Défiance, manque de moyens... En Guadeloupe, l’impossible vaccination des soignants

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    La Guadeloupe montre une grande défiance à l’égard de la vaccination contre le Covid-19, notamment chez ses soignants. Au point qu’au CHU du territoire ultra-marin, plus de 70% des agents de l’établissement n’ont pas reçu d’injections. La loi sur l’obligation vaccinale, entrée en vigueur ce mercredi 15 septembre, est difficile à appliquer. Le directeur de l’établissement, Gérard Cotellon, a d’ailleurs déclaré être « dans l’impossibilité » de suspendre les personnels concernés, à moins d’entraver la bonne marche de l’hôpital. L’explication est au moins en partie à puiser dans l’histoire récente : la Guadeloupe a été marquée, comme la Martinique, par le scandale du chlordécone, un pesticide cancérigène utilisé entre 1972 et 1993.

    En tout, 74,19% du personnel non médical du CHU de Pointe-à-Pitre n’a pas démarré son parcours vaccinal. Impossible donc, pour l’instant, de suspendre les agents concernés sans pénaliser les patients. Mais l’établissement n’est toutefois pas dans l’illégalité. A l’inverse de la métropole, l’obligation vaccinale a été repoussée pour certains territoires ultramarins très touchés par la quatrième vague. « Considérant la situation épidémique et la mobilisation totale de tous les soignants pour sauver un maximum de vies dans des conditions difficiles, on n’allait pas leur rajouter la contrainte de l’obligation vaccinale dans la période », a expliqué Olivier Véran lors d’un point presse le 26 août. Il ne s’agit pas d’une dérogation, mais d’un report : le ministre de la Santé a précisé que l’obligation devrait être mise en place dès que ces départements auront franchi « l’autre côté de la vague » épidémique entraînée par le variant Delta.
    Une phase de pédagogie

    Pas question donc d’ignorer l’obligation vaccinale. « Le Dr Cotellon va bien appliquer la loi, mais la question de sa mise en oeuvre se pose aujourd’hui en Guadeloupe, explique Valérie Denux, directrice de l’agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe. Nous venons de vivre une vague épidémique liée à l’arrivée du variant Delta très forte et rapide, qui ne nous a pas laissé beaucoup de temps pour nous préparer. » Après avoir déferlé début juillet, la quatrième vague avait fait plus de 300 morts à la mi-septembre. Un chiffre démesuré rapporté à la population du territoire et ses 390 000 habitants. Une surprise pour la population, aussi, qui avait été relativement épargnée dans les mois précédents. La première vague, entre mars et avril 2020, avait seulement fait 13 morts, contre 125 décès chacune pour les deux suivantes. Aujourd’hui, bien qu’en baisse, la pression épidémique est encore forte. « Nous avons aussi une obligation inscrite dans la loi de prendre en charge les patients, souligne Valérie Denux. C’est ce qui est fait actuellement. »