La fin du port du masque dans les lieux soumis au pass sanitaire fait débat - Coronavirus

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    La fin du port du masque dans les lieux dont l’accès est soumis à la présentation du pass sanitaire ne fait pas l’unanimité parmi les politiques et les épidémiologistes.
    Lionel Le Saux

    Un décret publié mardi au Journal Officiel autorise le public des lieux soumis à la présentation du pass sanitaire à ne pas porter de masque. L’épidémiologiste Antoine Flahault apporte son éclairage sur une décision controversée.

    Publié mardi, et confirmé par le ministre de la Santé, Olivier Véran, le décret qui autorise le public à se démasquer dans les lieux dont l’accès est soumis à la présentation du pass sanitaire provoque des remous. Qu’il s’agisse des politiques à l’Assemblée nationale ou de scientifiques, la mesure suscite des inquiétudes, à l’heure où certaines villes et certains départements commencent à imposer de nouveau le port du masque à l’extérieur.

    Une mesure incitative
    Pour Antoine Flahault, spécialiste des épidémies et de santé publique à l’université de Genève, en Suisse, ce décret incite à la vaccination : « Le gouvernement français entend favoriser les vaccinés. Ce décret va dans ce sens ». Après avoir indiqué, ce mercredi, à l’AFP, qu’avec des contrôles, le risque de transmission serait faible, le chercheur a précisé, sur Twitter, trois cas dans lesquels le masque doit être conservé : « En présence d’enfants de moins de 12 ans dans des lieux clos et mal ventilés. Ils ne sont pas vaccinés et donc à haut risque d’être contaminés. Il en est de même dès que des personnes vulnérables ou âgées de plus de 80 ans se trouvent dans des lieux clos ». Enfin, il prévient, en pleine montée du variant Delta : « Cette mesure doit s’accompagner de contrôles stricts et de sanctions en cas de manquement aux règles ».

    Responsabiliser les non-vaccinés
    Antoine Flahault balaie la question de la discrimination des non-vaccinés. Selon lui, le gouvernement les responsabilise : « Tous les scientifiques qui adossent leurs raisonnements sur les observations, par exemple celles venant de l’expérience israélienne ou britannique, estiment que l’on ne sortira pas de ce cauchemar sans vaccination massive. Sans la vaccination, nous assisterions à une hécatombe en France et dans tous les pays occidentaux. Grâce au vaccin, on échappe à ce que vivent certains pays d’Afrique, qui aimeraient disposer des doses que certains Européens refusent. Les Russes, peu enclins à se faire vacciner (moins de 25 % de personnes ont reçu au moins une dose), paient un très lourd tribut, avec près de 800 décès rapportés par jour depuis plusieurs semaines. Comment, au vu de ces différences, peut-on être réticent à la vaccination sûre et efficace qui est à la disposition de la population européenne gratuitement ? »

    Une réponse « proportionnée »
    Cette mesure, dévoilée après les annonces d’un durcissement des règles d’accès aux lieux publics, vise-t-elle à favoriser l’acceptabilité sociale des décisions prises pour freiner la propagation de la covid-19 ? Pour Antoine Flahault, « chacun est dans son rôle : les scientifiques débattent des données de la recherche et de l’observation de la situation épidémique et conseillent les autorités et la population, tandis que les politiques prennent des décisions intégrant les différents aspects du problème, dont les aspects scientifiques, mais pas seulement ceux-là. L’acceptation sociale est très importante à gagner et à conserver pour lutter contre cette pandémie. La réponse française me semble proportionnée. Elle tente à la fois de contrer la quatrième vague et de préserver l’été des Français et des nombreux Européens qui séjournent sur son territoire pour s’y reposer, après un hiver éprouvant ».