• Algues vertes : où sont les mesures en temps réel ? - Bretagne - Le Télégramme
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    Selon un arrêté municipal affiché sur place, la plage de Saint-Guimond, à Hillion, est fermée au public depuis le 21 juin et « pour une durée indéterminée ».
    Le Télégramme/Valentin Boudet

    Le taux d’hydrogène sulfuré rejeté par les algues vertes en baie de Saint-Brieuc n’est pas rendu public quotidiennement. Pourtant, ces chiffres existent.

    C’est un gaz incolore, qui sent l’œuf, et qui est potentiellement mortel. Il apparaît quand les algues vertes se décomposent sur les plages. Son nom ? L’hydrogène sulfuré.

    Combien flotte aujourd’hui dans l’air de la baie de Saint-Brieuc ? Impossible de le savoir : les niveaux de ce polluant ne sont pas publiés quotidiennement. Comme cela se fait pourtant déjà, sur Internet, pour le dioxyde d’azote ou les particules fines.

    Ce n’est pas faute de posséder ces chiffres. L’association Air Breizh dispose depuis des années de capteurs d’hydrogène sulfuré dans la baie de Saint-Brieuc, particulièrement touchée par ce fléau. Mais les mesures ne sont communiquées qu’après la saison estivale, quand les vacanciers ont rangé leur parasol.

    Responsabilité de l’ARS
    « Nous avons proposé aux collectivités locales de diffuser les données en temps réel sur notre site comme cela se fait ailleurs, mais ça a été refusé », affirmait Gaël Lefeuvre, directeur d’Air Breizh, sur le site de France 3 Régions, le 14 juillet.

    De son côté, Saint-Brieuc Agglomération refuse d’être pointée du doigt et renvoie l’Etat à ses responsabilités. « Nous avons un contrat de prestation avec Air Breizh, réagit le vice-président Denis Hamayon. Ce contrat prévoit une mission d’information des élus, mais pas du grand public. C’est à l’Agence régionale de santé d’effectuer cette mission ».

    Pour autant, l’élu n’est pas opposé à une diffusion en temps réel de ces données. « Plus les éléments sont transparents, plus la prise de conscience est complète. Mais cela doit concerner toutes les parties prenantes. Or aujourd’hui, le pilotage de la problématique des algues vertes est assez difficile ».

    Odeur pestilentielle
    En 2020, les moyennes journalières d’hydrogène sulfuré sont restées inférieures au seuil de 150 µg/m3 fixé par l’OMS, selon Air Breizh. En 2019, année noire, la moyenne journalière la plus élevée était de 80 µg/m3, soit 8 fois supérieure au maximum observé en 2020. Ces mesures peuvent varier fortement d’un jour à l’autre.

    Les relevés se font au niveau des zones d’habitation. Par exemple plage du Valais, où s’élève une centaine de cabanons. Les occupants se plaignent régulièrement de l’odeur pestilentielle dégagée par les algues vertes. Un critère de confort qu’Air Breizh mesure aussi, selon une « valeur de nuisance olfactive ».

    Là encore, l’année 2020 a été plutôt tranquille, avec des taux de dépassement journalier inférieurs à ceux des années précédentes : 3 % en moyenne en 2020, contre 46 % en 2019 et 21 % en 2018.

    Absence de réglementation
    Pour définir ces seuils limites, l’association doit se baser sur les recommandations de l’OMS, la France n’ayant pas établi son propre seuil réglementaire. Ce qui fait qu’il n’y a pas d’alerte déclenchée en cas de pic de pollution à l’hydrogène sulfuré.

    Le 20 juillet, la Cour des comptes a présenté un rapport critiquant sévèrement les insuffisances de l’action publique contre les marées vertes, dont l’origine est liée à l’agriculture intensive. Les magistrats ont pointé du doigt « les décès accidentels d’un coureur à pied à Saint-Michel-en-Grève en 1989, de chiens sur une plage d’Hillion en 2008, d’un salarié chargé du transport d’algues vertes à Binic en 2009, d’un cheval à Saint-Michel-en-Grève la même année (suivie de l’hospitalisation de son cavalier) ».

    Dans la baie de Saint-Brieuc, les collectivités s’organisent chaque année pour ramasser les algues échouées. Leur prolifération dépend notamment des fortes températures. Au début de cet été, deux plages d’Hillion ont été fermées au public en raison des amas d’algues impossibles à ramasser et du danger d’inhalation d’hydrogène sulfuré.

    Les pouvoirs publics, dont l’action est jugée « insuffisante » par la Cour des comptes, sont sous pression. Réélu président de la Région, Loïg Chesnais-Girard a promis « de prendre le sujet à bras-le-corps » (Lemonde.fr, 21/7).

    Dans ce contexte, le manque de transparence autour de l’hydrogène sulfuré en baie de Saint-Brieuc interroge. D’autant plus que le Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva) prévoit déjà des échouages records cette année.

    • Une petite précision : le sulfure d’hydrogène sent (très !) mauvais à faible concentration. À teneurs plus élevées il attaque l’odorat.

      Sulfure d’hydrogène — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Sulfure_d%27hydrog%C3%A8ne

      Seuil de l’odorat
      bas : 0,001 ppm
      haut : 0,13 ppm

      soit, en ramenant en µg/m3 (1 ppm = 1420 µg/m3 d’après https://atmo-reunion.net/Le-sulfure-d-hydrogene-H2S)

      Seuil de l’odorat
      bas : 1,5 µg/m3
      haut : 185 µg/m3

      soit un seuil de non-détection olfactive pas beaucoup plus haut que la valeur guide recommandée par l’OMS pour une absence d’effet sur la santé qui est de 150 µg/m3 sur 24h.

      L’hydrogène sulfuré (H2S) sous surveillance | Atmo Nouvelle-Aquitaine
      https://www.atmo-nouvelleaquitaine.org/actualite/lhydrogene-sulfure-h2s-sous-surveillance

      Le H2S est réglementé par les textes concernant les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Ce gaz n’est pas réglementé dans l’air ambiant.

      Les concentrations ubiquitaires du H2S dans l’air ont été évaluées entre 0,1 et 1 µg/m3. La bibliographie (INERIS) présente des niveaux mesurés dans l’environnement d’une plateforme de compostage de boues et déchets verts variant de 4 à 20 µg/m3, et dans un estuaire breton envahi par les algues vertes allant de 16 à 210 µg/m3 en moyenne hebdomadaire.

      Les valeurs toxicologiques de référence (VTR) pour les effets « à seuil » sont les suivantes : 
      • Selon l’ATSDR : 100 µg/m3 (pour une exposition aiguë de 1 à 14 jours) ;
      • Selon l’US EPA : 2 µg/m3 (pour une exposition chronique sur plusieurs années) ;
      • Selon l’OEHHA : 10 µg/m3 (pour une exposition chronique de 8 ans et plus) ; 42 µg/m3 (pour une exposition aiguë de 1 à 7 heures).

      En France, en milieu professionnel, la valeur moyenne d’exposition (VME) et la valeur limite d’exposition (VLE) sont respectivement de 7 000 et 14 000 µg/m3.

      La valeur guide recommandée par l’OMS pour une absence d’effet sur la santé est de 150 µg/m3 sur 24h.

  • La fin du port du masque dans les lieux soumis au pass sanitaire fait débat - Coronavirus - Le Télégramme
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    La fin du port du masque dans les lieux dont l’accès est soumis à la présentation du pass sanitaire ne fait pas l’unanimité parmi les politiques et les épidémiologistes.
    Lionel Le Saux

    Un décret publié mardi au Journal Officiel autorise le public des lieux soumis à la présentation du pass sanitaire à ne pas porter de masque. L’épidémiologiste Antoine Flahault apporte son éclairage sur une décision controversée.

    Publié mardi, et confirmé par le ministre de la Santé, Olivier Véran, le décret qui autorise le public à se démasquer dans les lieux dont l’accès est soumis à la présentation du pass sanitaire provoque des remous. Qu’il s’agisse des politiques à l’Assemblée nationale ou de scientifiques, la mesure suscite des inquiétudes, à l’heure où certaines villes et certains départements commencent à imposer de nouveau le port du masque à l’extérieur.

    Une mesure incitative
    Pour Antoine Flahault, spécialiste des épidémies et de santé publique à l’université de Genève, en Suisse, ce décret incite à la vaccination : « Le gouvernement français entend favoriser les vaccinés. Ce décret va dans ce sens ». Après avoir indiqué, ce mercredi, à l’AFP, qu’avec des contrôles, le risque de transmission serait faible, le chercheur a précisé, sur Twitter, trois cas dans lesquels le masque doit être conservé : « En présence d’enfants de moins de 12 ans dans des lieux clos et mal ventilés. Ils ne sont pas vaccinés et donc à haut risque d’être contaminés. Il en est de même dès que des personnes vulnérables ou âgées de plus de 80 ans se trouvent dans des lieux clos ». Enfin, il prévient, en pleine montée du variant Delta : « Cette mesure doit s’accompagner de contrôles stricts et de sanctions en cas de manquement aux règles ».

    Responsabiliser les non-vaccinés
    Antoine Flahault balaie la question de la discrimination des non-vaccinés. Selon lui, le gouvernement les responsabilise : « Tous les scientifiques qui adossent leurs raisonnements sur les observations, par exemple celles venant de l’expérience israélienne ou britannique, estiment que l’on ne sortira pas de ce cauchemar sans vaccination massive. Sans la vaccination, nous assisterions à une hécatombe en France et dans tous les pays occidentaux. Grâce au vaccin, on échappe à ce que vivent certains pays d’Afrique, qui aimeraient disposer des doses que certains Européens refusent. Les Russes, peu enclins à se faire vacciner (moins de 25 % de personnes ont reçu au moins une dose), paient un très lourd tribut, avec près de 800 décès rapportés par jour depuis plusieurs semaines. Comment, au vu de ces différences, peut-on être réticent à la vaccination sûre et efficace qui est à la disposition de la population européenne gratuitement ? »

    Une réponse « proportionnée »
    Cette mesure, dévoilée après les annonces d’un durcissement des règles d’accès aux lieux publics, vise-t-elle à favoriser l’acceptabilité sociale des décisions prises pour freiner la propagation de la covid-19 ? Pour Antoine Flahault, « chacun est dans son rôle : les scientifiques débattent des données de la recherche et de l’observation de la situation épidémique et conseillent les autorités et la population, tandis que les politiques prennent des décisions intégrant les différents aspects du problème, dont les aspects scientifiques, mais pas seulement ceux-là. L’acceptation sociale est très importante à gagner et à conserver pour lutter contre cette pandémie. La réponse française me semble proportionnée. Elle tente à la fois de contrer la quatrième vague et de préserver l’été des Français et des nombreux Européens qui séjournent sur son territoire pour s’y reposer, après un hiver éprouvant ».

  • Épidémie de cas contacts au Royaume-Uni : le gouvernement pressé d’agir - Monde - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/monde/epidemie-de-cas-contacts-au-royaume-uni-le-gouvernement-presse-d-agir-2


    Alors que le gouvernement britannique a abandonné presque toutes les restrictions sanitaires, le nombre de cas positifs explose outre-Manche. Au point de menacer l’économie de paralysie…
    Photo AFP

    Supermarchés, transports et même police… L’épidémie de cas contacts menace de paralyser l’activité du Royaume-Uni, après l’abandon de presque toutes les restrictions sanitaires. En pleine explosion des contaminations, la pression monte sur le gouvernement pour assouplir les règles d’isolement.

    C’est une épidémie dans la pandémie, baptisée « pingdemic », jeu de mots entre « ping » (recevoir une notification de l’application de traçage) et « epidemic ». Alors que le nombre de cas positifs grimpe en flèche depuis plusieurs semaines, flirtant avec les 50 000 cas quotidiens, des centaines de milliers de cas contacts sont contraints de s’isoler durant dix jours, handicapant l’économie.

    600 000 notifications en une semaine
    Sur la seule semaine finissant le 14 juillet, plus de 600 000 notifications demandant de s’isoler ont été envoyées. Le Premier ministre, Boris Johnson, et le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, sont tous les deux en quarantaine.

    À la Une de presque toute la presse, jeudi, s’étalent des photos de rayons vides de supermarchés. Samedi, une ligne du métro de Londres avait dû être interrompue, faute de personnel suffisant. Certaines forces de police ont prévenu que les temps d’intervention seraient rallongés. À l’approche des vacances d’été, plus d’un million d’enfants ont aussi été forcés de s’isoler, contraignant leurs parents à rester chez eux.

    En cause : la flambée des contaminations alimentée par le très contagieux variant Delta au Royaume-Uni, l’un des pays d’Europe les plus touchés par le coronavirus avec presque 129 000 morts.

    Malgré cette nouvelle vague, le gouvernement a levé, lundi, presque toutes les restrictions sanitaires en place en Angleterre, abandonnant jusqu’à la distanciation et le port obligatoire du masque. L’avancée de la campagne de vaccination permet, pour l’heure, de limiter le nombre d’hospitalisations et de décès.

    Une situation « intenable »
    L’exécutif est désormais pressé d’agir rapidement, pour empêcher que cette « pingdemic » ne vire au chaos.

    La British Retail Consortium (BRC), fédération des distributeurs, l’a exhorté à assouplir les règles relatives aux cas contacts, dénonçant une situation « intenable », avec des magasins contraints de fermer ou réduire leurs heures d’ouverture, ou peinant à garnir les rayons.

    La chaîne de supermarchés Iceland a indiqué qu’elle devrait recruter 2 000 travailleurs temporaires pour pallier le manque d’effectifs. Son directeur général Richard Walker a toutefois appelé, sur la BBC, les clients à ne pas se livrer à des achats paniques, les rayons vides restant, selon lui, « des incidents isolés ».

    Les transporteurs routiers, centraux dans l’approvisionnement des magasins, ont également dit être confrontés à un manque de main-d’œuvre, accentuant une pénurie chronique attribuée pour partie au Brexit.

    Faisant délibérément fi des directives officielles, le distributeur Bidfood a appelé, jeudi, ses chauffeurs à continuer à travailler, même en cas de notification, moyennant un test PCR négatif.

    Liste « très limitée » d’exemptions
    Tout en appelant au respect des règles, le gouvernement a promis d’exempter certains travailleurs essentiels. Une liste « très limitée » sera publiée, jeudi, selon le ministre des Entreprises Kwasi Kwarteng, ce que l’exécutif excluait encore en début de semaine.

    C’est déjà le cas depuis lundi pour des employés vaccinés du service public de santé (NHS), « dans des circonstances exceptionnelles », à condition d’un test négatif.

    « Nous avons évidemment conscience de l’impact ressenti par certains secteurs et nous travaillons étroitement avec eux », a commenté un porte-parole de Boris Johnson, assurant qu’il n’y avait « pas de problème » en termes d’approvisionnements et que la chaîne logistique alimentaire était « résistante ». Il a souligné que l’isolement était un « outil très important » contre la covid-19.

    Ces précautions sont d’autant moins comprises que, à partir du 16 août, devrait être levée l’obligation de s’isoler pour les personnes totalement vaccinées.

    Mercredi, Boris Johnson s’était excusé auprès des entreprises pour les « désagréments » causés. Mais il a lui-même été accusé d’entretenir la confusion : cas contact de son ministre de la Santé, il comptait d’abord éviter l’isolement en participant à un programme pilote permettant de se tester quotidiennement. Il avait rapidement fait volte-face face au tollé.

    Selon de récents sondages YouGov, environ la moitié des Britanniques ne s’isoleraient pas en cas de test négatif après un contact avec un cas positif, et 10 % ont déjà supprimé l’application de traçage.