Qui va à la chasse

/stepanoff-L-animal-et-la-mort.html

  • Qui va à la chasse
    https://laviedesidees.fr/stepanoff-L-animal-et-la-mort.html

    À propos de : Charles Stépanoff, L’animal et la #mort. Chasse, modernité et crise du sauvage, La Découverte. Les chasseurs sont davantage préoccupés des fragilités de la nature qu’on ne le croit généralement. Ils en sont les premiers témoins et leur relation à l’animal n’est pas seulement faite de prédation aveugle.

    #Société #anthropologie #animaux
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20211022_animal.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20211022_animal.pdf

    • La préoccupation de la fragilité de la nature... C’est beau comme du Madzneff !
      Depuis les trois dernière semaine voici comment les modernes chasseurs ont montré leur amouuuuurrrrr pour la fragilité de la natuuuuuurrrrrrre (morte) !

      Préjudice écologique : une société de chasse condamnée à ré
      parer des travaux en zone humide

      https://www.actu-environnement.com/ae/news/prejudice-ecologique-reparation-travaux-zone-humide-societe-chas

      l’ancien deuxième vice président de l’ONCFS jugé pour braconnage

      https://www.chassepassion.net/actualite-de-la-chasse/insolites/pas-de-retrait-de-permis-pour-lancien-vice-president-de-loncfs-juge-p

      #virilisme #carnisme #sexisme #specisme #polleurs #tueurs #nature_morte

    • Amour et exploitation de la nature

      La sensibilité contemporaine à l’égard de la souffrance animale, qui semble de plus en plus partagée, va de pair avec le maintien d’un rapport d’exploitation des ressources naturelles que les mobilisations environnementales ne sont pas encore parvenues à infléchir. On peut supposer que le changement n’aura lieu que lorsqu’il sera vraiment imposé par la catastrophe climatique. Il semble que plus nous aimons les animaux qui peuplent le monde sauvage, mais aussi leurs biotopes, plus nous nous livrons à l’extraction des ressources qui met en question la pérennité de leur reproduction.

      Kurozawa, Dersou Ouzala

      Ce constat est le point de départ de l’enquête sur la chasse que livre Charles Stépanoff dans un livre pionnier, car il se nourrit d’une double expérience ethnographique : celle des peuples autochtones de Sibérie, qui a longtemps occupé l’auteur et donné lieu à des travaux originaux ; celle des chasseurs qui vivent aux confins de la Beauce, des Yvelines et du Perche, terrain que les circonstances lui ont imposé, mais qui s’est révélé d’une rare fécondité. Si la démarche comparative ne constitue pas le nerf de l’argumentation, elle n’en permet pas moins de rendre compte de pratiques qui se situent dans les périphéries de la métropole parisienne en ne les traitant pas différemment de celles qui sont prises dans un rapport « non moderne » à l’#animal. La représentation la plus répandue chez les amoureux de la nature consiste en effet à opposer d’un côté des pratiques de prélèvement qui semblent être intégrées au fonctionnement des écosystèmes, parce qu’elles sont à la fois frugales et limitées par l’arsenal à disposition des chasseurs (et aussi des cueilleurs), et d’un autre côté des attitudes qui ne sont plus fondées sur la nécessité de la survie et qui manifestent uniquement le maintien d’une violence prédatrice devenue inutile et dangereuse. Si l’exploitation industrielle aussi bien que l’agriculture intensive qui marquent notre relation à la nature trouvent leur origine, comme le mode de production capitaliste, dans l’histoire de l’Occident, l’anthropologue remarque qu’ "_on se tromperait si l’on imaginait que les groupes humains qui semblent le plus étrangers à ce mode de vie entretiennent, par contraste, des relations purement harmonieuses et contemplatives avec les êtres qui les entourent. Pour se nourrir, pour fabriquer leurs vêtements, pour édifier leurs habitations et les chauffer, les peuples autochtones tuent des animaux, abattent des arbres, détruisent les milieux (p. 7).3
      Les formes et surtout l’intensité de la #prédation ne sont plus les mêmes, cela va de soi, mais il est nécessaire de rappeler ce fait pour éclairer les formes de relation à la nature dans le monde contemporain, où le capitalisme existe à l’état global. L’anthropologie nous évite de sombrer dans l’illusion d’un univers autochtone parfaitement intégré à l’écosystème, illusion qui est au principe de nombreuses représentations de l’écologisme ou du végétalisme populaires.

      #Charles_Stépanoff