• « Franc-tireur », « manifeste » hebdomadaire contre l’obscurantisme
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/09/21/franc-tireur-manifeste-hebdomadaire-contre-l-obscurantisme_6095415_3234.html

    Quand je lis que Christophe Barbier ou Caroline Fourest vont faire de « l’anti-extrême-droite » sous la houlette de Daniel Kretinsky, je me marre. Ou bien j’ai envie de pleurer sur la dérive morale du pays. L’extrême-centre a un parfum peu ragoûtant.
    En tout cas, nous avons dans ces quelques lignes un concentré de tout le discours "néo-républicain" qui ne sert qu’à masquer le rejet et l’intolérance au nom du principe bien orgueilleux "l’universalisme, c’est nous". Foutaises.

    De toute façon, aujourd’hui quand un titre se dit "Franc-tireur", ou encore "Front populaire", on sait que c’est pour mieux salir les originaux.

    Plutôt qu’un newsmagazine, ce sera « un libelle, un manifeste ». Un arsenal de papier proposant « un armement intellectuel, journalistique, pour lutter contre la progression de l’obscurantisme ». Lorsque Christophe Barbier présente la publication qu’il s’apprête à diriger, le verbe est haut, le vocabulaire, choisi. « Dès qu’on prononce le mot centrisme, ça fait mou, tiède. Alors qu’on veut faire quelque chose de très puissant, de très offensif », expose l’éditorialiste de BFM-TV, ancien directeur de la rédaction de L’Express.

    Annoncé de longue date, le projet de magazine politique voulu par le financier tchèque Daniel Kretinsky, fondateur du groupe de presse Czech Media Invest (CMI) et actionnaire indirect du Monde, entre dans sa dernière ligne droite. Nommé Franc-tireur, le titre sera porté sur les fonts baptismaux numériques le 6 octobre. Qu’importe le combat que livre M. Kretinsky aux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) : un « événement Facebook » lancera une souscription auprès de membres fondateurs, ainsi qu’une campagne de préabonnements (le budget alloué par CMI reste confidentiel).
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    Un temps pressentie à la direction du titre, l’essayiste Caroline Fourest, membre du conseil de surveillance du groupe de presse, se contentera du rôle de conseillère éditoriale. Elle aura « une posture de muse », euphémise M. Barbier, qui pilote le projet aux côtés du journaliste Eric Decouty, passé par Le Parisien, Le Figaro, Libération ou encore Marianne. L’arrivée en kiosques de cette publication de huit pages est prévue pour la première quinzaine de novembre.
    « Enquêtes au long cours » et « tribunes à charge »

    La polémique qu’avait déclenchée le philosophe Raphaël Enthoven début juin, lorsqu’il avait affirmé qu’il préférerait voter pour Marine Le Pen plutôt que pour Jean-Luc Mélenchon en cas de duel au second tour de l’élection présidentielle d’avril 2022 (une position peu compatible avec la ligne « anti-extrêmes » du titre), ne l’empêchera pas d’assurer chaque semaine un éditorial à la « une ».

    « Franc-tireur » assurera « une présence quotidienne sur les réseaux sociaux », sous forme écrite ou en format vidéo. Le prix de vente devrait être fixé autour de 2 euros

    Outre des « enquêtes au long cours » fournies par des journalistes free-lance, la publication fera la part belle à « des tribunes à charge ». Au nombre des plumes attendues figurent celles de l’ancien secrétaire général de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly, de l’actrice et juriste Rachel Khan (très critique envers la pensée décoloniale), de l’économiste Philippe Aghion (qui avait apporté son soutien à Emmanuel Macron en 2017), du fondateur de l’Observatoire du conspirationnisme Rudy Reichstadt, et de l’écrivain (elle tient au masculin) Abnousse Shalmani, entre autres.

    « Nous serons contre tout ce qui menace l’universalisme républicain », scande Christophe Barbier. Il s’agit de « ne pas laisser aux populistes le monopole de l’émotion, de la révolte », corrobore Denis Olivennes, patron de Libération et membre du conseil d’administration de CMI (Marianne, Elle, Télé 7 jours…), revendiquant sa part dans l’avènement de ce journal « passionnément raisonnable ». Voire relativement conservateur, pointent certains. Franc-tireur – qui se veut « anti-Zemmour, anti-extrême droite, anti-extrême gauche, anti-antivax, anti-complotistes, anti-cancel culture… », selon l’énumération non exhaustive de M. Barbier – assurera « une présence quotidienne sur les réseaux sociaux », sous forme écrite ou en format vidéo. Le prix de vente devrait être fixé autour de 2 euros.

    Aude Dassonville