• Incompréhension et colère au Maroc après l’annonce de la réduction des visas par la France
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/09/28/immigration-incomprehension-et-colere-au-maroc-apres-l-annonce-francaise-de-

    Incompréhension et colère au Maroc après l’annonce de la réduction des visas par la France. Le ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita, a déploré une décision « injustifiée », tandis que, sur les réseaux sociaux, les Marocains dénoncent « une punition collective ».L’annonce est tombée comme un coup de massue pour les Marocains. La France a décidé de réduire de 50 % le nombre de visas accordés aux ressortissants marocains et algériens, et de 30 % ceux octroyés aux Tunisiens. « On met nos menaces à exécution », a déclaré Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, mardi 28 septembre sur les antennes d’Europe 1. La décision de Paris, justifiée par le refus des pays maghrébins de rapatrier leurs ressortissants en situation irrégulière sur le territoire français, a particulièrement froissé le gouvernement marocain, longtemps considéré comme le bon élève de la coopération migratoire avec l’Europe. « Cette décision est injustifiée, a déclaré le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, lors d’une conférence de presse, mardi. Le Maroc a toujours géré la question migratoire et le flux des personnes avec une logique de responsabilité et d’équilibre », a-t-il observé, ajoutant que la décision française ne reflétait pas « la réalité de la coopération consulaire entre les deux pays en matière de lutte contre l’immigration illégale ».
    Depuis plusieurs années, le sujet de l’expulsion des migrants en situation irrégulière crispe les autorités françaises. Selon les chiffres fournis par le ministère de l’intérieur, entre janvier et juillet, l’administration ne serait parvenue à expulser vers le Maroc que 80 ressortissants entrés illégalement, sur les 3 301 obligations de quitter le territoire français délivrées par les préfectures. Un chiffre contesté par Rabat, qui affirme avoir octroyé « 400 laissez-passer au profit de personnes en situation irrégulière » au cours des « huit premiers mois de l’année courante ». En France, les procédures d’expulsion restent soumises à des règles strictes. Pour renvoyer vers son pays d’origine une personne en situation irrégulière, il faut d’abord prouver sa nationalité. Or, les migrants concernés dissimulent très souvent leur origine. « Ce n’est pas parce qu’on a une tête de Maghrébin qu’on est forcément marocain, algérien ou tunisien ! Et ces pays ne peuvent pas servir de déversoir des autres nationalités dont les Français ne veulent pas. Mais, lorsque la nationalité marocaine, par exemple, est avérée, leurs autorités consulaires délivrent toujours le laissez-passer », assure M’jid El Guerrab, député de la 9e circonscription des Français de l’étranger (Maghreb et une partie de l’Afrique de l’Ouest).« En faisant porter le chapeau aux pays du Maghreb, on déplace le problème : qu’ils soient de bonne volonté ou pas, cela ne changera que partiellement le taux de réalisation des expulsions, explique de son côté le sociologue spécialiste des migrations Mehdi Alioua. Si les personnes tout juste arrivées sur le territoire sont plus facilement expulsables, la situation est beaucoup plus délicate pour celles qui résident en France depuis des années et qui y ont souvent un travail, une famille, leur vie. » Cette année, un nouvel obstacle s’est ajouté à ces difficultés administratives. Dans le prolongement de la pandémie de Covid-19, le royaume marocain exige désormais un test PCR négatif pour pouvoir accéder à son territoire. Or, beaucoup de personnes en situation irrégulière refusent de s’y soumettre. « En France, il n’existe pas de loi qui oblige quelqu’un à passer un test PCR », rappelle M’jid El Guerrab. Mais « le Maroc n’acceptera pas de changer ses lois », a prévenu Nasser Bourita.Vécue comme une punition collective par l’opinion publique marocaine, la décision de Paris, annoncée à quelques mois de l’élection présidentielle française, a enflammé les réseaux sociaux. Le durcissement de l’octroi des visas devrait ainsi toucher de nombreux Marocains qui se rendent régulièrement en France avec un visa Schengen. Parmi eux, des demandeurs dont une partie de la famille habite en France, comme les couples mixtes divorcés qui veulent rendre visite à leurs enfants restés dans l’Hexagone. En 2019, l’administration avait délivré 346 000 visas aux Marocains pour un motif de tourisme, professionnel, de santé ou pour étudier. Avec 43 000 personnes, les Marocains forment la première communauté d’étudiants étrangers en France, devant les Chinois. « C’est une arme très maladroite, qui punit collectivement un pays. Surtout, on ne peut pas comparer ces personnes, qui ont une histoire forte avec la France, et dont ils parlent la langue, à des personnes irrégulières. Il y a là un amalgame racialiste », dénonce Mehdi Alioua. Reste à savoir comment le gouvernement va mettre en œuvre ces changements. « Chaque refus de visa doit être justifié par un motif préétabli dans une liste. Ils ne vont pas inventer un nouveau motif invoquant la non-collaboration du pays à la lutte contre l’immigration clandestine ! », remarque le député M’jid El Guerrab.

    #Covid-19#migrant#migration#france#maroc#sante#politiquemigratoire#refoulement#rapatriement#test#migrationirreguliere#visa

  • Covid-19 : l’île Maurice confrontée à une forte augmentation de cas avant sa réouverture complète aux touristes
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/09/14/covid-19-l-ile-maurice-confrontee-a-une-explosion-de-cas-avant-sa-reouvertur

    Covid-19 : l’île Maurice confrontée à une forte augmentation de cas avant sa réouverture complète aux touristes. Depuis la mi-juillet, le nombre de contaminations a été multiplié par plus de cinq, soit l’augmentation la plus importante enregistrée sur cette période.
    Les hôpitaux sont saturés, les respirateurs artificiels sont rares et le cimetière où étaient enterrées les victimes du Covid-19 est plein : l’île Maurice fait face à une forte augmentation de cas qui interpelle, à moins de trois semaines de la réouverture complète de ses frontières. Officiellement, tout est prêt pour accueillir les touristes au 1er octobre dans ce paradis de l’océan Indien prisé pour ses plages immaculées et ses eaux cristallines. L’objectif de vacciner 60 % de la population a été dépassé, avec 61 % des Mauriciens ayant reçu au moins deux doses au 11 septembre, ont notamment souligné la semaine dernière les autorités, qui ont rendu la vaccination obligatoire dans certaines activités, dont le secteur touristique, sous peine d’amendes ou de peines de prison. Mais, loin des discours officiels et des campagnes promotionnelles, l’île bruisse d’inquiétude. « La situation empire, mais il y a des instructions pour que nous ne communiquions pas, affirme un médecin sous couvert d’anonymat. La priorité du gouvernement est d’assurer une ouverture en douceur des frontières le 1er octobre. » Le 15 juillet, le pays a rouvert ses frontières uniquement aux personnes vaccinées, qui devaient rester dans des « bulles de villégiature » pendant quatorze jours avant d’être autorisées à s’aventurer plus loin sous réserve d’un test PCR négatif. A partir du 1er octobre, les touristes – vaccinés ou non – seront libres de leurs mouvements dès lors qu’ils auront un test PCR négatif datant de 72 heures avant leur arrivée sur l’île. Cette réouverture est très attendue dans le secteur touristique, qui représente 25 % du PIB de l’île et 250 000 emplois directs et indirects. Hôtesse d’accueil dans un hôtel, Diana Mootoosamy « appréhende » cette réouverture. « Il n’y a plus la quarantaine de quatorze jours et, du coup, nous nous retrouvons sans filet de protection. En accueillant les touristes, allons-nous attirer des devises ou des variants ? », se demande-t-elle.Depuis la réouverture partielle, à la mi-juillet, le nombre de cas a été multiplié par plus de cinq, de 2 461 le 16 juillet à 12 616 le 10 septembre. Cette augmentation est de loin la plus importante en Afrique sur cette période, selon les données compilées par l’AFP. Depuis le début de la pandémie, Maurice a enregistré 1 005 cas pour 100 000 habitants, un chiffre nettement supérieur à la moyenne africaine (598). Le gouvernement impute cette hausse à un relâchement des comportements et rappelle que les nouveaux cas sont majoritairement asymptomatiques.
    Accusées par la population de minimiser le nombre de morts, les autorités ont revu le bilan à la hausse, vendredi 10 septembre. Initialement annoncé à 34, le nombre de décès a été porté à 89 depuis le début de la pandémie. Mais le ministre de la santé a souligné que la majorité d’entre eux n’étaient pas causés directement par le Covid-19 mais résultaient de comorbidité.
    Au cimetière Bigara, où sont enterrées les victimes du Covid-19, la zone dévolue à la pandémie est pleine. Les corps sont désormais inhumés à Bois-Marchand, dans le nord de l’île, déclenchant la colère des riverains. Le 8 septembre, certains ont lancé des pierres sur un convoi des autorités sanitaires venu enterrer des corps.Le discours officiel suscite la méfiance. « On avait fermé le pays, mais le nombre de cas explose. Maintenant, avec une frontière ouverte comme une fenêtre, il y a de quoi frémir », estime Paul Pierre, chauffeur de taxi, s’interrogeant sur l’efficacité des vaccins. Un variant, baptisé C.1.2, a été détecté mais il s’agit d’un variant « classique » et non d’un variant sujet d’inquiétude, a affirmé Laurent Musango, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l’île.
    Malgré tout, l’état des hôpitaux n’est pas de nature à rassurer. « Les gens ne réalisent pas à quel point la situation est grave. On nous parle de nombreux cas asymptomatiques, mais nous sommes déjà au-dessus de nos capacités en termes de cas symptomatiques », affirme une infirmière d’un centre de traitement du Covid-19.

    #Covid-19#migrant#migration#maurice#sante#frontiere#circulation#tourisme#morbidité#test#mortalite#systemesante