La valeur du jour à Paris Lagardère : Bernard Arnault fragilise Arnaud Lagardère

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    (AOF) - Façon Corleone, cette semaine, la famille Arnault règle ses comptes. Après avoir soldé son investissement chez Carrefour, l’homme d’affaires s’attaque à Lagardère. Sa holding familiale Financière Agache va céder sa participation dans Lagardère Capital, la holding personnelle d’Arnaud Lagardère, en contrepartie d’actions du groupe Lagardère. Le titre de ce dernier cède 0,09% à 21,66 euros. Cette décision semble fragiliser un peu plus la position de l’héritier qui a déjà été contraint d’abandonner au printemps le statut protecteur de commandite par action sous la pression de Vivendi et Amber.

    Au printemps 2020, Bernard Arnault avait porté secours à Arnaud Lagardère, en mémoire de son père. Il avait acquis 27% de sa commandite, Lagardère Capital, qui détenait 7,3% de Lagardère SA, pour le protéger des assauts de Vincent Bolloré et du fonds activiste Amber.

    Mais, l’union entre Arnaud Lagardère et le milliardaire du luxe a fait long feu. Ce dernier n’aurait pas apprécié que son "débiteur" ait, quelques semaines plus tard, pactisé avec Vincent Bolloré en acceptant la fin de commandite.

    Surtout, Bernard Arnault aurait mal pris le refus d’Arnaud Lagardère de lui céder le JDD et Paris Match pour 80 millions d’euros. Ce serait d’ailleurs pour éviter que les deux journaux, considérés comme des vecteurs d’opinion, tombent dans l’escarcelle du patron des Echos et du Parisien, que Vincent Bolloré se serait mis à négocier avec Arnaud Lagardère. En échange de la fin de la commandite, il a hérité du poste de PDG de la société qui porte son nom.

    La décision de Bernard Arnault a pour conséquence de réduire le poids d’Arnaud Lagardère au capital du groupe.

    Actuellement, le premier actionnaire de Lagardère SA, Vivendi, détient 27%, Amber, 18%, et Lagardère Capital, 14%, le Qatar, 12% et Financière Agache, 7,2%

    A l’issue de l’opération, bouclée au plus tard début octobre, Bernard Arnault détiendra 3,9 millions d’actions Lagardère SA, soit 9,97% du capital et 7,90% des droits de vote. Le patron de LVMH sera alors libre de les vendre selon son bon vouloir.

    En revanche, Lagardère Capital, soit Arnaud Lagardère, voit mécaniquement sa participation dans Lagardère SA passer de 14% à un peu plus de 11%.

    AOF - EN SAVOIR PLUS

    La presse magazine en effervescence

    En deux ans cette presse a considérablement évolué en France. Les trois groupes leaders (Lagardère, Bertelsmann et Mondadori) se sont quasiment désengagés pour laisser la place à de nouveaux acteurs. Le groupe Lagardère ne conserve aujourd’hui que « Paris Match » et le « JDD ». Les titres « Elle », « Version Femina », « Télé 7 Jours », « France Dimanche », « Ici Paris » ont été cédés à un nouvel entrant, Czech Media Invest (CMI), contrôlé par le tchèque Daniel Kretinsky.

    Pascal Chevalier, issu de la Net économie, s’est, lui, emparé de Mondadori France (« Grazia », « Biba », « Closer », « Science & Vie ») l’an passé, après avoir repris « Marie France » en 2013. Son groupe dispute désormais la position de leader avec Prisma Media qui pourrait tomber dans le giron de Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré. Prisma Media détient notamment les titres « Femme Actuelle », « Geo », « Gala », « Voici », « Télé-Loisirs » et « Capital ».

    #medias #finance

    • Comment la justice s’est retournée contre Lagardère
      https://www.bfmtv.com/economie/comment-la-justice-s-est-retournee-contre-lagardere_AN-202109030005.html

      Le Parquet national financier confirme à BFM Business avoir ouvert une enquête sur le groupe Lagardère. A l’origine, c’est pourtant son patron Arnaud Lagardère qui avait porté plainte contre le fonds Amber en 2018.

      Arnaud Lagardère fait la cruelle expérience de « l’arroseur arrosé ». Le PDG du groupe Lagardère mène depuis trois ans une bataille acharnée contre le fonds activiste Amber Capital, qui détient aujourd’hui 18% du capital. En 2018, il a lancé une offensive judiciaire qui se retourne aujourd’hui contre lui.

      Le Parquet national financier (PNF) a confirmé à BFM Business avoir ouvert une information judiciaire pour « d’abus de pouvoir, de présentation de comptes inexacts, de diffusion d’informations fausses ou trompeuses, d’abus de biens sociaux et d’achat de votes ». L’enquête est passée au stade supérieur avec la nomination d’un juge d’instruction et se concentre sur le groupe Lagardère et les sociétés personnelles d’Arnaud Lagardère. Le groupe conteste ces accusations, toute infraction ou irrégularité. Amber n’a pas souhaité commenter.

      En octobre 2018, Arnaud Lagardère porte plainte contre le fonds Amber pour délit d’initiés. Au cœur du sujet, le vote du Qatar, lui aussi actionnaire du groupe, lors de l’assemblée générale de mai 2018. Quelques jours avant, l’émirat vote en faveur des propositions d’Amber qui souhaite entrer au conseil d’administration de Lagardère.

      Mais quelques jours plus tard, il se rétracte et change son vote. Lagardère estime qu’Amber a utilisé cette information privilégiée pour racheter, entre temps, des actions.
      Les flux financiers entre les sociétés d’Arnaud Lagardère

      Suite à cette plainte, le PNF a ouvert, en mai 2019, une information judiciaire et a confié l’enquête à l’Autorité des marchés financiers (AMF). Ses investigations ont duré un an et le fonds Amber leur a livré une série de documents qui a conduit le gendarme des marchés à ne pas poursuivre le fonds activiste.

      En revanche, selon nos informations, plusieurs éléments apportés par la défense, ont poussé les enquêteurs de l’AMF à regarder dans une autre direction : celle du plaignant Lagardère. Les comptes de la société d’Arnaud Lagardère, Lagardère Capital Management (LCM) et des courriels sont au cœur de son rapport. Les flux financiers entre LCM, société à but professionnel d’Arnaud Lagardère, et sa société personnelle Lagardère SAS semblent avoir attiré l’attention de la justice pour, notamment, les motifs d’"abus de bien social" et « comptes inexacts », nous décrypte une source.

      L’enquête de l’AMF a été envoyée au PNF qui, au printemps dernier, a donc décidé de saisir un juge d’instruction pour poursuivre les investigations. « La justice s’est complètement retournée contre Arnaud Lagardère », résume une source proche de Lagardère.
      Son poste de PDG déjà ciblé

      Depuis, au mois de mai, les deux belligérants ont signé un accord qui met fin à leurs poursuites mutuelles. Mais l’instruction du PNF était déjà lancée. La menace judiciaire est réelle même si l’enquête devrait durer de longs mois. Elle n’est pas passée inaperçue du côté des adversaires d’Arnaud Lagardère, Vivendi et Amber en tête.

      « S’il venait à être mis en examen, il ne pourra pas garder son poste de PDG très longtemps », souligne une autre source.

      Et pour cause, en 2018, Vincent Bolloré avait précipitamment quitté la présidence de Vivendi, laissée à son fils Yannick, quelques jours avant sa mise en examen pour corruption dans le cadre des affaires de son groupe familial en Afrique. Une « jurisprudence » qu’il aura à cœur d’imposer à Arnaud Lagardère.