• Manifestation anti-passe sanitaire : Le cabinet occurrence admet son impuissance !
    https://blogs.mediapart.fr/sidoinec/blog/200821/manifestation-anti-passe-sanitaire-le-cabinet-occurrence-admet-son-i

    David Dufresne, qui se souvient de ses années 1990 à Libération : "Il y avait des journalistes qui savaient compter les manifestants, et qui les comptaient ! C’est une culture journalistique qui s’est perdue, j’ai l’impression. Maintenant, les journalistes attendent le chiffre officiel et celui des organisateurs, ce que je trouve un peu exaspérant. Vu le mouvement qui se crée, ne pas faire cet effort de compter, c’est participer à cette espèce de « voix officielle » et n’est bon pour personne." Alors, il propose que les médias recommencent à compter eux-mêmes les manifestants dans toute la France, quitte à mutualiser leurs moyens sur place, et à recouper les décomptes locaux au niveau national – un peu à la manière du Nombre Jaune, finalement.

    Mais les médias ne s’étaient-ils pas réunis en 2017 afin de connaître précisément et de manière indépendante l’affluence aux manifestations parisiennes ? Cet été, les 70 médias partenaires (tels que Mediapart ou Le Parisien) finançant ces décomptes ont bien sollicité le cabinet Occurrence, qui se charge de l’installation d’un système de captation et de mesure en un point du cortège. Mais Occurrence a tenu compte des échecs répétés qui s’étaient produits lors des manifestations parisiennes des Gilets jaunes, les cortèges s’étant scindés à plusieurs reprises ou n’étant que partiellement passés devant l’emplacement de mesure, faussant ses décomptes. "Quand c’est un rassemblement statique, on n’a pas suffisamment testé la technologie pour être sereins à 100 %. Et quand il y a plusieurs cortèges, le comptage devient trop difficile car on pourra compter un maximum de deux cortèges", détaille auprès d’ASI celui qui supervise les comptages d’Occurrence, Jocelyn Munoz.

    Car le cabinet n’est pour l’instant pas en mesure de s’implanter dans autant d’endroits qu’il y a de cortèges, faute de moyens et de salariés en plein été. "Médiatiquement, ça donne un chiffre partiel, trop compliqué à annoncer, expose Munoz. On a un petit peu laissé tomber, on se rend bien compte que les technologies développées l’ont été pour compter une manifestation syndicale bien structurée qui va d’un point A à un point B. Mais c’est très frustrant pour nous de ne pas pouvoir compter quand on voit les débats sur Twitter !" Munoz envisage désormais des décomptes dans d’autres villes que Paris, dont les manifestations ne comptent qu’un cortège au trajet bien défini : "Peut-être qu’on essaiera à la rentrée." Quoi qu’il en soit, les médias feraient bien de ne pas tabler sur la seule Occurrence pour éviter de n’être que des relais de la communication gouvernementale.

    Extrait : MANIFESTANTS : LES MÉDIAS SE CONTENTENT DU DÉCOMPTE OFFICIEL, ASI, Loris Guémart @lorisguemart, 09 août 2021