Les eaux usées pour traquer le coronavirus, mais jusqu’à quand ? - France

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    https://www.letelegramme.fr/france/les-eaux-usees-pour-traquer-le-coronavirus-mais-jusqu-a-quand-16-09-202


    Comme sept autres stations d’épuration bretonnes (180 en France), celle de Quimper figure dans le réseau de surveillance du SARS-Cov-2
    Photo Christian Rose

    Voilà plus d’un an que les eaux usées des stations d’épuration sont analysées pour traquer le coronavirus. Mais les scientifiques sont inquiets car, faute d’argent, ils ne savent pas s’ils pourront poursuivre leurs missions.

    1 « Quantifier le virus dans les eaux usées »
    Comme le Sars-Cov-2 peut s’infiltrer dans les parties hautes du corps humain, dont le tube digestif, on peut en retrouver dans les selles. Celles-ci s’écoulent ensuite dans les WC et se retrouvent dans les eaux usées d’une station d’épuration. « D’où l’intérêt de déceler et de quantifier la présence du virus dans les eaux usées », expliquent le mathématicien Yvon Maday et le virologue Vincent Maréchal.


    Yvon Maday, professeur de mathématiques, et Vincent Maréchal, virologue, impliqués dans le réseau Obépine.
    Photo Jacques Chanteau

    2 Une première
    Avec d’autres scientifiques, Yvon Maday et Vincent Maréchal ont lancé, en mars 2020, le réseau #Obépine destiné à établir un indicateur de présence du coronavirus dans les eaux usées. Les données du réseau permettent d’observer la progression de l’épidémie avec quelques jours d’avance sur le taux d’incidence, calculé, lui, sur la base des tests effectués par les laboratoires.

    Issus des stations d’épuration, les résultats peuvent notamment assurer une surveillance du virus et contrôler son évolution. « Nous avons été les premiers à créer cet observatoire épidémiologique des eaux usées », assurent les deux spécialistes, réunis, du 13 au 15 septembre, à la station biologique de Roscoff (29), au sein du consortium de recherche Obépine.

    3 180 stations dont huit bretonnes
    Deux prélèvements hebdomadaires sont effectués dans 180 stations de l’Hexagone, dont huit en Bretagne : Rennes, Saint-Malo, Quimper, Brest, Vannes, Lorient, Auray et Saint-Brieuc. Les 180 stations reçoivent les eaux usées de 33 % de la population française.

    4 « La Bretagne exemplaire » mais « il faut rester vigilant »
    « La Bretagne est exemplaire et championne en matière de vaccination, laquelle demeure la première barrière contre le virus, avance Vincent Maréchal. Ce que l’on voit en Bretagne, comme dans d’autres territoires, c’est une réduction de circulation du virus. Il faut cependant rester vigilant, notamment en cette future période automnale-hivernale qui favorise la circulation du coronavirus ».

    5 « Plus d’argent, fin octobre »
    « Fin octobre, nous n’aurons plus d’argent », préviennent les deux scientifiques. Depuis le mois de mars 2020, une enveloppe de 3,5 millions d’euros du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche puis une autre, d’un million, de celui de la Santé ont été débloquées pour cet observatoire épidémiologique. « Il nous faudrait deux autres millions d’euros pour être opérationnels au cours des six prochains mois, insistent Yvon Maday et Vincent Maréchal. C’est une décision importante de savoir si la France se prive ou pas de l’indicateur, mais pour l’instant, nous n’avons aucune information sur le sujet. Aujourd’hui, le risque est réel de voir casser cette dynamique et ce serait dommage de ne pas anticiper l’arrivée d’une nouvelle vague. Le virus a suffisamment de cibles pour recirculer. Il n’y a d’ailleurs pas que le Sars-Cov-2. D’autres virus peuvent en effet être recherchés ».