/jai-joue-au-con-15-gilets-jaunes-renvoy

  • « J’ai joué au con » : 15 Gilets jaunes renvoyés devant le tribunal pour le pillage de la boutique Swarovski à Paris, Timothée Boutry

    Ils sont conducteur d’engins, cariste, métallurgiste, intérimaire, étudiant, sans-emploi ou bénéficiaire du RSA. La plupart ont une trentaine d’années et des mentions à leur casier judiciaire pour des infractions mineures. Le 16 mars 2019, ils sont soupçonnés d’avoir pris part au pillage de l’enseigne de bijouterie Swarovski sur les Champs- Élysées (Paris VIIIe) en marge de l’acte 18 des Gilets Jaunes, l’un des plus éruptifs. Après deux ans et demi d’enquête, une juge d’instruction parisienne vient de renvoyer 15 manifestants — 14 hommes et une femme — pour leur participation présumée à ces vols en réunion. Des prévenus dont les investigations ont montré qu’ils avaient surtout profité d’un effet d’aubaine et non initié le saccage.

    Ce samedi 16 mars 2019, les Champs-Élysées sont en fusion. Alors que les épisodes précédents avaient été plus calmes, l’artère est mise à sac. Point d’orgue de ces débordements : l’incendie du Fouquet’s. Mais plusieurs autres enseignes subissent les foudres des émeutiers tendance Black Bloc, dont Swarovski. Selon les images captées par les caméras placées à l’intérieur de la boutique, tout débute à 15h20 par le jet d’un pavé sur les portes vitrées du magasin par un homme au visage dissimulé. Dans la foulée, une soixantaine de personnes, là encore le visage dissimulé, s’engouffrent. Le pillage qui s’ensuit va durer 23 minutes, au cours desquelles 365 personnes pénètrent à l’intérieur, la majorité ressortant avec des objets en main. À 15h43, la police intervient et procède à des arrestations.

    Les mis en cause dans ce dossier font partie de ces interpellés de la dernière heure. « Les individus ayant commis les premières dégradations des vitrines de la boutique Swarovski n’ont pas pu être identifiés, ayant agi visage masqué et tête cagoulée », constate le parquet dans son réquisitoire. Les autres ont été saisis la main dans le sac.

    Des figurines en cristal à l’effigie de Simplet ou Woody

    Comme Jeff par exemple, un chômeur de 37 ans interpellé en possession de trois figurines en cristal à l’effigie de Winnie l’ourson, Simplet ou Woody d’un montant total de 678 euros qu’il avait l’intention de donner à des membres de sa famille. Ou bien Corentin, qui avait sur lui un bracelet, une bague, un collier et une paire de lunettes de soleil. « Il y a des gens qui étaient dedans et ils balançaient des trucs en l’air de partout. Je me suis servi. J’ai bien vu que ça venait des magasins cassés. Mais sous le coup de l’adrénaline, de la foule et de l’effet de groupe, je n’ai pas réfléchi aux conséquences », a reconnu ce jeune homme de 20 ans. « J’ai joué au con », admet pour sa part Stéphane, un père de famille de 38 ans employé dans la restauration, arrêté avant même d’avoir pu dérober la boîte qu’il convoitait.

    Certains mis en examen ont été interpellés un peu plus tard, comme Luc, identifié grâce à un document perdu sur place et repéré sur les caméras, vêtu d’un gilet jaune et porteur d’un masque de ski, d’un bonnet foncé, d’une raquette de tennis et d’une canette de bière. Lors de sa garde à vue, ce Toulousain de 29 ans a justifié les pillages les qualifiant de « juste redistribution au peuple ». Francis quant à lui, le plus âgé des prévenus (57 ans), a été identifié grâce à son compte Facebook sur lequel il avait posté des selfies sur lesquels il apparaît vêtu d’un gilet très reconnaissable avec son prénom et sa ville de naissance.

    Dans un premier temps, tous les suspects avaient été mis en examen pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens », l’infraction classiquement retenue lorsque des manifestations dégénèrent. Ces poursuites ont finalement été abandonnées par la juge d’instruction, conformément aux réquisitions du parquet. « Les questions posées par le magistrat instructeur ont mis en évidence l’absence de liens entre les différents protagonistes, ceux-ci ne se connaissant pas, pour la plupart (...). Dans ce contexte, il serait abusif de qualifier de groupement volontaire une superposition d’actions individuelles, spontanées et non concertées bien que celles-ci aient pu être induites par un effet de groupe », expose la juge dans son ordonnance en date du 31 août.

    « Les véritables casseurs échapperont aux poursuites »

    « Cette qualification pénale aurait pu être reprochée et retenue à l’encontre de membres des Black Blocs, poursuit-elle. Toutefois, force est de constater qu’aucun des individus interpellés dans le cadre de la présente procédure ne faisait partie d’un tel groupement. À tout le moins, cela n’a pas pu être objectivement démontré. »
    Au final, ne subsistent donc plus que les poursuites pour vol. « C’est une montagne qui accouche d’une souris : plus de deux ans d’instruction, des expertises génétiques, des dizaines d’auditions, de la téléphonie pour finalement ne juger aucun des individus qui ont permis le pillage mais seulement 15 personnes parmi les 365 qui se sont servies une fois le magasin détruit, raille Me Pierre-François Rousseau qui défend deux mis en cause. Comme souvent les lampistes seront devant le tribunal et les véritables casseurs échapperont aux poursuites. » [comme on sait l’avocat est un auxiliaire de justice...]

    Unique satisfaction relevée par l’avocat : l’abandon des poursuites pour « participation à un groupement ». Me Raphaël Kempf, qui défend un Italien de 25 ans arrêté en possession de deux boîtes de bijoux, abonde : « Je constate qu’au sein même du parquet de Paris les appréciations juridiques sont différentes, observe-t-il. Là où la section du traitement en temps réel renvoie les manifestants par dizaines en comparution immédiate pour ce délit, une autre section abandonne les poursuites en constatant, à juste titre, que des individus isolés ne peuvent former un groupement. »

    https://www.leparisien.fr/faits-divers/jai-joue-au-con-15-gilets-jaunes-renvoyes-devant-le-tribunal-pour-le-pill

    Le samedi 1er décembre 2018, la peur s’est abattue sur les beaux quartiers de Paris
    https://seenthis.net/messages/800757

    #gilets_jaunes #justice #champs_élysées