« C’est la seule manière de rendre visibles tous ces sans-abri »

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  • Place des Vosges, à Paris, un campement de SDF : « C’est la seule manière de rendre visibles tous ces sans-abri »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/07/29/mal-logement-400-personnes-sans-abri-campent-place-des-vosges-a-paris_608993

    Soutenues par le collectif Réquisitions, de nombreuses familles sans domicile réclament un hébergement pérenne.

    Environ 400 personnes – femmes, enfants, hommes, avec valises, sacs à dos et poussettes – ont paisiblement occupé, jeudi 29 juillet, la place des Vosges, haut lieu touristique de la capitale. En quelques secondes, ces familles sans abri ont déployé 300 tentes multicolores sorties de l’arrière d’une camionnette et accroché des banderoles aux grilles et aux branches des arbres. Sur l’une d’elles, on pouvait lire « Compter c’est bien, réquisitionner pour loger c’est mieux » (allusion à l’opération annuelle de comptage des sans-abri qui dorment dans la rue), et, sur une autre, « 3 millions de logements vides, la réquisition c’est la loi ».

    Parmi eux, Antony, la trentaine. En rupture avec sa famille, il vit dans la rue depuis qu’il a été licencié de son poste d’agent de nettoyage. Il y a là aussi Nathalie, 36 ans, venue de Côte d’Ivoire, et qui vit depuis trois mois avec son compagnon dans les gares et les parcs parisiens. Elle avoue n’avoir eu de vrai repos que lorsqu’elle s’est fait hospitaliser pour le suivi de sa grossesse. Présents également plusieurs jeunes Afghans : des primo-arrivants qui ont fui leur pays devant l’avancée des talibans.

    L’année 2020 particulièrement dure

    L’opération menée place des Vosges a été préparée par le collectif Réquisitions, qui réunit Droit au logement, Enfants d’Afghanistan et d’ailleurs, Utopia 56, le Collectif Tchadien·ne·s et Soudanais·es en France, Paris d’exil, Solidarité migrants Wilson et la Coordination 75 des sans-papiers. Ce collectif en est à son septième campement, depuis sa création, en décembre 2020, et il a permis à 3 000 personnes de trouver un toit. « C’est la seule manière de rendre visibles tous ces sans-abri éparpillés dans la région Ile-de-France, où les hébergements sont saturés, et [où] seulement la moitié des demandeurs d’asile [sont] pris en charge , plaide Yann Manzi, d’Utopia 56. L’année 2020 a, pour eux, été particulièrement dure, avec beaucoup de répression, et il n’y a pas de volonté politique de régler ce problème. Et qu’on ne nous dise pas qu’il n’y a pas de place : il y a 400 000 logements vides en Ile-de-France. »

    #logement #campement #luttes