Dans le parc national des Calanques, la traque aux locations illégales de bateaux
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Bateaux dans une calanque entre La Ciotat et Marseille, le 4 août 2021.
OLIVIER MONGE/ MYOP POUR « LE MONDE »
Surfréquentée, la zone protégée qui borde Marseille subit un phénomène d’ubérisation. Une situation qui provoque des dangers pour l’environnement et des conflits, en mer comme au mouillage.
Jumelles en main, arme et menottes au flanc, Thierry Houard, chef du secteur littoral est et haute mer du parc national des Calanques, inspecte les quelques bateaux qui mouillent à l’entrée de la calanque de Morgiou. Ce mercredi 4 août, la journée est nuageuse, sûrement la plus fraîche de l’été, mais la patrouille d’inspecteurs de l’environnement qu’il dirige est partie tôt du port de La Ciotat (Bouches-du-Rhône).
Depuis l’ouverture de la saison estivale, les équipes du parc, en collaboration avec le parquet de Marseille et la préfecture maritime, ont lancé, parallèlement à leurs activités de contrôle habituelles, une traque aux locations illégales de bateaux. « Un phénomène que nous surveillons depuis quelques années, mais qui prend chaque saison de l’importance et entraîne des dangers pour l’environnement et de nombreux conflits d’usage, en mer comme au mouillage », assure l’agent du parc, qui évoque un « phénomène d’ubérisation dû au succès des plates-formes de location sur Internet ».
Des règles strictes
Sur l’eau, le cocktail est aussi explosif qu’à terre et provoque les mêmes effets de surfréquentation pour le seul parc national périurbain de France. Une affluence touristique en hausse (+ 11 % de visiteurs français dans les Bouches-du-Rhône à la mi-juillet par rapport à 2019), une soif de liberté postconfinement et une démocratisation de l’accès à certaines pratiques, comme la plaisance, grâce aux outils numériques.
En été, sur dix bateaux repérés entre Marseille, Cassis et La Ciotat, huit seraient loués, assure le parc national. « Nous sommes passés d’une majorité d’utilisateurs propriétaires qui connaissent bien le secteur et leur embarcation, à des consommateurs d’espaces maritimes, qui veulent se faire plaisir pendant quelques heures et n’ont pas la même formation à la mer », poursuit le directeur adjoint, Nicolas Chardin. Une nouvelle population avec laquelle les rapports sont parfois tendus pour les agents assermentés.
Si le parc national des Calanques se défend d’être opposé au principe de la location, il a édicté des règles strictes depuis décembre 2019. Un propriétaire privé qui souhaite louer son bateau pour une balade dans ses eaux ne peut le faire que cinq fois par an. Il doit obligatoirement remplir une déclaration numérique et en donner copie à son client. Comme sur le reste du littoral, impossible pour lui de proposer une prestation rémunérée de skipper s’il n’est pas un professionnel diplômé. « -Cela est considéré comme du transport de passagers et du travail déguisé- », rappelle Mathieu Imbert, chef de secteur adjoint. Avec les loueurs professionnels, d’autres règles sont en vigueur : seuls 600 bateaux bénéficient de la vignette verte, passe obligatoire pour mouiller dans le parc. Un quota qui provoque la colère de certains professionnels.