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  • Allocution de la philosophe Kathleen Stock à Brighton

    La philosophe britannique Kathleen Stock s’est adressée il y a quelques jours à un auditoire réuni à Brighton par l’organisation féministe A Woman’s Place UK pour discuter des droits des femmes et des transfemmes. Elle nous a accordé la permission de traduire et afficher les Notes préparatoires à ses propos, qualifiés d’inacceptables par un lobby qui a cherché à empêcher par des pressions et du piquetage la tenue de cette conférence. Jugez-en, et veuillez diffuser ce texte dans votre réseau si vous en aimez la qualité.

    La vidéo de cette conférence est maintenant en ligne : https://www.youtube.com/watch?time_continue=29&v=bg4_E6Y4POc

    On trouvera plus bas une entrevue de Mme Stock accordée à un journal local.

    Bonjour à toutes et à tous.

    Je suis universitaire à l’Université du Sussex, au département de philosophie.

    L’un de nos domaines est celui de la philosophie politique, le fait de discuter de ce qui est juste ou injuste dans les conventions sociales et politiques, y compris les lois. Avoir des opinions, mais aussi soutenir ces opinions avec des arguments rationnels.

    Au cours des derniers mois, j’ai décidé de faire un peu de philosophie politique publique. J’ai commencé à écrire sur les problèmes que posent des changements proposés à la Loi sur la reconnaissance de l’identité sexuelle, et sur leur interaction avec la Loi sur les égalités.

    J’ai affiché une série d’essais sur la plate-forme Medium, qui se trouve facilement en cherchant mon nom et le mot « Medium », ou en cliquant sur le tweet épinglé en haut de mon fil Twitter. J’ai aussi écrit un certain nombre de textes pour le journal The Economist, qui sont aussi épinglés sur mes pages Internet.

    J’énonce clairement dans mes écrits que j’appuie entièrement les droits des personnes trans à vivre sans subir de violence, de discrimination ou de haine.

    Je tiens également à faire la distinction entre les transactivistes et les personnes transgenres.

    Par « transactivistes », je désigne des organisations comme Stonewall, Gendered Intelligence, etc., qui sont socialement très visibles, politiquement puissantes et ont beaucoup d’argent. Elles ont un message politique central, assez simpliste. Elles promeuvent agressivement le mantra « les transfemmes sont des femmes », qui signifie apparemment pour elles « littéralement des femmes, dans tous les sens possibles », et elles sont partisanes du critère d’auto-identification. Il est important de noter que ce ne sont pas toutes les personnes trans qui sont d’accord avec ces organisations ou considèrent qu’elles parlent en leur nom.

    Un des thèmes de mes écrits concerne les conflits d’intérêts possibles entre deux groupes, dans une société qui est déjà sexiste :

    d’une part, les femmes biologiques, en tant que catégorie de personnes

    de l’autre, les transfemmes auto-identifiées.

    Des conflits d’intérêts se produisent entre des groupes lorsqu’on accorde à un groupe quelque chose qui enlèverait quelque chose d’important à un autre. De tels conflits sont une caractéristique standard de la vie sociale et politique : pour prendre un autre exemple familier, les groupes religieux d’une société peuvent être en conflit d’intérêts avec des groupes laïques.

    Les transactivistes voudraient vous amener à croire qu’il n’y a pas de conséquences importantes ou de conflits d’intérêts pour les femmes biologiques si les transfemmes auto-identifiées sont acceptées comme des femmes au sens propre dans tous les contextes possibles. Je ne crois pas que ce soit vrai.

    Je pense qu’il existe certaines autorisations, protections et ressources qui, si elles sont accordées aux transfemmes sur une simple autodéclaration, enlèvent quelque chose aux femmes biologiques ; et, en raison du sexisme, elles enlèvent en fait des choses qui sont DÉJÀ déficientes.

    Par exemple :

    – Prenons la sécurité des femmes concernant la violence sexuelle (qui est déjà déficiente) ; si les espaces non mixtes réservés aux femmes, des endroits où elles se déshabillent ou dorment, se trouvent à être réduits ou même supprimés, cela risque de réduire la sécurité des femmes biologiques, qui ont besoin de ces espaces pour protéger leur sécurité et leur intimité.

    – Ou prenons la représentation politique des femmes (encore une fois déjà déficiente) : si les listes restreintes réservées aux femmes pour des postes de députés sont ouvertes aux transfemmes, comme elles l’ont été au Parti travailliste, alors cela réduit les possibilités déjà limitées de représentation politique des femmes.

    On peut faire le même type d’observations au sujet du sport féminin ou de la représentation féminine dans les médias.

    Si les ressources dans un domaine particulier souffrent déjà de lacunes, en raison d’une société sexiste, leur ouverture aux transfemmes les rendent encore plus limitées.

    Si les transfemmes sont littéralement des femmes, non seulement au plan juridique, mais de toutes les autres façons – et plus encore, s’il suffit de s’auto-identifier pour devenir des femmes au sens propre – alors cela ne fait rien de moins que forcer la société à une refonte complète de la catégorie des femmes ; et cela a pour les femmes biologiques toutes sortes d’effets matériels, qui nécessitent une analyse attentive.

    Alors voilà le genre de choses à propos desquelles j’écris. Mais ce dont je veux surtout parler ce soir, c’est d’un problème qui explique en partie pourquoi les choses que je viens de décrire échappent à une discussion conséquente.

    Il s’agit du silence relatif des universitaires qui voudraient critiquer les récits mis en avant par les transactivistes.

    Pour vous donner une idée de la façon dont ce silence a lieu, je vais vous parler brièvement des réactions suscitées par mon travail : gardez à l’esprit que j’ai seulement commencé à écrire à ce sujet il y a 10 semaines. Ces réactions ont pris diverses formes.

    Une d’entre elles consiste en des réactions publiques colériques et agressives de la part de collègues universitaires ; par exemple :

    On m’accuse de causer du tort et même des violences aux trans par mes écrits, malgré que je réaffirme constamment le droit de toutes les personnes trans à vivre sans subir de violence et de discrimination.

    On me dit que j’essaie de susciter une « panique morale » à propos des transfemmes, même si je répète constamment que je ne crois PAS qu’il s’agit d’un groupe particulièrement dangereux ; je rappelle simplement que ces personnes sont de sexe masculin, et que les hommes biologiques ont en général des comportements violents envers les femmes.

    On me dit que je « débats de l’existence même des personnes transgenres ». Ce n’est pas du tout ce que je fais. Je discute d’un changement proposé à la loi pour faciliter l’obtention d’un certificat de reconnaissance d’identité sexuelle. Je ne sous-entends pas qu’il faille se débarrasser complètement de la loi existante.

    On me reproche de ne pas être « gentille » ou « inclusive » (il s’agit, bien sûr, de stéréotypes sexistes, et les gens me font ces critiques parce qu’ils supposent que je suis la femme aimable qui culpabilisera de ne pas être considérée comme gentille).

    On me dit que je joue à « des jeux intellectuels » avec la vie des gens. (Croyez-moi : je ne suis pas le genre de personne qui affronterait toute cette hostilité pour m’amuser. Je ne suis pas une psychopathe ! Je fais cela parce que je crois que c’est très important.)

    Alors voilà le genre de réactions auxquelles j’ai eu droit. Cela dit, la critique des positions de chacun est absolument normale pour les philosophes. Mais ces réactions ne ressemblent pas à la critique universitaire normale. Elles portent surtout sur ma personnalité ou les motivations qu’on me prête ; on ne s’adresse pas vraiment à mes arguments de base ou aux conflits d’intérêts dont je parle.

    Plus récemment, il y a eu aussi des protestations publiques à mon sujet, par exemple sur le site Web de l’association étudiante, sur mon campus et dans la presse locale.

    Je crois déceler dans tout cela certains objectifs communs :

    1) m’humilier publiquement.

    2) m’isoler socialement d’autres partisans de mes thèses.

    Le but ultime est, bien sûr, de me convaincre de me taire.

    En d’autres termes, si je généralise à partir de mon cas, l’humiliation sociale me semble être l’une des armes les plus puissantes utilisées pour bâillonner en général les universitaires qui essaient d’apporter une contribution critique sur cet enjeu.

    Je crois en particulier que ce genre de réaction vise délibérément les femmes, comme moi, car on tient pour acquis que nous avons été socialisées d’une manière qui nous rend particulièrement enclines à ressentir de la honte. Les gens qui veulent que les femmes cessent de parler se servent de l’humiliation comme arme pour y parvenir. Je vois des hommes soulever certains arguments comme moi, mais ne rien subir d’équivalent comme réaction.

    En tout cas, je suis heureuse de dire que cela n’a pas fonctionné : je ne ressens aucune honte de ce que j’ai écrit. Je crois qu’il s’agit de propos justes et importants. Et je suis absolument convaincue que je devrais avoir le droit de dire ces choses sans subir d’attaques personnelles et de harcèlement.

    Cependant, je tiens à poser une question : quelles sont les conséquences matérielles de ce type d’environnement pour les universitaires, de façon plus générale ? Eh bien, une de ces conséquences est que ces personnes ne se sentent à l’aise de parler qu’en privé, ou parfois de façon anonyme. Si elles en parlent sur Internet, ce sera parfois sous un pseudonyme. Mais plus souvent, elles garderont le silence. Depuis que j’ai commencé tout cela, j’ai littéralement arrêté de compter les courriels que j’ai reçus de collègues qui m’assurent de leur sympathie, mais n’osent pas exprimer leurs idées publiquement.

    Donc : parce que la plupart de mes collègues gardent le silence, je vais maintenant énumérer quelques domaines de recherche où la discussion, l’analyse et l’observation semblent manquer actuellement ; ce qui a un grave impact sur l’état du débat public à propos du sexe et du genre.

    En premier lieu : le droit.

    De la part des juristes, nous avons besoin, entre autres, d’une discussion publique sur l’interaction ambiguë de la Loi sur les égalités avec la Loi sur la reconnaissance de l’identité sexuelle. Mais plus fondamentalement, nous avons besoin d’une clarification publique du fait que le droit ne peut pas changer la biologie. Vous pouvez, bien sûr, changer légalement de sexe avec un certificat de reconnaissance d’identité sexuelle, mais les législateurs n’ont jamais eu l’intention de se prononcer par là sur la biologie ou, d’ailleurs, sur la nature de la féminité non plus. À mon sens, c’est ce qu’on appelle une « fiction juridique » et c’est un terme technique : c’est-à-dire que l’intention de cette loi était que les transfemmes soient traitées comme les personnes de leur sexe de préférence pour certaines fins juridiques définies. Mais cela est complètement différent du nouveau mantra selon lequel « les transfemmes sont des femmes » dans tous les contextes possibles.

    Parlons ensuite du domaine de la médecine et de la biologie.

    Désormais, certaines personnes croient apparement que les transfemmes peuvent être biologiquement des femmes, du fait de prendre des hormones. En fait, être biologiquement de sexe féminin implique d’avoir des chromosomes XX, ainsi que la totalité ou une partie d’un ensemble de caractéristiques sexuelles primaires. C’est un peu plus complexe chez les personnes qui sont nées intersexuées, mais cette exception n’est aucunement pertinente pour quiconque est né de sexe biologique masculin et commence, plus tard, à prendre des hormones. Si les universitaires n’en arrivent pas à rappeler ce fait plus clairement, le public deviendra de plus en plus confus. Nous perdrons une puissante explication de l’oppression des femmes basée sur le sexe ; nous perdrons également la capacité de parler de la santé et de la reproduction des femmes, et de bien d’autres choses encore. Par exemple, j’ai vu l’autre jour un message sur Internet selon lequel les transfemmes pouvaient avoir des règles. Et ce message affichait plus de 1000 « J’aime ».

    Parlons maintenant de l’histoire.

    Les transactivistes ont tendance à réécrire les récits d’histoire, pour y déceler ce qu’ils appellent des personnes trans (leur priorité), alors même qu’on peut soutenir que ce concept « trans » n’a vraiment émergé que dans les années 1990. Cette année, par exemple, j’ai dû voir des centaines de fois l’affirmation qu’une « transfemme », Marsha P Johnson, avait « lancé » l’émeute de Stonewall en 1969 à New York. (Ce soulèvement a contribué à catalyser l’activisme entourant les droits des homosexuels.) Mais cette affirmation au sujet de Marsha Johnson apparaît inexacte à deux égards :

    a) de son propre aveu, Johnson n’est arrivé sur place qu’après le début de l’émeute ; en fait, ce soulèvement a été amorcé par une lesbienne butch, Stormé Delaverie, même si on mentionne rarement son nom.

    Et, fait tout aussi important :

    b) Marsha s’identifiait comme homme gay et drag queen.

    J’aurais pensé que des historiens ayant un souci de vérité voudraient s’atteler à ce problème.

    Passons maintenant à la psychologie :

    Dans les discussions sur les espaces non mixtes, on voit souvent des statistiques sur la vie des transfemmes utilisées pour justifier politiquement l’idée que celles-ci devraient avoir accès aux espaces réservés aux femmes. On utilise par exemple à cette fin des chiffres sur les taux de violence contre les personnes trans, les crimes haineux, les tentatives de suicide, etc.

    La plupart des statistiques citées proviennent de sondages téléphoniques ou par Internet commandés par des organisations comme Stonewall. Les résultats sont ensuite interprétés dans les communiqués de presse de cette organisation et utilisés sans réserve pour étoffer des reportages ; ils sont même cités par des membres du gouvernement pour décider des politiques. J’aimerais voir un examen critique de ces statistiques et, idéalement, des études universitaires qui ne soient pas financées par des organismes communautaires ayant un intérêt direct dans leurs résultats (de la même manière que le risque de partialité est discuté ouvertement en ce qui concerne les essais de médicaments financés par des sociétés pharmaceutiques). Nous devons nous renseigner sur la vie des personnes trans, tout comme nous devons nous renseigner sur la vie des femmes, et nous avons besoin d’universitaires pour faire correctement ces observations et ces analyses.

    Je vais terminer en parlant de mon propre domaine, la philosophie. Elle traite des distinctions conceptuelles et des analyses précises. Ce serait d’une grande aide pour la conversation publique si les philosophes pouvaient parler plus librement, en abordant toutes les perspectives, plutôt que de s’en tenir à une seule. En voici juste quelques exemples.

    La philosophie peut nous aider à comprendre une distinction entre i) un droit fondamental des personnes et ii) un moyen de réaliser ce droit. De sorte que, pénétrer dans un espace créé pour protéger des femmes n’est pas un droit fondamental pour une transfemme. Mais c’est un droit fondamental pour les transfemmes de ne pas subir de violence. La revendication d’accès aux espaces réservés aux femmes est une proposition de solution pour réaliser le droit de ne pas subir de violence, mais ce n’est pas la seule façon d’y arriver.

    La philosophie peut aussi nous aider à comprendre la différence entre ce que l’on appelle « mégenrer délibérément » une personne trans (c-à-d. la désigner comme un homme), d’une manière insultante, et parler de la réalité biologique et politique des femmes. Il faut qu’il existe un contexte dans lequel il est permis de parler des femmes, en tant que telles, sans que cela constitue une insulte pour d’autres personnes. Si on nous prive de mots pour décrire les différences entre les femmes et les transfemmes, alors nous ne pouvons plus nommer nos propres corps, nos vécus et notre oppression.

    La philosophie peut aussi nous aider à examiner ce qu’est une « lesbienne ». La catégorie des lesbiennes peut-elle inclure une transfemme préopératoire, dotée d’un pénis, qui est exclusivement attirée par des femmes ? Les transactivistes répondent oui ; beaucoup de lesbiennes, y compris moi-même, répondons non – pas parce que nous sommes mesquines, mais parce que nous avons besoin d’une catégorie pour l’orientation homosexuelle entre femmes (l’attraction du même sexe). Cette catégorie a une fonction politique et conceptuelle. Si nous la rejetions, nous devrions simplement la réinventer à nouveau.

    Voilà donc quelques-unes des questions d’ordre universitaire qui doivent être abordées dans ce débat.

    Pourquoi faut-il que les universitaires possédant des compétences s’expriment dans ces domaines ? Je peux penser à trois raisons, et je vais terminer avec elles.

    La première, au risque d’être barbante, c’est que les faits sont importants et devraient compter avant tout pour les universitaires. La vérité compte. Si la plupart des universitaires qui ont des compétences se voient réduire au silence, ou se l’imposent, nous nous retrouvons avec un récit unilatéral, sans parler d’affirmations et de théories débridées, inexactes et confuses, parce que presque personne n’est là pour les corriger. Cette situation nuit déjà aux femmes et risque même de porter éventuellement préjudice aux personnes trans. Beaucoup de trans s’inquiètent en effet de la tendance du discours dominant. Ils et elles craignent que tout cela ne se termine par une réaction violente à leur encontre.

    La deuxième raison pour laquelle les universitaires doivent s’exprimer, c’est que nous devons donner l’exemple. Beaucoup de jeunes aujourd’hui – pas seulement des universitaires, mais aussi des enfants et des adolescent-e-s – fréquentent Internet. Et plusieurs éprouvent une impression d’étouffement, et même de crainte, quant à ce qu’elles et ils peuvent dire ou ne pas dire à propos des enjeux politiques et éthiques. Ces jeunes ont leurs propres opinions et leurs réflexions personnelles, mais ressentent une répression et ont peur de dire la mauvaise chose ; ils et elles sont encore plus sensibles à la culpabilisation sociale que les adultes. On voit se développer des phénomènes de comportement grégaire et de pensée unique. Si les universitaires ne font pas de leur mieux pour montrer au monde ce que peut être une discussion mesurée et nuancée sur le sexe et le genre, et comment gérer calmement les désaccords, nous échouons à nos responsabilités envers ces jeunes.

    La dernière raison pour laquelle les universitaires ont besoin de s’exprimer est que, sans exagération aucune, ce climat de peur permet à des tendances fascistes de croître socialement. Le traitement que subit A Woman’s Place UK jusqu’à maintenant – le harcèlement des salles qu’elle loue et de ses sites de billetterie, la menace d’une bombe, les menaces proférées sur les médias sociaux, les manifestations parfois violentes (et même le piratage de mon compte de messagerie aujourd’hui !) – ne devraient pas se produire dans une société libre et démocratique. Des femmes qui se réunissent pour discuter de la loi et de la façon dont elle les affecte sont délibérément intimidées. Les universitaires sont censés être un élément clé de la société civile, dans un pays soi-disant démocratique, et franchement, il est temps qu’ils et elles se montrent à la hauteur de ce rôle.

    Version originale : https://medium.com/@kathleenstock/notes-for-my-talk-to-a-womans-place-uk-brighton-17th-july-2018-f1b607414119

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