• Le Rijksmuseum d’Amsterdam brise un tabou aux Pays-Bas en évoquant les exactions commises durant l’époque coloniale
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    « Pieter Cnoll,Cornelia van Nijenrode, leurs filles et deux esclaves » (1665), de Jacob Coeman.
    CAROLA VAN WIJK

    L’exposition « Slavernij » (« Esclavage ») revient, en 140 tableaux, portraits, écrits, sons ou objets, sur une période sombre de l’histoire néerlandaise.

    Elle étonne leurs voisins mais la fierté nationale reste une réalité aux Pays-Bas. D’où les Néerlandais tirent-ils ce sentiment ? Sans doute de cette époque du « Siècle d’or », qui, de la fin du XVIe au début du XVIIIe siècle, vit leur pays se hisser au rang de première puissance commerciale et maritime mondiale, opposant la liberté de culte, la créativité artistique et le développement scientifique à la stagnation qui minait l’Europe.

    Pas simple dès lors, même des centaines d’années plus tard, d’évoquer la face très sombre de cette épopée capitaliste. A savoir l’esclavage, qui allait, pour une large part, la rendre possible. C’est une institution culturelle, la plus importante du royaume, qui a osé lancer le débat : avec son exposition « Slavernij » (« Esclavage »), longtemps mûrie et longtemps décalée – pas seulement à cause de la pandémie –, le Rijksmuseum d’Amsterdam a brisé un tabou.

    « L’esclavage a été une composante essentielle de la période coloniale, de nombreuses générations ont subi des injustices inimaginables. Evoquer ce sujet est d’une grande importance », justifie Taco Dibbits, directeur d’un « Rijks » rénové de fond en comble.