« Ce feu est hors norme par sa vitesse, son ampleur et sa complexité »

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  • Incendie dans le Var : « Ce feu est hors norme par sa vitesse, son ampleur et sa complexité »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/18/incendie-dans-le-var-la-vitesse-de-propagation-a-atteint-8-km-h-c-est-la-vit

    Plus de 7 000 hectares ont déjà brûlé dans le massif des Maures et l’arrière-pays de Saint-Tropez où 10 000 personnes ont dû quitter leur habitation. La préfecture confirme mercredi la mort de deux personnes.

    Un quartier apparemment parfaitement sûr, tout à coup menacé par les flammes. Des habitants qui sortent les tuyaux d’arrosage pour tenter de protéger leurs maisons. Un vent qui tourbillonne et un épais nuage de fumée gris masquant le bleu du ciel. Mercredi 18 août, dans l’après-midi, l’immense incendie qui embrase le massif des Maures et l’arrière-pays de Saint-Tropez, dans le Var, continuait sa course. « Ce feu est hors norme par sa vitesse, son ampleur et sa complexité, reconnaît le commandant de sapeurs-pompiers Florent Dossetti. Il va falloir que l’on continue à lutter activement. »

    « J’étais sur la base, dès qu’on a vu la fumée, trois hélicoptères avec 6 000 litres d’eau sont partis », raconte Florent Dossetti. Dans la grande majorité des cas, les pompiers parviennent à contrôler les départs de feu – cinq à six en moyenne lors des « petites journées », jusqu’à une cinquantaine pour les « grosses journées ». Mais ce jour-là, les flammes sont les plus rapides.

    « Sautes de feu »
    En quelques heures, elles parcourent une vingtaine de kilomètres. Une distance colossale. « La vitesse de propagation a atteint jusqu’à 8 km/h, c’est la vitesse d’un homme qui court dans les bois ! », insistent les porte-parole des pompiers. Des rafales de vent à 80 km/h, un air extrêmement sec, un thermomètre à 37 °C après quatre jours de canicule : tous les ingrédients sont réunis pour favoriser cet incendie.

    Il se révèle particulièrement imprévisible, avec des « sautes de feu » de 400, 600, 800 mètres. Les poches de terrain épargnées lors du premier passage des flammes peuvent se mettre à leur tour à brûler lorsque le vent change de direction. Par son ampleur et sa gravité, cet incendie rappelle celui de 2003, qui avait emprunté la même route à travers le massif des Maures, et ne s’était arrêté qu’une fois arrivé au bord de la mer. Sur l’ensemble de la saison, 20 000 hectares avaient été détruits.

    Pins parasols, chênes blancs, chênes-lièges… Faire l’état des lieux des atteintes à la végétation prendra également des mois, voire des années. « Dans des conditions normales, la végétation méditerranéenne est capable d’encaisser un incendie tous les 30 ou 40 ans, assure Bruno Teissier du Cros, chef de projet défense de la forêt contre les incendies à l’Office national des forêts. Mais là, les feux sont trop fréquents. La végétation n’a pas le temps de se remettre complètement. »