Les enquêteurs de la brigade de lutte contre la cybercriminalité ont appréhendé six personnes le 13 juillet. Le réseau proposait ses services sur les réseaux sociaux, moyennant finances.
La combine était parfaitement rodée, presque indétectable. Entre le 12 et le 13 juillet, elle a pourtant mené à l’interpellation de six personnes : quatre membres d’un réseau de fourniture de vrais-faux certificats de vaccination et deux acheteurs. « Une première et une belle affaire », estime une source policière.
C’est en sillonnant le Web dans le courant du mois de mai que le groupe d’enquête sous pseudonyme, une unité spéciale de la brigade de lutte contre la cybercriminalité (BL2C), repère la proposition d’un compte Snapchat sobrement intitulé « Médecin incroyable ». Moyennant un tarif compris entre 350 et 500 euros, ce dernier garantit la fourniture de certificats de vaccination parfaitement authentiques et signés, assure-t-il, par un médecin.
Après deux mois d’infiltration, les policiers mettent au jour un véritable réseau, organisé et structuré. Une agente administrative d’un centre de vaccination situé en banlieue lyonnaise réservait des créneaux de vaccination à ses « clients », qui ne se présentaient pas au rendez-vous, mais fournissaient l’ensemble des justificatifs demandés pour recevoir les doses de vaccin – essentiellement du Pfizer. L’agente enregistrait ensuite leur passage dans la base officielle recensant les personnes vaccinées, puis éditait les certificats, échangés de la main à la main, le plus souvent en banlieue parisienne.
400 acheteurs identifiés
Au moins 400 acheteurs auraient été identifiés, mais les enquêteurs n’excluent pas que leur nombre soit, de source policière, « deux à trois fois plus important ». Les perquisitions, menées en région lyonnaise, dans le Val-de-Marne et dans les Yvelines, ont notamment permis de découvrir au moins 25 000 euros en liquide, des attestations de vaccination vierges et déjà tamponnées, des ordinateurs portables, mais également des faux billets, des effets de luxe, des cachets de médecin et de services hospitaliers. L’une des personnes interpellées est également fortement soupçonnée d’avoir entretenu une florissante entreprise de contrefaçon, produisant et procurant à une vaste clientèle – y compris étrangère, des Britanniques et des Espagnols figuraient parmi ses acheteurs – de faux tests PCR, des certificats de grossesse falsifiés et autres diplômes usurpés.
Le 14 juillet, la section cybercriminalité du parquet de Paris a procédé à l’ouverture d’une information judiciaire. Six personnes ont d’ores et déjà été mises en examen, trois d’entre elles, les plus impliquées, pour des faits d’« atteintes à un système de traitement automatisé de données en bande organisée, faux et détention de faux administratif, blanchiment aggravé et association de malfaiteurs ».
De source judiciaire, on informe que, « conformément aux réquisitions du parquet, deux personnes ont été placées en détention provisoire. (…) Les autres ont été placées sous contrôle judiciaire ». Une instruction a été confiée à une magistrate parisienne.