inquiète. Elle a été admise en master de psychologie des troubles du développement chez l’enfant à l’université de Nantes. Le 28 mai, elle a reçu un courriel lui signifiant qu’elle était acceptée : la rentrée est fixée au 30 août… Mais, à ce jour, l’ambassade de France ne peut donner suite à sa demande de visa. Quant à poursuivre ses études dans son pays, c’est impossible. « En Colombie, les inscriptions universitaires sont closes depuis avril », explique-t-elle.Pour les établissements français, cette incertitude est source de difficultés logistiques et budgétaires. En particulier dans les grandes écoles, où les frais de scolarité payés par les étudiants étrangers contribuent pour une large part à leur équilibre financier. « Nous avons admis plusieurs étudiants colombiens et brésiliens, et à ce jour nous n’avons aucune visibilité sur leur venue », regrette Alexandre Nominé, responsable des relations internationales de l’école d’ingénieurs Mines Nancy. De même à l’Institut de management et de communication interculturels (ISIT), qui reçoit des demandes d’étudiants tentant de trouver un moyen de rejoindre l’école : « Ils sont coincés par la situation sanitaire, et nous sommes démunis », regrette Sarah Bordes, directrice du développement international de l’ISIT.Les établissements envisagent de proposer des cours à distance pour ces jeunes, à la manière de ce qui a été mis en place l’année dernière, tout en leur permettant d’arriver en milieu de trimestre si la situation se débloquait. La liste des pays en zone rouge est « régulièrement réévaluée », souligne le Quai d’Orsay, qui conseille aux étudiants de déposer quand même leur demande de visa, dans le cas où la situation sanitaire de leur pays s’améliorerait. L’ambassadeur de France en Inde a même publié, le 14 juin, une vidéo dans laquelle il encourage vivement les étudiants indiens à ne pas laisser tomber leur projet d’études en France.Un collectif d’étudiants et de chercheurs brésiliens tente, par ailleurs, de susciter une mobilisation autour de ce sujet. Ils ont créé un compte Instagram, au travers duquel ils demandent à la France de considérer leurs projets d’études comme un « motif impérieux », condition sine qua non pour obtenir, aujourd’hui, le précieux visa. Il compte, à ce jour, un peu plus de 4 000 abonnés.

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