• Covid-19 : ces rescapés de la réanimation devenus des militants de la vaccination - Coronavirus - Le Télégramme
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    Leur passage en réanimation a laissé des traces : trois anciens patients témoignent de la dure réalité de la covid-19 à l’hôpital et militent pour la vaccination.

    Selon Santé publique France, près de 90 000 passages en réanimation ont été recensés depuis le début de la crise sanitaire en France. (Lionel Le Saux/Le Télégramme)
    « Ça fait plus d’un an et je ne m’en suis toujours pas remis totalement » : Hugues, 23 ans, a vécu le « cauchemar » de la réanimation. Depuis, comme d’autres rescapés, il se mobilise pour sensibiliser à l’importance de la vaccination contre la covid-19. « Quand je tombe sur des personnes qui ne veulent pas se faire vacciner, je suis plus dans la pédagogie que dans le pathos », explique cet élève ingénieur hospitalisé en avril 2020, dont le séjour en réanimation a été beaucoup médiatisé, vu son jeune âge (21 ans alors).

    Souffrant au départ de « simples symptômes grippaux », il s’est retrouvé alité pendant dix jours avec un masque d’oxygène. Une myocardite aiguë et une embolie pulmonaire ont eu de lourdes conséquences respiratoires : à son grand désarroi, Hugues, qui avait une santé de fer, ne peut plus pratiquer de sport.

    Des séquelles psychologiques aussi
    Les séquelles sont aussi psychologiques. « Avec la covid, certaines personnes ont vécu des formes de terreur qu’on n’avait pas vues chez d’autres patients en réanimation », explique le Pr Didier Cremniter, psychiatre. Ce fut le cas pour Hugues, qui a été diagnostiqué d’un syndrome de stress post-traumatique qui se traduit par des crises de panique et des cauchemars dans lesquels il entend le bruit des machines en soins critiques.

    Aujourd’hui, il témoigne de son vécu tout en « évitant de prendre les gens par les sentiments », un « -dernier recours- ». « J’essaye avant tout de renseigner des personnes qui seraient réticentes à se faire vacciner en leur envoyant des articles ciblant les fake news ou des liens vers des comptes Twitter de personnes plus compétentes », détaille-t-il. « Si le vaccin avait existé à l’époque, j’aurais peut-être évité tous ces problèmes, donc c’est pour ça qu’il faut le faire », plaide Hugues.

    Je n’ai plus ma forme d’avant et je suis traumatisée : j’ai fait un gros "bad trip"

    La pédagogie, c’est aussi l’approche choisie par Cindy Bonnefoi, 35 ans, qui a passé dix jours en réanimation en novembre, dont quatre jours en coma artificiel. Depuis, « je n’ai plus ma forme d’avant et je suis traumatisée : j’ai fait un gros "bad trip" durant lequel j’ai mordu un infirmier et je ne peux plus écouter les pubs et jingles des radios car ça tournait en boucle dans ma chambre  », confie-t-elle.

    Des détails « chocs » pour éveiller les consciences
    « Puisque certains ne croient pas mon témoignage, je privilégie l’information. Je montre les études qui prouvent que les vaccins protègent des formes graves et les chiffres, comme la part majoritaire des non-vaccinés en réanimation », explique-t-elle. Selon des chiffres de la Drees, le service statistique des ministères sociaux, 87 % des entrées en soins critiques fin juillet concernaient des personnes non vaccinées.

    Avec des séquelles plus importantes, Philippe Herbel (nom d’emprunt), 45 ans, estime que les détails « chocs » de son témoignage, qui fera l’objet d’un roman, parviennent à convaincre. Plongé dans un coma artificiel pendant neuf jours début avril, il s’est réveillé avec du diabète, de l’hypertension, une insuffisance rénale et des délires hallucinatoires qui l’ont « convaincu que tout le monde voulait (le) tuer ». Il dit réapprendre « petit à petit à marcher, à l’aide d’un déambulateur ».

    J’ai raconté qu’on se fait en permanence dessus en réa et qu’au moins 30 personnes différentes m’ont nettoyé durant mon séjour
    Plus des deux tiers des patients sortent de réanimation avec des séquelles physiques, toujours présentes un an plus tard pour 50 % d’entre eux, selon Serge Carreira, chef de la réanimation de l’hôpital Saint-Camille à Bry-sur-Marne, près de Paris. Et « il est même possible que (la situation des patients covid) soit plus difficile compte tenu des séquelles pulmonaires de la maladie », ajoute-t-il.

    « L’enjeu de la vaccination, c’est maintenant »
    « Si j’avais été vacciné, j’aurais divisé par dix le risque de faire une forme grave », affirme Philippe. « On ne peut pas se permettre d’attendre pour "avoir plus de recul", l’enjeu de la vaccination, c’est maintenant », martèle-t-il. Il n’hésite pas à mettre en avant la réalité parfois « trash » de son expérience : « J’ai raconté qu’on se fait en permanence dessus en réa et qu’au moins 30 personnes différentes m’ont nettoyé durant mon séjour. Pour certains, ça a été un déclic, ils ne voulaient pas que ça leur arrive à eux ».

    Entre le début de l’épidémie au premier trimestre 2020 et la mi-août 2021, près de 90 000 passages en réanimation ont été enregistrés dans les hôpitaux français, selon Santé publique France.

  • Une fiche distribuée au centre de vaccination de Quimper au cœur d’une polémique - Quimper - Le Télégramme


    La fiche d’information sur le vaccin Pfizer distribuée au centre de vaccination de Quimper. (DR)

    INFO LE TELEGRAMME. Une fiche d’information distribuée au centre de vaccination de Quimper est au cœur d’une polémique. Elle fait tousser certains médecins et antivax. L’ARS Bretagne a fait retirer le document.

    1 Quel est le document contesté ?
    Il s’agit d’une fiche « d’information du patient » contenant les connaissances « disponibles à ce jour sur le produit Pfizer » : efficacité, effets secondaires, durée de l’immunité, protection… Édité par les professionnels du centre de vaccination de Quimper, le document est distribué depuis quatre mois aux personnes venant se faire administrer la solution, en plus de la fiche d’informations médicales. Les personnes sont invitées à signer le document, qui doit être remis au médecin vaccinateur avant l’injection.

    2 Qu’est-ce que reprochent les médecins ?
    Des médecins non-bretons se sont agacés du contenu de la fiche, a appris Le Télégramme. « Elle contient de nombreuses approximations de nature à inciter un patient venu se faire vacciner à faire demi-tour », s’insurge le docteur Michaël Rochoy, chercheur en épidémiologie et membre du collectif « Du côté de la science ».

    Il pointe par exemple la première ligne du document : « Mettre que le vaccin a bénéficié d’une autorisation de mise sur le marché conditionnelle en gras ou qu’il est déployé dans sa phase 3 d’essai clinique, sans en préciser les raisons ou mettre davantage d’informations, ça donne l’impression que nous sommes des cobayes ».

    Pour le médecin, tous les arguments médicaux listés doivent être plus nuancés, pour éviter de jouer « sur les craintes ». Il cite ainsi le dernier point du document, qui indique que « les effets secondaires à moyen et long terme ne sont pas connus à ce stade ». « Vu le suivi en cours depuis un an sur ces vaccins, il n’y a aucune raison, à ce jour, de penser qu’il y a des effets à long terme. Surtout, leur argument n’est pas contrebalancé avec le fait que les effets à moyen et long terme du SARS-CoV-2, comme le covid long, ne sont, eux, pas connus… »

    D’autres points du papier posent également problème aux yeux du médecin, comme la recommandation de ne pas mélanger les différentes technologies vaccinales ou l’absence d’étude sur l’innocuité de la vaccination chez la femme enceinte et allaitante. « Il aurait fallu contrebalancer en disant que ’la Haute Autorité de Santé a recommandé de faire une 2e dose en Pfizer/Moderna si la 1re était en AstraZeneca’ et que les premiers résultats sur les femmes enceintes sont rassurants jusqu’à présent », avance Rochoy.

    3 Qu’est-ce que reprochent les antivax ?
    Des antivax, qui se sont résolus à aller se faire vacciner, s’agacent d’avoir été quant à eux obligés de signer un document avec lequel ils n’étaient pas d’accord. «  Je me suis vu obligé de signer le document sans quoi le généraliste ne pouvait pas me faire piquer par l’infirmière », rapporte l’un d’eux. « Si l’on ne signe pas ce papier, il n’y a pas d’injection, donc pas de passe sanitaire et donc pas d’accès à la vie publique ».

    4 Quelle est la position du centre de Quimper ?
    Face à la polémique, le centre de vaccination défend son document, en renvoyant vers la loi Kouchner de 2002. Ce texte prévoit que le patient doit avoir un « consentement libre et éclairé des actes et traitements qui lui sont proposés ».

    Si un tel consentement « clair, loyal et approprié » est bien demandé s’agissant de la vaccination contre la covid-19, le ministère de la Santé dit qu’il est à recueillir qu’ « à l’oral par le professionnel de santé, (…) il n’est pas nécessaire de le confirmer par écrit ».

    Or, selon le centre de Quimper, « à l’oral, il n’existe aucune preuve que le patient ait bien reçu toute l’information ». La fiche écrite et signée permet de l’inscrire dans le marbre, comme c’est le cas déjà pour les fiches d’informations avant les opérations chirurgicales.

    Avec une telle pratique, le centre entend protéger son personnel vaccinateur si des réclamations sur effets secondaires des vaccins - et au consentement éclairé - venaient à être émises dans les prochaines années. Pour l’un des responsables, la crainte est d’autant plus réelle qu’il voit arriver ces derniers temps dans les vaccinodromes des populations agressives et hostiles aux soignants.

    5 Qu’a décidé l’ARS Bretagne ?
    L’Agence régionale de Santé, qui se dit « très étonnée par le document », a demandé au centre de Quimper de retirer le papier polémique le 18 août dernier. « À ce jour, seule la fiche de renseignements médicaux doit effectivement être émargée dans le cadre de la vaccination », explique l’agence, qui suit la directive gouvernementale. « Tout autre document à titre informatif peut être distribué par les centres de vaccination bretons, mais ne peut nécessiter de signature ».

    L’agence n’a pas souhaité se prononcer sur le contenu même du document. Elle indique néanmoins que « seules les informations officielles, diffusées par le gouvernement et le Ministère de la Santé et dont les mises à jour sont fréquentes, doivent être communiquées » aux futurs vaccinés.

    À ce jour, la fiche contestée n’est plus distribuée à Quimper. Mais le centre n’a pas dit son dernier mot. Selon nos informations, il étudie actuellement toutes les voies possibles pour la remettre en place.

    6 Une décharge pour les médecins ?
    Outre le contenu de la fiche, cette polémique relance le débat sur la responsabilité des soignants dans le cadre de la vaccination contre la covid-19. Le 23 décembre dernier, Olivier Véran s’était pourtant voulu rassurant. Dans un courrier adressé au président du Conseil National de l’Ordre des Médecins, il avait indiqué que les professionnels de santé ne seront pas tenus pour responsables « au motif qu’ils auraient délivré une information insuffisante aux patients sur les effets indésirables méconnus à la date de vaccination ». Ce sera l’État, « au titre de la solidarité nationale » via son fonds d’indemnisation, qui paiera en cas de dommages.