• Blanquer : un champion des affichages pour l’Ecole
    https://blogs.mediapart.fr/claude-lelievre/blog/300821/blanquer-un-champion-des-affichages-pour-lecole

    Après la décision de principe dans la loi de février 2019 de l’affichage dans chaque classe des drapeaux tricolore et européen, de la devise de la République et des paroles de la Marseillaise, une autre campagne d’affichage doit s’ouvrir en cette rentrée dans les établissements scolaires : huit affiches censées promouvoir la laïcité à déployer.

    Comme il est écrit dans « L’Humeur du jour » du 28 août de Télérama, « la campagne de communication sur la laïcité, lancée dès la rentrée par le ministre de l’Education nationale, témoigne d’une dangereuse confusion abondamment moquée sur les réseaux sociaux. Huit affiches, déployées dans les établissements scolaires et sur Internet montrent des élèves de tous âges dans diverses situations (piscine, salle de classe, récréation...) avec un slogan : ’’c’est ça la laïcité’’, repris et accolé à des prénoms soulignant la diversité des visages montrés- des enfants blancs avec d’autres qui ne le sont pas. D’abord on ne voit pas bien en quoi la laïcité ’’permet’’ à Milhan et Aliyah de ’’rire des mêmes histoires’’ ou à Inès, Lenny, Simon et Ava ’’d’être ensemble’’. Ensuite l’assignation de religions supposées à des prénoms (car la laïcité concerne bien la religion et non les origines !) pose un sérieux problème. Enfin cette campagne n’évoque pas explicitement la neutralité de l’Etat et de ses agents, la liberté de croyance et de pratique, le respect des convictions, pourtant principes fondamentaux de la laïcité »

    En réalité, cette campagne d’affichage ne s’adresse pas vraiment aux élèves (car ils ne pourront pas y comprendre grand chose) mais aux adultes, plus précisément aux électeurs.
    C’est une campagne foncièrement politicienne, à l’instar de celle qui a déjà eu lieu au moment du vote de la loi « Pour une école de la confiance »...

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/27/une-campagne-du-gouvernement-pour-promouvoir-la-laicite-a-l-ecole-fait-debat

    • « Le sous-texte, c’est que la laïcité est faite pour corriger les défauts des élèves de culture et de confession musulmanes. » Jean-Louis Bianco réagit à la campagne islamophobe de l’EN.
      https://www.humanite.fr/la-laicite-cest-lunite-des-citoyens-dans-la-diversite-jean-louis-bianco-rea

      Jean-Louis Bianco : Ces images sont hors sujet. Nulle part il n’est question de ce qu’est la laïcité, à savoir la neutralité des services et des institutions publics, la séparation des Églises et de l’État et la liberté de conscience. Nager ensemble dans la piscine ou lire ensemble le même livre, comme le font les enfants dans cette campagne, ça n’a rien à voir avec la laïcité, dont la définition n’est donnée nulle part. Par ailleurs, c’est le ministère de l’Éducation qui lance cette opération, et on ne comprend pas pourquoi on ne nous montre que des enfants, alors que c’est aussi aux enseignants que s’imposent des obligations en matière de laïcité, en particulier le devoir de neutralité. On ne les voit pas alors que ce sont eux, avec l’ensemble des personnels de l’éducation nationale, qui transmettent les principes et les valeurs.

      #paywall

    • Les prénoms de la laïcité, ou comment cacher l’islamophobie
      http://imagesociale.fr/10028

      Le système éducatif français est notoirement inégalitaire. Sur 13 millions d’élèves, quelque 17% sont scolarisés dans l’enseignement privé, à 95% catholique. Un service payant, subventionné par l’Etat, qui accueille majoritairement les enfants des classes moyennes et supérieures. Fermant les yeux sur cette division simultanément sociale et confessionnelle, le ministère de l’Education nationale a lancé fin août une campagne vantant l’intégration de la minorité musulmane. Fidèle à la vision néoconservatrice de la mise au pas de l’ennemi intérieur, une série de 8 visuels associe des jeunes dont l’identité ethno-culturelle est signifiée par l’association du prénom et de la couleur de peau, avec un slogan qui vante l’égalitarisme du système scolaire.

      Mais l’égalité promue par la campagne n’est pas l’égalité homme-femme, ni même l’égalité des chances, supposée remédier aux inégalités sociales. Symptomatique de la droitisation du paysage politique, ces objectifs sont ici remplacés par l’emblème du paternalisme français : la « laïcité », qui permet d’évacuer la promesse républicaine au profit d’une grille de lecture religieuse. A l’opposé de la laïcité inclusive de 1905, la laïcité suprémaciste des lois sur le voile ou de la loi « séparatisme » est un instrument de stigmatisation des minorités issues de l’immigration, qui prolonge les logiques coloniales de hiérarchisation des populations en fonction de leur origine. Vivement critiquée dès son lancement pour son caractère raciste, la campagne du ministère de l’Education nationale affiche en effet de manière transparente la trahison de l’idéal républicain, où l’islamophobie devient le principal ciment de l’unité nationale. Confirmation du malaise : les visuels ont été depuis retirés du site du ministère.

      Comme tout énoncé raciste, les images de la campagne s’appuient sur une forte dimension implicite. Derrière l’apparence d’un melting-pot souriant, que l’on pourrait lire comme un éloge de la diversité d’inspiration antiraciste, le mot-clé « laïcité » donne le mode d’emploi de l’organisation des signes. « Le sous-texte, c’est que la laïcité est faite pour corriger les défauts des élèves de culture et de confession musulmanes » explique Jean-Louis Bianco, ancien président de l’Observatoire de la laïcité, supprimé par le gouvernement pour sa fidélité à l’esprit de 1905. Un siècle plus tard, la laïcité suprémaciste suggère en effet d’interpréter les affiches en cherchant les marques d’une opposition basée sur l’appartenance ethno-culturelle...

  • Escroqueries, fraudes aux prestations… Le désarroi de la justice face à la délinquance économique et financière
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/24/escroqueries-fraudes-aux-prestations-le-desarroi-de-la-justice-face-a-la-del

    « L’absence de volonté politique pour renforcer la lutte contre la délinquance économique et financière s’explique sans doute par le souci des parlementaires de se protéger mutuellement », affirme sans hésiter l’un des participants à cette réunion. « Les conséquences sont dévastatrices pour le pacte social et la confiance dans les institutions. Tout l’entourage et les voisins des escrocs savent bien que ce train de vie qu’ils étalent est le fruit d’infractions impunies », poursuit-il. Côté police, on reconnaît que les dossiers politico-financiers font peur aux enquêteurs. « On se retrouve avec les avocats les plus durs, et la moindre erreur est lourde de conséquences », raconte le major.

    « Sur les six premiers mois de 2021, mes saisies ont déjà rapporté 5 millions d’euros à l’Etat. Malgré cela, on me refuse une carte mémoire à 40 euros pour mon ordinateur. Avec un peu de moyens en plus, on pourrait rapporter un argent dingue à l’Etat », affirme Mme Cackel. Selon les policiers lillois, les infractions les plus en vogue et qui rapportent le plus sont celles contre les dispositifs de solidarité et d’aides publiques, les escroqueries aux prêts immobiliers et au leasing de voitures, ou les faux ordres de virement bancaire.

    Une fraude facile et peu risquée au point que « des délinquants roubaisiens qui étaient dans les stups ou les casses se sont reconvertis », affirme la vice-procureure. Les braquages de distributeurs de billets n’ont plus la cote.

    #Justice_financière #Justice_de_classe

  • Vaccination et fake news : le CNRS dénonce les abus - Le Point
    https://www.lepoint.fr/sante/vaccination-et-fake-news-le-cnrs-denonce-les-abus-24-08-2021-2439996_40.php


    Ouais, c’est Le Point… C’est dire si c’est le brun !

    Le problème de la désinformation sur la vaccination agite les hautes sphères scientifiques. Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a exigé mardi, dans un communiqué, le respect des règles de déontologie par des scientifiques s’exprimant, sans compétences particulières, sur le sujet de la vaccination contre le Covid. Cette déclaration fait suite aux appels de sociologues et de citoyens exigeant du CNRS une réaction ferme aux propos du sociologue Laurent Mucchielli qui avait affirmé que la vaccination contre le Covid-19 était à l’origine d’une « mortalité inédite » en France. Le CNRS « déplore les prises de position publiques de certains scientifiques, souvent plus soucieux d’une éphémère gloire médiatique que de vérité scientifique, sur des sujets éloignés de leurs champs de compétences professionnelles comme sur la vaccination contre le Covid ».

  • Covid-19 : le défi de la vaccination des plus démunis
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/24/covid-19-le-defi-de-la-vaccination-des-plus-demunis_6092166_3224.html

    Covid-19 : le défi de la vaccination des plus démunis
    Aller à la rencontre des publics précaires là où ils sont. Là où ils passent. Là où « ils se sentent en confiance », lance Nicole Verdié, responsable du service d’aide à la personne des Restos du cœur de Haute-Garonne. Depuis le début de l’été, les associations qui viennent en aide aux plus démunis profitent des opérations de distribution de colis alimentaires pour les renseigner sur la vaccination contre le Covid-19 et les aider à la prise de rendez-vous. Ici, au centre Grande-Bretagne des Restos, au sein du quartier Casselardit, à Toulouse, tout le monde l’appelle Marie-Do. Un petit gabarit de 1,52 mètre, Marie-Dominique Schadle, ex-infirmière de 75 ans qui cavale avec l’énergie d’une jeune fille, un sac « Flower Happy Summer » à l’épaule, une boîte à chaussures sous le bras. Le sac est rempli de masques qu’elle distribue à tous les bénéficiaires – « On vient de recevoir plusieurs cartons pour adultes, dit-elle, mais pas pour les enfants, c’est dommage, c’est bientôt la rentrée scolaire » – ; la boîte contient des petites plaques de couleur avec des numéros gravés dessus, qui déterminent l’ordre de passage pour pouvoir remplir son chariot.C’est Marie-Do, bénévole aux Restos depuis douze ans, qui accueille les hommes et les femmes qui se présentent à la porte en ce matin du vendredi 20 août, elle qui pose la question du jour : « Etes-vous vacciné ? » Puis, une seconde, en cas de réponse négative : « Voulez-vous vous faire vacciner ? » « Non ! », répond prestement Ahmed, 47 ans, au chômage. Ahmed est d’humeur un peu râleuse. Il a trop chaud, il veut attendre son tour à l’ombre et il ne veut pas du vaccin. Il « attend ». Il ne sait pas ce qu’il attend, mais il attend. « P’t-être que oui, je le ferai, p’t-être que non, p’t-être à la fin du mois d’août », lâche-t-il, un brin sur la défensive. Marie-Do n’insiste pas. « On ne les oblige pas, ils font ce qu’ils veulent, souligne-t-elle. Beaucoup s’inquiètent de savoir s’ils pourront continuer à venir aux Restos s’ils ne sont pas vaccinés. Je leur dis que, pour l’instant, oui, mais qu’on ne sait jamais. En tout cas, je ne fais pas de chantage. »
    Dans le petit jardin de la cour intérieure du bâtiment qui abrite l’association, Raphaële Valsangiacomo et Hassan Ayeva, conseillers mission accompagnement santé de l’Assurance-maladie (CPAM) du département, ont installé deux tables, deux ordinateurs et une affiche : « Prise de rendez-vous vaccination anti-Covid ». Il y a quelques jours, les bénévoles y ont retrouvé une inscription au stylo-bille vert : « On n’est pas des cobayes. » C’est la troisième opération de ce type depuis le 16 juillet au centre Grande-Bretagne, qui compte 355 familles inscrites. Ce programme, mis en place depuis le mois de juin dans une cinquantaine de départements en partenariat avec la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), fait partie des dispositifs « aller vers » destinés à toucher les personnes les plus éloignées des soins, et donc de la vaccination. Sans papiers, sans domicile fixe, sans emploi, sans carte Vitale, sans numéro de Sécurité sociale… « Nous mettons tout en œuvre pour que l’inégalité d’accès aux soins ne se reproduise pas une nouvelle fois », explique Patrice Douret, le président des Restos du cœur, qui comptent 2 000 centres en France métropolitaine et en Corse. L’homme fait référence aux populations précaires qui ont enregistré des taux de surmortalité supérieurs à la moyenne depuis le début de la pandémie. « Dès le départ, ils ont été très nombreux à nous faire part de leur difficulté à comprendre ce qu’est le vaccin », poursuit-il. Problèmes de langue, fracture numérique, réticences de fond… Les raisons pour lesquelles ils ne sont pas vaccinés sont multiples. « Beaucoup de gens sont méfiants, ils entendent beaucoup de choses, confirme Véronique Fréchin, responsable de l’action sociale de l’Assurance-maladie de Haute-Garonne. Mais on ne manie pas la trique. Nos conseillers sont là pour transmettre une information. »
    Ouafaa, 26 ans, et son mari, Rabah, habitent depuis deux ans dans un hôtel d’hébergement d’urgence, près de l’aéroport de Blagnac. Originaires d’Algérie, ils ont deux filles, pas de papiers, pas d’ordinateur et un seul téléphone portable pour toute la famille. « On m’a dit que le vaccin, c’était bien pour éviter le Covid, mais on ne savait pas comment prendre un rendez-vous », explique la jeune femme, dans un français rudimentaire. Enceinte, elle ignore également s’il est indiqué de recevoir la première dose. « Suivez l’avis de votre médecin, recommande Hassan Ayeva. Et, si ça peut vous rassurer, vous pourrez également poser la question à un médecin au centre de vaccination. » lbanais, arabe, russe… Les deux conseillers de l’Assurance-maladie et Marie-Do sont des habitués de Google Translate. Ainsi, quelques minutes plus tard, avec deux femmes albanaises. « Data e lingjes [“date de naissance”] », leur demande Raphaële Valsangiacomo, en leur montrant simultanément l’écran de son ordinateur. Un exercice difficile. Quelques minutes plus tard, un couple originaire du Maghreb se présente devant les conseillers de la CPAM. Ils ne parlent pas français, mais on comprend que la peur du gendarme les avait jusqu’ici empêchés de prendre rendez-vous. Ils sont en situation irrégulière, ils n’ont pas de papiers, pas d’assurance-santé, ils étaient convaincus qu’ils n’y avaient pas droit. « Grâce à nos créneaux prioritaires, on peut leur proposer des dates très rapidement, se félicite Hassan Ayeva. Si on leur donne un rendez-vous dans plusieurs semaines, ils n’iront pas, beaucoup sont en situation de grande précarité, ils ne savent pas où ils seront dans quinze jours. »
    Un processus rapide, efficace aussi avec les plus réticents. Ahlem, caissière de supermarché âgée de 28 ans, pensait que le vaccin était payant. Mais pas seulement. « On ne sait pas trop ce qu’il y a dans ces trucs-là, les effets secondaires, les effets sur le long terme… », explique-t-elle. Mais voilà, elle reprend le travail dans quelques jours. « Je vais croiser 1 000 personnes par jour, je me dis que je n’ai plus trop le choix », conclut-elle. Samson, originaire du Nigeria, ne parle pas un mot de français, il communique en anglais. Accompagné de ses deux jeunes enfants, Marvelous et Precious, il est convaincu que la loi l’y contraint. Aïcha, elle aussi se sent un peu « obligée ». « J’étais pas trop sûre, même les personnels de santé refusent de se faire vacciner, mais avec l’école, les centres commerciaux… Il faut le passe sanitaire… alors bon… » « Sans vaccin, je ne suis pas libre », estime pour sa part Chahinez, 33 ans, originaire d’Algérie. Sur les 1 400 personnes venues chercher des colis dans les différents sites de distribution alimentaire en Haute-Garonne, plus de 200 ont pris un rendez-vous vaccination au cours de la dizaine d’opérations menées entre les mois de juin et août. L’Assurance-maladie du département s’est également associée au Secours catholique, au Forum des réfugiés, à Médecins du monde ou encore à l’université fédérale de Toulouse.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#inegalite#vaccination#inclusion#systemesante#accessante#precarite#sensiblisation

  • « Blanquer dévoile enfin le protocole sanitaire qu’il devait annoncer début juillet mais pour en prendre connaissance, il faut être abonné au JDD.
    Le mépris…
    #BlanquerDemission »

    ABONNÉS - Présence dans les classes, campagne de vaccination, tests... Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dévoile le protocole qui s’appliquera en septembre dans les établissements scolaires. « Il n’y aura pas de passe sanitaire à l’école », insiste-t-il.

    « Touche pas à mes enfants ! » Le slogan s’est affiché, samedi, sur des pancartes lors des rassemblements anti-passe sanitaire. Les manifestants étaient 175.503 dans plus de 200 villes, selon le ministère de l’Intérieur (214.845 la semaine passée). Certains s’opposent aussi à la vaccination des 12-17 ans, dont ils craignent qu’elle s’étende aux plus jeunes. Les adolescents, pourtant, répondent présent : plus de 55% d’entre eux ont reçu au moins une dose, comme plus de 70% de la population. De quoi permettre au ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, de s’afficher serein, malgré l’intense circulation du variant Delta qui pèse sur le retour en classe, le 2 septembre, de plus de 12 millions d’élèves. C’est donc, annonce-t-il, au niveau 2 du protocole sanitaire que se fera la rentrée, sans cours à distance.

    Le protocole prévoit quatre niveaux d’alerte en fonction du contexte sanitaire et autant de scénarios. Lequel va s’appliquer à la rentrée ?

    L’évolution de la situation sanitaire nous conduit à retenir le niveau 2, celui qui nous permet d’avoir la rentrée la plus normale possible, avec les élèves en classe, tout en préservant la santé de chacun. Ce protocole s’appuie sur des mesures sanitaires qui ont fait leurs preuves – comme les gestes barrière, le nettoyage des locaux, la stratégie « tester, alerter, protéger » – auxquelles s’ajoute désormais la vaccination dès l’âge de 12 ans. Nous ne disposions pas de cet atout lors de la précédente rentrée, qui s’était d’ailleurs bien passée. J’ai écouté les organisations syndicales cette semaine et nous continuons à dialoguer sur tous les enjeux de mise en œuvre. Par exemple, nous avons encore modifié le protocole samedi, pour interdire les sports de contact à l’intérieur au niveau 2.

    Pour l’instant, les conditions de la rentrée seront identiques partout en métropole

    Y aura-t-il des adaptations locales ?

    La situation est grave aux Antilles et pourrait le devenir en Guyane : nous prendrons la semaine prochaine des mesures spécifiques, qui pourraient aller au-delà du niveau 4. A la Réunion, nous avons pu faire la rentrée au niveau 2 et les retours sont positifs. Le gouvernement polynésien, compétent en la matière, a pris samedi la décision de fermer les écoles, collèges et lycées dans le cadre d’un confinement général dû à la situation sanitaire très dégradée. En métropole, on se réserve la possibilité d’adapter le protocole à l’échelle locale, s’il y avait des évolutions qui le justifiaient mais, pour l’instant, les conditions de la rentrée seront identiques partout.

    Sur quels critères vous appuyez-vous ?

    Nous prenons en compte les indicateurs généraux de l’épidémie établis par les autorités de santé, comme le taux d’incidence ou la pression hospitalière, mais aussi des éléments propres à l’Education nationale, comme le taux de vaccination des adultes et des élèves. Nos enquêtes indiquent que la très grande majorité des enseignants s’est déjà fait vacciner, au-delà même des résultats observés dans l’ensemble de la population ! Et plus de 55% des 12-17 ans ont déjà reçu au moins une dose, alors qu’on partait de presque zéro au début des vacances d’été. C’est encourageant. Ce mouvement va se poursuivre puisque nous lançons une

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    https://twitter.com/realmarcel1/status/1429388446234259457

    • En cas de contamination dans une classe, la période d’isolement de sept jours ne sera pas requise pour les élèves vaccinés, « la même règle que pour le reste de la population », a expliqué le ministre.

      Extrait de La Dépêche. Publié le 22/08/2021 à 08:40 , mis à jour le 23/08/2021 à 06:39

      Faisant fi de toutes les informations délivrées par les autorités médicales les plus éminentes, Blanquer n’a pas encore fini de creuser.

      Je passe sur la vacuité de ce genre d’articles qui reprennent en les tronquant les propos d’autres organes de presse, ce qui fait que, si tu veux une info à peu près fiable, et bien tu passes à la caisse ...

      #business_as_usual

    • Rentrée scolaire et protocole contre le Covid-19 : des précisions et des questions

      Le ministre Jean-Michel Blanquer a précisé les règles dans le « Journal du dimanche ». Les syndicats dénoncent des mesures trop peu strictes, en particulier à l’école primaire.

      Emmanuel Macron l’avait pressé de réexpliquer clairement les conditions sanitaires de la rentrée scolaire auprès des enseignants et des parents. Jean-Michel Blanquer n’a pas attendu sa conférence de rentrée, prévue jeudi 26 août, pour faire de la pédagogie. Accueil de tous les élèves, port du masque obligatoire en intérieur, limitation du brassage… le ministre de l’éducation a donné, dans les colonnes du Journal du dimanche (JDD) du 22 août, des précisions sur le protocole sanitaire en vigueur à la rentrée du 2 septembre.
      Comme on pouvait s’y attendre, c’est le « niveau 2 » (sur quatre) du protocole diffusé fin juillet qui a été retenu pour la France métropolitaine : les élèves vont en classe tous les jours en effectifs complets, continuent à porter le masque à l’intérieur et à respecter les gestes barrières et le non-brassage entre les niveaux scolaires. En intérieur, les enseignants d’EPS sont invités à éviter les sports « de contact », a précisé le ministre.
      Si des ajustements seront possibles en fonction des situations locales, ce niveau d’alerte est « celui qui nous permet d’avoir la rentrée la plus normale possible, avec les élèves en classe, tout en préservant la santé de chacun », a insisté Jean-Michel Blanquer. Le ministre le martèle : « Il n’y aura pas de passe sanitaire à l’école. »

      Sur la gestion des cas positifs et des cas contacts, à l’école primaire, le protocole reste le même qu’en 2020 : un cas de Covid-19 entraîne la fermeture de la classe. En juillet, le ministre avait créé la surprise en annonçant sur France Info que les élèves non-vaccinés des collèges et lycées seraient « évincés » si un élève était testé positif dans leur classe, laissant penser que tous les élèves non-vaccinés seraient renvoyés chez eux. « Il n’a jamais été question de renvoyer tout le monde, seulement les contacts à risque », assure aujourd’hui son entourage. Par opposition au terme « évincés », qui avait choqué, Jean-Michel Blanquer a indiqué que « le mot le plus adapté était “protégés”. Un élève non vacciné est dans une situation plus risquée qu’un élève qui a reçu au moins une injection ».

      Attestation des parents

      Autre précision importante : contrairement à ce qui a circulé cet été, les élèves de 6e sont bien soumis au même protocole que les autres collégiens lorsqu’un cas se déclare dans leur classe. Mais, à la différence de leurs camarades de plus de 12 ans autorisés à se faire vacciner, ils ne peuvent donc faire jouer leur certificat de vaccination pour revenir plus vite de l’isolement réglementaire de sept jours.

      Sur la question sensible du statut vaccinal des élèves, Jean-Michel Blanquer a donné une précision de taille : les enfants considérés comme cas contacts pourront revenir en classe avant les sept jours sur la foi d’une attestation des parents. Ceux-ci « seront libres de dire si leur enfant est vacciné ou non, mais cela relève de la responsabilité individuelle », tranche le ministre. Les autorités sanitaires pourront, le cas échéant, vérifier que les familles des enfants cas contacts disent vrai.

      Le choix du principe déclaratif pose cependant des questions, car il s’appuie sur la bonne volonté des parents – qui seront parfois sans solutions pour faire garder leurs enfants. « Les familles pourront être tentées de renvoyer leur enfant en classe par tous les moyens, s’inquiète Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du syndicat SGEN-CFDT. Surtout s’il n’y a aucune prise en charge au niveau des salariés contraints de garder leurs enfants chez eux. »

      D’autres précisions étaient très attendues, à dix jours de la rentrée : les enfants non-vaccinés pourront bien participer aux sorties scolaires, sauf lorsqu’ils seront mélangés avec d’autres publics dans des lieux où le passe sanitaire est en vigueur, comme les musées ou les cinémas. Le cas échéant, les élèves non-vaccinés devront faire un test – qui sera bientôt payant, même si le ministre assure qu’il donnera sous peu des précisions pour garantir « le principe de gratuité ».

      « Talon d’Achille »

      Le choix du « niveau 2 » était questionné, dimanche soir, par les acteurs de l’école, qui redoutent une « dégradation rapide » de la situation après la rentrée.

      « Ce protocole n’est pas à la hauteur du risque, juge Guislaine David. Très vite, les classes vont recommencer à fermer, car la circulation virale à l’école primaire sera importante. » La syndicaliste, secrétaire générale du SNUipp, est signataire d’une tribune collective de médecins et de professionnels de l’éducation, parue dans Le Monde le 19 août https://seenthis.net/messages/926512 . Ce texte alerte sur la faiblesse des protocoles envisagés par l’éducation nationale face à un variant Delta « circulant intensément parmi les enfants et les adolescents » – eux qui resteront le dernier réservoir de non-vaccinés, puisque les enfants de moins de 12 ans n’y ont pas accès.

      Selon des projections de l’Institut Pasteur, les enfants et les adolescents pourraient représenter la moitié des contaminations au mois de septembre. Interrogé sur cette tribune, Jean-Michel Blanquer réfute l’idée que l’école serait le « talon d’Achille » de la gestion de crise. « Il est faux de dire que le milieu scolaire serait plus propice qu’un autre à la diffusion du virus », assure-t-il au JDD.

      D’autres points restent en suspens. Si le « maintien des mesures renforcées d’aération » est prévu dans le protocole sanitaire, ces outils sont aujourd’hui simplement « recommandés ». Médecins et enseignants ont donné l’alerte à ce sujet dans la tribune du 19 août : « La recommandation d’équiper les établissements de détecteurs de CO2 ne peut suffire : cela doit être la règle. » Jean-Michel Blanquer assure vouloir les « généraliser », y compris en aidant les collectivités qui souhaitent s’équiper rapidement.

      « L’Etat doit accompagner les communes »

      Le sujet est source de tensions depuis plusieurs mois. « Les communes ne sont pas en capacité de financer ces appareillages pour l’ensemble de leurs classes, affirme Delphine Labails, maire socialiste de Périgueux et responsable des questions scolaires à l’Association des maires de France. L’Etat doit nous accompagner. Nous avons déjà fait cette demande en mars, sans succès. » Certaines municipalités n’attendent pas une éventuelle obligation. A Cannes (Alpes-Maritimes), le maire (Les Républicains) David Lisnard a, par exemple, annoncé début août vouloir équiper les 230 classes de sa commune en capteurs de CO2 et purificateurs d’air.

      Reste enfin la question des tests, dont le ministre assure qu’ils seront de nouveau déployés à la rentrée, à hauteur de 600 000 par semaine. Ils sont peu pratiqués par les adolescents, invités à s’auto-tester au lycée – on rapportait des taux d’acceptation de 20 % au printemps. « Il faut être raisonnables sur les volumes, s’inquiète Bruno Bobkiewicz, secrétaire national du Snpden-UNSA et proviseur à Vincennes (Val-de-Marne). J’ai des tests de l’année dernière plein mes armoires. »

      Les familles des enfants plus jeunes n’étaient, quant à elles, que 70 % à approuver les tests salivaires au printemps, et les directeurs d’école ont maintes fois rappelé les lenteurs de leur déploiement. Les tests arrivaient souvent plusieurs jours – voire jamais – après la détection de cas de Covid-19 dans une école. Selon le JDD, le conseil scientifique aurait alerté le gouvernement sur l’importance des tests à l’école – qui peuvent permettre, aussi, de n’isoler que les enfants infectés.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/23/rentree-scolaire-jean-michel-blanquer-donne-les-derniers-ajustements-du-prot

      #enfants #école #crise_sanitaire

    • Le coup de la déclaration volontaire des parents, plutôt que le passe sanitaire (qui existe déjà, ma grande a un QR code à elle depuis qu’elle est vaccinées), ces gens sont les rois pour se tirer une balle dans le pied à chaque occasion… Les communicants ont bien appris à Macron qu’il faut expliquer que le passe sanitaire, c’est le contraire de la fermeture, puisqu’il s’agit de pouvoir reprendre une forme de vie sociale grâce à lui, et v’là que le ministre de l’EN, pour faire plaisir aux paranoïaques, reconnaît que non non, pas de passe sanitaire à l’école, on va faire confiance aux gens.

      À l’inverse, truc rigolo : l’école reste obligatoire pour les enfants jusqu’à 16 ans. Donc si la classe n’est pas fermée pour elle et que moi je décide de ne pas la mettre à l’école pendant les 10 jours qui suivent un cas déclaré dans sa classe, bien qu’elle soit vaccinée, c’est moi qui me met dans l’illégalité…

    • Quand ça veut pas, ça veut pas, les aérosols ça n’existe pas…

      En intérieur, les enseignants d’EPS sont invités à éviter les sports « de contact », a précisé le ministre.

      (Question encore : est-ce que j’ai le droit de dire à ma gamine qu’elle doit refuser de faire du sport en intérieur au collège, ou bien on va se cogner une enquête pour radicalisation islamique… ?)

  • Manifestations contre le passe sanitaire : sixième samedi de mobilisation
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/21/sixieme-samedi-de-mobilisation-pour-les-opposants-au-passe-sanitaire_6091988

    Selon les estimations d’une source policière, entre « 170 000 et 220 000 » personnes devraient manifester. Samedi 14 août, le ministère de l’intérieur avait recensé 214 845 manifestants sur tout le territoire, un chiffre en légère baisse par rapport à la semaine précédente. De son côté, le collectif militant Le Nombre jaune, qui publie un décompte ville par ville, avait dénombré 388 843 participants, en légère baisse par rapport aux 415 000 du samedi précédent.

  • Le brillant inspecteur des finances fraudait le fisc
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/20/le-brillant-inspecteur-des-finances-fraudait-le-fisc_6091902_3224.html

    Six mois après le décès du #banquier d’affaires Jean-Marc Forneri, deux de ses complices ont été condamnés pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale ».

    Le temps long nécessaire aux enquêtes judiciaires internationales permet parfois de préserver les nécrologies de quelques épisodes peu flatteurs. Jean-Marc Forneri, grand banquier d’affaires et patron du grand #port maritime de #Marseille, est décédé brutalement à l’âge de 61 ans, le 28 décembre 2020. Il a échappé au procès qui l’attendait pour fraude fiscale et blanchiment.

    Ce volet sombre de la vie du brillant énarque, inspecteur des finances passé par le cabinet d’Edouard Balladur au ministère des finances en 1987, sur lequel le Parquet national financier enquêtait depuis 2015 en toute discrétion, n’aurait jamais été ébruité si deux de ses complices n’avaient pas été condamnés, le 24 juin, pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale ».

    A lire le jugement de la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris, M. Forneri, contre lequel l’action publique était éteinte du fait de son décès, avait organisé, notamment au moyen de sociétés-écrans aux Bahamas, la dissimulation d’une partie de ses revenus et de son patrimoine pour minorer ses impôts sur le revenu et sur la fortune. Une perquisition à son domicile en mars 2017, une demande d’entraide judiciaire adressée au Royaume-Uni en 2016 et trois demandes d’entraide adressées à la justice des Bahamas en 2016 et 2017 auront été nécessaires pour découvrir de nombreux comptes bancaires offshore ayant permis de blanchir 6,6 millions d’euros de #fraude_fiscale depuis 2005. Le tribunal décrit par le menu les « procédés frauduleux incontestablement mis en place de manière volontaire par M. Forneri pour dissimuler son patrimoine et blanchir ses revenus non déclarés ».

    • Départ du chef de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie, condamné pour violences conjugales
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/20/depart-du-chef-de-la-gendarmerie-de-nouvelle-caledonie-condamne-pour-violenc

      Jeudi, plusieurs élus avaient interpellé Gérald Darmanin pour obtenir le remplacement du haut gradé qui avait été promu malgré sa condamnation.
      Le Monde avec AFP

      Le nouveau commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie, Eris Steiger, dont des élus avaient demandé le départ après la révélation par Mediapart de sa condamnation en 2020 pour violences conjugales, a été relevé de ses fonctions, a annoncé vendredi 20 août le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.

      Après un entretien avec le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) Christian Rodriguez, « le colonel Steiger a choisi de demander à être relevé de ses fonctions en Nouvelle-Calédonie », écrit Beauvau dans un communiqué. Gérald Darmanin « a pris acte de cette décision » et un nouveau commandant sera « prochainement désigné », poursuit le texte.

      Promu après sa condamnation
      Jeudi, plusieurs élus avaient interpellé Gérald Darmanin pour obtenir le remplacement du haut gradé, lui rappelant qu’il avait récemment assuré que « tout gendarme condamné pour violences conjugales ne devait plus être en contact avec le public ».

      Ces réactions faisaient suite à la révélation, mercredi, par le site d’information Mediapart qu’Eric Steiger avait été nommé commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie le 8 juillet, quelques mois à peine après avoir été condamné en appel pour violences physiques et psychologiques contre son épouse.
      Ce colonel de 48 ans s’était vu infliger en première instance, en février 2020, six mois de prison avec sursis pour des violences commises entre novembre 2017 et juin 2018, avant de voir sa peine réduite en appel à 6 000 euros d’amende par la cour d’appel de Paris.

  • Loi anti-squat : un premier bilan encourageant [pour les propriétaires], Le Monde de la rente
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/05/loi-anti-squat-un-premier-bilan-encourageant_6090571_3224.html

    Le propriétaire d’une maison à Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes) reprend possession des lieux après un squat, le 10 septembre 2020. PATRICE LAPOIRIE / NICE MATIN / MAXPPP

    Une procédure accélérée et étendue aux résidences secondaires a été mise en place en décembre 2020.
    Par Isabelle Rey-Lefebvre [on s’en souviendra]

    Bernard F. est encore très ému à l’évocation de l’occupation illégale, entre juillet et septembre 2020, de la maison familiale, à Saint-Honoré-les-Bains (Nièvre). Onze mois après avoir récupéré son bien auquel il est très attaché pour y avoir passé ses vacances depuis toujours, il reste choqué par l’attitude arrogante des squatteurs mais aussi et surtout par l’inertie, voire l’hostilité, des gendarmes.
    Bernard F. n’est pas un cas isolé. Plusieurs affaires largement médiatisées cette année ont illustré ce phénomène. Avec toujours le même écueil : des propriétaires se retrouvent démunis face à des squatteurs – qui présentent parfois même des faux baux de location – occupant leur maison, et qu’ils mettent des mois, parfois des années, à récupérer.

    Des manuels du parfait squatteur consultables sur Internet, qui alimentent volontiers le mythe du Robin des Bois, recommandent d’ailleurs aux aspirants de réunir des preuves de leur présence dans les lieux pour valider quarante-huit heures d’occupation. « Squatteurs comme gendarmes croient que ce délai existe, puisque même un site Internet gouvernemental l’évoquait jusqu’à ce que cette erreur soit corrigée, mais il n’a aucun fondement juridique, pas plus que le respect de la trêve hivernale concernant l’expulsion de squatteurs », s’agace Guillaume Kasbarian, député (LRM) d’Eure-et-Loir, auteur d’un rapport, daté du 13 juillet, qui aborde ce sujet, et initiateur d’un amendement à la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (loi #ASAP, du 7 décembre 2020).

    En réalité, ce délai de quarante-huit heures fait référence au délai de flagrance des forces de l’ordre pour constater l’infraction. Or, pour un squat, l’infraction de se maintenir dans les lieux est permanente, depuis la loi du 22 juillet 1992 qui crée le délit de pénétration dans le domicile d’autrui et celle du 24 juin 2015 qui précise l’infraction de violation de domicile. Un délai de quarante-huit heures par rapport à l’entrée dans les lieux ne devrait donc pas s’appliquer. Mais, souvent, les autorités refusent d’intervenir car elles craignent de commettre une violation de domicile.

    Plainte refusée

    C’est ainsi que les gendarmes ont refusé de prendre la plainte de Bernard F. Alerté par les voisins et le maire que la bâtisse, construite à la fin du XIXe siècle par ses arrière-grands-parents, et appartenant à sa mère vivant en Ehpad, était occupée, il raconte : « La maison est restée vide presque un an car nous nous occupions de maman. Je me suis retrouvé face à un couple revendicatif, invoquant le droit d’être là et prétendant entretenir la maison et le jardin… » Lors de sa seconde visite, en l’absence des squatteurs, il rentre dans la maison avec son épouse et des voisins, à l’aide de sa clef, et constate que les placards ont été fouillés, les albums photos et le dossier médical de sa mère épluchés. « Les squatteurs ont alors réapparu, casqués, agressifs, nous traitant de “moutons”, de “collabos” et se prétendant, eux, “libres” et “résistants” ». A leur arrivée, les gendarmes ont demandé à Bernard F. et à son épouse de quitter les lieux, les escortant jusqu’à la porte. « J’en reste effaré, confie-t-il. Ils devaient craindre des violences et semblaient plus préoccupés de garantir l’ordre public. »

    C’est un article dans Le Journal du Centre, paru mi-septembre 2020, et, surtout la vidéo du premier dialogue avec les squatteurs, devenue virale sur Internet, qui ont valu à cette histoire de faire les titres des journaux télévisés. Une pression médiatique forte, notamment le 17 septembre 2020, sur TF1, « jusqu’à la ministre du logement, Emmanuelle Wargon, qui a demandé au préfet d’intervenir », se félicite Bernard F.

    Profitant d’une sortie des squatteurs, les gendarmes les ont interpellés en pleine rue, le 18 septembre, et placés en garde à vue. « J’ai pu récupérer la maison les jours suivants et enfin porter plainte pour, notamment, introduction dans le domicile d’autrui mais aussi vol d’énergie », précise Bernard F. « Le délit de vol d’énergie est d’ailleurs presque plus sanctionné que celui de squat », commente Romain Rossi-Landi, avocat de Bernard F. et spécialiste du droit immobilier, pour qui cette affaire, qui sera jugée le 2 novembre, « illustre bien les difficultés des propriétaires ou, parfois, des locataires pour retrouver la jouissance de leur bien ».

    En 2007, la loi sur le droit au logement opposable crée une nouvelle procédure administrative permettant au préfet de faire évacuer les lieux occupés sans passer par la justice, à condition qu’il s’agisse de la résidence principale de la victime, qu’elle ait porté plainte pour violation de domicile en apportant la preuve que c’est bien le sien, et surtout que l’occupation délictuelle soit constatée par un officier de police judiciaire. L’amendement du député Kasparian adopté dans la loi ASAP a étendu cette possibilité de procédure administrative aux résidences secondaires et à tout logement occasionnel, permettant aux ayants droit de porter plainte et imposant aux préfets d’agir dans les quarante-huit heures de la requête.

    « Il faut faire connaître la nouvelle procédure qui règle la plupart des problèmes, résidence principale ou secondaire, meublée ou pas, murée ou pas, même s’il y a un faux bail établi par un usurpateur… », se réjouit M. Kasbarian. Un premier bilan de son application montre qu’elle est très inégale selon les départements, la préfecture de Paris étant la plus diligente. Au premier semestre 2021, les préfets ont été saisis de 124 requêtes de ce nouveau type : « A Paris, 43 demandes, dont la moitié dans les arrondissements du nord de Paris, ont conduit à 31 évacuations, ce qui est un très bon score, constate le député, tandis que, dans les Bouches-du-Rhône, sur 9 saisines, 7 ont été refusées… Dans d’autres régions, Bretagne, Pays-de-Loire, Centre-Val-de-Loire, Bourgogne-Franche-Comté, il n’y a que très peu de dossiers, et pas du tout en Corse, Grand-Est et Normandie, ce qui n’est pas normal », déplore-t-il. Fait notable : les locataires momentanément absents de leur logement sont aussi victimes de squats, comme le montrent, à Paris, 6 des 31 dossiers traités.

    « Cette loi, qui a vu le jour après la médiatisation très utile de quelques affaires, est un progrès mais encore faut-il convaincre un officier de police judiciaire de se déplacer ou, devant les tribunaux, battre en brèche des jurisprudences établies sur la base du droit au logement décent et favorables aux squatteurs », estime Me Rossi-Landi qui, dans l’affaire d’une jolie maison récemment acquise à Suresnes (Hauts-de-Seine), par des Français expatriés, a dû parlementer longuement juste pour faire constater le squat.
    La procédure accélérée ne joue bien sûr pas pour faire expulser un locataire qui se maintient dans les lieux après un congé, ni pour des locaux autres que d’habitation, par exemple un terrain agricole ou des locaux d’activité, ce qu’avaient réclamé, en vain, des députés LR à l’occasion du débat, en début d’année, dans le cadre de la loi pour une sécurité globale.

    « En dépit de nos recherches, nous n’avons jamais trouvé la référence juridique justifiant un quelconque délai de quarante-huit heures protégeant le domicile d’un occupant sans titre, confirme Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au Logement, qui prône plutôt la réquisition. Nous ne sommes, de toute façon, pas favorables à l’occupation illégale de logements appartenant à des propriétaires privés, mais il y a tant de sans-abri face à trois millions de logements vides qu’il faut que leurs propriétaires les occupent ou les mettent en location. »
    La nouvelle procédure confiée aux préfets et l’observatoire mis en place par le ministère du logement devraient aussi permettre de mieux mesurer le phénomène du squat en France.

    #logement #squat #justice

  • Dans le parc national des Calanques, la traque aux locations illégales de bateaux
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/06/dans-le-parc-national-des-calanques-la-traque-aux-locations-illegales-de-bat


    Bateaux dans une calanque entre La Ciotat et Marseille, le 4 août 2021.
    OLIVIER MONGE/ MYOP POUR « LE MONDE »

    Surfréquentée, la zone protégée qui borde Marseille subit un phénomène d’ubérisation. Une situation qui provoque des dangers pour l’environnement et des conflits, en mer comme au mouillage.

    Jumelles en main, arme et menottes au flanc, Thierry Houard, chef du secteur littoral est et haute mer du parc national des Calanques, inspecte les quelques bateaux qui mouillent à l’entrée de la calanque de Morgiou. Ce mercredi 4 août, la journée est nuageuse, sûrement la plus fraîche de l’été, mais la patrouille d’inspecteurs de l’environnement qu’il dirige est partie tôt du port de La Ciotat (Bouches-du-Rhône).

    Depuis l’ouverture de la saison estivale, les équipes du parc, en collaboration avec le parquet de Marseille et la préfecture maritime, ont lancé, parallèlement à leurs activités de contrôle habituelles, une traque aux locations illégales de bateaux. « Un phénomène que nous surveillons depuis quelques années, mais qui prend chaque saison de l’importance et entraîne des dangers pour l’environnement et de nombreux conflits d’usage, en mer comme au mouillage », assure l’agent du parc, qui évoque un « phénomène d’ubérisation dû au succès des plates-formes de location sur Internet ».

    Des règles strictes
    Sur l’eau, le cocktail est aussi explosif qu’à terre et provoque les mêmes effets de surfréquentation pour le seul parc national périurbain de France. Une affluence touristique en hausse (+ 11 % de visiteurs français dans les Bouches-du-Rhône à la mi-juillet par rapport à 2019), une soif de liberté postconfinement et une démocratisation de l’accès à certaines pratiques, comme la plaisance, grâce aux outils numériques.

    En été, sur dix bateaux repérés entre Marseille, Cassis et La Ciotat, huit seraient loués, assure le parc national. « Nous sommes passés d’une majorité d’utilisateurs propriétaires qui connaissent bien le secteur et leur embarcation, à des consommateurs d’espaces maritimes, qui veulent se faire plaisir pendant quelques heures et n’ont pas la même formation à la mer », poursuit le directeur adjoint, Nicolas Chardin. Une nouvelle population avec laquelle les rapports sont parfois tendus pour les agents assermentés.

    Si le parc national des Calanques se défend d’être opposé au principe de la location, il a édicté des règles strictes depuis décembre 2019. Un propriétaire privé qui souhaite louer son bateau pour une balade dans ses eaux ne peut le faire que cinq fois par an. Il doit obligatoirement remplir une déclaration numérique et en donner copie à son client. Comme sur le reste du littoral, impossible pour lui de proposer une prestation rémunérée de skipper s’il n’est pas un professionnel diplômé. « -Cela est considéré comme du transport de passagers et du travail déguisé- », rappelle Mathieu Imbert, chef de secteur adjoint. Avec les loueurs professionnels, d’autres règles sont en vigueur : seuls 600 bateaux bénéficient de la vignette verte, passe obligatoire pour mouiller dans le parc. Un quota qui provoque la colère de certains professionnels.

    • Par pitié, arrêtez de venir à #marseille en juillet/août. @Aur0rax

      https://twitter.com/Aur0rax/status/1423749896776060936

      La ville suffoque. Elle n’est pas adaptée au tourisme de masse. Tout est saturé. Et pour nous qui y vivons toute l’année, c’est devenu insupportable :-/

      Ici il faut beau une grande partie de l’année. Étalez vos séjours hors saison au moins.
      Et surtout comportez vous ici comme vous vous comportez chez vous (où je doute que vous preniez les transports en commun... en maillot de bain...)

      Marseille n’est pas une ville balnéaire dédiée au tourisme. Près de 900 000 personnes y vivent toute l’année. Les conditions de vie y sont difficiles, la ville est pauvre et en souffrance. Merci de respecter les habitants.

      On parle de rendre l’accès aux calanques payant pour éviter que le tourisme de masse les DETRUISE.
      J’espere que les marseillais pourront continuer à s’y rendre gratuitement parce que pour rappel, les gens ici sont PAUVRES.

      Quel plaisir prenez-vous à vous entasser dans les chemins de rando comme sur la ligne 13 du métro parisien ? Je pige pas.
      Plus un cm2 disponible sur les plages. Vous kiffez ça vous ? Parce que pas nous.

      J’étais exaspérée que cette ville soit méprisée. Je suis désespérée qu’elle soit devenue tendance....

      #Marseille #calanques

    • avec la patrouille d’inspecteurs de l’environnement, suite

      Une large opération

      En sortant du port de La Ciotat, quelques heures plus tôt, la patrouille de Thierry Houard a pris le temps d’inspecter les bateaux qui mouillent en lisière du périmètre marin protégé. Photos, vérification des immatriculations… « Ceux-là, on les connaît, signale Mathieu Imbert, en montrant deux semi-rigides qui se dandinent sur les eaux. Ils appartiennent à deux gars du coin qui les louent. En tout, ils en ont seize. » Sur Internet, les petites annonces du duo ont été repérées et décortiquées. Et les inspecteurs, qui y voient une activité commerciale déguisée, ont lancé une procédure. Une des cinq actions juridiques ouvertes depuis le début de l’été auprès du parquet de Marseille et de son « groupe opérationnel calanques » spécialement créé en 2012.

      Mardi 3 août, une large opération coordonnée par la préfecture maritime a quadrillé le littoral phocéen. Si elle visait plutôt les Jet-Ski, dont les locations sauvages électrisent élus locaux, forces de l’ordre et usagers de la mer, elle a permis de repérer une embarcation plus imposante dans les eaux du parc national. « Un bateau pourtant loué par une entreprise agréée mais qui ne possédait pas de vignette », explique Mathieu Imbert. Le navire a été reconduit aux frontières de la zone protégée, privant ses locataires de leur journée tarifée au paradis.

      Sur leur semi-rigide, les inspecteurs de l’environnement ont appris à guetter certains indices. « Un capitaine cramé par le soleil qui convoie une famille pas bronzée du tout, un vieux qui pilote un groupe de jeunes qui font la fête… », énumèrent-ils. Autant d’assemblages qui peuvent trahir un propriétaire qui met ses services et son bateau en location. Souvent, lors des contrôles, les inspecteurs se voient offrir une première réponse bien rodée. Un ami ou un membre de la famille a mis à disposition le navire. « C’est dingue le nombre de gens qui ont la chance d’avoir des amis qui leur prêtent un bateau », s’amuse Thierry Houard.

      « Pas les outils législatifs adéquats »

      Pour le commissaire général Thierry Duchesne, adjoint du préfet maritime de Méditerranée, la montée des locations sauvages est « un phénomène de société qui prend de l’importance, avec des loueurs peu scrupuleux sur les comportements de leurs locataires ». « Certains ne savent même pas ce qu’est un chenal d’accès », s’inquiète l’officier. Cet été, la préfecture maritime assure avoir programmé des contrôles « très renforcés » autour de la zone de Marseille. « Mais, contrairement à ce qui se passe sur terre avec le code de la route, nous n’avons pas les outils législatifs adéquats qui nous permettraient de saisir les bateaux », regrette l’officier. Un dossier sur lequel planche la députée LRM des Bouches-du-Rhône Claire Pitollat, qui prône activement « une modification du code maritime et la création d’une fourrière nautique ».

      Dans ses bureaux sur le Vieux-Port, Mathieu Morin, président de la chambre syndicale du nautisme à la métropole de Marseille et fondateur de Zeboat, le plus important loueur agréé de la ville, se félicite de la démocratisation des activités nautiques mais estime que « l’économie collaborative a généré un flux non maîtrisé et non maîtrisable ». « On voit des conflits aux pompes à essence, sur les quais, dans les zones de mouillage et les cales où le plaisancier doit affronter celui qui met ses cinq bateaux à la mer », raconte-t-il.

      Directeur général de Click and Boat , le leader de la mise en relation pour la location de bateaux, Jérémy Bismuth sait bien que les critiques le visent en premier chef. Marseille est, depuis la création de sa plate-forme, il y a huit ans, la destination vedette en nombre de bateaux et de réservations, et l’été 2021 s’y annonce encore florissant. « Nous avons 580 bateaux en location, dont la moitié appartient à des professionnels », explique ce Marseillais d’origine qui connaît parfaitement le littoral. « Qu’il y ait du monde en août dans les calanques, cela n’a rien de choquant », assume-t-il. L’entrepreneur voit plutôt dans les règles du parc « une façon de protéger un petit village, qui ne profitera à personne ». Lui préfère mettre en avant les cinquante emplois créés sur place et les propriétaires, qui, « s’ils n’avaient pas l’occasion de louer leur bateau, n’auraient pas les moyens de le garder ».

      Quant aux revenus générés par les locations, il rappelle que, depuis 2020, la loi oblige toutes les plates-formes numériques à les déclarer directement aux autorités. Sur les eaux de Morgiou, Thierry Houard aborde l’avenir de façon moins optimiste. « Je n’ai pas du tout l’impression qu’on progresse. Il y a peut-être une sensibilisation plus forte à la nécessité de protéger le parc, mais elle est annihilée par l’explosion de la fréquentation », souffle l’inspecteur.

      #tourisme

  • L’association d’aide aux détenus Genepi annonce sa dissolution - Agence France Pénitentiaire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/02/l-association-d-aide-aux-detenus-genepi-annonce-sa-dissolution_6090345_3224.

    Depuis 2019, le Genepi avait renoncé à son activité historique d’ateliers ou de cours en prison. L’association avait changé d’orientation et se revendiquait comme « féministe et anticarcérale ».

    Le Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées (Genepi), association qui a accompagné pendant plus de quarante ans de nombreux détenus, a annoncé dans un communiqué, lundi 2 août, sa dissolution.

    Créé par les pouvoirs publics à la suite des violentes émeutes qui avaient fait rage dans les prisons, notamment durant l’été 1974, le Genepi animait également, « hors la prison », de nombreux colloques et campagnes de sensibilisation autour de la question carcérale et de la place de la prison dans la société.

    Depuis 2019, le Genepi, qui a pu compter jusqu’à 850 bénévoles au début des années 2000, avait renoncé à son activité historique d’ateliers ou de cours en prison. L’administration pénitentiaire avait rompu ses liens avec la structure en 2018, en ne renouvelant pas la convention trisannuelle qui lui assurait des subventions.

    L’organisation avait changé d’orientation et se revendiquait désormais comme association « féministe et anticarcérale », expliquant être arrivée au bout de sa logique « abolitionniste ». « Nous refusons de faire perdurer une association qui n’a pas été pensée comme un outil de lutte contre l’enfermement et n’a jamais servi l’intérêt des prisonnier[s et des prisonnières] », a fait valoir le Genepi dans un communiqué rejetant l’héritage du mouvement.

    « Nous refusons de nous contenter d’une critique réformiste de la taule et de la justice, seule possibilité entendue par l’Etat et discours dominant formulé par le Genepi pendant plus de quarante ans », assène la direction actuelle de l’association dans ce texte.

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    https://twitter.com/GenepiFrance/status/1422204998805491717

    puis
    https://www.genepi.fr/communique-sur-la-dissolution-du-genepi

    L’administration pénitentiaire rompt ses liens avec l’association d’aide aux détenus Genepi, 29 octobre 2018
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/10/29/l-administration-penitentiaire-rompt-ses-liens-avec-l-association-d-aide-aux

    L’organisation étudiante se voit supprimer sa subvention pour avoir fortement réduit ses actions d’enseignement en détention et pour ses prises de position contre la prison.

    Les relations entre l’association d’étudiants Genepi (ex-Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées) et l’administration pénitentiaire se dégradaient depuis plusieurs années. Elles semblent avoir atteint un point de non-retour. « Cette fois, la situation est plus grave », estime Maxime Boyer, président du Genepi. Romain Peray, sous-directeur des missions à la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP), a informé l’association le 20 septembre que la convention triannuelle qui les liait depuis des décennies ne serait pas renouvelée.

    Une rupture synonyme de l’arrêt de la subvention de 50 000 euros par an, qui participait au financement de l’association forte aujourd’hui de quatre salariés, une quinzaine d’étudiants en service civique et quelque 800 bénévoles (un tiers de moins qu’au début de la décennie).

    Déjà, au printemps 2017, la DAP avait décidé de réduire sa contribution de 52 000 à 30 000 euros. Mais Jean-Jacques Urvoas, alors garde des sceaux, était intervenu à la veille du scrutin présidentiel pour la rétablir. Cette fois, l’administration pénitentiaire a fait valider sa décision par le cabinet de Nicole Belloubet, ministre de la justice, avant d’en informer le Genepi.

    Les griefs invoqués pour ne plus soutenir l’association fondée en 1976, à l’initiative notamment du responsable politique centriste Lionel Stoleru, sont de trois ordres : un désengagement du Genepi avec une baisse régulière de ses interventions en détention, l’évolution de ses missions avec la réduction de la part consacrée à l’enseignement, un discours passé en quelques années d’une critique de l’enfermement à des attaques directes contre l’administration pénitentiaire et ses personnels.

    « Une sanction politique »

    Selon M. Boyer, il s’agit « d’une sanction politique ». L’étudiant en génie des matériaux, membre du Genepi depuis trois ans, souligne que la convention garantissait l’indépendance des parties et la liberté d’expression des étudiants intervenants, et stipulait que les actions des bénévoles ne se limitaient pas à l’enseignement. L’association a retiré de ses statuts en 2011 l’objectif d’aider « à la réinsertion sociale des personnes incarcérées ». Son objet social est désormais d’œuvrer « en faveur du décloisonnement des institutions carcérales par la circulation des savoirs entre les personnes incarcérées, le public et ses bénévoles ».

    Quant au discours, il a effectivement évolué. Dans un communiqué de février intitulé « L’Etat enferme, la prison assassine », le Genepi précisait : « Par la phrase “la prison assassine”, nous entendons aussi qu’elle a pour mission de briser les individus, leur corps et leur esprit. » Des propos de plus en plus mal vécus par certains personnels et responsables pénitentiaires. Lors de ses assises de 2017, l’association s’interrogeait sur le sens de ses interventions en détention qui « participent à la légitimation d’un système (…) que nous n’avons de cesse de dénoncer ». Certains groupes locaux du Genepi, tels ceux du Sud-Ouest, ont ainsi décidé d’arrêter de se rendre en détention.

    En quatre ans, le volume des interventions de l’association est passé de 12 474 heures à 5 825 heures pour l’année universitaire 2017-2018. La DAP dénonce une chute encore plus sévère et affirme n’avoir comptabilisé que 2 276 heures dispensées par les bénévoles du Genepi la dernière année. Ce que conteste M. Boyer. Quant aux activités d’enseignement, le Genepi assume le fait qu’elles ne représentent plus que 53 % de ses actions.

    En principe, la fin de la convention nationale liant la DAP à l’association ne devrait pas empêcher les groupes locaux du Genepi de continuer d’intervenir en accord avec les établissements pénitentiaires respectifs. Des visiteurs de prison peuvent entrer sans convention nationale ni subvention.

    Lettre de plusieurs associations

    Pourtant, sur le terrain, certains établissements ont déjà mis fin à la collaboration avec l’association étudiante. A Fresnes (Val-de-Marne) par exemple, « l’atelier de langue des signes a été brutalement interrompu le 3 octobre alors que la salle était réservée jusqu’en décembre », affirme Julia Poirier, déléguée régionale d’Ile-de-France. Elle affirme que le motif qui lui a été donné « est la suppression de la convention nationale ». Cet atelier de deux heures par semaine avait été mis en place en mai pour permettre à une personne sourde de communiquer avec ses codétenus. Illustration de la méfiance grandissante qui s’est installée entre les deux parties, une source pénitentiaire affirme que la dizaine de détenus « entendant et parlant » qui participaient à cet atelier « s’y rendaient pour – au mieux – se réunir… »

    Dans le but de faire revenir la chancellerie sur cette décision, plusieurs associations partenaires de la DAP telles que le Secours catholique, l’Association nationale des visiteurs de prison ou la Fédération des associations réflexion action prison et justice ont cosigné une lettre adressée vendredi 26 octobre au directeur de l’administration pénitentiaire pour s’inquiéter de l’arrêt de la convention.

    « A travers l’action du Genepi, l’intervention d’étudiants en détention nous semble à l’évidence plus que jamais importante », écrivent-elles. Elles soulignent que, non seulement ces rencontres ont « un impact positif » sur les personnes détenues, et qu’elles sont menées par des étudiants appelés à occuper des postes importants et dont le regard sur la prison aura ainsi changé. Albin Heuman, conseiller de Nicole Belloubet, devait recevoir l’association à la chancellerie lundi 29 octobre dans l’après-midi. Mais c’est sans doute à la ministre qu’il reviendra d’entériner ou non cette rupture.

    #prison #Genepi #abolitionnisme

    • Fin de l’action en détention pour le Genepi, Communiqué Genepi, 09/2019

      https://www.genepi.fr/fin-de-laction-en-detention-pour-le-genepi

      En 2017, dans une optique de réflexion politique sur l’action en détention, le Genepi a déterminé des « limites basses » au niveau national, constituant un cadre minimum pour ses interventions. Parmi ces lignes rouges à ne pas franchir : la présence de dispositifs d’écoute et de vidéosurveillance dans les salles d’ateliers, la pratique de fouilles à nu après les ateliers, la présence de listes d’appels ou tout autre système « du bâton et de la carotte » dans lequel s’inscrirait contre son gré le Genepi. Dans les faits, faire respecter ces limites basses s’est révélé pratiquement impossible et nombre de groupes locaux ont passé outre.

      [...]

      En 2018, après un long silence, cette dernière décide de rompre la convention qui la liait à l’association, évoquant une baisse du nombre d’heures d’ateliers donnés en prison et une critique des politiques pénitentiaires de la part des bénévoles du Genepi. Il s’agissait surtout d’une sanction politique, comme nous l’avons rappelé dans nos nombreux communiqués. C’est suite à une phase de médiatisation intense et grâce à de vastes soutiens (que nous remercions encore aujourd’hui) que le Genepi a pu récupérer une convention.

      Cette convention reflète la vision qu’a l’administration pénitentiaire du rôle de l’associatif en prison. En effet, elle semble percevoir le Genepi comme un prestataire de services éducatifs permettant d’obtenir une paix sociale relative en détention : “Aujourd’hui, travaillant à la transformation sociale. Demain, prestataires du gouvernement pour l’accompagnement social, à moindre coût, des politiques néo-libérales”, écrivaient à l’époque les camarades du syndicat ASSO – Solidaires [Genepi : contre la vassalisation du secteur associatif ! – Syndicat ASSO – 05/11/2018]. Avec cette nouvelle convention, l’administration pénitentiaire limite l’action du Genepi au seul cadre scolaire, empêchant tout atelier à vocation politique ou même simplement culturelle en détention. De plus, le respect des limites basses serait encore rendu impossible, étant donné les politiques sécuritaires actuelles.

      « Les intervenants acceptent pendant un temps donné de se soumettre à un règlement, acceptent d’être détenus. Ça renvoie à ma propre histoire, quand je refusais que ma famille vienne au parloir car je refusais que pendant une demi-heure ma famille soit détenue et se soumette à un règlement auquel elle n’avait pas à se soumettre. Ce que je reproche aux intervenants, c’est ça, « vous venez en prison vous enfermer avec nous pendant un temps donné, mais vous en sortez très vite, et quand vous en sortez, vous emmenez plus de choses que vous n’en avez amené. »

      Ça ne valait pas la peine mais ça valait le coup , propos d’Hafed Benotman – L’Envolée

      Mettre en œuvre cette convention, si cela était possible, serait un retour en arrière pour le Genepi, transformé en partenaire docile, acceptant toutes conditions de l’administration pénitentiaire, vidé de sa substance critique. Par ailleurs, il faut absolument savoir que l’administration pénitentiaire a souhaité, alors que nous nous apprêtions à signer la nouvelle convention, ajouter une clause relative à la communication du Genepi ; cette clause aurait donné à la DAP un droit de surveillance sur nos prises de parole et de position, et leur aurait facilité la possibilité de mettre un terme (de nouveau) au partenariat.