• Q182 | Ateliers de micro-écriture : quels enseignements ? - L’atelier des futurs
    https://atelierdesfuturs.org/q182-ateliers-de-micro-ecriture-quels-enseignements

    Depuis leur parution en 2020 aux éditions C&F, les Mikrodystopies ont été le prétexte à plus d’une dizaine d’ateliers d’écriture. Menés dans des environnements variés, tantôt supports de prospective, tantôt simples exercices poétiques, ces ateliers sont riches d’enseignements et permettent d’imaginer de nouveaux exercices d’écriture mettant en scène l’humain et son environnement technologique.

    Un petit retour d’expérience s’impose donc.

    C’est quoi, une mikrodystopie ?

    Mais avant tout, un petit rappel : que sont les Mikrodystopies ? Nées sur Twitter en 2018, les Mikrodystopies sont des micro-nouvelles mettant en scène l’humain et la technologie qui l’entoure. Rédigées en 280 caractères seulement – espaces compris – elles constituent des capsules de nos quotidiens actuels ou futurs, peuplées d’intelligences artificielles, de robots, de voitures autonomes ou d’implants cérébraux. Leur objectif, avant de faire réfléchir, est surtout de distraire, et de mettre en collision la froide logique des algorithmes et notre irrationalité humaine.

    Par leur format court, les Mikrodystopies se prêtent facilement aux ateliers d’écriture. Une première et très simple méthode pour mener ceux-ci a d’ailleurs été partagée dès 2021 sur le site Web de C&F Éditions.

    Cette méthode suit trois règles extrêmement simples :

    Les Mikrodystopies ne sont pas des histoires, ce sont des situations issues du quotidien. Sortie avec les copains, cours de math, repas de famille… la vie de tous les jours se prête facilement à la dystopie car elle est susceptible d’être chamboulée à tout moment par la technologie. Alors, n’imaginez pas trop loin ! Démarrez avec votre quotidien, c’est le meilleur moyen de créer un décalage drôle et intéressant.

    Les Mikrodystopies se jouent des innovations technologiques, elles se nourrissent des prévisions qui nous entourent. Sur le Web, de nombreux sites d’information se font l’écho des innovations. Ils vous serviront d’inspiration. Imaginez simplement comment la technologie qu’ils présentent va changer notre façon de vivre en famille, de partir en vacances, d’aborder notre quotidien… C’est alors que surgit la dystopie !

    Les Mikrodystopies, c’est 280 caractères, pas un de plus ! Et cela inclut les signes de ponctuation et les espaces. Il faut donc rester simple, percutant… Ne cherchez pas à raconter une histoire, exposez simplement une situation drôle ou dérangeante. Et n’hésitez pas à user de dialogues ou de synonymes, cela aide souvent à raccourcir les phrases.

    Plusieurs organisations ont tenté l’expérience, parmi lesquelles on citera le Réseau Canopé autour de la thématique de l’éducation, le Laboratoire d’Innovation Numérique de la CNIL imaginant la protection des données dans le monde d’après ou encore la Fondation Internet Nouvelle Génération dont l’expérience a été relatée dans les pages de l’Atelier des Futurs.

    #François_Houste #Mikrodystopies #Ateliers_écriture

  • Q048 - Atelier d’écriture : les micro-dystopies - Comment réveiller les imaginaires ? - L’atelier des futurs
    https://atelierdesfuturs.org/q048-atelier-decriture-les-micro-dystopies-comment-reveiller-les-i

    Comment réveiller les imaginaires ?

    En pratiquant l’art d’écrire des micro-dystopies ! C’est en tout cas la réponse que propose François Houste, l’auteur des Mikrodystopies.
    Développer l’imaginaire technologique et critique

    Pour lui, “les robots colonisent notre quotidien. Les voitures sont déjà autonomes et les grille-pains ne vont pas tarder. Les implants cérébraux transhumaniseront chacun et chacune en individu augmenté. À moins qu’un grain de sable…

    Les [micro-dystopies] décrivent des situations insolites en un texte ultra court, quelques caractères, et projettent dans un futur pas si lointain où les réseaux sociaux, les robots et les intelligences artificielles auront réellement envahi notre quotidien. […] Chaque situation de ce quotidien futuriste y est décrite en 280 caractères, pas un de plus, espaces compris. C’est la taille d’un tweet mais cela permet déjà de faire passer beaucoup d’idées et d’imaginaires. Et cette contrainte rend l’exercice d’écriture et de concision d’autant plus ludique et intéressant.”

    “Le robot de la bibliothèque municipale aurait été l’assistant idéal s’il n’avait pas pris l’initiative de censurer certains ouvrages de science-fiction qu’il jugeait offensants.”

    Extrait du livre Mikrodystopies

    Selon François Houste, l’écriture de micro-dystopies est un exercice qui sert simultanément trois objectifs pédagogiques.

    D’abord, il permet de développer l’imaginaire, à travers la découverte ou la redécouverte des codes propres aux utopies et aux dystopies et la “proje[ction] dans une situation fictionnelle à partir de technologies déjà existantes”.

    Ensuite, il permet d’aller droit au but ; en ne disposant que de très peu de caractères, il faut réussir à inventer “une situation cohérente et pertinente”, en soignant aussi bien l’accroche que la chute.

    Enfin, écrire une micro-dystopie est un moyen efficace pour développer un “esprit critique” vis-à-vis de la société actuelle. En jouant avec les technologies qui existent aujourd’hui, on en révèle d’autant mieux les dérives potentielles en les mettant en scène dans un récit prospectif efficace.

    Dans le cadre de son cycle de prospective en cours, la Fondation Internet nouvelle génération s’est intéressée à l’écriture de micro-dystopies. Pour le think et do tank qui porte la voix d’un numérique “ouvert, humain et responsable”, l’exercice peut également servir de levier pour mettre chaque individu en capacité de participer aux débats sur le numérique (et la technologie en général) d’aujourd’hui et de demain.
    Les consignes de l’atelier d’écriture

    L’objectif de l’atelier, tel qu’imaginé par Sarah Medjek et Juliette Grossmann, est le suivant : construire une micro-dystopie en moins de 280 caractères en partant de l’une des phrases suivantes…

    “Je me lève de mon lit et comme d’habitude…”

    “J’ai faim, il faudrait que…”

    “Il est 19 heures, l’heure pour moi de…”

    Pour commencer, il s’agit de choisir un (ou plusieurs) outil numérique et d’en décrire le pire usage (et ses conséquences). Par exemple, on imaginera une situation dans laquelle une paire de lunettes intelligentes, un masque rajeunissant, un presse-agrume (ou un autre ustensile) connecté, un influenceur virtuel, etc. deviendra incontrôlable.

    Côté style d’écriture, on privilégiera la première personne et on décrira une situation du quotidien : le petit-déjeuner, une sortie entre amis, un repas de famille, etc. Point positif : toutes les situations se prêtent à la dystopie car elles sont toutes susceptibles d’être chamboulées par la technologie !

    Petit conseil : commencez par chercher l’inspiration dans votre propre quotidien.
    Trois exemples de micro-dystopies

    Les micro-dystopies suivantes ont été publiées par les participants à l’atelier #dystocratie du 11 mai 2021 :

    « Je me lève de mon lit et comme d’habitude je vérifie dans l’écran intégré à mon miroir l’impact de mes influenceurs virtuels personnels sur ma notoriété numérique. Véritable concentré de technologie, cet outil rare et coûteux m’est devenu indispensable pour continuer à exister professionnellement »

    « J’ai faim, il faudrait que je me prépare quelque chose à manger, et vite. je laisse mon presse-agrume faire le reste. Il se remémore la dernière vidéo de mon influenceur favori où il est question d’entomophagie. Erreur d’interprétation, le robot retient “anthropophagie”. il s’attaque à moi et mutile mon petit doigt. le modèle : un yakuza 21. »

    « Il est 19h et il est temps pour moi de tester mon nouveau masque rajeunissant. Grâce aux conseils de mon influenceuse virtuelle préférée, je m’installe sur mon canapé, le masque sur le visage pour 30 min de pose. Mais après une sieste de 2h, me revoilà avec le visage de mes 15 ans…boutons d’acné compris. »

    Maintenant, c’est à vous de réveiller vos imaginaires et d’imaginer de nouvelles micro-dystopies ! Et si vous voulez aller encore plus loin, pourquoi ne pas vous mettre à l’écriture d’une fiction prospective ?

    #Mikrodystopies #Atelier_écriture #Fing