Des employés anonymes de Google et d’Amazon dénoncent un accord avec Israël

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    Ils sont des centaines à protester dans un courrier contre l’accord du projet Nimbus concernant "la vente de technologies dangereuses à l’armée et au gouvernement israéliens"

    Plusieurs centaines d’employés anonymes de Google et d’Amazon ont fait part, dans une lettre ouverte publiée mardi, de leur rejet de la décision prise par leurs employeurs de construire des centres de données régionaux, des données basées sur le cloud, au sein de l’État juif.


    Sur cette photo non-datée fournie par Google, les canalisations colorées qui envoient et reçoivent l’eau de refroidissement pour le centre de données de Google de The Dalles, dans l’Oregon (Crédit : dit : AP/Google, Connie Zhou)

    Ils s’opposent également à la fourniture de services à Israël, précisant qu’ils veulent que tous les liens soient rompus avec l’armée israélienne.

    Selon le courrier, qui a été publié par The Guardian, plus de 90 salariés de Google et plus de 300 « employés originaires de différents milieux » d’Amazon ont signé la missive.

    Ils ont indiqué souhaiter rester anonymes « par crainte de représailles », ce qui rend impossible de vérifier le nombre de signataires de manière indépendante.

    La lettre faisait référence au projet Nimbus sur le cloud, qui permettra aux ministères israéliens et aux autres entités publiques de transférer des serveurs et des services sur le cloud fourni par les deux firmes technologiques. Jusqu’à ce que les centres de données régionaux soient construits – ce qui devrait survenir à l’horizon 2023 – les services du cloud seront assurés par des centres de données AWS de Google et d’Amazon en Irlande, en Hollande et à Francfort. Toutes les données seront ensuite transférées dans les centres qui seront établis au sein de l’État juif.

    « En tant qu’employés permettant à ces firmes de mener leurs activités, nous sommes dans l’obligation morale de dénoncer les violations de valeurs déterminantes. Et pour cette raison, nous nous trouvons dans l’obligation d’appeler les responsables d’Amazon et de Google à abandonner le projet Nimbus et à couper tous les liens avec l’armée israélienne », indique le courrier sans mentionner les autres entités qui bénéficieront des services des deux entreprises.

    Les employés ajoutent que les deux firmes technologiques ont entamé des discussions concernant des contrats avec des institutions américaines comme le département de la Défense, l’ICE (l’instance chargée de l’immigration et des douanes) et la police.

    « Ces contrats entrent dans le cadre d’un modèle perturbant de militarisation, de manque de transparence, où toute supervision est évitée », poursuit la lettre.

    Les employés notent que l’accord conclu avec l’État juif est dans la même veine – un contrat autorisant « la vente d’une technologie dangereuse au gouvernement et à l’armée israélienne ».

    Il poursuit en indiquant que le contrat a été signé au mois de mai – « la même semaine où l’armée israélienne a attaqué les Palestiniens de la bande de Gaza, tuant presque 250 personnes dont 60 enfants ». Elle ne précise pas que les frappes israéliennes sont venues répondre aux lancers, par les groupes terroristes de l’enclave côtière, de milliers de roquettes vers des civils israéliens, qui ont fait un certain nombre de victimes dans le pays.


    Des roquettes sont lancées depuis la bande de Gaza en direction d’Israël, le 10 mai 2021. (Crédit : AP Photo/Khalil Hamra)

    « Les technologies que nos firmes s’engagent à mettre en place rendront les discriminations et les déplacements systématiques commis par l’armée israélienne plus cruels et plus meurtriers encore pour les Palestiniens », poursuit la lettre. « Le projet Nimbus est un contrat à hauteur de 2,1 milliards de dollars visant à fournir des services de cloud au gouvernement et à l’armée israélienne. Cette technologie va permettre une surveillance encore plus grande des Palestiniens et la collecte illégale de données à leur encontre, et elle va faciliter l’expansion illégale des colonies israéliennes sur les terres des Palestiniens. »

    Les auteurs du courrier concluent qu’il est « impossible » pour eux « de détourner le regard » alors que leurs produits sont utilisés pour « retirer aux Palestiniens leurs droits fondamentaux, aider à leur expulsion et aider les attaques israéliennes dans la bande de Gaza – des actions qui ont entraîné des enquêtes pour crime de guerre à la Cour pénale internationale (CPI) ». En réalité, les investigations lancées par le tribunal de La Haye sur des crimes de guerre présumés de la part d’Israël concernent également le groupe terroriste du Hamas qui est accusée de la même chose par les magistrats.

    Le contrat conclu avec Google et Amazon par le gouvernement s’étend sur sept années initiales, avec l’option de le prolonger pendant un total de 23 ans, ont commenté les responsables. Après les sept premières années, l’État juif pourra ajouter d’autres fournisseurs de service ou cesser ses activités avec Amazon et Google.

    Le projet, qui prévoit l’installation de six centres de données en Israël – ce qui correspond à un investissement d’au moins 4 milliards de dollars – entraînera la création d’environ 500 postes directs pour chaque centre, mais il permettra aussi de dynamiser l’emploi via les services auxquels ces centres auront recours de la part d’autres entreprises.

    Ces centres aideront aussi à créer un écosystème pour les start-ups spécialisées dans les services du cloud, ont ajouté les responsables, et ils formeront une main-d’œuvre en leur donnant les compétences appropriées – des compétences qui pourront ensuite se propager dans l’écosystème technologique national. Les pays voisins pourront également profiter des infrastructures israéliennes, a précisé le ministère des Finances.

    Cette année, dans un contexte de conflit entre l’État juif et les groupes terroristes de la bande de Gaza, des employés de Google avaient demandé aux responsables de l’entreprise de réexaminer les contrats conclus entre le géant technologique et « les institutions qui soutiennent les violations des droits des Palestiniens de la part d’Israël », citant l’armée israélienne comme exemple.

    La missive, écrite par des employés juifs de Google, avait été envoyée au directeur-général Sundar Pichai. Elle avait aussi appelé la firme à renforcer son soutien apporté aux Palestiniens en réponse au conflit.


    Le directeur-général de Google Sundar Pichai pendant une visite au El Centro College à Dallas, au Texas, le 3 octobre 2019. (Crédit : AP Photo/LM Otero, File)

    Alors qu’il lui avait été demandé, au mois de mai, si les géants de la technologie pouvaient décider d’interrompre leurs services et de laisser Israël dans l’embarras, l’avocat Zviel Ganz, qui travaille au département juridique du ministère des Finances, avait répondu « qu’au vu des exigences présentées dans les appels d’offres, la réponse est non ». Les contrats interdisent également aux firmes de refuser leurs services à des entités gouvernementales particulières, avait-il ajouté lors d’un point-presse.

    Ganz avait noté que de telles possibilités avaient été prises en compte lors de la formulation des appels d’offres. « Nous avons créé plusieurs modèles pour ce type de scénario et ils sont envisagés et encadrés dans tous les appels d’offres », a-t-il poursuivi.

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