sur Instagram, le patriarcat en téton armé – Libération

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  • « Madres Paralelas » : sur Instagram, le patriarcat en téton armé
    Les récentes excuses d’Instagram à l’égard de Pedro Almodóvar pour la censure de l’affiche de son dernier film exhibe toute l’incongruité de la politique de modération de la plateforme. Seuls les hommes semblent être en mesure de publier des clichés de poitrines de femmes...
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    Pardon pour le téton. Il fallait bien un homme et un artiste de renom pour arracher des excuses au géant Instagram. Par la voix de sa maison mère Facebook, le réseau social s’est dit ce mercredi « désolé » après le retrait de l’affiche aux accents pop du prochain film du réalisateur espagnol Pedro Almodóvar, Madres Paralelas.

    Des excuses presque aussi risibles que l’objet initial de la censure : un téton mué en pupille sur lequel perle une goutte de lait qui n’a pas passé l’examen de l’algorithme de modération de la plateforme américaine. Le comble du tabou pour une plateforme de partage d’images qui fait du sexisme le lit de sa politique de modération. Si la publication de « mamelons féminins » est formellement interdite, dans sa grande mansuétude, Instagram les tolère « dans le contexte d’allaitement et dans les moments post-partum ». Le corps des femmes ne serait-il tolérable que lorsqu’ils jouent le rôle maternant ?
    Inégalité de traitement

    Autre exception : lorsque la nudité – comprendre féminine, puisque les tétons d’hommes n’émeuvent pas Facebook et consorts –s’inscrit dans « un contexte artistique clair ». Traduction : lorsque le sein est le produit du regard de deux hommes (ici Pedro Almodóvar et le graphiste espagnol Javier Jaén), de surcroît influents ? Les femmes, en particulier militantes féministes et queers, attendent toujours les excuses d’Instagram pour les innombrables posts censurés et contenus enterrés par leur algorithme en réaction à leur audace d’avoir fait poindre un mamelon de femme sur leurs feeds.

    On aimerait bien comprendre, cher Instagram repentant, pourquoi l’exposition « Belles Mômes » de la photographe Clélia Odette Rochat, capturant des femmes de plus de 50 ans dénudées, habituellement invisibles, n’a pas reçu le même traitement ? Pourquoi l’une de ces photos, touchante et poétique, partagée par le collectif féministe Gang du clito, a été tout bonnement supprimée ? Pourquoi l’artiste doit s’atteler à flouter chaque téton pour pouvoir avoir l’honneur de présenter son travail ? La clarté de votre contexte artistique tout comme votre politique se mesure visiblement toujours à l’échelle du patriarcat. Désolé ?

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