• À gauche, les intermittent·e·s de la lutte antiraciste, Olivier LE COUR GRANDMAISON
    https://blogs.mediapart.fr/o-le-cour-grandmaison/blog/070921/gauche-les-intermittent-e-s-de-la-lutte-antiraciste

    Les universités d’été organisées par plusieurs formations de gauche confirment leur commune pusillanimité sur ces sujets majeurs qu’elles traitent en chiens crevés. La majorité de ces organisations se contentent, au mieux, de quelques paragraphes sur leur site Internet et/ou dans leurs publications. Sans grande conséquence puisque les propositions avancées sont rarement défendues publiquement, et moins encore par leurs candidat-e-s déclarés au cours de ces réunions estivales réputées démocratiques, inclusives et citoyennes mais qui fonctionnent en fait sur un principe plébiscitaire plus ou moins prononcé. Les militant-e-s, les sympathisant-e-s et les invité-e-s débattent ; les vaillants dirigeants décident et, pour certains d’entre eux, ont déjà arrêté le programme qu’ils viennent roder en s’adressant d’abord et avant tout aux électeurs dont ils convoitent les suffrages. Pour que ces marathoniens des échéances électorales sortent de leur sommeil dogmatique et antiraciste, il faut des événements particulièrement graves. De là ces interventions intermittentes, toujours éphémères et bien vite reléguées dans les marges de leur campagne.

    L’université des Insoumis et de leur candidat « naturel », Jean-Luc Mélenchon, en atteste. Pour les premiers comme pour le second, le summum de la lutte antiraciste s’incarne encore dans SOS-Racisme et dans son président, Dominique Sopo, convié avec d’autres à discuter du thème : « Créolisation et République métissée. » En ces matières, l’Insoumis en chef et ceux qui le soutiennent font preuve d’une soumission stupéfiante à l’opération de diversion, initiée par le président François Mitterrand et le parti socialiste, au lendemain de la Marche pour l’égalité et contre le racisme (octobre-décembre 1983). Marginaliser, étouffer puis réduire à néant l’expression autonome de ce mouvement de l’antiracisme politique, tel était l’un des objectifs de SOS-Racisme qui a réussi à imposer un antiracisme toujours plus fraternaliste, mondain, consensuel et, in fine, parfaitement institutionnel pour ces raisons mêmes[8]. Cette association est ainsi devenue le petit bras armé et officiel de nombreux gouvernements et partis soucieux de faire croire qu’ils s’engagent résolument contre le racisme.

    #gauche #racisme