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  • Et si la France abritait un jour la force océanique de dissuasion nucléaire du Royaume-Uni ? - Monde - Le Télégramme
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    Évoqué par les médias britanniques, le déplacement des sous-marins britanniques de la base de Faslane, en Écosse, vers la France ou les États-Unis semble hautement improbable. (Photo EPA)

    Les médias britanniques donnent du crédit à un scénario techniquement impossible. Même en cas d’indépendance de l’Écosse, la base de Faslane, qui accueille les sous-marins nucléaires britanniques, ne semble pas menacée.

    L’hypothèse que la France abrite un jour la force océanique stratégique britannique est évoquée, ces derniers jours, par le très sérieux quotidien britannique Financial Times dans une série d’articles faisant référence à des « plans d’urgence secrets pour déplacer ses bases de sous-marins nucléaires Trident d’Écosse vers les États-Unis ou la France, en cas d’indépendance » du voisin septentrional.

    Certes, la coopération entre les deux marines a « atteint un niveau extraordinaire », ont affirmé, cet été, les amiraux Pierre Vandier et Tony Radakin à Toulon. Toutefois, de part et d’autre de la Manche, les spécialistes affirment qu’un tel déménagement n’a jamais été un sujet.

    Un improbable scénario
    Nos ports de guerre en eaux profondes, dont les installations sont dimensionnées au plus juste et enclavées dans des tissus urbains, devraient faire des miracles pour accueillir les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Vanguard et les sept sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) - trois vieux Trafalgar et quatre récents Astutes - basés à Faslane, à 40 km de Glasgow, sur la côte ouest de l’Écosse.


    (EPA)

    Il faudrait aussi loger les bâtiments de surface et les aéronefs qui sécurisent leurs mouvements, la logistique et la maintenance, les chantiers des trois derniers Astutes en construction, et tout le personnel. À supposer que les Américains autorisent le déménagement de leurs missiles nucléaires stratégiques Trident, qui équipent les Vanguard, dont ils supervisent la maintenance des ogives à Coulport, en face de Faslane. Improbable !

    Le cadeau de David Cameron
    Le scénario d’une indépendance future de l’Écosse étant, lui, très crédible, Londres avait commandé, en 2010, une étude sur le sort de Faslane dans ce cas : la « Trident Alternatives Review ». En 2013, ses auteurs conclurent qu’il n’y avait pas d’alternative, repoussant même l’option américaine. Ce serait priver les SNA britanniques de leur proximité avec les routes de l’Atlantique Nord, à nouveau très fréquentées par les sous-marins russes, qu’ils surveillent avec leurs homologues français. Cela explique que Faslane soit aussi un pion majeur de l’Otan ; celle-ci y organise, deux fois par an, son exercice naval « Joint Warrior ».

    En 2014, le Premier ministre David Cameron, qui militait contre le Brexit, à l’instar du gouvernement écossais, fit à ce dernier un cadeau électoral en décidant de rapatrier, à Faslane, les SNA encore stationnés à Plymouth, sur la côte sud, et quelques chantiers navals. Second employeur d’Écosse, la base injecte aujourd’hui 310 millions d’euros par an dans son économie. En cas d’indépendance, un accord serait trouvé sans doute avec le parti indépendantiste, le SNP. Ce dernier, qui gouverne à Édimbourg avec les Verts antinucléaires, n’a pas intérêt à précipiter ce vote.


    (EPA)

    Tout comme Boris Johnson, le Premier ministre britannique, tant que la reprise économique n’est pas confirmée. Il est la véritable cible des articles du journal des élites anti-Brexit. L’affaire sort très opportunément en pleine polémique sur le retrait américain d’Afghanistan. « BoJo », qui se vantait de sa « special relationship » avec Washington, serait prêt à loger en France la force de dissuasion de Sa Majesté…