• L’horreur boréale photographiée par Mustafah Abdulaziz

    EN IMAGES Depuis dix ans, le photographe américain documente les bouleversements provoqués par le réchauffement climatique. Entre glaciers déclinants et décors industriels, sa série « Artic », consacrée au pôle Nord, rend tangible le spectacle d’un monde engagé sur la voie de l’autodestruction.
    Autrefois, les mineurs emportaient un canari en cage quand ils descendaient sous terre. Si l’oiseau cessait de chanter, les hommes savaient qu’ils devaient remonter à la surface le plus vite possible. Du gaz toxique circulait dans la mine. L’Arctique est aujourd’hui ce canari, qui alerte l’humanité sur l’état de la planète. Nulle part ­ailleurs, les températures ne grimpent aussi vite.

    Ces quarante dernières années, le réchauffement y a été quatre fois plus rapide que dans le reste du monde. Ce n’est qu’un début. Dans les prochaines décennies, le phénomène devrait s’accélérer. En cause, le mécanisme de l’amplification arctique : dans un climat global qui se réchauffe, la banquise et la neige perdent du terrain et ainsi réfléchissent moins les rayons du soleil, dont la chaleur est alors absorbée par la mer. Toutes les études scientifiques sont formelles : d’ici aux années 2030, l’Arctique pourrait être privé de banquise en été.

    Le 13 juillet, une température record de 28,8 °C a été mesurée à Slettnes Fyr, à la pointe nord de la Norvège. Les images attestant les bouleversements dans la région ne manquent pas. Elles montrent des ours polaires maigrichons pataugeant dans l’eau, des glaciers brisés, des autochtones aux modes de vie perturbés et des touristes venus du monde entier en bateaux de croisière voir la banquise avant sa disparition.


    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/10/29/l-horreur-boreale-photographiee-par-mustafah-abdulaziz_6197160_4500055.html
    https://archive.ph/QHhLG

    #banquise #Arctique #réchauffement_climatique #amplification_arctique #photo

    • Et on ne parle encore que de la glace, mais bientôt il faudra s’inquiéter du socle rocheux du Groenland dont on estime qu’il c’est enfoncé au fil du temps de 800 mètres sous le poids des 3000 mètres de glace qui constituent l’inlandsis.
      Quelles conséquences d’une remonté soudaine de la plus grande ile du monde, dans un temps si bref ?
      #inlandsis

  • Les séjours des étudiants à l’étranger remodelés par la pandémie
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/09/24/recentrage-sur-l-europe-echanges-virtuels-dans-l-enseignement-superieur-l-in

    Les séjours des étudiants à l’étranger remodelés par la pandémie
    Les établissements se réjouissent de voir la reprise de la mobilité internationale, fortement réduite pendant la crise sanitaire. La période a fait évoluer la manière d’envisager les voyages d’études dans les cursus.
    « C’est une nouvelle année universitaire qui commence finalement plutôt très bien. » Comme la plupart des responsables des relations internationales des établissements d’enseignement supérieur, Christine Fernandez, vice-présidente de l’université de Poitiers, ne boude pas son plaisir de voir revenir les échanges internationaux à des niveaux « presque » normaux en cette rentrée 2021, alors que ceux-là avaient chuté « jusqu’à 40 % » l’année dernière tant en mobilité sortante qu’entrante. Près de 250 étudiants poitevins ont rejoint une université étrangère ces jours-ci, et presque autant d’internationaux ont posé leur valise à Poitiers. Soit une baisse, par rapport à 2019, de « seulement 10 % » dans les deux sens pour ce qui est des échanges avec les établissements partenaires, à laquelle il faut ajouter 750 étudiants free movers, accueillis en « mobilité libre ».
    Après une année et demie de crise sanitaire passée en partie derrière leur ordinateur, « les étudiants ont plus que jamais envie de mobilité », résume la vice-présidente, dont l’établissement accueillait au début de septembre l’assemblée générale des élus aux relations internationales des universités. Cet optimisme est confirmé par tous les établissements d’enseignements supérieurs interrogés, comme par les chiffres de Campus France. L’organisme public chargé de la promotion de l’enseignement français auprès des étudiants étrangers faisait état à la mi-septembre de plus de 110 000 demandes de visas étudiants déposées pour cette rentrée auprès des consulats. Un niveau peu ou prou équivalent à la situation de 2019, « qui laisse envisager un effacement de l’effet de la crise Covid », selon l’agence. Du moins dans les chiffres.Il reste en effet à organiser ces échanges dans un contexte sanitaire encore loin d’être apaisé au niveau mondial. « Notre cellule de crise Covid, lancée au plus fort de la crise, fonctionne encore pleinement, confirme Hendrik Lohse, directeur des affaires internationales de l’école de commerce EM Normandie. La situation sanitaire et les règles en vigueur dans les pays d’accueil ou de départ continuent à évoluer et à nécessiter une adaptation de tous les instants. »
    De fait, sur la carte de classement sanitaire des pays, qu’il connaît par cœur, l’orange et le rouge dominent toujours. Mais depuis août, même les étudiants des pays où la circulation active du virus est jugée préoccupante (Brésil, Argentine, Russie, etc.) peuvent venir étudier en France en faisant valoir le « motif impérieux » de leur inscription dans un établissement d’enseignement supérieur.
    Afin de s’adapter aux conditions d’arrivée différenciées des 1 000 étudiants internationaux sur les cinq campus de l’école (notamment l’obligation d’observer une quarantaine), possibilité leur est donnée de commencer les cours en virtuel avant de rejoindre les salles lorsqu’ils le pourront. Les dates de rentrée ont par ailleurs été élargies, comme dans bien d’autres écoles. Côté départs, s’il note une « appétence inchangée » pour partir étudier à l’étranger, il constate un « léger recentrage des étudiants les plus jeunes sur une expatriation en Europe », à l’image de nombreux établissements.
    « Les étudiants ont aujourd’hui tendance à aller prioritairement vers les partenaires qui privilégient le présentiel, ceux européens notamment », confirme Jean-Michel Nicolle, vice-président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI), et directeur de l’EPF. Selon lui, la crise a « clairement consolidé les liens entre les établissements européens » ayant continué à s’échanger des étudiants depuis un an, alors que d’autres destinations fermaient ou optaient pour le tout-distanciel, en maintenant parfois des frais de scolarité importants, ce qui n’a pas manqué de faire grincer des dents étudiants et responsables d’écoles françaises.
    Dans ses perspectives de rentrée 2021, parues en septembre, Campus France donne l’exemple des Etats-unis, où seulement 24 % des établissements se préparaient à faire leur rentrée en « tout-présentiel » ces jours-ci… Et ce, après avoir eu « une politique restrictive pour l’ouverture aux étudiants internationaux en 2020 », comme la Chine, le Japon ou encore l’Australie aujourd’hui. Bien loin de la politique volontariste française pour ouvrir ses frontières aux étudiants étrangers, en « 100 % présentiel » désormais. Pour le vice-président de la CDEFI, ces choix politiques différents se traduisent aujourd’hui par « une attractivité plus forte des écoles d’ingénieurs françaises dans le monde », et une « plus grande diversité géographique » des étudiants accueillis en ce moment, plus nombreux en provenance d’Amérique latine et d’Afrique notamment.
    La crise sanitaire rebattra donc encore en 2021 les cartes de la mobilité internationale des étudiants. Mais aussi son calendrier et ses modalités d’enseignement. A Sciences Po, choix a été fait de maintenir l’échange international obligatoire des étudiants inscrits en troisième année pour 2021-2022, mais celui-ci ne sera que d’un semestre, contre un an normalement, la grande école n’ayant pu organiser ces échanges qu’avec 200 établissements partenaires, contre plus de 470 en temps normal. Et 25 % des étudiants de Sciences Po partant auront encore droit à des cours virtuels dans leur établissement d’accueil, comme c’est le cas pour 20 % de ceux de l’Essec, 10 % de ceux de l’EM Strasbourg…« Nous sommes convaincus que l’ouverture internationale, notamment par des expériences de mobilité physique à travers le monde, est indispensable à la formation des jeunes », explique Vanessa Scherrer, directrice des affaires internationales de Sciences Po. Autrement dit : ce distanciel n’est pas la panacée. Mais les innovations en matière numérique, lancées à marche forcée au plus fort de la crise pour maintenir la scolarité et les échanges, « ouvrent de nouvelles perspectives », précise-t-elle. Elle cite la possibilité de proposer aux étudiants des cours avec un professeur étranger resté dans son pays, ou bien de créer « des cours joints internationaux » entre partenaires. Mais ces opportunités viendront « en plus » et non en « remplacement » de celles de la mobilité physique, tient à préciser Mme Scherrer.La crise a ainsi permis d’expérimenter une forme d’« internationalisation à domicile » qui donne des idées à nombre d’établissements. Ces réflexions sont d’ailleurs dans la philosophie de la nouvelle charte Erasmus +, rédigée avant la crise, qui prévoit de développer des programmes de « mobilités hybrides » associant un voyage immersif avec des activités virtuelles pouvant regrouper des étudiants de différents pays. Sciences Po se dit même « être très attentive » au développement, accéléré par la crise, de formations diplômantes entièrement numériques.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#etudiant#circulation#frontiere#pandemie#mobilitehybride#numerique#virtuel

  • Dans les hôpitaux d’Idlib, en Syrie, des médecins débordés par la pandémie de Covid-19 et des patients désespérés
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/09/23/syrie-les-hopitaux-d-idlib-sont-debordes-par-la-flambee-des-cas-de-covid-19_

    Dans les hôpitaux d’Idlib, en Syrie, des médecins débordés par la pandémie de Covid-19 et des patients désespérés. La poussée épidémique survient alors que les bombardements de l’armée ont repris. Le système de santé, qui ne tenait déjà plus qu’à un fil, s’effondre.
    Dans l’unité anti-Covid de l’hôpital de campagne de Kafr Takharim, dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, le personnel soignant est au bord de l’épuisement. « Parfois, je suis désespéré face au manque de moyens pour faire face à l’épidémie », confie au téléphone, la voix éteinte, le docteur Ahmad Saado, mercredi 22 septembre. Depuis deux mois, le Syrien de 29 ans, huit autres docteurs et vingt infirmiers se relaient jour et nuit pour accueillir et prendre en charge un flux continu de malades du Covid-19. Après avoir été relativement épargnée par les précédentes vagues épidémiques, la poche rebelle d’Idlib connaît depuis l’été une flambée de cas de contamination, alimentée par la forte contagiosité du variant Delta.Le système de santé ne tenait déjà plus qu’à un fil dans l’enclave surpeuplée, théâtre de combats meurtriers entre les forces loyales au président Bachar Al-Assad, soutenues par la Russie, et l’insurrection armée, appuyée par la Turquie. La moitié des hôpitaux et des centres de soins ont été endommagés, systématiquement ciblés par le régime syrien et l’aviation russe. Une grande partie du personnel soignant s’est jointe au flot de réfugiés. En dépit de la trêve décrétée en mars 2020 entre Ankara et Moscou, les 4 millions d’habitants de l’enclave (dont 2,5 millions de déplacés) vivent sous la perfusion de l’aide internationale, qui arrive au compte-gouttes par la frontière turque. Les autorités locales, sous le contrôle du groupe djihadiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTS), peinent à répondre à la crise économique qui sévit à Idlib, comme dans le reste du pays.
    Les structures anti-Covid mises en place depuis le printemps 2020 par les soignants syriens, avec le soutien à distance d’ONG étrangères et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ne suffisent plus. Le 21 septembre, les provinces d’Idlib et d’Alep ont enregistré 1 312 cas de Covid-19 et 8 morts. Les experts jugent les chiffres officiels sous-estimés. Avec quelque 2 470 tests effectués ce jour-là, le taux de positivité s’établit à plus de 50 %. Les mesures prises par le « gouvernement de salut national » emmené par HTS – report de la rentrée scolaire, fermeture des marchés – sont insuffisantes aux yeux des soignants. Le syndicat des médecins d’Idlib a alerté cette semaine sur la catastrophe sanitaire en cours : à défaut d’une aide d’urgence internationale, il a estimé que le système de santé s’effondrera. A Kafr Takharim, les 10 lits dotés de respirateurs de l’unité de soins intensifs et les 25 lits du centre d’isolement, installés avec le soutien de l’Association médicale des expatriés syriens (SEMA) basée en France, sont déjà tous occupés, en permanence. « Plus de cent malades se présentent chaque jour. On envoie des malades ailleurs dans l’attente qu’un lit se libère. On a reçu une fois un malade de Ariha, une ville à 55 kilomètres d’ici. Du fait du manque d’hôpitaux dans la province, les malades sont pris en charge quand ils sont déjà dans un état très critique. Et on manque de médicaments et d’oxygène pour les prendre en charge », déplore le docteur Saado, qui dénombre entre un à trois morts par jour dans sa structure.« Le taux d’occupation de la plupart des structures de santé dépasse 100 %. Dans la province d’Idlib, il n’y a que six hôpitaux dotés d’unités de soins intensifs et une quinzaine de centres d’isolement. Il y en avait trente-deux en 2020, la moitié a fermé par manque de financement. Les hôpitaux manquent de tout, et surtout d’oxygène. L’OMS a du mal à trouver de nouveaux financements », explique le docteur Nasser Mhawish de l’Assistance coordination unit (ACU), une ONG basée en Turquie.Or, le pic épidémique pourrait ne pas être encore atteint. Du fait de la forte transmissibilité du variant Delta, toutes les classes d’âge sont touchées, dont de nombreux enfants. Le nombre de morts grimpe en flèche – 34 ont été répertoriés dimanche.
    Situation alarmante dans les camps de déplacés. La campagne de vaccination marque le pas. Seuls 2,5 % de la population ont été vaccinés, selon l’OMS. Quelques centaines de milliers de doses de vaccins AstraZeneca et Sinovac ont été livrées dans la province d’Idlib, dans le cadre de l’initiative Covax. « Les équipes de vaccination sont confrontées à l’hésitation de la population et à des antivax actifs. Certains arguent des effets secondaires de l’AstraZeneca, d’autres du manque de recul sur les vaccins ou de leur inefficacité face au variant Delta », indique le docteur Mhawaish. Les mesures de distanciation sociale et le port du masque sont peu respectés par la population. Un confinement est inenvisageable pour une majorité d’entre eux, obligés de travailler pour assurer leur subsistance.
    La situation est encore plus alarmante dans les camps de déplacés, où le nombre de cas commence à exploser. « C’est impossible pour les gens dans les camps de respecter les mesures de distanciation sociale et les gestes d’hygiène, par manque d’eau. Il y a une extrême pauvreté, les gens sont laissés à l’abandon et se fichent pas mal de mourir du Covid-19 ou d’autre chose. Ils sont désespérés », décrit Farid, le photojournaliste. Tous craignent une nouvelle vague de déplacement massif. Les médias du régime de Damas annoncent une nouvelle offensive pour reprendre le dernier bastion rebelle après la rencontre prévue le 29 septembre entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et ses homologues russe et iranien, Vladimir Poutine et Ebrahim Raïssi. Depuis plusieurs semaines, les bombardements de l’artillerie syrienne et de l’aviation russe ont repris le long de la ligne de front, entraînant un nouveau flot de réfugiés du djébel Al-Zawiya vers les camps proches de la frontière turque.

    #Covid-19#migrant#migration#syrie#turquie#sante#personnedeplacee#camp#crise#pauvrete#violence#vulnerabilite