• Les voyages intérieurs des Chinois laissent le tourisme mondial orphelin
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    Les voyages intérieurs des Chinois laissent le tourisme mondial orphelin
    Les 150 millions de touristes chinois, qui avaient alimenté la croissance du secteur avant le Covid-19, voyagent désormais à l’intérieur de leurs frontières. Leur retour, en France notamment, n’est pas attendu avant plusieurs années.
    Le tourisme international s’est remis en mouvement, mais le carburant manque. Depuis bientôt deux ans et le déclenchement de la pandémie de Covid-19, le secteur s’habitue à vivre sans les visiteurs chinois. Ils nourrissaient sa croissance effrénée (5,1 % par an entre 2010 et 2019) par la force d’une classe moyenne grandissante attirée par le monde. Les vacances de la « Golden Week », la semaine de congés qui suit la fête nationale chinoise du 1er octobre, étaient le point culminant de cette frénésie migratoire. Mais cette année, comme en 2020, l’événement devrait être marqué par des déplacements en forte baisse et uniquement à l’intérieur du pays. La volonté des Chinois de voyager reste intacte, y compris pour de longs déplacements transprovinciaux. Les aéroports locaux, comme Canton ou Chengdu, ont détrôné Dubaï, Londres ou Paris en matière de fréquentation. Dès l’été 2020, le tourisme intérieur a retrouvé des niveaux d’activité approchant ceux de la période prépandémique, qu’il s’agisse des déplacements professionnels ou des vacances dans l’île tropicale de Hainan.Pendant les congés de la mi-automne, trois jours à partir du 19 septembre, la Chine a enregistré 88 millions de voyages, soit 87 % du nombre de trajets enregistrés en 2019, avant la pandémie. Les dépenses des touristes ont atteint 37 milliards de yuans (5 milliards d’euros), soit 79 % de leur niveau de 2019. La reprise n’est entravée que par les mesures d’isolement prononcées dès l’émergence d’un foyer de Covid-19, comme en août, ou par les freins posés par le gouvernement, comme à l’occasion de la Golden Week. A Shanghaï, par exemple, les établissements de santé et les écoles imposent à leur personnel et aux élèves de ne pas voyager « sauf nécessité », et d’effectuer un test avant la reprise. Face au risque qu’un nouveau foyer apparaisse, les Chinois ont tendance à privilégier les voyages à proximité et à réserver à la dernière minute. Les frontières extérieures devraient de facto rester fermées bien au-delà des Jeux olympiques (JO) d’hiver de Pékin, en février 2022. Encore engagée dans sa stratégie de tolérance zéro face au virus, la Chine continue d’imposer deux à quatre semaines de quarantaine à l’entrée sur son territoire.« C’est la nouvelle normalité : cela risque de durer très longtemps, met en garde Jin Dongyan, professeur de virologie à l’université de Hongkong, territoire lui aussi concerné par des restrictions drastiques. En ce moment, la Chine vit dans son propre monde, avec sa politique zéro cas. Le prix à payer est très élevé, puisque les frontières sont presque complètement bloquées. Mais il va bien falloir apprendre à vivre avec le virus, parce que je crains qu’il ne s’installe, pour devenir aussi courant que les rhumes. »Pour l’instant, rien n’indique que les autorités chinoises soient prêtes à rouvrir le pays. D’autant que l’année 2022 sera marquée par des rendez-vous importants. Après les JO d’hiver, le Congrès national du Parti communiste chinois, à l’automne, qui devrait être l’occasion de prolonger de cinq ans le mandat de secrétaire général de Xi Jinping, président du pays, est un événement au cours duquel les autorités verrouillent encore plus la société.Prudents chez eux, les Chinois ne sont donc pas près de revenir faire les boutiques en Europe. Quelques chiffres donnent la mesure du manque à gagner pour l’industrie touristique. Les dépenses des voyageurs chinois à l’étranger avaient atteint 227 milliards d’euros en 2019, soit l’équivalent des touristes allemands, britanniques, français et russes cumulés. Sur la décennie 2009-2019, le nombre de Chinois voyageant à l’étranger avait augmenté chaque année de 13 %, pour atteindre 155 millions.

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