Une pétition demande à Darmanin l’inventaire des forces de l’ordre auteurs de violences conjugales

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  • Une pétition demande à Darmanin l’inventaire des forces de l’ordre auteurs de violences conjugales

    Lancée fin juillet et soutenue par une douzaine d’associations et des élues, une pétition, déjà signée près de 24.000 fois, demande au ministre de l’Intérieur un recensement des policiers et gendarmes auteurs de violences conjugales.
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    « Monsieur le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, savez-vous combien il y a de policiers et gendarmes violents envers leurs (ex) conjointes, collègues femmes ou plaignantes ? » Une pétition lancée sur la plateforme Change.org demande une « enquête exhaustive pour connaître le nombre de policiers et gendarmes mis en cause dans des affaires de violences faites aux femmes et/ou enfants » et leur mutation à un autre poste. Le texte est à l’initiative du collectif Abandon de famille-Tolérance zéro et soutenu par douze associations. En date du 4 août, il a récolté plus de 23.600 signatures. En parallèle, le #MeTooFdO a été lancé sur les réseaux sociaux, et un formulaire est disponible pour les victimes voulant témoigner.

    Stéphanie Lamy, présidente du collectif Abandon de famille, explique avoir été « indignée que le policier chargé de prendre la plainte de Chahinez Daoud (tuée à Mérignac par son mari violent en juillet, NDLR) était lui-même auteur de violences conjugales, condamné, et encore en poste ». Selon elle, une telle situation biaise le travail de la police : « Ce n’est pas acceptable (...) On veut que soit compté le nombre d’auteurs, car si on l’a, on a une idée de l’ampleur du phénomène et de l’omerta. » Pour Stéphanie Lamy, un auteur de violences n’aura pas la bonne appréciation « pour recueillir la plainte d’une victime et évaluer la dangerosité d’un homme ». Un avis partagé par Sandrine Bouchait, présidente de l’Union nationale des féminicides de France : « Le fait de savoir qu’elles (les victimes, NDLR) peuvent potentiellement être auditionnées par un auteur de violences va rendre la démarche, déjà difficile, encore plus compliquée ».
    « Quelque chose qui n’est pas pensé par les autorités »

    La journaliste Sophie Boutboul avait compilé des témoignages de femmes victimes de leur conjoint gendarme ou policier dans le livre Silence, on cogne (Grasset) en 2019. Pour elle, « c’est quelque chose qui n’est pas pensé par les autorités ou qui les intéresse... D’ailleurs, c’est ce qu’il y a dans la réponse de Darmanin au Parisien : une vingtaine de condamnations définitives, dit-il. Mais en fait, il faut s’intéresser, au-delà des condamnations, aux personnes qui sont recrutées alors qu’elles ont des plaintes contre eux pour violences » conjugales ou familiales.

    Toujours selon elle, les représentants de la loi « vont utiliser le pouvoir qu’ils vont avoir pour menacer » les plaignantes : « C’est moi la loi » ou « je connais le juge » sont des phrases souvent entendues. Elle évoque également des « traitements de faveur » dont bénéficieraient les forces de l’ordre accusées. « Par exemple, on avait laissé le téléphone au mis en cause lors d’une garde à vue alors que c’est interdit. Et ce genre de comportements va empêcher les condamnations. Il y a une double responsabilité de la justice et des autorités sur ce sujet », explique Sophie Boutboul. Pour elle, les familles et les victimes alertent en vain depuis des années : « On n’arrive même pas à accéder au nombre de plaintes pour violences conjugales ». Contacté par nos soins, le ministère de l’Intérieur n’a pas encore répondu à nos sollicitations.
    Suspendre le port d’armes et former les personnels

    En mars, la députée Fiona Lazaar (LREM) avait formulé une question au gouvernement, restée sans réponse à ce jour, pour connaître l’ampleur des violences intrafamiliales commises par des policiers et gendarmes. Selon elle, il y a plusieurs enjeux : « En cas de signalement, l’aménagement de poste pour ne plus permettre l’accueil du public (au fonctionnaire) et la suspension du port d’arme doivent être traités prioritairement ». Pas question d’être dans un discours anti-police pour autant, assure l’élue. « Les policiers et gendarmes sont les premiers à intervenir (…) mais les violences conjugales traversent toute la société, y compris les forces de l’ordre ».

    Pour la sénatrice centriste Annick Billon, qui soutient l’initiative derrière la pétition, il faut « former les personnels » et mettre les moyens. « On ne sait pas comment » les mesures annoncées par Gérald Darmanin vont être mises en place ou efficaces, s’inquiète-t-elle. Et d’ajouter : « Mettre plus d’effectifs policiers, c’est bien, mais comment va-t-on désengorger les tribunaux ? Il faut aussi accompagner, avec des hébergements, un travail (car souvent, on le quitte), redonner un horizon possible » aux victimes.

    Contrairement à d’autres pays comme les États-Unis, la France n’a pas de statistiques sur le sujet. La Fédération nationale solidarité femme avait recensé 115 appels à la ligne d’écoute 3919 de conjointes de policiers ou militaires en 2016, soit 10% des fiches où la profession était renseignée.

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