Oui, les évadés des prisons palestiniennes sont des combattants de la liberté

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  • Oui, les évadés des prisons palestiniennes sont des combattants de la liberté
    Par Gideon Levy, le 9 septembre 2021 - Source : Haaretz – Traduction TT pour l’Agence média Palestine
    https://agencemediapalestine.fr/blog/2021/09/09/oui-les-evades-des-prisons-palestiniennes-sont-des-combattants-

    (...) Je connais très bien Zakaria Zubeidi ; je pourrais même me dire son ami. Comme une poignée d’autres journalistes israéliens, je l’ai souvent rencontré au fil des ans, notamment lorsqu’il était recherché. Jusqu’à il y a environ trois ans, je lui envoyais encore des articles d’opinion tirés des archives du Haaretz qu’il voulait pour sa thèse de maîtrise. Néanmoins, il est resté un peu une énigme pour moi, et l’imbroglio qui a conduit à sa réarrestation il y a environ deux ans reste un mystère ; Zakaria n’est pas un garçon, il est père maintenant, alors pourquoi ?

    Mais son histoire est l’histoire classique d’une victime et d’un héros. « Je n’ai jamais vécu comme un être humain », m’a-t-il dit un jour. Jeune garçon, il portait déjà des sacs de sable sur un chantier de la rue Abbas à Haïfa, alors que les Juifs de son âge étaient à la maison avec leurs parents. Son père est mort quand il était jeune ; il était adolescent quand sa mère a été abattue par les forces de défense israéliennes à la fenêtre de sa maison, et quelques semaines plus tard, son frère a été tué et sa maison a été démolie par l’armée. De tous ses amis du camp de réfugiés de Jénine qui ont été immortalisés dans le merveilleux documentaire de 2004 « Les enfants d’Arna », seul lui est encore en vie. En 2004, il m’a dit : « Je suis mort. Je sais que je suis mort », mais la chance, ou quelque chose d’autre, était de son côté.

    Comme Marwan Barghouti et d’autres héros palestiniens, il voulait la paix avec Israël, mais dans des conditions de justice et d’honneur pour son peuple, et lui aussi sentait que la seule option qui lui restait était celle de la résistance violente. Je ne l’ai jamais vu sans arme.

    Je pense à Zakaria maintenant et j’espère qu’il s’échappera vers la liberté, tout comme j’espère que Barghouti sera un jour libéré. Ces personnes méritent d’être punies pour leurs actions, mais elles méritent aussi d’être comprises et appréciées pour leur courage et surtout pour leur droiture. Israël a décidé de les garder en prison pour toujours, et ils essaient, chacun à sa manière, d’annuler ce décret injuste et maléfique. Ils sont exactement ce que j’appellerais des combattants de la liberté. Des combattants pour la liberté de la Palestine. Comment pourrait-on les appeler autrement ?

    #Résistants_évadés