• Escroqueries, fraudes aux prestations… Le désarroi de la justice face à la délinquance économique et financière
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/24/escroqueries-fraudes-aux-prestations-le-desarroi-de-la-justice-face-a-la-del

    « L’absence de volonté politique pour renforcer la lutte contre la délinquance économique et financière s’explique sans doute par le souci des parlementaires de se protéger mutuellement », affirme sans hésiter l’un des participants à cette réunion. « Les conséquences sont dévastatrices pour le pacte social et la confiance dans les institutions. Tout l’entourage et les voisins des escrocs savent bien que ce train de vie qu’ils étalent est le fruit d’infractions impunies », poursuit-il. Côté police, on reconnaît que les dossiers politico-financiers font peur aux enquêteurs. « On se retrouve avec les avocats les plus durs, et la moindre erreur est lourde de conséquences », raconte le major.

    « Sur les six premiers mois de 2021, mes saisies ont déjà rapporté 5 millions d’euros à l’Etat. Malgré cela, on me refuse une carte mémoire à 40 euros pour mon ordinateur. Avec un peu de moyens en plus, on pourrait rapporter un argent dingue à l’Etat », affirme Mme Cackel. Selon les policiers lillois, les infractions les plus en vogue et qui rapportent le plus sont celles contre les dispositifs de solidarité et d’aides publiques, les escroqueries aux prêts immobiliers et au leasing de voitures, ou les faux ordres de virement bancaire.

    Une fraude facile et peu risquée au point que « des délinquants roubaisiens qui étaient dans les stups ou les casses se sont reconvertis », affirme la vice-procureure. Les braquages de distributeurs de billets n’ont plus la cote.

    #Justice_financière #Justice_de_classe

  • Au #Cameroun, la #cartographie participative, « puissant outil » de reconnaissance des #droits des #Pygmées

    Pygmées en lutte (2/4). Rivières, forêts vierges, ponts, villages, lieux sacrés : grâce au #GPS, Baka et Bagyeli se sont lancés dans le quadrillage leurs territoires pour mieux les protéger.

    Dans la cour d’une maison en terre battue construite en plein cœur de #Nomédjoh, un village #Baka situé dans la région Est du Cameroun, une dizaine d’hommes, de femmes et d’enfants forment un cercle. Au centre, ils ont disposé à même le sol cinq cartes représentant leur territoire. Les yeux rivés sur ces documents abîmés par le temps et la moisissure, ils se courbent à tour de rôle et pointent du doigt « la rivière », « la forêt encore vierge », « le pont »… A y regarder de plus près, on ne voit pourtant que des points, des lignes, des légendes ou encore des chiffres colorés.

    « Ces cartes représentent les 1 950 hectares de notre #forêt. C’est notre plus grande richesse », explique avec fierté Dieudonné Tombombo, le président de la forêt communautaire. « Nous gérons nous-mêmes notre forêt qui est pour l’homme Baka un supermarché, un hôpital et une banque, renchérit près de lui, René Ndameyong, 40 ans. Avant, on n’avait droit à rien. Les Bantous nous disaient que tout leur appartenait, alors que les #peuples_autochtones sont les premiers habitants de la forêt. »

    D’après ce père de deux enfants au sourire contagieux, les Baka ont longtemps été chassés des forêts, interdits de chasse, de pêche ou encore de pratiquer des activités champêtres à certains endroits. L’introduction au début des années 2000 de la cartographie participative a permis aux communautés de mieux faire entendre leur voix. Et les peuples des forêts en ont profité.

    Validations des populations

    En 2011, l’association Rainforest Foundation, qui lutte pour la protection des peuples autochtones, a lancé l’initiative #Mapping_for_Rights, ce qui a permis de former plus de 7 000 cartographes locaux au Cameroun et en #République_démocratique_du_Congo (#RDC), et ainsi de cartographier plus de 800 communautés pour une superficie de 5 millions d’hectares. Avec l’appui des organisations non gouvernementales (ONG), il s’agit le plus souvent d’établir des cartes pour faire #barrage à l’installation de projets – routes, aires protégées, plantations agro-industrielles – menaçant la vie des communautés par l’accaparement du #foncier et les restrictions d’accès aux #ressources_naturelles.

    Les communautés se réunissent et identifient ensemble les noms des lieux sacrés, rivières, zones de pêche, de chasse, de ramassage de produits forestiers non ligneux, leurs champs, tracent les contours de leur village… Une fois les informations validées par toute la communauté (et souvent les villages voisins), des hommes formés à la cartographie vont en forêt, armés de systèmes de localisation par satellite (GPS) pour le #géoréférencement des points importants. Ces données GPS sont traitées par ordinateur. Des documents provisoires sont établis, et soumis à la validation des populations avant que les cartes définitives soient établies.

    Après l’établissement de ces cartes, la population de Nomédjoh a « pris #confiance et n’a plus eu #peur, car nous avions la preuve de ce qui nous appartenait », se souvient René Ndameyong. « Les autorités l’ont validée et aujourd’hui nous sommes un village avec un chef nommé par le gouvernement ». Depuis 2007, Nomédjoh s’est aussi vu attribuer, à sa demande, une #forêt_communautaire. Au Cameroun, la #foresterie_communautaire est un processus par lequel l’Etat cède une partie (maximum 5 000 hectares) à une communauté qui a alors la possibilité de l’exploiter.

    Grâce à la vente du #bois, Nomédjoh a construit trois studios pour les enseignants de l’école publique, a pu tôler une salle de classe, équiper quelques maisons d’énergie solaire. « Notre but principal est de protéger la forêt, tout faire pour qu’elle ne finisse pas puisqu’elle est notre vie », assure Dieudonné Tombombo.

    « Prouver l’impact sur nos sites »

    Dans le sud du pays, Assok offre un autre exemple d’une initiative réussie. Martin Abila, guérisseur traditionnel, vient officiellement d’être désigné chef du village par le gouvernement, « une première dans toute la région pour un autochtone ». Lors de la cartographie participative qui a permis au village d’être reconnu, Martin a constaté que plusieurs zones de la forêt avaient été détruites par des exploitants. Il cherche désormais des financements pour « créer une pépinière et reboiser ».

    « La cartographie participative est un puissant outil qui permet de mener des #plaidoyers pour les #droits_des_communautés auprès des autorités, des groupes agro-industriels, miniers ou de la communauté internationale », explique Samuel Nguiffo, coordonnateur du Centre pour l’environnement et le développement (CED), une ONG locale.

    Lors de la construction du #pipeline entre le Cameroun et le Tchad qui traversait les territoires #Bagyeli, ces derniers n’ont pas été consultés. Mais, grâce à la cartographie participative effectuée en 2007 en collaboration avec les Bantous, « on a pu prouver l’#impact sur nos sites. Jusqu’à aujourd’hui, cette cartographie nous sert, car les Bantous menacent de nous chasser sans passer à l’acte. On a des cartes, ce sont nos #preuves », sourit Joachim Gwodog, le chef du campement Logdiga, dans la région du Sud.

    Ces feuilles de papier « permettent de montrer qu’un village ou un campement existe, que des hommes y vivent, possèdent des ressources, des vestiges, des sites traditionnels, autant d’éléments concrets difficiles à mettre de côté », résume Marie Ba’ane, directrice de l’ONG Appui à l’autopromotion et à l’insertion des femmes, des jeunes et désœuvrés (Apifed) . Si ces cartes ne sont pas encore officiellement reconnues par l’administration camerounaise, elles sont de plus en plus prises en compte.

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/08/24/au-cameroun-la-cartographie-participative-puissant-outil-de-reconnaissance-d

    #cartographie_participative #accaparement_des_terres

    –—

    voir aussi, en #Malaisie (#Bornéo) :
    #Penan Community Mapping : Putting the Penan on the map
    https://seenthis.net/messages/748077

  • Covid-19 : le défi de la vaccination des plus démunis
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/24/covid-19-le-defi-de-la-vaccination-des-plus-demunis_6092166_3224.html

    Covid-19 : le défi de la vaccination des plus démunis
    Aller à la rencontre des publics précaires là où ils sont. Là où ils passent. Là où « ils se sentent en confiance », lance Nicole Verdié, responsable du service d’aide à la personne des Restos du cœur de Haute-Garonne. Depuis le début de l’été, les associations qui viennent en aide aux plus démunis profitent des opérations de distribution de colis alimentaires pour les renseigner sur la vaccination contre le Covid-19 et les aider à la prise de rendez-vous. Ici, au centre Grande-Bretagne des Restos, au sein du quartier Casselardit, à Toulouse, tout le monde l’appelle Marie-Do. Un petit gabarit de 1,52 mètre, Marie-Dominique Schadle, ex-infirmière de 75 ans qui cavale avec l’énergie d’une jeune fille, un sac « Flower Happy Summer » à l’épaule, une boîte à chaussures sous le bras. Le sac est rempli de masques qu’elle distribue à tous les bénéficiaires – « On vient de recevoir plusieurs cartons pour adultes, dit-elle, mais pas pour les enfants, c’est dommage, c’est bientôt la rentrée scolaire » – ; la boîte contient des petites plaques de couleur avec des numéros gravés dessus, qui déterminent l’ordre de passage pour pouvoir remplir son chariot.C’est Marie-Do, bénévole aux Restos depuis douze ans, qui accueille les hommes et les femmes qui se présentent à la porte en ce matin du vendredi 20 août, elle qui pose la question du jour : « Etes-vous vacciné ? » Puis, une seconde, en cas de réponse négative : « Voulez-vous vous faire vacciner ? » « Non ! », répond prestement Ahmed, 47 ans, au chômage. Ahmed est d’humeur un peu râleuse. Il a trop chaud, il veut attendre son tour à l’ombre et il ne veut pas du vaccin. Il « attend ». Il ne sait pas ce qu’il attend, mais il attend. « P’t-être que oui, je le ferai, p’t-être que non, p’t-être à la fin du mois d’août », lâche-t-il, un brin sur la défensive. Marie-Do n’insiste pas. « On ne les oblige pas, ils font ce qu’ils veulent, souligne-t-elle. Beaucoup s’inquiètent de savoir s’ils pourront continuer à venir aux Restos s’ils ne sont pas vaccinés. Je leur dis que, pour l’instant, oui, mais qu’on ne sait jamais. En tout cas, je ne fais pas de chantage. »
    Dans le petit jardin de la cour intérieure du bâtiment qui abrite l’association, Raphaële Valsangiacomo et Hassan Ayeva, conseillers mission accompagnement santé de l’Assurance-maladie (CPAM) du département, ont installé deux tables, deux ordinateurs et une affiche : « Prise de rendez-vous vaccination anti-Covid ». Il y a quelques jours, les bénévoles y ont retrouvé une inscription au stylo-bille vert : « On n’est pas des cobayes. » C’est la troisième opération de ce type depuis le 16 juillet au centre Grande-Bretagne, qui compte 355 familles inscrites. Ce programme, mis en place depuis le mois de juin dans une cinquantaine de départements en partenariat avec la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), fait partie des dispositifs « aller vers » destinés à toucher les personnes les plus éloignées des soins, et donc de la vaccination. Sans papiers, sans domicile fixe, sans emploi, sans carte Vitale, sans numéro de Sécurité sociale… « Nous mettons tout en œuvre pour que l’inégalité d’accès aux soins ne se reproduise pas une nouvelle fois », explique Patrice Douret, le président des Restos du cœur, qui comptent 2 000 centres en France métropolitaine et en Corse. L’homme fait référence aux populations précaires qui ont enregistré des taux de surmortalité supérieurs à la moyenne depuis le début de la pandémie. « Dès le départ, ils ont été très nombreux à nous faire part de leur difficulté à comprendre ce qu’est le vaccin », poursuit-il. Problèmes de langue, fracture numérique, réticences de fond… Les raisons pour lesquelles ils ne sont pas vaccinés sont multiples. « Beaucoup de gens sont méfiants, ils entendent beaucoup de choses, confirme Véronique Fréchin, responsable de l’action sociale de l’Assurance-maladie de Haute-Garonne. Mais on ne manie pas la trique. Nos conseillers sont là pour transmettre une information. »
    Ouafaa, 26 ans, et son mari, Rabah, habitent depuis deux ans dans un hôtel d’hébergement d’urgence, près de l’aéroport de Blagnac. Originaires d’Algérie, ils ont deux filles, pas de papiers, pas d’ordinateur et un seul téléphone portable pour toute la famille. « On m’a dit que le vaccin, c’était bien pour éviter le Covid, mais on ne savait pas comment prendre un rendez-vous », explique la jeune femme, dans un français rudimentaire. Enceinte, elle ignore également s’il est indiqué de recevoir la première dose. « Suivez l’avis de votre médecin, recommande Hassan Ayeva. Et, si ça peut vous rassurer, vous pourrez également poser la question à un médecin au centre de vaccination. » lbanais, arabe, russe… Les deux conseillers de l’Assurance-maladie et Marie-Do sont des habitués de Google Translate. Ainsi, quelques minutes plus tard, avec deux femmes albanaises. « Data e lingjes [“date de naissance”] », leur demande Raphaële Valsangiacomo, en leur montrant simultanément l’écran de son ordinateur. Un exercice difficile. Quelques minutes plus tard, un couple originaire du Maghreb se présente devant les conseillers de la CPAM. Ils ne parlent pas français, mais on comprend que la peur du gendarme les avait jusqu’ici empêchés de prendre rendez-vous. Ils sont en situation irrégulière, ils n’ont pas de papiers, pas d’assurance-santé, ils étaient convaincus qu’ils n’y avaient pas droit. « Grâce à nos créneaux prioritaires, on peut leur proposer des dates très rapidement, se félicite Hassan Ayeva. Si on leur donne un rendez-vous dans plusieurs semaines, ils n’iront pas, beaucoup sont en situation de grande précarité, ils ne savent pas où ils seront dans quinze jours. »
    Un processus rapide, efficace aussi avec les plus réticents. Ahlem, caissière de supermarché âgée de 28 ans, pensait que le vaccin était payant. Mais pas seulement. « On ne sait pas trop ce qu’il y a dans ces trucs-là, les effets secondaires, les effets sur le long terme… », explique-t-elle. Mais voilà, elle reprend le travail dans quelques jours. « Je vais croiser 1 000 personnes par jour, je me dis que je n’ai plus trop le choix », conclut-elle. Samson, originaire du Nigeria, ne parle pas un mot de français, il communique en anglais. Accompagné de ses deux jeunes enfants, Marvelous et Precious, il est convaincu que la loi l’y contraint. Aïcha, elle aussi se sent un peu « obligée ». « J’étais pas trop sûre, même les personnels de santé refusent de se faire vacciner, mais avec l’école, les centres commerciaux… Il faut le passe sanitaire… alors bon… » « Sans vaccin, je ne suis pas libre », estime pour sa part Chahinez, 33 ans, originaire d’Algérie. Sur les 1 400 personnes venues chercher des colis dans les différents sites de distribution alimentaire en Haute-Garonne, plus de 200 ont pris un rendez-vous vaccination au cours de la dizaine d’opérations menées entre les mois de juin et août. L’Assurance-maladie du département s’est également associée au Secours catholique, au Forum des réfugiés, à Médecins du monde ou encore à l’université fédérale de Toulouse.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#inegalite#vaccination#inclusion#systemesante#accessante#precarite#sensiblisation

  • Les inondations de juillet en Allemagne et en Belgique sont bien liées au réchauffement climatique
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/24/les-inondations-de-juillet-en-allemagne-et-en-belgique-sont-bien-liees-au-re

    La multiplication des précipitations est une conséquence attendue du réchauffement, puisqu’un phénomène physique fait augmenter l’humidité de l’atmosphère d’environ 7 % pour chaque degré supplémentaire.

    #réchauffement_climatique #précipitations #it_has_begun #dérèglement_climatique